Bulletin cartésien XLIII (2012)

Bibliographie internationale critique des Ă©tudes cartĂ©siennes pour l’annĂ©e 2011

LIMINAIRE

I.- Deux lettres de Descartes, Ă  Mersonne (27 mai 1641) et Ă  Pasor (26 mai 1645), par E.J. BOS

1. Textes et documents

1.1. DESCARTES

1.1.1. DESCARTES (RenĂ©), Descartes, Ă©d. de Miguel Cirilo FlĂłrez, Madrid, Gredos, 2011, cxxi-743 p. [ouvrage contenant une Ă©tude introductive : « RenĂ© Descartes, la constituciĂłn de la modernidad », ainsi que les traductions espagnoles des RegulĂŠ, de la Recherche de la vĂ©ritĂ©, du Discours de la mĂ©thode, des MĂ©ditations mĂ©taphysiques, Objections et RĂ©ponses, de l’Entretien avec Burman, des Passions de l’ñme, de la correspondance avec la princesse Elisabeth, et du traitĂ© De l’homme].

1.1.2. DESCARTES (RenĂ©), Descartes, Houhou josetsu, tetsugakusho gaisetsu shiriizu 1 [Descartes, Discours de la mĂ©thode, sĂ©rie 1 de l’aperçu de livres philosophiques], Yamada, Hiroaki, Kyoto, Koyoshobo, 2011, 108 p.

1.1.3. DESCARTES (René), Discorso del metodo, préf. de Giovanni Reale, Milan, Corriere della Sera, « I classici del pensiero libero » (vol. 18), 2011, 120 p.

1.1.4. DESCARTES (RenĂ©), Diskurs o metodi. Tekst i komentar Étienne Gilson [Discours de la mĂ©thode. Texte et commentaires d’Étienne Gilson], traduit en croate par DuĆĄan Janić, Zagreb, Demetra, 2011, XVII-506 p.

1.1.5. DESCARTES (René), Houhou josetsu [Discours de la méthode], trad. de Takuzo Obase, Tokyo, Kadokawa Sophia Bunko, 2011, 170 p.

1.1.6. DESCARTES (René), Regulae ad directionem ingenii, Cogitationes privatate, trad. de Christian Wohlers, Hamburg, Meiner, 2011, 271 p. [édition bilingue latin-français]

1.1.7. DESCARTES (René), Tres cartas a Marin Mersenne (primavera de 1630), trad. de Petro Lomba Falcon, Madrid, Encuentro, 2011, 64 p.

1.1.8. DESCARTES (RenĂ©), Đ Đ°ŃŃŃƒĐ¶ĐŽĐ”ĐœĐžĐ” ĐŸ ĐŒĐ”Ń‚ĐŸĐŽĐ”, Ń‡Ń‚ĐŸĐ±Ń‹ ĐČĐ”Ń€ĐœĐŸ ĐœĐ°ĐżŃ€Đ°ĐČĐ»ŃŃ‚ŃŒ сĐČĐŸĐč Ń€Đ°Đ·ŃƒĐŒ Đž ĐŸŃ‚Ń‹ŃĐșĐžĐČать ĐžŃŃ‚ĐžĐœŃƒ ĐČ ĐœĐ°ŃƒĐșах ; ПраĐČОла ĐŽĐ»Ń руĐșĐŸĐČĐŸĐŽŃŃ‚ĐČа ŃƒĐŒĐ° ; ĐŸĐ”Ń€ĐČĐŸĐœĐ°Ń‡Đ°Đ»Đ° Ń„ĐžĐ»ĐŸŃĐŸŃ„ĐžĐž ; Đ—Đ°ĐŒĐ”Ń‡Đ°ĐœĐžŃ ĐœĐ° ĐœĐ”Đșую ĐżŃ€ĐŸĐłŃ€Đ°ĐŒĐŒŃƒ, ĐžĐ·ĐŽĐ°ĐœĐœŃƒŃŽ ĐČ Đ‘Đ”Đ»ŃŒĐłĐžĐž ĐČ ĐșĐŸĐœŃ†Đ” 1647 Đł. ĐżĐŸĐŽ заглаĐČĐžĐ”ĐŒ Â«Â ĐžĐ±ŃŠŃŃĐœĐ”ĐœĐžĐ” Ń‡Đ”Đ»ĐŸĐČДчДсĐșĐŸĐłĐŸ ŃƒĐŒĐ°, ОлО Ń€Đ°Đ·ŃƒĐŒĐœĐŸĐč ЎушО, гЎД ĐżĐŸŃŃĐœŃĐ”Ń‚ŃŃ, Ń‡Ń‚ĐŸ ĐŸĐœĐ° ŃĐŸĐ±ĐŸĐč прДЎстаĐČĐ»ŃĐ”Ń‚ Đž ĐșаĐșĐŸĐč ĐŒĐŸĐ¶Đ”Ń‚ Đ±Ń‹Ń‚ŃŒÂ Â» ; Страсто ЎушО [Discours de la methode ; Regulae ; Principes de la philosophie ; Notae in programma ; Passions de l’ñme], ĐœĐŸŃĐșĐČа, АĐșĐ°ĐŽĐ”ĐŒĐžŃ‡Đ”ŃĐșĐžĐč ĐżŃ€ĐŸĐ”Đșт, 2011. 335 p.

1.2. CARTESIENS

1.2.1. ARNAULD (Antoine) & NICOLE (Pierre), La Logique, ou l’art de penser, Ă©d. critique de Dominique Descotes, Paris, H. Champion, 2011, 930 p.

PrĂšs d’un demi-siĂšcle aprĂšs l’édition de la Logique dite de Port-Royal par P. Clair et F. Girbal (PUF, 1965, seconde Ă©dition revue Vrin, 1981, qui donnait le texte critique de l’édition de 1683), la prĂ©sente Ă©dition de la Logique, due Ă  Dominique Descotes (D.D.) est fort bienvenue, Ă  trois Ă©gards principalement.

(1) Il s’agit d’une Ă©dition critique trĂšs soignĂ©e, qui publie en texte principal l’édition de 1664 (p. 125-622), Ă  juste titre selon nous : choix que D.D. lĂ©gitime en introduction Ă  partir de l’histoire du texte. Elle comporte ensuite les chapitres de l’édition de 1662 qui ont Ă©tĂ© supprimĂ©s ou qui ont subi le plus de transformations dans celle de 1664 (p. 623-646), puis les ajouts de l’édition de 1683 (p. 647-684, ainsi que les variantes des Ă©ditions de 1668 et 1674) et donne en annexe, au titre du principe gĂ©nĂ©tique qui prĂ©side Ă  l’édition, le manuscrit Vallant, BnF, Fds. fr. 19915 (avec les indications diplomatiques nĂ©cessaires et le relevĂ© des diffĂ©rences avec l’édition de 1662, p. 685-801), la traduction française par Nicole de la Dissertatio theologica de probabilitate d’Arnauld, dans sa version amplifiĂ©e traduite par Melle de Joncoux (initialement note 1 pour la CinquiĂšme Provinciale dans l’édition latine de Wendrock, p. 803-883), qui complĂšte les derniers chapitres de la Logique en traitant de la probabilitĂ© et de la sĂ»retĂ©, et enfin deux extraits d’Arnauld (l’un tirĂ© de La morale pratique des jĂ©suites, l’autre, de nature Ă  Ă©clairer la cĂ©lĂšbre discussion logique sur le hoc eucharistique, extrait de La perpĂ©tuitĂ© de la foi de l’Église catholique touchant l’Eucharistie, p. 885-893). L’ensemble de cet Ă©pais dossier est prĂ©cĂ©dĂ© d’une introduction substantielle (p. 7-124) et suivi d’une bibliographie, d’une trĂšs commode table comparative des chapitres (entre les chapitres du ms Vallant et des Ă©ditions de 1662, de 1664-1668-1674 et de 1683) et d’un index des noms. On dispose ainsi d’un instrument de travail extrĂȘmement utile et fort prĂ©cieux – dans les deux sens du terme, puisque le prix du livre le rend peu accessible Ă  une bourse d’étudiant (142 €), mais que toutes les bibliothĂšques de philosophie se devront de le possĂ©der.

(2) Cette Ă©dition a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par un spĂ©cialiste de l’histoire des mathĂ©matiques au XVIIe siĂšcle, Ă©diteur, sous le titre GĂ©omĂ©tries de Port-Royal, des textes gĂ©omĂ©triques de Blaise Pascal, Antoine Arnauld et François de Nonancourt (HonorĂ© Champion, 2009, 880 p., omission du BC XL). Le lecteur tirera grand profit de l’annotation de D.D., qui renvoie de façon toujours pertinente aux Anciens (au premier chef Ă  Euclide), aux modernes (en privilĂ©giant Ă©videmment les Nouveaux Ă©lĂ©ments de gĂ©omĂ©trie d’Arnauld, ou encore, non moins Ă©videmment, Clauberg), mais aussi aux auteurs contemporains susceptibles d’éclairer les dĂ©monstrations (Russell, Duhem, Couturat, BlanchĂ©, Gardies, et a.). – Il est cependant regrettable que l’index des noms ne contienne pas ceux des nombreux auteurs citĂ©s dans les notes de l’éditeur Ă  la Logique, et que, mĂȘme pour les noms citĂ©s par Arnauld et Nicole eux-mĂȘmes, il souffre d’oublis qui en rendent l’usage incertain : ainsi par exemple la p. 611 (IV, xiv) cite-t-elle le pape Étienne, Blondel, Saumaise, saint JĂ©rĂŽme ou ThĂ©odoret, tous omis par l’index nominum. L’abondante bibliographie des sources et des Ă©tudes sera Ă©galement utile, mĂȘme si elle ne reprend pas toutes les rĂ©fĂ©rences contenues dans les abondantes notes (ainsi de Pierre d’Espagne ou de Cantor par exemple) ; on s’étonnera aussi de ne pas voir mentionnĂ© l’instrument exceptionnel que constituent pour l’histoire de la logique moderne les deux volumes (1500-1640 puis 1640-1780) de la Logik der Neuzeit de Wilhelm Risse (Frommann, 1964-1970 ; voir le compte rendu du second volume de cette inĂ©puisable mine par J.-R. Armogathe dans le BC I, 2.1.13).

(3) D.D. est Ă©galement un spĂ©cialiste reconnu de l’Ɠuvre de Pascal. Aucun rapprochement entre L’art de penser et les PensĂ©es ou les opuscules de Pascal ne semble lui avoir Ă©chappĂ©. Et loin de se contenter des rapprochements, il mesure aussi les Ă©carts, voire les distorsions, entre la pensĂ©e pascalienne (qu’il s’agisse aussi bien par exemple de Disproportion de l’homme que de L’esprit gĂ©omĂ©trique) et l’usage qu’Arnauld et Nicole en font, de sorte que les notes de certains chapitres de la Logique, considĂ©rĂ©es dans leur continuum, s’apparentent Ă  une basse continue de sources pascaliennes, qui nous fait entendre comme une « logique » de Pascal lui-mĂȘme. La remarquable connaissance que D.D. a de Pascal, d’Arnauld et de Nicole n’allait Ă©videmment pas sans celle de l’Écriture, de saint Augustin et de Montaigne (D.D. souligne que c’est avec l’édition de 1664, donc sous l’influence du Pascal de ce qui deviendra les PensĂ©es, que « Montaigne fait sa grande entrĂ©e dans la Logique », p. 68). Soulignons enfin « le dialogue interne » que D.D. met parfaitement en Ă©vidence entre la Logique et la Grammaire gĂ©nĂ©rale et raisonnĂ©e ou les Nouveaux Ă©lĂ©ments de gĂ©omĂ©trie, voire les futurs Essais de morale. Une fois encore, cette Ă©dition fournit toutes les rĂ©fĂ©rences dont le lecteur, fĂ»t-il dĂ©jĂ  bien informĂ©, aura besoin.

Bref, cette nouvelle Ă©dition, par la richesse de son annotation, supplante les quelque quatre cents notes de l’édition Clair et Girbal, pourtant dĂ©jĂ  aussi remarquable qu’honnĂȘte, qui avouait par exemple pour la citation de saint Augustin qui clĂŽt IV, xi que la Patrologie de Migne n’avait pas encore permis aux Ă©diteurs, « malgrĂ© [leurs] recherches, de localiser absolument toutes les citations attribuĂ©es Ă  saint Augustin » (p. 414, n. 419). D.D. donne ici la rĂ©fĂ©rence : Contra Faustum, XXIX, iv (p. 589). Certaines rĂ©fĂ©rences n’en Ă©chappent pas moins Ă  D.D. comme elles avaient Ă©chappĂ© Ă  Clair et Girbal : ainsi de l’axiome pourtant cĂ©lĂ©brissime et rĂ©pĂ©tĂ© partout (et pas seulement chez Gassendi) « Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu », citĂ© en I, i, qu’on ne saurait Ă©videmment trouver textuellement chez Aristote, mais qu’on lit dans les Auctoritates Aristotelis (Ă  partir du De sensu et sensato, § 24, Ă©d. J. Hamesse, p. 197). Il arrive aussi qu’une piĂ©tĂ© Ă©ditoriale excessive soit commune Ă  nos Ă©diteurs. Ainsi, quand cet admirable chapitre en gĂ©nĂ©ral attribuĂ© au seul Nicole qu’est III, xix cite sans scrupule au § vi le chapitre Du repentir oĂč Montaigne avait Ă©crit « Quant Ă  moi, je puis dĂ©sirer en gĂ©nĂ©ral ĂȘtre autre » (Essais, Ă©d. de 1652, p. 601) en ajoutant la nĂ©gation : « Quant Ă  moi, dit-il, je ne puis dĂ©sirer ĂȘtre autre » (Clair-Girbal, p. 268, D.D., p. 476, qui donne en note le texte correct de Montaigne), les Ă©diteurs se gardent bien de signaler la falsification jansĂ©niste si empressĂ©e de dĂ©noncer ces « paroles horribles » !

Il appartient Ă  une recension utile d’ĂȘtre Ă©galement critique, et Ă  une recension dans le BC de privilĂ©gier les acquis cartĂ©siens d’une Ă©dition. Si l’on regrettera que la longue introduction de D.D. ne s’essaie pas Ă  caractĂ©riser de façon un peu systĂ©matique le rapport de la Logique Ă  Aristote (et Ă  ce qui a Ă©tĂ© volontairement omis parmi les catĂ©gories, comme la relation), force est de constater que c’est tout de mĂȘme en matiĂšre de cartĂ©sianisme que l’annotation laisse Ă  dĂ©sirer. La longue introduction ne traite que briĂšvement de « l’inspiration cartĂ©sienne » de la Logique (p. 69-72) en la repĂ©rant, Ă  juste titre, dĂšs le manuscrit Vallant (1659-1660 selon D.D.), et en notant que « l’influence de Descartes s’arrĂȘte aprĂšs 1664 : aucun des approfondissements de 1683 ne porte sa marque » (p. 72), puisqu’en effet les ajouts sont dus Ă  la controverse anti-protestante sur l’Eucharistie. Entre ces deux termes, on sait l’arrivĂ©e dĂ©cisive dans l’édition de 1664 de citations des Regulae (RĂšgles XIII et XIV), dues Ă  la consultation du texte prĂȘtĂ© par Clerselier, vingt ans avant la publication de leur traduction nĂ©erlandaise et plus de trente-cinq ans avant leur publication en latin – rien n’autorise Ă  penser que d’autres connurent, au moins en partie, les Regulae, avant les auteurs de la Logique : ni Poisson, ni Malebranche, ni Ă©videmment Leibniz, tous trois Ă©trangement passĂ©s sous silence dans l’édition de D.D., dont l’introduction s’achĂšve bizarrement avec les « suites littĂ©raires » de la Logique. Pour autant, la prĂ©sence des Regulae ne saurait se limiter Ă  la constitution de la quaestio et aux citations faites en IV, ii des RĂšgles XIII et XIV : ainsi, dĂšs le Premier discours, « les catĂ©gories et les lieux » sont jugĂ©s « inutiles », conformĂ©ment Ă  la RĂšgle VI.

Pour D.D., « le fait que la Logique repose pour une bonne part sur un fondement cartĂ©sien ne doit pas dissimuler que ses fondements gĂ©nĂ©rateurs [?] portent aussi la marque de Pascal » (p. 76). Certes. Mais que signifie cet « aussi » ? L’imbrication frĂ©quente, dans le texte de la Logique, de thĂšses et de quasi-citations de Pascal et de Descartes ne suffit-elle pas Ă  manifester que, pour Arnauld et peut-ĂȘtre Nicole, en matiĂšre de mĂ©thode, Descartes et le Pascal de L’esprit gĂ©omĂ©trique, c’est tout un ? – laissant sauve la question de l’usage de certains textes des PensĂ©es, en rĂ©alitĂ© assez nombreux – comme D.D. le montre parfaitement –, qui est Ă©videmment tout autre. Ainsi en va-t-il des premiers paragraphes du Premier discours, oĂč la thĂšse cartĂ©sienne inaugurale, principalement hĂ©ritĂ©e du Discours de la mĂ©thode (le bon sens, le discernement du vrai et du faux, l’universalitĂ© de la raison, les diverses voies par oĂč conduire sa pensĂ©e, etc.) se conjugue Ă  la typologie pascalienne des esprits (esprit juste/esprit faux) et au renversement de la Lettre Ă  Fermat d’aoĂ»t 1660 (essai/emploi) – on croit bien souvent lire du Descartes (l’expression « la vĂ©ritĂ© des choses » n’en est-elle pas une estampille initiale ?) ou du Descartes réécrit avec les mots de Pascal. Tout ce Premier discours mĂȘle Pascal et Descartes, jusqu’à les rĂ©unir comme deux sources explicites dans le mĂȘme paragraphe (p. 137). Ainsi encore de l’insistance sur l’attention, hĂ©ritĂ©e de la RĂšgle III, ou du refus de soumettre la vĂ©ritĂ© Ă  des critĂšres (p. 135), etc. Quant au texte mĂȘme de la Logique, nombreuses seront les thĂšses cartĂ©siano-pascaliennes qui y seront assumĂ©es : ainsi, par exemple, de l’incapacitĂ© des termes primitifs Ă  ĂȘtre dĂ©finis (Logique I, i et I, xii), qui reprend certes De l’esprit gĂ©omĂ©trique, mais aussi, par delĂ  cet opuscule, les natures simples des Regulae, devenues les simplicissimae notiones des Principia ; ainsi encore, Ă  la fin de II, v, de la dĂ©nonciation du « mĂ©lange d’idĂ©es incompatibles » (parler spirituellement des corps et corporellement des esprits) qui reprend, par delĂ  Laf. 199, Le Monde (chap. IV) et les Responsiones VIae (pt 10).

