Auteur : Gregory Aschenbroich

 

Alberto Siani, Hegel and the Present of Art’s Past Character, Abingdon-on-Thames, Routledge, 2023, 166 p.

Ce bref ouvrage est une synthèse des réflexions que l’auteur a menées depuis une dizaine d’années au fil d’un grand nombre d’articles publiés. Son ambition est double : proposer une lecture du thème hégélien de la « fin de l’art » (chapitres 1-4) et prouver que cette notion reste pertinente au XXIe siècle, au-delà de ce que Hegel pouvait prévoir (chapitres 5 à 8). Telle est en effet la thèse de ce livre, résumée par son titre : l’intuition hégélienne du « caractère passé de l’art » n’est pas une idée dépassée, mais elle permet d’éclairer notre présent.
Le chapitre 1 replace la « thèse » de la fin de l’art dans son contexte historique en soulignant l’importance du « pessimisme culturel » de Schiller, c’est-à-dire sa critique de la modernité. Le chapitre 2 et le début du chapitre 4 mettent en évidence le caractère positif de la « fin de l’art » : les notions telles que « l’humour » ou le « formalisme de la subjectivité » montrent bien que, pour Hegel, l’art ne perd pas tout intérêt essentiel à l’époque moderne. Le chapitre 3 cherche dans les rares passages des Principes de la philosophie du droit consacrés à l’art une preuve de cette positivité, en analysant la notion de Bildung. Le chapitre 4 donne à cette première partie tout son sens : l’auteur cherche à se démarquer de ce qu’il considère comme les deux lectures aujourd’hui dominantes de la « fin de l’art » chez Hegel (celle, positive, d’Arthur Danto et celle, négative, de Robert Pippin), que ce chapitre renvoie dos à dos.
Les chapitres 5 à 8 ont, de l’aveu même de l’auteur, un caractère « exploratoire » (p. 2) voire arbitraire (p. 134) ; ils cherchent en tout cas à appliquer les réflexions esthétiques de Hegel au-delà d’elles-mêmes. Au chapitre 5, l’auteur combine la lecture hégélienne de la tragédie d’Antigone à son concept de « tribunal de l’histoire », afin d’esquisser une réponse possible aux apories contemporaines autour de la notion des droits de l’homme. Le chapitre 6 revient sur les grands noms de la réception italienne de Hegel (Croce, Gentile, Gramsci) et montre à quel point tout système esthétique est tributaire d’une certaine compréhension de la dialectique. Le chapitre 7 voit dans le fameux dialogue manqué entre Heidegger et Paul Celan un écho du thème hégélien de la « fin de l’art ». Le chapitre 8 prétend prouver l’actualité, c’est-à-dire la valeur heuristique, du thème de la « fin de l’art » en l’appliquant à un objet totalement étranger à Hegel : l’album de grunge No Code (1996), du groupe Pearl Jam.

Gregory Aschenbroich (Sorbonne Université)

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Pour citer cet article : Alberto Siani, Hegel and the Present of Art’s Past Character, Abingdon-on-Thames, Routledge, 2023, 166 p., in Bulletin hégélien XXXIV, Archives de philosophie, tome 87/4, Octobre-Décembre 2024, p. 155-192.

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