Mais laissons lĂ  les exemples Ă©vidents empruntĂ©s aux Regulae et aux Principia, pour insister un instant sur l’Ɠuvre qui donne paradoxalement lieu aux imprĂ©cisions et aux absences les plus gĂȘnantes de cette Ă©dition : les Meditationes elles-mĂȘmes – paradoxalement, parce que les Meditationes sont Ă  la fois l’Ɠuvre de Descartes qu’Arnauld connaĂźt le mieux et que la proposition des cours intensifs qui fut l’occasion de la naissance de la Logique fut adressĂ©e au fils
 du traducteur des Meditationes. DĂšs son introduction, D.D. aurait pu remarquer que l’énoncĂ© des objets de la mĂ©taphysique dans le Second discours Ă©tait rigoureusement cartĂ©sien : « la sĂ©paration des idĂ©es spirituelles et des images corporelles ; la distinction de l’ñme et du corps, et les preuves de son immortalitĂ© fondĂ©es sur cette distinction » (p. 148, non annotĂ©e ; voir nĂ©anmoins la p. 71 : « la mĂ©taphysique de Descartes a innervĂ© la Logique »). Mais c’est surtout dans l’annotation que bien des rĂ©fĂ©rences explicites aux Meditationes, Objectiones et Responsiones font Ă©tonnamment dĂ©faut, Ă  commencer dĂšs I, i avec le choix de l’affirmation et de la nĂ©gation (et avec eux de tout jugement), qui sont des « actions » de l’esprit, pour premier exemple, avant l’idĂ©e, de ce que la pensĂ©e est inimaginable, puis par la traduction exacte de la dĂ©finition des idĂ©es, distinguĂ©es des imagines in phantasia depictae (AT VII, 160, 19-161, 3), pour ne rien dire de la critique de Hobbes (p. 162-165). Contentons-nous, pour ne pas trop alourdir ce compte rendu, de prendre quelques exemples dans le dĂ©cisif chapitre IV, vii, qui Ă©nonce « quelques axiomes importants, et qui peuvent servir de principes Ă  de grandes vĂ©ritĂ©s », et d’indiquer les rĂ©fĂ©rences textuelles que l’édition D.D. ne fournit pas, toutes empruntĂ©es aux Rationes
 more geometrico dispositae des Secundae Responsiones, c’est-Ă -dire Ă  ce qui a dĂ©jĂ  statut d’axiome chez Descartes, et que la Logique se contente de traduire : 2e axiome : « L’existence, au moins possible, est enfermĂ©e dans l’idĂ©e de tout ce que nous concevons clairement et distinctement » (p. 558) : Primae Resp., AT VII, 116, 22-24, repris in Sec. Resp. axiome X, AT VII, 166, 14-18 (et non Principia I, 15) ; 4e axiome : « Aucune chose, ni aucune perfection de cette chose actuellement existante, ne peut avoir le nĂ©ant ou une chose non existante pour la cause de son existence » (p. 559) : Sec. Resp. axiome III, AT VII, 165, 7-9 ; 5e axiome : « Toute la rĂ©alitĂ© ou perfection qui est dans une chose se rencontre formellement ou Ă©minemment dans sa cause premiĂšre et totale » : Sec. Resp. axiome IV, AT VII, 165, 10-12 (p. 559, rĂ©fĂ©rence fautive Ă  la Med. III, avec le commentaire suivant pour Ă©minemment : son sens « n’est pas trĂšs diffĂ©rent » de formellement !) ; 8e axiome : « On ne doit pas nier ce qui est clair et Ă©vident, pour ne pouvoir comprendre ce qui est obscur » : Sec. Resp. postulat VII, AT VII, 164, 17-19. Nous pourrions citer bien d’autres exemples d’omissions cartĂ©siennes ou de rĂ©fĂ©rences approximatives (au contraire des autres sources, Descartes est citĂ© de façon peu rigoureuse : les Ă©crits latins en français, la mention de paragraphes pour les MĂ©ditations, etc.). La consĂ©quence en est elle-mĂȘme paradoxale : l’annotation de D.D. est aussi riche que fiable pour presque toutes les sources de la Logique – presque, car elle ne l’est pas pour une seule, qui se trouve cependant ĂȘtre sa source principale. Car la Logique dite de Port-Royal est bien un art de penser cartĂ©sien.

Quoi qu’il en soit cependant, il faut n’avoir jamais Ă©ditĂ© les grands textes soi-mĂȘme et n’avoir jamais Ă©chouĂ© Ă  retrouver les rĂ©fĂ©rences de toutes les citations, fussent-elles explicites, pour reprocher Ă  une Ă©dition les inĂ©vitables dĂ©fauts d’un travail immense – dont aprĂšs tout les cartĂ©siens souffriront moins que tous les autres lecteurs. Encore une fois, sachons nous rĂ©jouir des apports si nombreux de celle-lĂ .

Vincent Carraud

1.2.2. ARNAULD (Antoine), Des vraies et des fausses idées, Ă©d. de Denis Moreau, Paris, Vrin, 2011, 254 p.

La publication sĂ©parĂ©e des Vraies et des fausses idĂ©es en 1986 (par Ch. FrĂ©mont, Paris, Fayard, BC XVII, 1.2.1, aujourd’hui indisponible), ainsi que sa rĂ©impression en 2003 au tome premier des ƒuvres philosophiques d’Arnauld (sous la direction d’E. Kremer et de D. Moreau, Bristol, Thoemmes Press, 6 vol.) avaient permis de rendre ce traitĂ© accessible, mais ce dernier n’avait encore jamais fait l’objet d’une Ă©dition française critique et annotĂ©e. En faisant figurer cet ouvrage important dans la collection « Textes cartĂ©siens en langue française », D. Moreau vient pallier un manque considĂ©rable. Comme il le montre fort bien, Antoine Arnauld – auquel on a parfois ĂŽtĂ© le titre mĂȘme de philosophe – a pendant trĂšs longtemps incarnĂ© la figure nĂ©gative d’un « dĂ©molisseur de systĂšmes », privant la raison bĂątisseuse de ses ambitions systĂ©matiques. AporĂ©tiques, polĂ©miques, ses Ă©crits n’auraient manifestĂ© aucune rĂ©elle unitĂ© doctrinale. On sait dĂ©jĂ  combien D. Moreau a contribuĂ© Ă  revaloriser l’Ɠuvre du grand Arnauld, en particulier dans son ouvrage Deux cartĂ©siens (Paris, 1999, BC XXX, 2.2.2), qui montrait que la question de l’équivocitĂ© de la connaissance humaine et de la connaissance divine structurait ses dĂ©bats avec Malebranche, et qu’il Ă©tait un des rares disciples de D. Ă  perpĂ©tuer la thĂšse de la crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. Il poursuit ici cette entreprise en montrant que ce traitĂ© a Ă©tĂ© le point de dĂ©part de toute une littĂ©rature anglo-saxonne (Ă  commencer par Th. Reid, J. Laird, M. Ginsberg ou A. O. Lovejoy) sur le « rĂ©alisme direct », d’aprĂšs lequel l’esprit est en contact perceptif direct, non mĂ©diatisĂ©, avec les objets du monde physique. Il rappelle conjointement que l’on a souvent dĂ©tachĂ© cet ouvrage de l’ensemble de l’Ɠuvre de l’A., au mĂ©pris de ses dĂ©clarations rĂ©pĂ©tĂ©es selon lesquelles ce traitĂ© avait pour fonction de poser les jalons Ă©pistĂ©miques d’une rĂ©futation en rĂšgle des thĂšses du TraitĂ© de la nature et de la grĂące.

Notons que l’éditeur propose trois annexes trĂšs utiles : un index des principaux textes anti-malebranchistes de philosophie de la connaissance, un extrait de la DĂ©fense contre la rĂ©ponse aux vraies et fausses idĂ©es, qui offre une mise au point importante sur la notion de reprĂ©sentation, enfin une recension des passages dans lesquels Arnauld prend position sur les philosophies de Malebranche, de D. et de Leibniz. Le commentateur chevronnĂ© y trouvera un outil de travail fort commode et les lecteurs non initiĂ©s pourront entreprendre de s’orienter dans l’Ɠuvre complexe et foisonnante que constituent les 43 volumes in quarto de l’édition de Lausanne.

Paola Nicolas

1.2.3. BAYLE (Pierre), Recueil de quelques piĂšces curieuses concernant la philosophie de Monsieur Descartes, Nachdr. der Ausg. Amsterdam, Desbordes, 1684, mit einer Einl. hrsg. von Andreas Scheib, Hildesheim, Olms, 2011, 333 p.

1.2.4. BOSCO (Domenico), (Ă©d.) Agostino nella modernità. Il grand siècle (e dintorni), Brescia, Morcelliana, 2011, 1093 p. [recueil de textes sur Augustin, de François de Sales, JansĂ©nius, Pascal, Descartes, La Rochefoucauld, Malebranche, Nicole, Lamy, FĂ©nelon, Bayle, Voltaire, Bergier]

1.2.5. DUPUY DU GREZ (Bernard), Traité de la peinture, édition et présentation de Daniel Dauvois, Paris, Vrin, « Textes cartésiens », 2011, 300 p.

Il faut se fĂ©liciter de l’édition de cet opuscule, le plus important car le seul Ă©ditĂ© de l’avocat toulousain Bernard Dupuy du Grez (1639-1720) ; n’ayant pas connu de réédition depuis l’édition princeps de 1699/1700, reprise par un reprint Ă  GenĂšve en 1972 (Minkoff), il trouve Ă  prĂ©sent sa place dans la belle collection dirigĂ©e par D. Moreau. Le but de ce traitĂ© est, nous dit l’éditeur, de proposer « une somme de ce qu’il faut honnĂȘtement connaĂźtre en peinture, de son histoire, de ses peintres, des rĂšgles et des techniques, ainsi qu’un manuel pour pratiquer cet art » (Introduction, p. 8). On ne jugera pas ici de l’importance d’un tel ouvrage dans l’histoire de l’esthĂ©tique, mais on soulignera la qualitĂ© de l’introduction dans laquelle l’éditeur, Ă  grand renfort de rĂ©fĂ©rences prĂ©cises et maĂźtrisĂ©es Ă  FĂ©libien ou Ă  Roger de Piles (pour ne citer que les plus connus), situe fort bien les positions de Dupuy dans les dĂ©bats de son temps. On doit tout de mĂȘme attendre un assez long moment avant que soit justifiĂ©e la prĂ©sence d’un tel ouvrage dans une collection de « Textes cartĂ©siens » ; mais l’introduction apporte sur ce point de satisfaisantes rĂ©ponses : car, aprĂšs avoir Ă  juste titre contestĂ© l’existence d’une « esthĂ©tique cartĂ©sienne » puisque celle-ci ne trouverait Ă  se fonder ni sur les textes de Descartes ni sur la prĂ©somption d’un insaisissable esprit cartĂ©sien, D. Dauvois explicite ce qu’il intitule (assez curieusement) les « UtilitĂ©s de Descartes pour Dupuy du Grez » (p. 28) : en somme, « le souci d’originalitĂ© discursive [de Dupuy] va commander, dans cette espĂšce de dialogue avec la philosophie et particuliĂšrement le cartĂ©sianisme, moins de prolonger les parties vives du systĂšme ou de la doctrine que de vivifier ou revivifier les branches mortes, des aspects essentiellement secondaires, des points problĂ©matiques peut-ĂȘtre insurmontables » (p. 28). Ces branches mortes se rattachent pour la plupart Ă  ce qu’une analyse du rapport entre le concept de grĂące chez FĂ©libien et la doctrine cartĂ©sienne permet d’identifier comme la troisiĂšme notion, l’union de l’ñme et du corps. S’ensuivent donc un rapprochement entre le je ne sais quoi de Dupuy et l’idĂ©e matĂ©riellement fausse de Descartes (le concept d’idĂ©e matĂ©riellement fausse ayant Ă©tĂ© lui-mĂȘme qualifiĂ© naguĂšre de « bras mort dans le cours d’un fleuve » par M. Beyssade, « RĂ©ponse Ă  Lili Alanen et Ă  Raul Landim », Descartes. Objecter et rĂ©pondre, J.-M. Beyssade et J.-L. Marion (Ă©d.), Paris, 1994, p. 231, BC XXV, 3.1.3 et 69) ; entre le traitement de la perspective par Dupuy et ce qu’en dit le Discours IV de la Dioptrique ; enfin entre le rapport esthĂ©tique Ă  la reprĂ©sentation inconvenante chez Dupuy et chez Descartes (Passions de l’ñme, art. 197). – Ainsi, l’exploitation esthĂ©tique du cartĂ©sianisme s’attache moins aux « thĂšses centrales » qu’aux « marges rationnelles » (p. 27) de la philosophie de D.

On aurait Ă  l’évidence pu explorer d’autres pistes, comme le rapport de Dupuy Ă  la mĂ©thode, s’il est vrai que certains Ă©noncĂ©s du TraitĂ© ont d’incontestables et textuels Ă©chos cartĂ©siens : « C’est aussi dans l’ordre, Ă©crit Dupuy du Grez, dans la mĂ©thode que j’ai suivie et dans un soin exact d’expliquer toute chose, qu’on peut remarquer de la nouveautĂ© (
). Et afin que vous sachiez d’abord l’ordre que j’ai suivi dans mon traité  » (PrĂ©face, p. 43). De plus, si la quatriĂšme de couverture fait du TraitĂ© un « point d’équilibre et de passage entre hĂ©ritage cartĂ©sien et diffusion des LumiĂšres », on aurait aimĂ© en apprendre davantage sur la postĂ©ritĂ© du texte, sur les limites de sa diffusion, et partant sur le rĂŽle jouĂ© par le cartĂ©sianisme dans l’invention des catĂ©gories du discours de la critique d’art des LumiĂšres. Enfin, quoique la question de l’esthĂ©tique cartĂ©sienne soit en tant que telle sous-reprĂ©sentĂ©e dans la littĂ©rature secondaire, on s’étonne que la Bibliographie ne mentionne Ă  proprement parler aucune Ă©tude sur Descartes et l’esthĂ©tique : ni le nom de P. Dumont, ni celui de G. Rodis-Levis n’y apparaissent. – Sur la forme, outre quelques bizarreries ou coquilles (« de tout dire ce qu’il y a d’essentiel », p. 11), quelques citations approximatives (quasi rerum imagines, p. 25, sans doute pour tanquam rerum imagines, VII 37, 3-4 ou VII 179, 12-13), on regrettera surtout l’absence d’un Index nominum, qui permettrait au lecteur de mettre Ă  profit la richesse de l’introduction et du texte mĂȘme. Mais on remercie dĂ©jĂ  l’éditeur de rendre disponible un ouvrage qui manquait Ă  l’attention des philosophes et historiens d’art, de l’introduire avec tant de pĂ©dagogie et de l’annoter avec tant de soin.

Dan Arbib

1.2.6. LA FORGE (Louis), Traktat o umyƛle ludzkim, jego wƂadzach, czynnoƛciach oraz jego związku z ciaƂem [TraitĂ© de l’esprit de l’homme et de ses facultĂ©s ou fonctions et de son union avec le corps], traduit en polonais par Tomasz ÚLIWIƃSKI, Kęty, Wydawnictwo Marek Derewiecki, 2011, 400 p.

1.2.7. MALEBRANCHE (Nicolas), Poszukiwanie prawdy, t. 1 et 2 [La recherche de la vĂ©ritĂ©], trad. de MaƂgorzata Frankiewicz, Varsovie, Warszawa Wydawnictwo, IFiS PAN, 2011, 698 p. et 540 p.

1.2.8. MALEBRANCHE, (Nicolas), Abhandlung über Moral. 1707, [TraitĂ© de morale] trad. Francesco Fischer, Schwabisch Hall, Fischer, 2011, 160 p.

1.2.9. PASCAL (Blaise) & PASCAL (Jacqueline), Les mystĂšres de JĂ©sus. Recueil pascalien, Ă©tablissement du texte et postface de Gaspard-Marie Janvier, Paris, Mille et une nuit, 2011, 141 p. [Comprend Le mystĂšre de l’agonie de JĂ©sus ; Le mystĂšre de la mort de notre seigneur J.-C. ; AbrĂ©gĂ© de la vie de JĂ©sus-Christ ; Vie de Jacqueline Pascal de sa naissance Ă  sa mort au monde, par Gilberte PĂ©rier]

1.2.10. PASCAL (Blaise), Gedanken, trad. Wolfgang Ruttenauer, Cologne, Anaconda, 2011, 368 p.

1.2.11. PASCAL (Blaise), Het leven van Jezus : een reconstructie [Abrégé de la vie de Jésus], Utrecht, Kok, 2011, 109 p.

1.2.12. PASCAL (Blaise), Pensamientos, (antologĂ­a), Barcelona, Ciro D.L., Los Clasicos del pensamiento libre, 12, 2011, 231 p.

1.2.13. PASCAL (Blaise), Pensées sur la justice, commentaire de Christian Ruby, Paris, Ellipses, 2011, 128 p.

1.2.14. PASCAL (Blaise), Pensées sur la justice, Ă©dition Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Laurent Thirouin, Paris, la Découverte, 2011, 154 p. [contient aussi les Trois discours sur la condition des grands et la Lettre Ă  la SĂ©renissime Reine de SuĂšde]

1.2.15. PASCAL (Blaise), Pensées sur la justice. Trois discours sur la condition des grands, introduction, dossier, bibliographie, chronologie, table de concordance, glossaire, index par Marc Escola ; postface par Dominique Descotes, Paris, GF-Flammarion, 2011, 408 p.

1.2.16. PASCAL (Blaise), Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets, texte Ă©tabli et Ă©ditĂ© par Jean-Robert Armogathe & Daniel Blot, Paris, H. Champion, 2011, 750 p.

1. L’« Ă©dition originale » ici rééditĂ©e est la « préédition » ou « prĂ©originale », imprimĂ©e en 1669 (dĂ©sormais PR 1669), de l’édition des PensĂ©es dite de Port-Royal, parue en 1670 et ordinairement considĂ©rĂ©e comme l’« Ă©dition originale », que JRA et DB complĂštent en donnant les fragments ajoutĂ©s dans l’édition de 1678 (premiĂšre Ă©dition Ă  numĂ©roter les fragments, non continĂ»ment, mais Ă  l’intĂ©rieur de chaque chapitre), soit 609 item venant de PR 1669 (les deux premiers sont constituĂ©s par les deux citations explicites des PensĂ©es prĂ©sentes dans la PrĂ©face d’Étienne PĂ©rier) et 43 venant de PR 1678. L’édition de PR donne ainsi son ordre au prĂ©sent volume, dont chaque page reproduit le texte de 1669 en colonne de droite (Ă  partir de l’exemplaire conservĂ© Ă  la bibliothĂšque de Troyes), en donnant en apparat les variantes de l’exemplaire de la BnF PR 1669, de PR 1670 et de PR 1678 — le choix de la préédition dans l’exemplaire de Troyes vient de sa probable antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  l’exemplaire de la BnF (p. 17). Ces variantes sont le plus souvent mineures (beaucoup sont de ponctuation), mĂȘme si plusieurs d’entre elles sont significatives. Prenons quelques exemples empruntĂ©s au chapitre sensible des « PensĂ©es sur les miracles » : — la substitution en PR 1670 de « Les prophĂ©ties seules ne pouvaient pas prouver JĂ©sus-Christ pendant sa vie. Et ainsi on n’eĂ»t pas Ă©tĂ© coupable de ne pas croire en lui avant sa mort, si les miracles n’eussent pas Ă©tĂ© dĂ©cisifs. Donc les miracles suffisent quand on ne voit pas que la doctrine soit contraire, et on y doit croire » Ă  « Les prophĂ©ties ne pouvaient pas prouver JĂ©sus-Christ pendant sa vie. Et ainsi on n’eĂ»t pas Ă©tĂ© coupable de ne pas croire en lui avant sa mort, si les miracles n’eussent pas suffi sans la doctrine » (PR 1669, soit le texte des copies, Ă  l’exception d’un « mĂȘme » introductif absent en PR 1669 et remplacĂ© en PR 1670 par « seules » : « MĂȘme les prophĂ©ties
 » / « Les prophĂ©ties seules
 », p. 431-432) ; — PR 1670 supprime une mention de NicodĂšme en PR 1669 : « quand mĂȘme la doctrine serait suspecte comme celle de JĂ©sus-Christ pouvait l’ĂȘtre Ă  NicodĂšme », qui avait dĂ©jĂ  ajoutĂ© au texte de Pascal l’idĂ©e de suspicion (empruntĂ©e Ă  un autre fragment) tout en supprimant la citation de Jn 3, 2 (p. 432-434) ; — ou encore la suppression d’une expression dans « il est impossible par le devoir de Dieu qu’un homme
 » qui devient en PR 1670 : « il est impossible qu’un homme
 » (p. 437) etc. Prenons un dernier exemple empruntĂ© au chap. XXIX « PensĂ©es morales » : lĂ  oĂč PR 1669 donnait conformĂ©ment aux copies, « On aime JĂ©sus-Christ parce qu’il est le corps dont on est membre », PR 1670 corrige dans les errata : « On aime JĂ©sus-Christ parce qu’il est le chef du corps dont on est membre » (p. 557). Ces variantes montrent clairement que PR 1669 est plus fidĂšle au texte des copies que PR 1670 et que les Ă©diteurs de PR ont continuĂ© de corriger ou de gloser le texte pendant les quelques mois qui sĂ©parent la prĂ©originale (juin ou juillet 1669) de l’originale (2 janvier 1670). En outre, cinq pensĂ©es de PR 1669 ont Ă©tĂ© enlevĂ©es. – Comme on le voit avec ces quelques exemples, le choix de la prĂ©originale de 1669 (sans doute tirĂ©e Ă  une quarantaine d’exemplaires), composĂ©e pour ĂȘtre soumise aux approbateurs, est trĂšs judicieux (en 1971, G. Couton et J. Jehasse avaient choisi de publier le fac-similĂ© de la « premiĂšre seconde » de PR 1670, choix reproduit par M. Le Guern dans le t. II de son Ă©dition des ƒuvres complĂštes en PlĂ©iade). Avec ce livre, nous avons donc d’abord affaire Ă  la premiĂšre réédition scientifique de l’édition de PR, qui fait droit aux Ă©carts entre PR 1669 et PR 1670.

2. La colonne de gauche fournit le texte de la premiĂšre Copie (C1), dont les notes donnent en apparat les Ă©carts avec la seconde Copie (C2) ; le choix de C1 en texte principal s’imposait, car, outre la main du copiste et celle de son rĂ©viseur, C1 porte la trace de trois correcteurs, Arnauld, Nicole et Étienne PĂ©rier, qui « semble bien avoir Ă©tĂ© le maĂźtre d’Ɠuvre de PR » (p. 15). Il s’agit lĂ  de rien de moins que de la premiĂšre publication du texte des copies. L’édition JRA et DB met donc fin Ă  un paradoxe vieux de soixante ans, puisque toutes les Ă©ditions qui entendent respecter l’ordre de la premiĂšre Copie (comme l’édition Lafuma ou l’édition Le Guern) ou celui la seconde (comme l’édition Sellier) ne publient pas moins – pour les fragments qui y figurent – le texte des PensĂ©es selon le Recueil original (RO) qui, depuis le rapport de V. Cousin, a concentrĂ© toute l’attention des pascaliens. De sorte que toutes les Ă©ditions que nous utilisons aujourd’hui (Ă  l’exception de la restitution par E. Martineau des Discours) fournissent un texte qui n’est pas exactement celui des Copies, mais, Ă  chaque fois que c’est possible, celui du RO organisĂ© selon l’ordre des Copies. La prĂ©sente Ă©dition, en publiant enfin le texte des Copies, permet (1) de vĂ©rifier que le texte de PR provient (mais ne provient sans doute pas seulement) des deux Copies (et non de la seule C1, comme le croyait L. Lafuma) ; (2) de comparer C1 et C2, dont Jean Mesnard avait montrĂ© naguĂšre qu’elles ne sont pas indĂ©pendantes, mais dĂ©rivent sans doute d’une copie originale C0, qui n’a pas Ă©tĂ© conservĂ©e (l’apparat dĂ©crit utilement, quand c’est nĂ©cessaire, l’aspect matĂ©riel et la disposition des Copies et relĂšve la diversitĂ© des mains ; au total, les Ă©carts sont relativement mineurs : ils portent sur la ponctuation, sur le choix du pluriel ou du singulier, sur des diffĂ©rences de mots de sens identique (rĂ©dempteur / rĂ©parateur, p. 198), mais aussi, avec plus d’enjeu, sur les accolades et autres signes de continuitĂ© ou sur la division en paragraphes et surtout sur les ratures du RO restituĂ©es – par quoi il s’avĂšre que les Copies proposent dĂ©jĂ  de vĂ©ritables choix de lecture du texte pascalien, que l’on pourra mesurer en les rapportant Ă  l’édition palĂ©ographique de Z. Tourneur) ; (3) de comparer la colonne de droite, c’est-Ă -dire PR 1669 avec les Copies (les Ă©carts sont imprimĂ©s en caractĂšres gras). La nature de la sĂ©lection opĂ©rĂ©e par PR a souvent Ă©tĂ© commentĂ©e, ainsi, Ă  juste titre, que ses corrections et ses additions, mais Ă  partir de la comparaison entre PR et les Ă©ditions modernes : avec la prĂ©sente Ă©dition, on dispose dĂ©sormais de l’instrument qui permet de les mesurer exhaustivement, en les rapportant aux Copies (PR n’a utilisĂ© que 379 des 709 fragments de C1), Ă  une rĂ©serve prĂšs : si aucune des PensĂ©es publiĂ©es par PR 1669/1670 n’est absente des Copies (en 1678 deux « pensĂ©es » n’en proviennent pas), certaines variantes entre les deux Copies et PR 1669/1670 peuvent provenir non d’une intervention arbitraire des rĂ©viseurs, mais du texte de C0 – dans quelques trĂšs rares cas, le texte de PR tĂ©moigne probablement aussi d’une consultation du RO par les rĂ©viseurs ; ainsi quand Pascal, dans « Disproportion de l’homme », a Ă©crit « raccourci d’atome », les deux Copies ont lu « raccourci d’abĂźme », mais PR donne « atome imperceptible », conformĂ©ment Ă  une correction portĂ©e sur C1 (p. 346, voir l’Introduction, p. 12). La riche introduction au volume peut ainsi caractĂ©riser les interventions des Ă©diteurs de PR, Ă  partir de l’analyse d’exemples significatifs : corrections de style et de vocabulaire, Ă©claircissements de sens, attĂ©nuation et correction des idĂ©es, en montrant comment, en bien des cas d’expressions absconses, abruptes ou ambiguĂ«s, PR a moins faussĂ© le texte de Pascal qu’il ne l’a « pascalisĂ© » en leur substituant d’autres expressions pascaliennes (p. 21-36).

3. En pleine page, avant la division en colonnes, la prĂ©sente Ă©dition donne le texte de Pascal tel que nous le lisons aujourd’hui dans deux Ă©ditions : celle de M. Le Guern et celle de Ph. Sellier, autrement dit, dans le RO quand celui-ci comporte les fragments concernĂ©s, ce qui permet une derniĂšre comparaison, entre les Copies (ou PR) et le RO (les Ă©carts entre le RO et C1 sont soulignĂ©s) – ou qui la permettrait, si la lecture du RO Ă©tait toujours correcte. On pourra s’étonner de ce choix, qui a conduit JRA et DB a donner un texte « moderne » parfois incroyablement fautif, comme celui qui invente les tristement cĂ©lĂšbres « balourds » (pour les « hallebardes », lisibles dans le RO comme dans les Copies) ou incapable de se dĂ©marquer des fautes des Copies, comme celle des pittoresques « trognes armĂ©es » (pour les « troupes ») reprise par Le Guern, § 41 (p. 393), comme celle qui lit « que » et « on » pour les « qui » et « en » pascaliens, jadis parfaitement dĂ©chiffrĂ©s par Zacharie Tourneur (Sellier, § 527, ici p. 368) ou enfin comme la leçon absurde des « morts ressuscitĂ©s » (Sellier, § 182, ici p. 285). Mais sans doute JRA et DB ont-ils voulu donner les Ă©ditions « standard » les plus rĂ©centes, plutĂŽt que de reprendre le texte devenu indisponible de Tourneur et Anzieu. On peut le regretter.

Ainsi cette Ă©dition se compose-t-elle de 652 « segments » (609 venant de PR 1669 et 43 de PR 1678), numĂ©rotĂ©s en continu selon l’ordre de PR, qui comprennent le texte original Ă©tabli par les Ă©diteurs modernes, puis, disposĂ©s en colonnes, les « fragments », c’est-Ă -dire les unitĂ©s textuelles de C1 et les « pensĂ©es », c’est-Ă -dire les articles prĂ©cĂ©dĂ©s d’un fleuron dans PR, eux-mĂȘmes munis des apparats critiques que nous nous sommes efforcĂ© de dĂ©crire. Elle est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une introduction historique trĂšs bien venue, qui a pu tenir compte de la thĂšse rĂ©cente de M. PĂ©rouse, L’invention des PensĂ©es de Pascal. Les Ă©ditions de Port-Royal (1670-1678), Paris, Champion, 2009.

L’intĂ©rĂȘt de cette Ă©dition critique de PR 1669 et PR 1678 n’échappera donc Ă  personne, qui permet d’évaluer prĂ©cisĂ©ment toutes les interventions de leurs rĂ©viseurs, si sĂ©vĂšrement jugĂ©s depuis V. Cousin et P. FaugĂšre. JRA les rĂ©habilite, montrant au contraire qu’ils « ont tirĂ© le meilleur parti possible, selon leurs critĂšres, de “l’amas de pensĂ©es dĂ©tachĂ©es” qu’ils avaient retrouvĂ© dans les papiers » de Pascal (p. 36). Leur travail – qui a pendant deux siĂšcles (jusqu’à Condorcet) permis de lire les PensĂ©es –, fut « soigneux et attentif », leurs remaniements et leurs additions ne furent en gĂ©nĂ©ral, malgrĂ© quelques contresens, « ni des mutilations ni des ajouts factices ». Avouons enfin que le bon usage de cette Ă©dition requiert de la part de l’utilisateur une certaine familiaritĂ© avec elle, ne fĂ»t-ce qu’en raison de sa complexitĂ© typographique. Restera aux chercheurs qui auront ce courage philologique Ă  en tirer tout l’immense parti qu’on peut en attendre.

Vincent Carraud

1.2.17. PASCAL (Blaise), Pensées, trad. et intr. par A. J. Krailsheimer, intr. par Thomas S. Eliot, Londres, Folio Society, 2011 (trad. de 1966, éd. révisée de Penguin Book, 1995), XLVII-368 p.

1.2.18. PASCAL (Blaise), TraitĂ© du triangle arithmĂ©tique, Saint-Christophe-en-Bresse, Ed. Les caractĂšres d’Ulysse, 2011, 64 p.

1.2.19. POULAIN DE LA BARRE (François), De l’égalitĂ© des deux sexes. De l’éducation des dames. De l’excellence des hommes, Ă©d. prĂ©s. et notes par Marie-FrĂ©dĂ©rique Pellegrin, Paris, Vrin, coll. « Textes cartĂ©siens », 2011, 426 p.

S. de Beauvoir a tirĂ© de l’oubli le nom de Poulain en plaçant en exergue au DeuxiĂšme sexe une de ses phrases : « Tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit par les hommes sur les femmes doit ĂȘtre suspect, car ils sont Ă  la fois juge et partie », extraite du premier traitĂ© publiĂ© anonymement en 1673 (p. 93). Cette citation a permis, notamment outre-Atlantique, une dĂ©couverte de Poulain au-delĂ  des Ă©tudes fĂ©ministes. La prĂ©sente Ă©dition, indispensable et prĂ©cĂ©dĂ©e d’une introduction claire, devrait faire (re) dĂ©couvrir Poulain bien au-delĂ  des Ă©tudes cartĂ©siennes. L’A. est intĂ©ressant par son itinĂ©raire personnel, qui le fait passer du catholicisme au protestantisme « rationnel », de la philosophie scolastique au cartĂ©sianisme, du point de vue masculin au point de vue fĂ©minin. Les trois textes rĂ©unis visent Ă  dĂ©truire les arguments des misogynes en usant de styles diffĂ©rents. L’enquĂȘte est prĂ©cise et la dĂ©monstration rigoureuse dans le Discours physique et moral sur L’égalitĂ© des deux sexes. L’introduction souligne qu’il s’agit d’une rĂ©flexion philosophique « sur l’identitĂ© et la diffĂ©rence entre les sexes et sur les rapports entre nature et culture » (p. 12). Poulain s’appuie sur le dualisme cartĂ©sien pour « prouver » l’égalitĂ© des esprits : « l’esprit n’a point de sexe » (p. 99-100). Il affirme que « la vĂ©ritĂ© et la science sont des biens imprescriptibles » (p. 116), que les femmes peuvent accĂ©der Ă  tous les emplois, qu’elles « sont capables des dignitĂ©s ecclĂ©siastiques » et d’ĂȘtre « GĂ©nĂ©rales d’ArmĂ©e » (p. 116-119). Le plaidoyer de Poulain sur l’instruction dont doivent bĂ©nĂ©ficier les femmes pour accĂ©der Ă  tous les emplois est rendu vivant par la forme dialoguĂ©e des Entretiens sur L’éducation pour la conduite de l’esprit dans les sciences et dans les mƓurs. PubliĂ©e en 1674, treize ans avant l’ouvrage plus connu de FĂ©nelon, cette rĂ©forme de l’éducation des femmes insiste sur l’importance de la philosophie. La p. 272 du CinquiĂšme Entretien, oĂč les ouvrages de Descartes (La MĂ©thode, Les MĂ©ditations, Le TraitĂ© de l’homme, Le TraitĂ© des Passions, Les Principes et les Lettres Ă  la Reine de SuĂšde et Ă  la Princesse de BohĂȘme) figurent en trĂšs bonne place parmi les « livres qu’il faut avoir », ne peut que rĂ©jouir les cartĂ©siens. Peu aprĂšs, Stasimaque, le double cartĂ©sien de Poulain, y explique sa conversion au cartĂ©sianisme (p. 277-283). L’argumentation serrĂ©e sur la base des textes bibliques, source traditionnelle de la misogynie, est paradoxale dans L’excellence des hommes contre l’égalitĂ© des sexes (1675), oĂč Poulain devient son propre contradicteur, faute de dĂ©bat sur ses ouvrages prĂ©cĂ©dents. Ces manifestes fĂ©ministes visent Ă  Ă©radiquer les prĂ©jugĂ©s maintenant les femmes dans la sujĂ©tion (p. 54, p. 158), et issus de l’histoire, du droit, de la philosophie de l’École (p. 93-97) et de la religion. La trilogie fĂ©ministe de Poulain se clĂŽt sur l’affirmation qu’ « il n’y a que l’amour qui nous donne de l’esprit et du plaisir » (p. 383).

L’utilisation systĂ©matique de la bibliographie aurait permis de complĂ©ter des notes sur les dĂ©bats en France ou sur certains thĂšmes (la mĂ©lancolie), et d’apporter des nuances, notamment sur la mĂ©decine. D’autres rĂ©fĂ©rences Ă  Descartes pouvaient figurer, par ex. p. 113-114, sur la « liaison » de l’esprit avec le corps. Le thĂšme de la « connaissance de soi », en relation avec la connaissance de Dieu pouvait aussi ĂȘtre discutĂ© au regard de la tradition mĂ©dicale.

Annie Bitbol-HespériÚs

1.2.20. SUÁREZ (Francisco), Disputaciones metafisicas, édité par Sergio Råbade Romeo, avec une étude préliminaire de Francisco Léon Florido, Madrid, Tecnos, coll. « Los esenciales de la filosofia », 2011, 311 p.

1.3. INDEX, BIOGRAPHIE ET HISTORIOGRAPHIE

1.3.1. NICOLÌ (Laura), « Bibliografia sintetica delle opere di Descartes pubblicate in Inghilterra (secc. XVII-XVIII) », in DESSÌ (Paola) & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 269-276.

1.3.2. PEDEN (Knox), « Descartes, Spinoza, and the Impasse of French Philosophy : Ferdinand Alquié versus Martial Gueroult », Modern Intellectual History, 2011, 8, 2, p. 361-390.

L’A. s’appuie sur la suggestion de M. Foucault suivant laquelle existerait une fracture en France entre cartĂ©siens et spinozistes – fracture soulignĂ©e par E. Roudinesco dans Philosophes dans la tourmente, Paris, 2005 (citĂ© d’aprĂšs l’édition amĂ©ricaine, Philosophy in Turbulent Times, New York, 2008, p. 31) – pour proposer une reconstruction de la querelle entre M. Gueroult et F. AlquiĂ©. Cette fracture Ă©clata explicitement en 1981, Ă  la publication par AlquiĂ© de son Rationalisme de Spinoza oĂč il avançait une interprĂ©tation orientĂ©e par le concept de bĂ©atitude propre Ă  la partie V de l’Éthique, alors que Gueroult (Spinoza II : L’ñme, Paris, 1974) s’était arrĂȘtĂ© sur la mĂ©taphysique et la thĂ©orie de l’ñme des deux premiĂšres parties. Mais cette fracture pointait dĂ©jĂ  longtemps auparavant, quand Gueroult fut nommĂ© au CollĂšge de France, en 1951, et AlquiĂ© Ă  la Sorbonne en 1952. L’A. reconstruit les Ă©tapes Ă  travers lesquelles la querelle, alimentĂ©e par les nombreux articles des deux protagonistes, se noue et se dĂ©ploie, sans jamais dĂ©boucher sur un accord. L’analyse se focalise plus particuliĂšrement sur deux moments oĂč la confrontation fut extrĂȘmement brĂ»lante : en 1955 Ă  l’occasion du colloque de Royaumont, et en 1972 Ă  l’occasion de celui de Bruxelles. Souvent reconstruit, cet Ă©vĂ©nement est sorti par l’A. du cadre des discussions vives qu’il a pu susciter et qui conduisit Ch. Perelman Ă  classer les historiens de la philosophie participant au dĂ©bat au Royaumont en trois sortes : ceux qui cherchaient un systĂšme, ceux qui cherchaient « l’homme », et ceux qui cherchaient la vision d’une Ă©poque, d’un contexte social ou d’une classe. L’A., au contraire, reconnaĂźt dans cette querelle l’effet de la diffusion en France de la phĂ©nomĂ©nologie et y voit la matrice d’oĂč sont dĂ©rivĂ©s de nouveaux travaux philosophiques, phĂ©nomĂ©nologiques avec J.-L. Marion, ou lacaniens avec Alain Badiou. On aurait attendu davantage sur ce point.

Giulia Belgioioso (trad. D.A.)

2. Études gĂ©nĂ©rales

2.1. DESCARTES

2.1.1. ARMOGATHE (Jean-Robert), « Descartes em seu sĂ©culo », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 17-36.

2.1.2. BATTISTI (CĂ©sar Augusto), « A natureza do mecanicismo em Descartes », in SALVI (Rosana Figueiredo) & MARANDOLA (Eduardo Jr.) (Ă©d.), Geografia e interfaces de conhecimento : debates contemporĂąneos sobre ciĂȘncia, cultura e ambiente, Londrina, Editora da Universidad Estadual de Londrina, 2011, p. 13-30.

2.1.3. BIASOLI (Luis Fernando), Deus na Modernidade : RazĂŁo e TranscendĂȘncia em Descartes, Porto Alegre, Evangraf, 2011, 168 p.

2.1.4. BOUCHILLOUX (HĂ©lĂšne), L’ordre de la pensée. Lecture des Méditations métaphysiques de Descartes, Paris, Hermann, 2011, 243 p.

AprĂšs plusieurs dĂ©cennies d’études sur la mĂ©taphysique de Descartes dont les rĂ©sultats importants se sont payĂ©s d’une complication Ă©norme des problĂšmes soulevĂ©s, de l’ouverture de nouvelles questions et de bouleversements complets des perspectives, cet ouvrage a l’air tranquillisant d’un texte qui promet de ne pas Ă©craser le lecteur sous le poids de la littĂ©rature secondaire et de la discussion des interprĂ©tations accumulĂ©es sur tel ou tel point de la dĂ©marche cartĂ©sienne. Le bout de l’ouvrage est de montrer l’imbrication entre ce que l’A. appelle « le fond de l’entreprise mĂ©taphysique de Descartes » – le cogito –, le fondement – Dieu – et les fonds – les vĂ©ritĂ©s repĂ©rĂ©es Ă  partir de l’idĂ©e de Dieu. Il s’agit bien Ă©videmment de réélaborer en son essence le projet de fondation de la science qui a poussĂ© Descartes sur les chemins de la mĂ©taphysique. Pour ce faire, l’A. parcourt chaque Ă©tape des MĂ©ditations en essayant de reconstruire le mouvement continu de la pensĂ©e mĂ©ditative qui s’y dĂ©ploie. Dans cette dĂ©marche, l’A. se confronte Ă  tous les nƓuds problĂ©matiques qui ont tourmentĂ© et tourmentent encore la critique cartĂ©sienne : la prĂ©sence de la doctrine de la libre crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles dans le doute, la garantie des idĂ©es claires et distinctes, le rapport entre existence de Dieu et cogito, le rapport entre vĂ©ritĂ© et certitude, le rapport entre les preuves de l’existence de Dieu
 L’A. ne manque pas de souligner maints aspects surprenants du texte des MĂ©ditations, ravivant la capacitĂ© d’étonnement du lecteur devant un texte que les lectures trop nombreuses risquent d’avoir rendu faussement familier. Par exemple, on lui sera reconnaissant d’avoir remarquĂ© que, dans la thĂ©odicĂ©e de la SixiĂšme MĂ©ditation, D. « s’attache Ă  repousser un Ă  un tous les arguments visant Ă  disculper Dieu » (p. 234). Jusqu’au bout, la recherche cartĂ©sienne de la vĂ©ritĂ© s’affirme en triomphant des puissantes difficultĂ©s qu’elle rencontre et que D. n’essaye jamais d’affaiblir.

Toutefois, ce qui fait le charme de ce livre – une lisibilitĂ© extrĂȘme unie Ă  une grande densitĂ© – n’est pas sans poser quelques problĂšmes. Soit seulement un exemple : en discutant la question cĂ©lĂšbre du rapport entre certitude et vĂ©ritĂ©, l’A. n’hĂ©site pas Ă  soumettre le cogito Ă  la garantie divine, laquelle garantie lui permet de passer de l’affirmation subjectivement nĂ©cessaire que je suis tant que je pense ĂȘtre, Ă  la vĂ©ritĂ© « en soi » que je suis (p. 64). Une foule d’objections se prĂ©sentent Ă  l’esprit du lecteur, ici comme ailleurs, mais le manque de discussion des interprĂ©tations contraires Ă  celle que propose l’A. empĂȘche un dĂ©bat interne Ă  ce point Ă©pineux. Tel est pourtant le prix que l’A. a choisi de payer pour renouer avec une certaine fraĂźcheur de lecture. Il s’agit donc d’un livre faussement facile, qui sera lu avec plaisir par le « dĂ©butant » et avec curiositĂ© par le spĂ©cialiste, qui reconnaĂźtra comme des vieux amis (ou ennemis ?) les lieux sur lesquels il s’est lui-mĂȘme longuement engagĂ©, et qui acceptera volontiers le dĂ©fi de se mesurer avec les arguments que l’A. dĂ©veloppe pour soutenir ses choix interprĂ©tatifs.

Emanuela Scribano

2.1.5. CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p.

2.1.6. CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane), « Introduction », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 1-12.

2.1.7. CHEVALIER-CHANDEIGNE (Olivia), « Descartes et le principe d’inertie : un corrĂ©lat de la rĂ©forme cartĂ©sienne de la gĂ©omĂ©trie », in CLÉRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 79-92.

2.1.8. CLÉRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 2011, 188 p.

Le prĂ©sent recueil constitue la publication des actes d’un colloque ayant eu lieu Ă  Rouen le 31 mars 2010. L’une des Ă©tudes ne concerne que peu D. : il s’agit de « L’erreur dans les Principes de la philsophie de Descartes de Spinoza, I, xv » de Ch. Jaquet (p. 61-77). Les sept autres sont centrĂ©es sur notre philosophe. Trois Ă©tudes de philosophie gĂ©nĂ©rale ouvrent le volume. E. Faye (« La dĂ©finition de la pensĂ©e et la conscience dans les Principia I, 9 et La Recherche de la VĂ©ritĂ© par la lumiĂšre naturelle », p. 15-28), reprend l’argumentation visant Ă  attribuer Ă  D. la constitution de la notion moderne de conscience contre la cĂ©lĂšbre confiscation en faveur de Locke opĂ©rĂ©e par Ét. Balibar (J. LOCKE, IdentitĂ© et diffĂ©rence, Paris, Seuil, 1998, p. 9-101 ; voir aussi les rĂ©fĂ©rences donnĂ©es ici p. 18, note 8). Il signe son travail en concluant Ă  bon droit qu’« en assimilant la pensĂ©e comme conscience Ă  un tĂ©moignage intĂ©rieur, D. montre qu’il n’a pas rompu avec le vocabulaire de la conscience morale » (p. 27). K. S. Ong-Van-Cung (« Notions et choses chez Descartes. À propos de Principes I, 48 », p. 29-46) argumente en faveur d’une Ă©volution « rĂ©aliste » (p. 48) de la physique entre Le monde, qui proposait plutĂŽt une science d’objets, et Les principes, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’une prudente revendication de « certitude morale » en matiĂšre de physique. La lecture est suggestive et donc audacieuse. D’une part en ce qu’elle passe sous silence l’article IV, 206 oĂč est revendiquĂ©e la certitude « plus que morale » « au moins » Ă  propos des choses « principales et les plus gĂ©nĂ©rales » prĂ©sentĂ©es en 1647 (AT IX-2, 324), d’autre part en ce qu’elle suggĂšre d’assimiler la notion : « celui qui pense ne peut pas ne pas exister pendant qu’il pense » (AT IX-2, 46 ici traduit par l’A., p. 43) Ă  une « formulation en troisiĂšme personne » de « je pense, donc je suis » (AT IX-2, 27), sans la rĂ©duire Ă  la condition de possibilitĂ© de cet Ă©noncĂ©. P. Drieux, sous-entend dans « Des principes d’une union ‘‘libre’’ ; l’union des MĂ©ditations aux Principes » (p. 47-60) que l’un des enjeux essentiels de l’union Ă©troite d’« un certain corps » (AT IX-2, 64) avec mon esprit, telle qu’elle est introduite dans la correspondance avec Elisabeth, constitue « une pondĂ©ration de l’idĂ©e de ‘‘personne’’, c’est-Ă -dire de l’union substantielle, Ă  laquelle il faut substituer un Ă©largissement du rapport au monde matĂ©riel [
] qui n’est [
] pas sans rapport avec ce que D. appelle [
] aimer Dieu comme il faut » (p. 59-60). Les dimensions de l’étude ne permettent hĂ©las pas de construire cette thĂšse surprenante. Suivent deux textes d’histoire des sciences par O. Chevalier-Chandeigne (« Descartes et la principe d’inertie : un corrĂ©lat de la rĂ©forme cartĂ©sienne de la gĂ©omĂ©trie », p. 79-92) et J. Seidengart (« La connaissance du monde dans les Principes de D. : mĂ©taphysique, physique et astronomie », p. 93-119). La premiĂšre insiste sur le jalon essentiel que constitue D. dans la mathĂ©matisation de la physique ; la seconde soutient que les suppositions de l’article III, 46 sont une marque de prudence liĂ©e Ă  la condamnation de GalilĂ©e. A. Staquet interprĂšte dans « Lire les Principes comme un roman » (p. 121-143) ce qui aurait toute l’apparence d’un dĂ©fi lancĂ© au lecteur d’aujourd’hui par D. (AT IX-2, 11) comme un tour rhĂ©torique. Mais de toutes ces Ă©tudes, la plus notable est peut-ĂȘtre celle de J.-P. ClĂ©ro : « Les Principes de la philosophie, le TraitĂ© du monde et les fictions » (p. 145-185) qui dĂ©ploie une vaste interprĂ©tation de l’« univers mental » (p. 175) de D. et traque les indices de son « dĂ©lire mathĂ©matique » (p. 158), le philosophe poussant Ă  l’excĂšs le raffinement gĂ©omĂ©trique lorsqu’il s’agit en vain d’élucider la constitution des « rognures des petits recoins » de la matiĂšre. Dans les Principes ou ailleurs, c’est toujours la mĂȘme chose : « il s’agit [
] de produire du faux, connu comme faux, pour avoir des effets de vĂ©ritĂ©s ». On le comprend bien, il s’agit de montrer que chez D. aussi la vĂ©ritĂ© a structure de fiction (voir J. Lacan, notamment « Subversion du sujet et dialectique du dĂ©sir dans l’inconscient freudien », Écrits, Paris, 1999, t. 2, p. 288). Et ainsi donc, Ă  partir des critiques de Pascal sur les inexactitudes de la « gĂ©omĂ©trie variable » de D. (le mot est de l’A., p. 156) jusqu’à l’étude de sa physique en fonction du concept benthamien de fiction (p. 181) en passant par cette notion trĂšs lacanienne de vĂ©ritĂ©, c’est un rĂ©sumĂ© de ses propres prĂ©occupations assaisonnĂ©es Ă  la cartĂ©sienne que l’A. prĂ©sente ici, de maniĂšre Ă  la fois ludique et Ă©clairante. C’est pourquoi il convient de souligner que ce texte dĂ©borde assez largement son statut apparent d’étude d’histoire de la philosophie (quoiqu’il en assume – assez Ă©lĂ©gamment et lĂ©gĂšrement – les contraintes de rigueur) pour devenir, entre les lignes, un beau tĂ©moignage de philosophie personnelle qui double Ă  lui seul l’intĂ©rĂȘt de ce recueil.

Xavier Kieft

2.1.9. CLÉRO (Jean-Pierre), « Les Principes de la philosophie, le TraitĂ© du monde et les fictions », in CLÉRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 145-184.

2.1.10. DRIEUX (Philippe), « Des principes d’une union « libre » ; l’union des MĂ©ditations aux Principes », in FAYE (Emmanuel) & CLÉRO (Jean-Pierre), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 47-60.

2.1.11. FAYE (Emmanuel), « La dĂ©finition de la pensĂ©e et la conscience dans les Principia I, 9 et La recherche de la vĂ©ritĂ© dans la lumiĂšre naturelle », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 15-28.

2.1.12. GAUKROGER (Stephen), « René Descartes », in BERNECKER (Sven) & PRITCHARD (Duncun) (éd.) The Routledge companion to epistemology, New York, Routledge, 2011, xiii-911 p. ; Part IX, chap. 60, p. 678-686.

2.1.13. GIRARD (André), Les deux rationalismes. Blaise et René, préface de Pierre Léna, La Roche Rigault, PSR éd., 2011, 160 p.

2.1.14. GLAUSER (Richard), « Conscience et connaissance de la pensĂ©e chez Descartes », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 13-32.

2.1.15. JAQUET (Chantal), « L’erreur dans les Principes de la philosophie de Descartes de Spinoza, I, XV », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 61-78.

2.1.16. JARA GUERRERO (Salvador), « La prudencia epistemológica cartesiana», Thémata, 44, 2011, p. 343-352. En ligne : http://institucional.us.es/revistas/themata/44/22%20Jara.pdf

2.1.17. KIBATA (Toshinobu), « Jushou kinen kouen Descartes no gakumon genri : kikagaku teki houhou de kouchiku sareta gakumon genri dai 1 bu [Les Principes de la philosophie de René Descartes : Principes de la philosophie, Partie 1, disposés en ordre géométrique] », Shakairiron-kenkyu, 2011, 12, p. 33-52 [en japonais].

2.1.18. MATSUDA (Katsunori), Kinsei tetsugakushi tenbyou : Descartes kara Spinoza he [Profil de l’histoire de la philosophie moderne : de Descartes à Spinoza], Ohtsu, Kohro-sha, 2011, 254 p.

2.1.19. MATSUE (Keishi), Descartes no houhou [La méthode de Descartes], Kyoto, Kyoto University Press, 2011, 224 p.

2.1.20. ONG-VAN-CUNG (Kim Sang), « Notions et choses chez Descartes. A propos de Principes I, 48 », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 29-46.

2.1.21. PLATT (Andrew R.), « Divine Activity and Motive Power in Descartes’s Physics (Parts I & II) », British Journal for the History of Philosophy, 19, n°4, 2011, p. 623-646 et n°5, 2011, p. 849-871.

L’A. propose un rĂ©examen de la causalitĂ© dans la physique de Descartes. S’opposant Ă  l’interprĂ©tation partiellement occasionnaliste de G. Hatfield et D. Garber (on trouve une discussion serrĂ©e de leur thĂšse dans la deuxiĂšme partie de l’article, p. 855-868), il reprend Ă  son compte (en la modifiant) l’interprĂ©tation la plus rĂ©pandue, qui voit en Descartes un prolongement des thĂ©ories scolastiques, notamment celle de Thomas d’Aquin, sur le concours divin. L’A. passe en revue les arguments de certains commentateurs (M. Gueroult, A. Gabbey, K. Clatterbaugh, M. Della Rocca, D. Des Chene, H. Hattab, A. Pessin). La ligne de partage entre occasionnalisme et thĂ©orie du concours divin apparaĂźt claire : elle repose sur l’idĂ©e d’un pouvoir causal « intrinsĂšque », qu’on attribue ou non aux corps. L’apport de cet article consiste, principalement, dans la rĂ©ponse aux arguments de Hatfield et la recherche d’un accord entre la conception cartĂ©sienne de la causalitĂ© et les prises de position mĂ©taphysiques fondamentales de Descartes, notamment l’idĂ©e que Dieu est la cause immĂ©diate de tous les mouvements du monde créé. Le rĂ©sultat de ce travail est de faire apparaĂźtre la thĂ©orie de Descartes comme un « Ă©cart », subtil, par rapport Ă  la stricte thĂšse thomiste.

Il semble bien, comme le souligne l’A., que Descartes ne peut ĂȘtre rangĂ© parmi les occasionnalistes, dans la mesure oĂč il prĂȘte aux substances créées des pouvoirs causaux rĂ©ellement actifs, partiellement fondĂ©s dans leur nature intrinsĂšque. Toutefois, un passage de la correspondance avec Elisabeth semble tout Ă  fait correspondre Ă  l’énoncĂ© d’une thĂšse occasionnaliste (lettre Ă  Elisabeth du 6 octobre 1645 ; AT IV 314). Selon l’A., ce passage est emblĂ©matique des nuances de la pensĂ©e cartĂ©sienne : certes, Dieu est pour Descartes la cause de tous les effets du monde, ceux des esprits et ceux des corps naturels ; certes, il est la cause immĂ©diate des mouvements ; mais, d’une part, il n’est pas nĂ©cessairement, d’aprĂšs ce passage, la cause immĂ©diate de tous les effets, c’est-Ă -dire de l’action des esprits et, d’autre part, mĂȘme s’il cause immĂ©diatement le mouvement, il n’est pas nĂ©cessairement la seule cause du mouvement. Cette nuance de la pensĂ©e cartĂ©sienne, qui revient Ă  mĂ©nager aux corps une participation aux actions du monde, constitue la conclusion de l’article sur la pensĂ©e « complexe » de Descartes (a complicated causal story, p. 870). Le centre du problĂšme rĂ©side dans la conception cartĂ©sienne du corps, rĂ©duit Ă  l’étendue. Les aristotĂ©liciens attribuaient les pouvoirs causaux aux formes substantielles incorporelles, ce que ne peut plus faire Descartes. L’A. cherche donc Ă  montrer que toutes les forces physiques pensĂ©es par Descartes peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme des propriĂ©tĂ©s « intrinsĂšques » de leur Ă©tendue. Et c’est lĂ  qu’on peut formuler une objection Ă  l’A. Bien sĂ»r, on peut attribuer la force du mouvement aux corps eux-mĂȘmes (p. 854), en la rĂ©fĂ©rant aux caractĂ©ristiques que sont leur grandeur et leur vitesse – encore que la vitesse ne soit pas, de maniĂšre Ă©vidente, une propriĂ©tĂ© « intrinsĂšque » –, mais peut-on le faire Ă  propos du repos ? Peut-on rĂ©ellement « inscrire » dans les corps la rĂ©sistance qu’ils ont Ă  se mouvoir, lorsqu’ils sont immobiles ? À quel mode de l’étendue attribuer cette force ? Certes, Descartes la conçoit en fonction de la grandeur du corps mais, avant d’ĂȘtre Ă©valuĂ©e en fonction de cette grandeur, il faut bien qu’elle existe autrement que dans la taille ou la figure d’un objet qui, en elles-mĂȘmes, ne semblent pas impliquer cette propriĂ©tĂ©. Or, l’A. ne rĂ©pond pas Ă  cette question. Il Ă©voque rapidement la question de la rĂ©sistance des corps, quand ils sont au repos, parmi les autres propriĂ©tĂ©s dĂ©rivĂ©es de la persĂ©vĂ©rance d’un corps dans son Ă©tat (p. 853). L’A. souligne bien (p. 867) que le rĂŽle causal des propriĂ©tĂ©s intrinsĂšques des corps apparaĂźt clairement dans les rĂšgles du choc (Principes, II, 46-52) et que c’est donc lĂ  aussi que le problĂšme est le plus criant.

Attention toutefois : il n’est pas question de dire que la lecture occasionnaliste est la bonne, mĂȘme si elle sauve, de maniĂšre claire, la cohĂ©rence du texte cartĂ©sien (au prix, peut-ĂȘtre, d’une certaine infidĂ©litĂ©). Peut-ĂȘtre y a-t-il, chez Descartes, une incohĂ©rence plutĂŽt qu’une « complexitĂ© », car l’A. reconnaĂźt lui-mĂȘme qu’on ne trouve pas de passage cartĂ©sien qui fasse la totale clartĂ© sur cette question (p. 865). En tout cas, son interprĂ©tation engage une certaine lecture des textes (p. 862-863) : les passages du Monde, oĂč Descartes semble dire qu’il y a des changements naturels qui ne sont pas causĂ©s par Dieu, sont lus, non comme une Ă©tape qui prĂ©cĂšderait les thĂšses de la maturitĂ©, mais comme une assertion en accord avec les textes ultĂ©rieurs (notamment les Principes), oĂč apparaĂźt le fait que Dieu n’est pas la seule et unique cause de tous les mouvements – lecture qui s’oppose Ă  celle de D. Garber.

Soulignons, enfin, que l’A. se dĂ©marque nettement de certaines thĂšses qui, pourtant, adoptent aussi l’interprĂ©tation du concours divin apportĂ© aux crĂ©atures. Par exemple, il rejette de maniĂšre convaincante l’idĂ©e d’A. Gabbey et M. Gueroult, selon laquelle la force crĂ©atrice de Dieu – qui maintient les corps dans l’existence – serait la mĂȘme que la force motrice, par laquelle les corps causent des changements dans les Ă©tats de mouvement d’autres corps (p. 633). La dĂ©monstration de l’A. est aussi convaincante, quand il s’agit de montrer que l’interprĂ©tation occasionnaliste est en tension avec les textes cartĂ©siens. Cet article, par la clartĂ© avec laquelle il confronte les diffĂ©rents textes et leurs diffĂ©rentes interprĂ©tations, et par sa tentative pour trouver une solution d’ensemble au problĂšme, apparaĂźt comme un Ă©lĂ©ment essentiel au traitement de la question.

Philippe Boulier

2.1.22. SCHMITT (Arbogast), Denken und Sein bei Platon und Descartes, Heidelberg, Universitatsverlag Winter, 2011, xii-184 p.

2.1.23. SEIDENGART (Jean), « La connaissance du Monde dans les Principes de Descartes : MĂ©taphysique, Physique et Astronomie », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 93-120.

2.1.24. STAQUET (Anne), « Lire les Principes comme un roman », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE, Emmanuel (Ă©d.), Descartes, des principes aux phénomènes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 121-144.

2.1.25. STROUD (Barry), « Our Debt to Descartes », in STROUD (Barry), Philosophers past and présent : Selected essays, Oxford, Clarendon Press, 2011, 338 p. ; p. 11-28. Reprend id., in BROUGHTON (Janet) & CARRIERO (John P.) (éd.), A companion to Descartes, Blackwell, Oxford, 2008, p. 513-525 [cf. BC XXXIX 3.1.19 et 3.1.128]

2.1.26. TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, 2011, 346 p. [contient des communications de J.-R. Armogathe, Th. M. Lennon, L. Renault, W. Starzynski, E. M. da Rocha, M. Chaves-TannĂșs, E. Forlin, H.A. de Oliveira Guido, C. A. Battisti, M. C. Seneda, M. C. de O.F. Donatelli, D. Medeiros, A. G. Tadeu de Soares. Voir Ă  ces noms.]

2.1.27. TOMIYOSHI (Takechika) (éd.), René Descartes to Takizawa Katsumi [René Descartes et Takizawa Katsumi], Fukuoka, Sogensha, 2011, 441 p.

2.1.28. TREVISANI (Franco), Descartes in Deutschland, MĂŒnster, LIT, 2011, 360 p., traduction de Descartes in Germania, Milan, Francoangeli, 1992, 491 p. (cf. BC XXIII, 2.2.6.).

2.1.29. UENO (Osamu), Descartes, Hobbes, Spinoza: tetsugaku suru 17 seiki [Descartes, Hobbes, Spinoza: XVIIe siĂšcle qui philosophe], Tokyo, Kodansha Gakujutsu Bunko, 2011, 263 p.

2.1.30. WEINRYB (Eleazar), Ś™Ś•Ś ŚąŚ“ Ś˜ŚžŚ“Ś™Ś§Śš [De Descartes Ă  Hume], Raanana, ha-Universita ha-petuha [UniversitĂ© Libre], 2011, 3 vol ; vol. 1 « Descartes-Spinoza ».

2.1.31. ВИДИНСКИ (ВасОл Đ‘Ń€Đ°ĐœĐžĐŒĐžŃ€ĐŸĐČ), Đ’Đ”ĐŽŃ€ĐŸŃ‚ĐŸ ĐœĐ° ĐŃŽŃ‚ĐŸĐœ ŃŃ€Đ”Ń‰Ńƒ ЮърĐČĐŸŃ‚ĐŸ ĐœĐ° ДДĐșарт : ĐČъĐČĐ”Đ¶ĐŽĐ°ĐœĐ” [VIDINSKI (Vasil Branimorov), Le seau de Newton et l’arbre de Descartes], ĐĄĐŸŃ„ĐžŃ, ĐŁĐœĐžĐČ. ОзЎ. « ХĐČ. ĐšĐ»ĐžĐŒĐ”ĐœŃ‚ ОхроЮсĐșО », 2011, 376 p. [en bulgare].

2.1.32. СОКОЛОВ (ВасОлОĐč Đ’Đ°ŃĐžĐ»ŃŒĐ”ĐČоч), Đ€ĐžĐ»ĐŸŃĐŸŃ„ĐžŃ Юуха Đž ĐŒĐ°Ń‚Đ”Ń€ĐžĐž Đ Đ”ĐœĐ” ДДĐșарта [SOKOLOV (Vassili VassilĂ©vitch), La philosophie de l’esprit et de la matiĂšre de RenĂ© Descartes], ĐœĐŸŃĐșĐČа, ĐšĐœ. ĐŽĐŸĐŒ Â«Â Đ›Đ˜Đ‘Đ ĐžĐšĐžĐœÂ Â», 2011, 143 p. [en russe].

2.2. CARTESIENS

2.2.1. AALDERINK (Mark), Philosophy, Scientific Knowledge, and Concept Formation in Geulincx and Descartes, Utrecht, Quaestiones Infinitae, 2010, 446 p. (Oubli du BC XLI.)

Cet ouvrage constitue la thĂšse de doctorat soutenue par l’A. en 2011 Ă  l’UniversitĂ© d’Utrecht sous la direction de Theo Verbeek. Elle s’inscrit donc dans la lignĂ©e des recherches menĂ©es sur le cartĂ©sianisme nĂ©erlandais et son apport principal rĂ©side dans l’étude contextualisĂ©e qu’elle offre de la pensĂ©e du philosophe Arnout Geulincx.

La plupart des Ă©tudes consacrĂ©es Ă  Geulincx soit l’abordent par le prisme de l’occasionnalisme (cf. A. DE LATTRE, L’Occasionalisme d’Arnold Geulincx, Paris, 1967 ; S. NADLER, Occasionalism. Causation Among the Cartesians, Oxford, 2011), soit l’inscrivent dans une ligne qui va de D. Ă  Spinoza et insistent surtout sur le rapport de filiation et de dĂ©marcation d’avec ce dernier (cf. B. ROUSSET, Geulincx entre Descartes et Spinoza, Paris, 1999). Depuis l’ouvrage d’E. Terraillon (La Morale de Geulincx dans ses rapports avec la philosophie de Descartes, Paris, 1912), et si l’on excepte la lecture de H. De Vleeschauwer qui tend Ă  faire de Geulincx un philosophe dont la dimension mystique confĂšre Ă  sa pensĂ©e une autonomie qui la situe en marge du strict rationalisme philosophique, la question est alors de savoir si Geulincx doit ĂȘtre plutĂŽt considĂ©rĂ© comme un disciple de D. ou comme un prĂ©curseur de Spinoza. La thĂšse de M. Aalderink se soucie peu du rapport Ă  Spinoza (on trouve seulement 4 occurrences renvoyant Ă  cet auteur en un peu plus de 400 pages) et cette perspective n’est Ă©voquĂ©e qu’au titre de piste pouvant ĂȘtre explorĂ©e Ă  l’avenir. C’est qu’il s’agit non pas tant d’évaluer l’importance de Geulincx dans l’élaboration du spinozisme que de ressaisir la spĂ©cificitĂ© de la philosophie de cet auteur tout en prenant la mesure de ce qu’il doit Ă  D. – et l’un des apports de l’ouvrage consiste peut-ĂȘtre d’ailleurs Ă  montrer qu’il ne lui doit pas tant que cela.

Du point de vue thĂ©matique, l’ouvrage se concentre principalement sur la thĂ©orie de la connaissance proposĂ©e par Geulincx. Cet aspect de la pensĂ©e du philosophe flamand a fort peu Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© (Rousset s’était ainsi concentrĂ© sur les savoirs positifs prĂ©sentĂ©s dans la mĂ©taphysique, la physique et l’éthique, plutĂŽt que sur les formes de raisonnement thĂ©matisĂ©es et employĂ©es par Geulincx). La question qui anime l’ensemble de l’ouvrage est donc la suivante : pouvons-nous connaĂźtre la rĂ©alitĂ© telle qu’elle est et pourquoi ? C’est Ă  cette question que les aristotĂ©liciens, D. et Geulincx apportent des rĂ©ponses diffĂ©rentes. L’ouvrage est divisĂ© en quatre parties : la premiĂšre (p. 15-114) porte sur la thĂ©orie de l’erreur (que Geulincx applique principalement Ă  la philosophie aristotĂ©licienne), la seconde (p. 115-204) sur la thĂ©orie de la science (au sens particulier que revĂȘt le terme de scientia dans la tradition aristotĂ©licienne), la troisiĂšme (p. 205-349) sur la thĂ©orie de la connaissance et la formation des concepts, la quatriĂšme (p. 351-396) sur le rapport entre la pensĂ©e et la rĂ©alitĂ© Ă  travers le thĂšme des structures conceptuelles qui rendent cette rĂ©alitĂ© intelligible.

Comme ce rĂ©sumĂ© l’indique, Geulincx adopte des aspects de la philosophie cartĂ©sienne tout en les mettant en discussion avec l’aristotĂ©lisme de son Ă©poque. L’aristotĂ©lisme, dans ses formes diverses, sert Ă  la fois de repoussoir Ă  une thĂ©orie renouvelĂ©e de la connaissance scientifique et de cadre conceptuel de rĂ©fĂ©rence pour des domaines, en particulier celui de la logique, sur lesquels les Ɠuvres de D. ne fournissent pas toujours de rĂ©ponse, ou du moins de rĂ©ponse dĂ©nuĂ©e d’ambiguĂŻtĂ©. Les dĂ©veloppements sur D. comme sur diffĂ©rentes philosophies antĂ©rieures (Thomas d’Aquin, Duns Scot, Zabarella, F. Bacon) ou contemporaines (De Raey, Burgersdijk, Clauberg) valent surtout comme point d’appui de la comparaison des textes de Geulincx avec ce dont il a pu se nourrir ou se dĂ©marquer. L’A. offre ainsi une bonne synthĂšse de la thĂ©orie aristotĂ©licienne de la science (p. 118-125). Il montre que la notion d’idĂ©e chez Geulincx, qui renvoie au concept complet de l’essence d’une chose, trouve sa source dans une tradition platonicienne plutĂŽt que cartĂ©sienne (chap. 6, p. 251-294). Par opposition, la connaissance des propriĂ©tĂ©s des choses relĂšve, pour Geulincx, d’une construction intellectuelle qui manifeste que nos modes de pensĂ©e ne nous donnent pas accĂšs aux choses dans une pure transparence cognitive. En cela, Geulincx s’éloigne Ă  la fois de la tradition aristotĂ©licienne et de D. Dans la mesure oĂč, pour le philosophe flamand, nous ne pouvons nous rendre la rĂ©alitĂ© intelligible qu’à travers des notions transcendantales telles que celle d’ens, nous ne pouvons connaĂźtre cette rĂ©alitĂ© telle qu’elle est. La connaissance scientifique, pour Geulincx, ne peut donc prendre que le nom de doctrina, c’est-Ă -dire de connaissance des propriĂ©tĂ©s des choses telles qu’elles nous apparaissent. Au fur et Ă  mesure de la progression de l’ouvrage, le lecteur, malgrĂ© ou prĂ©cisĂ©ment Ă  cause de la comparaison systĂ©matique avec D., en vient sans doute Ă  se demander ce que Geulincx peut bien encore avoir de cartĂ©sien et si cela a mĂȘme un sens de lui attribuer ce qualificatif. Il est vrai qu’à l’encontre de ce qu’une telle dĂ©marche comparative aurait pu nous laisser penser, l’angle d’approche adoptĂ© par l’A. conduit sans doute Ă  souligner davantage les divergences que les convergences entre D. et Geulincx. Il ne s’agit certes pas de remettre en question l’influence du premier sur le second puisqu’elle est bien attestĂ©e, ne serait-ce qu’à travers le commentaire des Principia philosophiae auquel Geulincx s’est livrĂ©. Mais l’interprĂ©tation de M. Aalderink contribue sans aucun doute Ă  mettre en valeur l’originalitĂ© de Geulincx, quand bien mĂȘme cette originalitĂ© reposerait sur une forme de syncrĂ©tisme philosophique.

Contrairement Ă  ce que l’A. annonce comme une des deux questions principales auxquelles cet ouvrage vise Ă  apporter une rĂ©ponse, il n’est pas absolument certain que la thĂ©orie de la connaissance de Geulincx nous Ă©claire de façon dĂ©cisive sur la philosophie de Descartes. La conclusion de l’ouvrage fait d’ailleurs preuve d’honnĂȘtetĂ© en ce qu’elle souligne que la pensĂ©e de Geulincx fait surtout apparaĂźtre dans quelle mesure D. n’a pas apportĂ© de rĂ©ponse, ou du moins pas de rĂ©ponse satisfaisante, Ă  certaines questions philosophiques de son Ă©poque. Peut-ĂȘtre faut-il considĂ©rer que D. ne s’est pas vraiment posĂ© ces questions. Mais il nous semble que l’enjeu principal de l’ouvrage consiste plutĂŽt Ă  Ă©valuer la position de Geulincx par rapport Ă  ce qu’il est convenu d’appeler l’idĂ©alisme. Certes, E. Cassirer notamment avait dĂ©jĂ  abordĂ© la pensĂ©e de Geulincx sous cet angle (cf. Das Erkenntnisproblem in der Philosophie und Wissenschaft der neueren Zeit, Berlin, 1906-1907). Mais l’A. apporte sur cette question un traitement trĂšs complet et surtout une remise en contexte historique tout Ă  fait utile. Autrement dit, pour Geulincx, la philosophie, mais Ă©galement la physique, l’éthique ou la thĂ©ologie naturelle, sont-elles en mesure de nous faire connaĂźtre la rĂ©alitĂ© telle qu’elle est ? L’A. apporte une rĂ©ponse synthĂ©tique Ă  cette question dans un appendice (p. 401-403). Il voit en Geulincx un tenant d’une forme d’idĂ©alisme prĂ©-kantien plutĂŽt que prĂ©-berkeleyen (toute la rĂ©alitĂ© n’est pas rĂ©duite Ă  l’esprit, mais il n’est pas possible de connaĂźtre cette rĂ©alitĂ© telle qu’elle est), mais d’un idĂ©alisme limitĂ© dans la mesure oĂč nous avons accĂšs aux idĂ©es en Dieu. Étant donnĂ© qu’il y va lĂ  d’un des enjeux principaux de cette lecture de Geulincx, peut-ĂȘtre l’ouvrage aurait-il gagnĂ© Ă  ĂȘtre organisĂ© explicitement et dans son ensemble autour du traitement de cette question. Reste que la minutie avec laquelle les textes sont Ă©tudiĂ©s et confrontĂ©s Ă  divers courants philosophiques contribue Ă  prĂ©senter, Ă  travers la figure de Geulincx, une facette originale du cartĂ©sianisme nĂ©erlandais.

Delphine Bellis

2.2.2. AMODIO (Paolo), « La question historiographique entre cartésianisme, anti-cartésianisme et pyrrhonisme », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 95-113.

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2.2.4. AUPETIT (Hubert), « Demystification de l’infini et poĂ©tique de l’absurde », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 229-245.

2.2.5. BELAVAL (Yvon), Leibniz no Descartes hihan, jou [Leibniz critique de Descartes, tome I], trad. d’H. Okabe & Y. Izukura, Tokyo, Hosei University Press, 2011, 518 p.

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2.2.8. BLANS (Bert), « Pascal over macht, wetenschap en geloof », in VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. ; p. 67-82 [en néerlandais].

2.2.9. BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p.

2.2.10. BORGHERO (Carlo), « EreditĂ  cartesiane nella cultura britannica. Osservationi Concluisive », in DESSÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 253-269.

2.2.11. BORGHERO (Carlo), « Le spoglie contese. Immagini di Descartes tra Lumi e Restaurazione», in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 221-258.

2.2.12. BORGHERO (Carlo), Les CartĂ©siens face à Newton. Philosophie, science et religion dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, Turnhout, Brepols, 2011, 157 p.

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2.2.18. BROMAND (Joachim) & KREIS (Guido) (éd.), Gottesbeweise : von Anselm bis Gödel, Frankfurt, Suhrkamp, 2011, 712 p.

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2.2.20. CARSIN (Emmanuel), Pascal, Paris, Ellipses, coll. « Pas à pas », 2011, 304 p.

2.2.21. CHAUI (Marilena de Souza), Desejo, paixão e ação na ética de Espinosa, São Paulo, Companhia das Letras, 2011, 356 p.

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2.2.24. CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p.

2.2.25. COTTIER, Georges, « La théologie de la foi chez saint Thomas et les difficultés du cartésianisme », Nova et vetera (Fribourg), 2011, Vol. 86/1 p. 59-90.

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2.2.27. DESSÌ (Paola) & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p.

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2.2.29. DEVILLAIRS (HĂ©lĂšne), « L’homme image de Dieu. InterprĂ©tations augustiniennes : Descartes, Pascal, FĂ©nelon », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 57-75.

2.2.30. DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p.

2.2.31. Devillairs (Laurence) & Touboul (Patricia), « Allocution d’ouverture », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 7-9.

2.2.32. DOBRE, Mihnea, « Cartesianism and Chymistry », in Societate ßi Politică, vol. 5, 2, 2011, p. 121-136. En ligne : http://uvvg.ro/socpol/images/stories/2011-2/8.%20mihnea%20dobre.pdf

2.2.33. DUNHAM (Jeremy), GRANT (Iain Hamilton), & WATSON (Sean), Idealism. The history of a philosophy, Montreal, McGill-Queen’s University Press, 2011, 334 p. ; notamment Partie 2, chap. 3 (« Descartes and Malebranche »).

2.2.34. EDWARDS, (Michael), « Arystotelizm, Kartezjusz i Hobbes », trad. d’anglais en polonais par PaweƂ ZaƂęski, Przegląd Filozoficzno-Literacki. 1, 2011, p. 15-36.

2.2.35. ERTZ, Stefanie, « ‘Praedicatum inest subjecto’ : Natur, Gnade und individuelle Substanz ; Leibniz zwischen Arnauld und Malebranche », in Natur und Subjekt : IX. Internationaler Leibniz-Kongress unter der Schirmherrschaft des BundesprĂ€sidenten (Hannover, 26. September bis 1. Oktober), I, Hrsg. von Herbert Breger, Hannover, 2011, p. 300-311.

2.2.36. FIRGES (Jean), Blaise Pascal, Teilhard de Chardin : Zwei Weltbilder im Widerstreit, Annweiler, Sonnenberg, 2011, 79 p.

2.2.37. FISHER (Anthony R. J.), « Causal and Logical Necessity in Malebranche’s Occasionalism », Canadian Journal of Philosophy, 2011, 41/4, p. 523-548. En ligne : http://arfish01.mysite.syr.edu/docs/malebranche.2011.cjp.41.4.pdf

2.2.38. FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John P.), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. (numéro spécial de Midwest Studies in Philosophy, 35 (1), 2011).

Ce collectif rassemble plusieurs articles en l’honneur de Paul Hoffman, dĂ©cĂ©dĂ© en mai 2010. Cet hommage n’est pas seulement circonstanciel, et il se traduit par la volontĂ© de prolonger une certaine mĂ©thode en histoire de la philosophie moderne, notamment Ă  travers le commentaire de D. – mĂ©thode caractĂ©risĂ©e par le souci, rĂ©affirmĂ© par J. Carriero dans la prĂ©sentation de cet ouvrage, de lire D. Ă  la lumiĂšre d’une connaissance approfondie de l’arriĂšre-plan scolastique et aristotĂ©licien, mais aussi au moyen d’une pratique analytique de la dispute argumentĂ©e fondĂ©e sur des thĂšses clairement identifiables (voire parfois un peu « standardisĂ©es ») et des arguments prĂ©cis et tranchants.

Il est donc tout naturel que certains articles rĂ©digĂ©s dans cette perspective tentent de souligner une certaine continuitĂ© entre la philosophie de D. et la tradition scolastique. Exemplaire Ă  cet Ă©gard est le texte de J. W. Hwang (« Descartes and the Aristotelian Framework of Sensory Perception », p. 111-148) qui soutient que la thĂ©orie cartĂ©sienne de l’idĂ©e sensible et plus gĂ©nĂ©ralement de la reprĂ©sentation conserve des caractĂ©ristiques importantes et centrales de la thĂ©orie thomiste des « espĂšces » et des « formes », notamment en raison de la dimension ontologique que D. accorde aux idĂ©es. Cette thĂšse tend Ă  rĂ©tablir une continuitĂ© entre la pensĂ©e cartĂ©sienne et le rĂ©alisme direct de tradition scolastique (ce qui implique une lecture discutable de la SixiĂšme MĂ©ditation, notamment en AT IX 59, 94-98). Cette question du reprĂ©sentationalisme de D. est Ă©galement un enjeu central dans l’article de L. Newman (« Sensory Doubts and the Directness of Perception in the Meditations », p. 205-222) qui dĂ©bat sur ce point avec J. Carriero (la question du « voile des idĂ©es » Ă©tant bien entendu un thĂšme classique des Ă©tudes cartĂ©siennes). On peut toutefois regretter que cette dispute opposant une « Direct Theory of Perception (DTP) » et une « Indirect Theory of Perception (ITP) » tende Ă  occulter la complexitĂ© du texte cartĂ©sien pour privilĂ©gier un affrontement entre des thĂšses quelque peu unilatĂ©rales. Ainsi, le dĂ©bat s’appuie sur une idĂ©e trĂšs intĂ©ressante qu’expriment les deux auteurs, Ă  savoir que le doute mĂ©taphysique n’implique pas en tant que tel une thĂ©orie reprĂ©sentationaliste et indirecte de la perception (et donc l’existence d’un « voile des idĂ©es ») ; mais la thĂšse de J. Carriero selon laquelle, au terme des MĂ©ditations, D. ne soutiendrait pas un rĂ©alisme reprĂ©sentatif mais plutĂŽt une thĂ©orie de la « perception directe » selon laquelle nous percevons immĂ©diatement les objets du monde (dans la perception normale) est pour le moins peu vraisemblable ; il est dĂšs lors facile pour L. Newman de dĂ©fendre l’interprĂ©tation standard de la position cartĂ©sienne, si bien que la dispute semble quelque peu piĂ©tiner. On attendrait une interprĂ©tation plus raffinĂ©e sur ce problĂšme. – Cependant, la connaissance approfondie de l’arriĂšre-plan scolastique permet des analyses conceptuelles intĂ©ressantes et subtiles de l’Ɠuvre cartĂ©sienne. Ainsi, le texte de M. Rozemond (« Real Distinction, Separability, and Corporeal Substance in Descartes », p. 240-258, qui doit beaucoup au travail de P. Hoffman sur la notion cartĂ©sienne de distinction et sur les diffĂ©rents types de sĂ©parabilitĂ©, comme le texte de D. J. Brown consacrĂ© Ă  la rĂ©appropriation cartĂ©sienne de la « distinction formelle ») montre que la sĂ©parabilitĂ© au sens fort et existentiel du terme (la possibilitĂ© pour une substance a d’exister par soi sans qu’existe une autre substance b) n’est pas nĂ©cessairement une composante intrinsĂšque de la distinction rĂ©elle, qui peut simplement impliquer une sĂ©parabilitĂ© dans un sens plus faible, eu Ă©gard Ă  la particularitĂ© des entitĂ©s considĂ©rĂ©es (ce sens plus faible de sĂ©parabilitĂ© sera Ă©galement thĂ©matisĂ© par Leibniz, Ă  propos des corps matĂ©riels). Ainsi, un corps matĂ©riel ne peut pas exister sans les autres corps, mais cela ne signifie pas qu’il ne puisse exister sans tel ou tel corps « en particulier ». Cette idĂ©e permet de rĂ©futer l’interprĂ©tation moniste de la substance Ă©tendue chez D. Dans un autre texte Ă©galement nourri par la connaissance de la tradition scolastique (« Cartesian Unions », p. 223-239), C. G. Normore montre que D. peut affirmer dans la Correspondance avec Regius que l’homme est un « ĂȘtre par soi » sans pour autant que cette affirmation lĂ©gitime la thĂšse cĂ©lĂšbre et sans doute trop risquĂ©e de P. Hoffman selon laquelle l’homme cartĂ©sien est une vĂ©ritable « substance » (ce que D. n’a jamais affirmĂ©). – Trois autres articles ont une stratĂ©gie plus singuliĂšre par rapport Ă  l’ensemble du recueil. L. Shapiro (« Descartes’s Pineal Gland Reconsidered », p. 259-286) offre une analyse dĂ©taillĂ©e du rĂŽle rĂ©gulateur et du fonctionnement de la « glande pinĂ©ale » chez D., indĂ©pendamment de la perspective classique relative Ă  l’interaction du corps et de l’esprit. M. Della Rocca (« Taking the Fourth : Steps toward a New (Old) Reading of Descartes », p. 93-110), dans un texte stimulant mais qui ne convainc pas totalement, tente de dĂ©gager Ă  partir de la QuatriĂšme MĂ©ditation une version nouvelle et plus grave du « cercle vicieux », problĂšme auquel il rĂ©pond, dans la continuitĂ© du travail de H. Frankfurt, par l’hypothĂšse selon laquelle D. dĂ©velopperait une thĂ©orie cohĂ©rentiste de la vĂ©ritĂ©. Cette hypothĂšse l’amĂšne tout naturellement Ă  convoquer le cĂ©lĂšbre passage des Secondes RĂ©ponses (AT IX, 113-114) relatif pour certains commentateurs Ă  la possibilitĂ© d’une « faussetĂ© absolue » que Frankfurt avait interprĂ©tĂ© dans un sens sceptique. O. Koistinen (« Descartes in Kant’s Transcendantal Deduction », p. 149-163) effectue quant Ă  lui un rapprochement entre la philosophie cartĂ©sienne et la conception kantienne du jugement, dĂ©marche qui ne surprendra pas les lecteurs accoutumĂ©s notamment aux analyses de J.-L. Marion.

Cet ouvrage illustre en partie les avantages et les inconvĂ©nients d’une lecture « scolastique » (dans le contenu et dans la mĂ©thode) de D. : la finesse de certaines analyses conceptuelles et la pertinence de certains rapprochements avec la tradition scolastique, la clartĂ© des arguments convoquĂ©s dans la dispute interprĂ©tative et, d’un autre cĂŽtĂ©, parfois, une occultation de la complexitĂ© textuelle par des thĂšses trop standardisĂ©es et unilatĂ©rales, dont la dĂ©monstration peut ĂȘtre artificielle et trop subordonnĂ©e aux exigences de la disputatio.

Frédéric Lelong

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2.2.45. GREENBERG (Sean), « Malebranche and Leibniz », in LOOK (Brandon C.), (éd.), The Continuum Companion to Leibniz, Londres, New York, Syndney, New Delhi, Bloomsbury, Continuum, 2011, 334 p. ; p. 68-85.

2.2.46. GROSHOLZ (Emily), « Space and Time », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 51-70.

2.2.47. GUENANCIA (Pierre), Divertissements pascaliens, Paris, Hermann, 256 p.

Que le lecteur ne s’y laisse pas tromper : ces divertissements n’ont rien de frivole. Les neufs Ă©tudes, dont la moitiĂ© inĂ©dites, rassemblĂ©es ici par l’A. portent sur des thĂ©matiques aussi fondamentales que celles de « La critique du droit et de la politique », ou de « La destruction de la chose ». Dans les quatre parties de l’ouvrage, la pensĂ©e pascalienne fait l’objet d’un questionnement qui relĂšve des domaines de la politique, de l’épistĂ©mologie, de la psychologie et de l’ontologie. Ce n’est donc pas le contenu mais plutĂŽt la forme qui fait de ces Ă©tudes des divertissements, c’est-Ă -dire de « libre[s] conversation[s] sur des sujets trĂšs pascaliens » (p. 11). Comme l’A. le rappelle dans son « Avant-propos » (p. 7-11), la spĂ©cificitĂ© de la pensĂ©e pascalienne est celle d’ĂȘtre « une philosophie en acte » qui n’hĂ©site pas Ă  poser des questions capitales d’une façon « directe et sans protocole, en harcelant le lecteur » (p. 8). Il s’agit donc d’une pensĂ©e libre (p. 11) qui se moque d’une philosophie « qui a tendance Ă  se prendre [
] trop au sĂ©rieux, au lieu de prendre au sĂ©rieux les problĂšmes philosophiques eux-mĂȘmes » (p. 8). De ce « philosopher » (p. 9) qui ne se laisse jamais figer en doctrine, l’A. risque mĂȘme une dĂ©finition militaire : il s’agit de dĂ©ployer « une stratĂ©gie d’encerclement de la philosophie qui l’oblige Ă  renoncer Ă  ses prĂ©tentions, [
] de maintenir un Ă©tat de guerre, ou de guĂ©rilla, dans le champ de la raison philosophique » (p. 243-244). Ce combat pascalien peut prendre les formes d’un dĂ©chiffrement ou d’une reconstitution d’une gĂ©nĂ©alogie critique de l’ordre politique (p. 55-57) : il s’agira alors de reconnaĂźtre aux lois positives la fonction d’une « idĂ©e plus rĂ©gulatrice que dĂ©terminante », dont on n’a qu’une « perception nĂ©gative » (p. 40) mais dont la prĂ©sence hante, pour ainsi dire, les analyses pascaliennes du droit Ă©tabli et de la politique (chap. I, p. 37-71). Mais se moquer de la philosophie peut signifier aussi opĂ©rer une « critique de la raison » en rendant la raison elle mĂȘme critique, c’est-Ă -dire autocritique et consciente de ses limites. En ce sens, selon l’A., Pascal formule une dĂ©finition de la justice et de la tyrannie qui fait fond sur le principe Ă©pistĂ©mologique de la sĂ©paration et de la distinction des ordres (chap. I, p. 15-36). D’autre part, il faudra penser les premiers principes comme des limites qui marquent la frontiĂšre extrĂȘme de la connaissance, limites dont la primautĂ© est de toute autre nature que celle de « premiĂšres choses qu’on peut connaĂźtre en philosophant par ordre » (AT III, 239 ; chap IV, p. 99-135). L’A. peut ainsi souligner le caractĂšre ouvert, sinon aporĂ©tique, de l’ontologie pascalienne (chap. VII-IX, p. 191-254), dont tĂ©moignerait aussi bien l’analyse de la temporalitĂ© qui est Ă  la base de la phĂ©nomĂ©nologie du divertissement que « l’abstention (ou l’agnosticisme) ontologique et mĂ©taphysique de Pascal sur la question du MĂȘme et de l’Autre » (p. 239) lorsqu’il s’agit de dĂ©finir « la chose (ou substance), le monde (ou totalitĂ©), le moi (ou suppĂŽt) » (p. 234). Mais le « philosopher » pascalien n’est pas seulement une attitude critique. Il ouvre aussi la possibilitĂ© d’une approche diffĂ©rente et inĂ©dite aux problĂ©matiques philosophiques (chap. VI-VII, p. 155-188) dont l’A. reconnaĂźt les traces dans la distinction entre soi et moi et dans la notion de figure conçue comme « un procĂ©dĂ© Ă©pistĂ©mologique [
] qui Ă©largit le champ de la reprĂ©sentation sans donner l’illusion de rendre prĂ©sent ce qui est absent ou par nature non prĂ©sentifiable » (p. 188). En s’appuyant sur des analyses aussi fines qu’originales, l’A. nous invite donc Ă  reconnaĂźtre en Pascal non pas – ou non seulement – « l’apologiste de la religion chrĂ©tienne et [le] misologue » (p. 97) mais aussi un penseur critique, « attentif Ă  saisir les diffĂ©rences entre les choses, les domaines et les ĂȘtres » (p. 7). Pascal se rĂ©vĂ©lerait ainsi plus proche qu’on aurait pu le croire de l’auteur de l’Anthropologie d’un point de vue pragmatique (p. 199).

Certaines des thĂšses majeures de l’ouvrage mĂ©riteraient de faire l’objet d’une discussion dĂ©taillĂ©e. On pense en particulier au caractĂšre totalisant que l’A. assigne Ă  la distinction des trois ordres (« la pensĂ©e des PensĂ©es », p. 186) dans le cadre de la rĂ©flexion pascalienne. D’autre part, si l’A. choisit assez souvent de paraphraser les textes plutĂŽt que de les citer, les pensĂ©es pascaliennes imposent – nous semble-t-il – une lecture circonstanciĂ©e, qui soit attentive Ă  la logique interne de chaque fragment, avant de risquer des thĂšses d’ordre gĂ©nĂ©ral. Toutefois, dans le cadre d’un Bulletin cartĂ©sien, nous nous bornerons Ă  souligner l’absence de certaines rĂ©fĂ©rences cartĂ©siennes qui sembleraient s’imposer d’une façon tout Ă  fait nĂ©cessaire Ă  la lecture de plusieurs pages de cet ouvrage et qui auraient pu confirmer et enrichir les analyses de l’A. C’est le cas en particulier du chapitre consacrĂ© au « corps comme figure » et aux fragments sur les « membres pensants » dont l’A. souligne Ă  juste titre l’importance Ă  diffĂ©rents endroits du volume. Pour dĂ©finir la nature de ce « corps plein de membres pensants » en tant que « figure de l’unitĂ© dans la diversitĂ© » (p. 181), l’A. Ă©voque en effet des passages des lettres de D. Ă  Elisabeth (AT IV, 293 ; 308). Mais pourquoi passer sous silence celle qui est peut-ĂȘtre la source directe de Pascal dans ces fragments, c’est-Ă -dire les articles 79 et 80 des Passions de l’ñme ? Cela aura permis Ă  l’A. de souligner non seulement les « diffĂ©rences importantes » (p. 181) mais aussi – voire surtout – la profonde unitĂ© des doctrines cartĂ©sienne et pascalienne de l’amour. D’autre part, l’A. s’interroge Ă  juste titre sur le sens du verbe « s’imaginer » utilisĂ© par Pascal dans ces fragments (« il faut s’imaginer un corps plein de membres pensant
 », p. 178-180). Or l’usage technique qu’en propose Pascal aurait pu ĂȘtre rapprochĂ© de l’usage Ă©galement technique que D. fait de ce mĂȘme verbe dans une page capitale du Discours de la mĂ©thode (AT VI, 19).

Alberto Frigo

2.2.48. HARTMANN (Fritz) & SEIDLER (Gerhard), SpiritualitÀt und Mystik im Orden von Port Royal, Kaufbeuren, Port-Royal-Verlag, 182 p.

2.2.49. HATTAB (Helen), « The Mechanical Philosophy », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 71-95.

2.2.50. KOLESNIK-ANTOINE (Delphine), La physique de l’homme chez Regius, Suivi de En quoi le TraitĂ© de l’homme de Descartes peut-il ĂȘtre lu comme un texte matĂ©rialiste ?, PU de Laval, coll. « Verbatim », 2011, 68 p.

2.2.51. KUMANO (Sumihiko) (Ă©d.), Kindaitetsugaku no meicho: Descartes kara Marx made no 24 satsu, [Chefs-d’Ɠuvre de la philosophie moderne: 24 livres de Descartes Ă  Marx], Tokyo, Chuokoron-shinsha, 2011, 297 p.

2.2.52. LESAULNIER (Jean), « Le chĂąteau de Vaumurier, creuset de l’interrogation philosophique Ă  Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 11-25.

2.2.53. MAIA NETO (José R.), « Scepticism », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 227-248.

2.2.54. MCDONOUGH (Jeffrey K.), « The heyday of teleology and early modern philosophy », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 179-204.

2.2.55. MESNARD (Jean), « Philosophie de Port-Royal et philosophie de Pascal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 149-174

2.2.56. MICHON (HélÚne), « Le plaisir à Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 27-41.

2.2.57. MILLER (James), Examined lives: From Socrates to Nietzsche, New York, Farrar, Straus and Giroux, 422 p. ; cf. chap. 8, « Descartes », p. 199-226.

2.2.58. MOREAU (Denis), « La ‘philosophie d’Antoine Arnauld’ : un bilan », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 115-128.

2.2.59. MORIARTY (Michael), Disguised vices. Theories of virtue in early modern French thought, Oxford, Oxford University Press, 409 p. ; et notamment, chap. 7, p. 131-150 : « Montaigne, Charron, Descartes ».

2.2.60. NADLER (Steven), Le meilleur des mondes possibles. La rencontre entre Leibniz, Malebranche et Arnauld, trad. de l’anglais (États-Unis) par S. GallĂ©-Soas, Montrouge, Bayard, 2011, 321 p. [trad. de The Best of All Possible Worlds, Princeton, PU, 2008, 2e Ă©d. 2010 ; 1re Ă©d. 2008, cf. BC XXXIX 3.2.175]

2.2.61. NADLER (Steven), Occasionalism. Causation among the Cartesians, Oxford, Oxford University Press, 2011, xii-217 p.

Ce recueil d’études consacrĂ©es Ă  l’occasionnalisme, dont la plupart ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es et publiĂ©es dans les annĂ©es 1993-1996, permet Ă  l’A. de faire un point synthĂ©tique sur l’histoire vraie de l’occasionnalisme. L’histoire « vraie », autrement dit celle qui s’oppose Ă  une mythologie tenace selon laquelle l’occasionnalisme serait issu, comme un remĂšde douteux, sinon comme un dommage collatĂ©ral, du mind-body problem cartĂ©sien. Les Ă©tudes de dĂ©tail consacrĂ©es Ă  Louis de La Forge et Guillaume Cordemoy montrent en effet que la genĂšse de l’occasionnalisme moderne s’enracine au moins autant dans la question de la crĂ©ation continuĂ©e et la possibilitĂ© de l’interaction physique des corps (donc en rapport avec les Principia II, 36) que dans celle de l’interaction psycho-physique en rĂ©gime dualiste (Meditatio VI, correspondance avec Elisabeth). Arnauld, paradoxalement, en tĂ©moigne, car il semble bien vĂ©rifier l’hypothĂšse standard selon laquelle l’occasionnalisme constitue la solution ad hoc aux consĂ©quences problĂ©matiques du dualisme cartĂ©sien, mais l’A. insiste Ă  juste titre sur le caractĂšre singulier et limitĂ© d’un recours Ă  l’occasionnalisme dont Arnauld ne fait pas un usage dogmatique.

Nonobstant l’intention louable de sortir des sentiers battus et de la reprĂ©sentation scolaire de l’occasionnalisme moderne, le recueil n’apporte pas d’élĂ©ments vraiment nouveaux au plan historique. Il en existe pourtant, comme en tĂ©moigne le cas d’un cartĂ©sien hollandais, Lambertus van Velthuysen qui, singuliĂšrement, introduit avant Cordemoy et La Forge le vocabulaire occasionnaliste dans l’exĂ©gĂšse de la Meditatio III, dĂ©finissant en 1662 les idĂ©es comme des « cogitationes formae, quae ex occasione operationum corporum calore, frigore aut colore praeditorum, in mente nostras excitantur. Mens itaque illas ideas quidem format occasione quarundam operationum corporearum per sensum tranmissarum ad mentem, sed ipsas ideas caloris et frigoris non hausit ex rebus corporeis » (De Initiis Primae Philosophiae, juxta fundamenta clarissimi Cartesii). Autre regret : le dossier des sources thĂ©ologiques mĂ©diĂ©vales de l’occasionnalisme est bien citĂ© mais peu documentĂ©. Gilson n’est pas Ă©voquĂ©, bien qu’il ait, dĂšs 1926, suggĂ©rĂ© un rapprochement entre les Motecallemin et « une sorte d’occasionalisme », sous « forme rudimentaire » (« Pourquoi saint Thomas a critiquĂ© saint Augustin », Archives d’Histoire doctrinale et littĂ©raire du Moyen Ăąge, 1926, p. 5-127). La date de rĂ©daction de ces essais n’a en outre guĂšre permis Ă  l’A. de tirer vraiment parti de l’ouvrage de D. Perler et U. Rudolph (Occasionalismus. Theorien der KausalitĂ€t im arabisch-islamischen und im europĂ€ischen Denken, Göttingen, 2000 ; mentionnĂ©, avec quelques coquilles, en bibliographie). Le traitement de la rĂ©fĂ©rence mĂ©diĂ©vale reste par ailleurs assez convenu : l’occasionnalisme, dans sa figure mĂ©diĂ©vale, est pensĂ© dans son rapport Ă  l’affirmation thĂ©ologique de la toute-puissance divine, mais n’est pas situĂ©, comme cela pourrait ĂȘtre fait, dans le contexte d’un dĂ©bat scolaire, interne Ă  l’aristotĂ©lisme, sur la causalitĂ© de la forme (il est admis dans l’École que la forme n’exerce aucune action transitive dans la matiĂšre, et n’est dite « causer » que par l’intermĂ©diaire des qualitĂ©s ou des habitus).

Bref, ce recueil suit une ligne interprĂ©tative cohĂ©rente et d’une portĂ©e critique indiscutable. Certaines pistes – comme l’arriĂšre-plan mĂ©diĂ©val – sont davantage indiquĂ©es que systĂ©matiquement explorĂ©es, mais cela n’îte rien au mĂ©rite d’un travail apportant Ă  la question de l’occasionnalisme un Ă©clairage original et enrichissant.

Edouard Mehl

2.2.62. NADLER (Steven), « Conceptions of God », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 525-547.

2.2.63. OLIVEIRA FRANCO DONATELLI (Marisa Carneiro de), « Medicina e o ‘Grande SĂ©culo’ : a crĂ­tica cartesiana », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 239-266.

2.2.64. PERATONER (Alberto), « Foi et raison à Port-Royal », p. 175-188.

2.2.65. PERATONER (Alberto), Pascal. Pensatori, Rome, Carocci, 290 p.

Ayant publiĂ© en 2002 Ă  Venise deux Ă©normes volumes consacrĂ©s Ă  Blaise Pascal. Ragione, Rivelazione e fondazione dell’etica. Il percorso dell’Apologie (oubli du BC XXXIII), A. Peratoner a tirĂ© de sa somme cet ouvrage de prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale chronologico-thĂ©matique, organisĂ© en cinq parties d’ampleurs trĂšs inĂ©gales : 1. UnitĂ  di un’esperienza di osservazione e pensiero (p. 15-29) ; 2. La ragione scientifica come paradigma strutturante (p. 31-65) ; 3. A Port-Royal, fuori Port-Royal. Ricentratura degli interessi speculativi (p. 67-166) ; 4. Le PensĂ©es. Linee di sintesi filosofico-teologica nel terzo Pascal (p. 167-220) ; 5. Ontologia ed etica. Ragioni di un nesso solidale (p. 221-252). Comme on le devine Ă  ces titres dĂ©libĂ©rĂ©ment non pascaliens, l’A. entend rendre compte du gĂ©nie et de l’Ɠuvre pascaliens selon ce qu’il appelle une « stratification » en « quatre niveaux » : scientifique, philosophique, thĂ©ologique, artistique (c’est-Ă -dire littĂ©raire) enfin, voyant dans « le grand projet de l’Apologie » l’acmĂ© de la rĂ©flexion entiĂšre de Pascal, vĂ©ritable lieu de « convergence, de solidification et de sublimation » de tous les axes de sa pensĂ©e multiforme (p. 29). Comme on s’en doute, l’auteur de ces lignes aura du mal Ă  approuver cette thĂšse synthĂ©tique, ou synthĂ©tisante, qui semble d’emblĂ©e contredire explicitement la doctrine des « trois ordres de choses », pourtant enrĂŽlĂ©e in fine (p. 230-233) Ă  l’appui de l’affirmation d’un « circolo solido onto-etico », qui caractĂ©riserait la « philosophie » pascalienne : « La sintesi convergente della pluralitĂ  ontologica degli ordres si dĂ  in piena visibilitĂ  nella coerenza di quello che abbiamo designato come circolo solido dell’impianto onto-etico della filosofia pascaliana » (p. 233 ; l’A. affectionne le vocabulaire de la soliditĂ© et de la solidaritĂ©, appliquĂ© aussi bien Ă  l’épistĂ©mologie, « solidissima », qu’à la « solida concezione ontologico-metafisica » de Pascal, p. 220-221). Au demeurant, cette philosophie semble pouvoir ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e sans nul besoin d’en passer par le rapport qu’elle entretiendrait Ă  celle de l’absent capital, Descartes – et Laf. 135 suffirait Ă  montrer que Pascal assume, de façon dissĂ©minĂ©e, les voies traditionnelles de la dĂ©monstration de l’existence de Dieu (p. 235-237), preuve qu’il y a dans les PensĂ©es des « elementi di metafisica e tracciati speculativi ». Si la derniĂšre page mentionne heureusement la « morale chrĂ©tienne » et les « membres pensants », c’est pour y lire le Christ comme « tĂȘte du corps » et y voir une « ontologie relationnelle ». – L’abondante bibliographie semble cependant ignorer l’édition Martineau des Discours sur la religion et sur quelques autres sujets (Paris, 1992) comme plusieurs collectifs importants, par ex. le cahier de XVIIe siĂšcle consacrĂ© en 1994 Ă  « Pascal et la question de l’homme ». – Enfin une chronologie donnĂ©e en annexe ne rechigne pas Ă  reproduire des dates peu sĂ»res : ainsi la ConfĂ©rence Ă  Port-Royal se serait-elle « probablement » tenue en juin 1658. À l’évidence, l’A. a longuement frĂ©quentĂ© l’Ɠuvre de Pascal : mais son introduction ne sera utile qu’aux lecteurs qui sauront se dĂ©prendre du jargon inutile et incertain qui enveloppe une lecture le plus souvent convenue des textes citĂ©s.

Vincent Carraud

2.2.66. PEZZINO (Guiseppe), « Conclusions », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 277-286.

2.2.67. PHEMISTER (Pauline), « Ideas », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 142-159

2.2.68. PIROCCHI (Francesco M.), « Claude Gadroys: cartesianismo e astrologia nella seconda metà del Seicento », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 1-24.

2.2.69. POP (Călin Cristian), Problema infinitului la Pascal, Cluj-Napoca, Eikon, 2011, 469 p.

2.2.70. REIFENBERG (Peter), & RAFFELT (Albert), Universalgenie Blaise Pascal : eine EinfĂŒhrung in sein Denken, Echter Verlag Gmbh, 2011, 184 p.

2.2.71. ROGERS (Graham Allan John), « The English Turn in Cartesian Philosophy », in DESSÌ (Paola), & LOTTI (Brunello) (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 11-28.

2.2.72. ROMEO (Maria Vita), « L’éthique dans la Logique de Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 189-209.

2.2.73. ROMEO (Maria Vita), Le retentissement des Provinciales en Italie, Paris, Nolin, 2011, 196 p.

2.2.74. RUEGER (Alexander), « Aesthetics », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 201-225.

2.2.75. RUSSELL (Paul), « The Free Will Problem », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 424-444.

2.2.76. SAVINI (Massimiliano), « Methodus cartesiana e Pansophia : i primi dibatti intorno al metodo cartesiano e il progetto », in DESSÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 29-48.

2.2.77. SAVINI (Massimiliano), Johannes Clauberg. Methodus cartesiana et ontologie, Paris, Vrin, 334 p.

Issue trĂšs directement d’une thĂšse de doctorat soutenue en 2001 Ă  l’EPHE, la rĂ©cente publication de M. Savini sur Clauberg commence Ă  combler un vide bibliographique remarquable, compte tenu de l’accord assez gĂ©nĂ©ral, parmi les spĂ©cialistes, sur l’importance non nĂ©gligeable, au sein de la nuĂ©e de « petits cartĂ©siens », de J. Clauberg (1622-1665). Son titre, peut-ĂȘtre lĂ©gĂšrement trompeur en cela, n’annonce pas tant l’analyse d’un lien intrinsĂšque entre mĂ©thode cartĂ©sienne et ontologie (en dĂ©pit du fait qu’il existe des programmes de recherche qui visent Ă  l’établissement d’un tel lien) que la rĂ©solution pour Clauberg, grĂące Ă  la dĂ©couverte de Descartes, d’un problĂšme architectonique propre.

Une des thĂšses principales du livre est en effet que Descartes offre Ă  Clauberg une « entrĂ©e en philosophie » supposĂ©e rĂ©soudre un conflit de primautĂ©s entre logique et mĂ©taphysique, la mĂ©ditation sur « les premiĂšres choses que l’on peut connaĂźtre en philosophant par ordre » (III 239, 6-7) permettant d’accumuler, chemin faisant, assez de logique pour parvenir Ă  des connaissances qui seront, Ă  terme, couronnĂ©es – Ă  l’issue d’un parcours bien plus long – par une science de l’ĂȘtre. Les textes, Ă  commencer par les deux Ă©ditions extrĂȘmes de l’Ontosophia, publiĂ©es respectivement en 1647 (avant la conversion au cartĂ©sianisme) et en 1664 (alors que Clauberg est devenu l’un des principaux cartĂ©siens « officiels » de l’époque), soutiennent solidement cette lecture. L’érudition impressionnante du premier chapitre restitue l’arriĂšre-plan scolastique et nĂ©o-scolastique de ces questions, et le lecteur curieux y fera ample moisson d’extraits et de rĂ©fĂ©rences Ă  explorer. Les dĂ©bats des annĂ©es 1640 et 1650 sur la trop fameuse « mĂ©thode » cartĂ©sienne (dĂ©bats qui impliquent, outre Clauberg lui-mĂȘme et Tobie d’AndrĂ©, Schoock, VoĂ«t, Revius ou encore Lentulus) sont ensuite analysĂ©s avec autant de prĂ©cision que d’ampleur ; il y a lĂ  tout un dossier (chap. II Ă  IV) capable de servir un bon moment de rĂ©fĂ©rence. Plus prĂ©cisĂ©ment, selon la lecture de M. Savini, Clauberg estime que la philosophia prima cartĂ©sienne conduit Ă  une logique censĂ©e donner par elle-mĂȘme accĂšs Ă  la philosophia universalis (p. 195-196) ; cette hypothĂšse, incontestablement sĂ©duisante, est plus risquĂ©e, dans la mesure oĂč le lien exact qui devrait s’instituer entre cette logique et cette philosophie « universelle » (qui n’est autre, pour le dire dans nos propres termes, qu’une explicitation sĂ©mantique des termes transcendantaux) pourrait sans doute ĂȘtre davantage prĂ©cisĂ©. C’est nĂ©anmoins ce genre de considĂ©ration qui permet Ă  M. Savini d’affirmer in fine l’existence d’une continuitĂ© entre la mĂ©thode cartĂ©sienne et la Logica Vetus & Nova du disciple, jusque dans son Ă©tablissement de l’hermĂ©neutique (p. 268). LĂ  encore, il y a nĂ©cessairement un peu de place pour le doute, attendu surtout que ce n’est pas tellement Ă  l’analyse de la logique de Clauberg que s’adosse cette interprĂ©tation, mais plutĂŽt Ă  celle de ses fondements, dĂ©jĂ  explorĂ©s par l’A. dans un article paru dans la Revue de MĂ©taphysique et de Morale (n°1/2006 : « L’Insertion du cartĂ©sianisme en logique : la Logica Vetus & Nova de Johannes Clauberg », BC XXXII, 3.2.170), soit essentiellement le remplacement du terme par la perception et de la proposition par le jugement. Il est absolument indĂ©niable que c’est lĂ  l’opĂ©ration fondamentale ; il demeure cependant suffisamment de jeu entre ces fondements-lĂ  et leurs lointaines consĂ©quences, pour requĂ©rir une analyse du traitement des propositions et des raisonnements, seule susceptible d’éclairer le rapport exact de la logique du disciple Ă  la mĂ©thode du maĂźtre ; il est possible de soutenir que l’écart entre l’une et l’autre, d’abord tout Ă  fait minime, s’y creuse progressivement. De mĂȘme, si les questions de signification sont abordĂ©es avec une grande maĂźtrise de leurs antĂ©cĂ©dents historiques, on ne peut s’empĂȘcher de remarquer l’absence, sur ce point, des catĂ©gories ultĂ©rieures qui permettraient de reconstruire avec plus de prĂ©cision, certes au pĂ©ril de l’anachronisme, un certain nombre des problĂšmes signalĂ©s ou latents tant de la philosophie de Clauberg que de celle de Descartes lui-mĂȘme. Ceux des historiens de la philosophie qui sont le moins rĂ©tifs Ă  la « reconstruction » regretteront peut-ĂȘtre que ce morceau d’histoire de l’analyse de la signification se fasse avec les seuls moyens conceptuels de l’époque qu’il Ă©tudie.

En passant, M. Savini rectifie avec autant de soliditĂ© que de tact un certain nombre d’erreurs que la pratique hĂ©las rĂ©pandue de la lecture rapide avait laissĂ© s’infiltrer, et se reproduire, dans le commentaire ; notamment celle qui consiste Ă  faire comme si Clauberg identifiait sa propre ontologie et la philosophia prima cartĂ©sienne (p. 177 sq). En rĂ©alitĂ©, Clauberg oppose trĂšs consciemment ces deux dĂ©marches, qu’il juge inverses, voire opposĂ©es, aussi bien que complĂ©mentaires. Si bien qu’il est difficile, Ă  part les quelques rĂ©serves globales mentionnĂ©es, de trouver Ă  redire Ă  une lecture qui se signale autant par son respect des textes que par l’étendue de leur connaissance. Les rares affirmations rĂ©ellement contestables de cet ouvrage extrĂȘmement documentĂ© concernent toutes l’interprĂ©tation de Descartes Ă  partir de laquelle l’originalitĂ© de Clauberg se trouve mesurĂ©e : par exemple, c’est Ă  partir d’une lecture « radicaliste » du doute cartĂ©sien, hantĂ©e par le fantĂŽme de la doctrine de la libre crĂ©ation par Dieu des vĂ©ritĂ©s dites Ă©ternelles, que Clauberg se trouve jugĂ© en retrait (p. 171-176). C’est loin d’ĂȘtre une lecture Ă©vidente, non seulement en ce qui concerne Clauberg, mais surtout en ce qui concerne Descartes. On pourrait en dire autant de la discussion de la doctrine de l’idĂ©e matĂ©riellement fausse (p. 236-242), sans doute un peu trop rapide pour convaincre absolument. Enfin, puisqu’il s’agit de mesurer le destin du cartĂ©sianisme chez Clauberg, et comme aprĂšs tout le titre le laisse au premier abord espĂ©rer, on se demande Ă  l’issue de l’ouvrage dans quelle mesure quelque chose tient lieu chez Descartes lui-mĂȘme d’« ontologie » et, le cas Ă©chĂ©ant, ce que ce serait au juste. Aussi faut-il Ă©viter, comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit, de mĂ©sinterprĂ©ter le titre : le rapport entre « mĂ©thode cartĂ©sienne » et « ontologie » qu’il dĂ©peint demeure strictement interne Ă  l’Ɠuvre de Clauberg.

M. Savini a placĂ© Ă  l’issue du volume un Appendice, lui aussi directement issu de la thĂšse, qui a le mĂ©rite d’insister sur les interprĂ©tations « mathĂ©matiques » de la mĂ©thode (Schooten et Lipstorp), que d’autres dĂ©bats tendaient Ă  occulter ; bien qu’on n’y descende pas dans la technicitĂ©, on y trouve les ferments d’un heureux Ă©largissement des vues sur cette question.

Guillaume Coqui

2.2.78. SCHMALTZ (Tad M.), « From Causes to Laws », in CLARKE, Desmond M., & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 32-50.

2.2.79. SELLIER (Philippe), « Port-Royal et le platonisme », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 43-56.

2.2.80. SERJEANTSON (Richard W.), « The Soul », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 119-141.

2.2.81. SMITH (Justin E. H.), « Machines, Souls, and Vital Principles », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 96-117.

2.2.82. STEWART (Hugh Fraser), The secret of Pascal, Cambridge, Cambridge University Press, 108 p. [réédition de l’ouvrage de 1941]

2.2.83. THIEL (Udo), The early modern subject. Self-consciousness and personal identity from Descartes to Hume, Oxford, Oxford University Press, 2011, xiii-483 p.

Cet imposant ouvrage propose une cartographie trĂšs dĂ©taillĂ©e des dĂ©bats autour des notions d’identitĂ© personnelle et de conscience aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles (un deuxiĂšme volet, annoncĂ© par l’A., sera consacrĂ© Ă  The Enlightened Subject). Dans l’introduction (p. 1-32) l’A. situe son questionnement Ă  la croisĂ©e de trois couples conceptuels, « consciousness and self-consciousness », « individuation and identity », « the person and personal identity », dont il retrace briĂšvement les antĂ©cĂ©dents anciens et mĂ©diĂ©vaux. La premiĂšre partie de l’ouvrage esquisse « the Seventeenth-Century Background » qui prĂ©cĂšde – et prĂ©pare – la doctrine lockienne de l’identitĂ© personnelle. L’A. met en Ă©vidence tout d’abord « the ontological view of the self » (p. 35-60) dont tĂ©moigneraient, d’une part, la doctrine cartĂ©sienne de l’individuation et de la conscience et, de l’autre, la controverse trinitaire qui oppose, vers la fin du siĂšcle, les thĂ©ologiens anglais Sherlock et South. L’A. examine ensuite les « metaphysical alternatives » (p. 61-93) exprimĂ©es par les Ɠuvres de Spinoza, Cudworth, Clauberg, Hobbes, Boyle, Pufendorf et Burthogge ainsi que par la rĂ©flexion des penseurs matĂ©rialistes anglais sur les thĂšmes de l’immortalitĂ© de l’ñme et de la rĂ©surrection. La deuxiĂšme partie de l’ouvrage (p. 97-150) est entiĂšrement consacrĂ©e Ă  la « subjectivist revolution » inaugurĂ©e par Locke. Le cĂ©lĂšbre chapitre 27 du livre II de l’Essai sur l’entendement humain fait l’objet d’une analyse fouillĂ©e quant Ă  ses sources et Ă  ses multiples enjeux mĂ©taphysiques, moraux et thĂ©ologiques. Dans une troisiĂšme partie (p. 153-221), l’A. examine les rĂ©actions critiques suscitĂ©es par les thĂšses de Locke, que ce soit sur le plan de leur compatibilitĂ© avec la doctrine de la rĂ©surrection ou celui des risques qu’elles comportent lorsqu’on cherche Ă  dĂ©finir, d’un point de vue moral ou lĂ©gal, la responsabilitĂ© d’un agent. Mais c’est la dĂ©finition mĂȘme de l’identitĂ© personnelle qui fait difficultĂ© du fait de sa prĂ©sumĂ©e circularitĂ© et des paradoxes qu’implique l’hypothĂšse d’une « transitivity of identity ». Viennent ensuite deux chapitres trĂšs riches, qui constituent la quatriĂšme partie de l’ouvrage (p. 224-276) consacrĂ©e aux rapports entre subjectivitĂ© et « immaterialist metaphysics of the mind ». L’A. propose un panorama des nombreux auteurs britanniques qui, pendant la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, s’engagent Ă  dĂ©montrer l’immatĂ©rialitĂ© de l’ñme et abordent, par ce biais, la question de l’identitĂ© personnelle et de la conscience. L’A. souligne alors comment l’hĂ©ritage cartĂ©sien (et malebranchiste) en vient Ă  s’opposer Ă  la nouveautĂ© de la rĂ©volution de Locke, en passant sous silence la distinction affichĂ©e par ce dernier entre soul et self. La cinquiĂšme partie de l’ouvrage (p. 279-380) nous invite Ă  traverser la Manche pour revenir en Allemagne et analyser les positions de Leibniz et Wolff. Un premier chapitre (§ 9) retrace la rĂ©flexion des deux auteurs sur les thĂšmes de l’individuation, de l’identitĂ©, de l’apperception et de la conscience. La nouvelle synthĂšse proposĂ©e par Wolff ne manque pas d’ĂȘtre reprise (§ 10) par plusieurs penseurs allemands. Les dĂ©finitions que Wolff propose de la conscience et de l’apperception font nĂ©anmoins l’objet de plusieurs remarques critiques, dont tĂ©moignent les Ă©crits de RĂŒdiger, de Crusius, de Holmann, de Sulzer et surtout de MĂ©rian. L’ouvrage s’achĂšve avec une sixiĂšme partie (p. 383-430) entiĂšrement consacrĂ©e Ă  Hume et Ă  sa doctrine de l’identitĂ© personnelle. L’A. analyse tout d’abord les diffĂ©rentes formulations de sa « boundle view of the self » et il examine ensuite les critiques adressĂ©es Ă  Hume par des tenants de l’école Ă©cossaise du Common Sense tels que Reid et Beattie, avant de revenir sur la thĂšse humienne pour en souligner la spĂ©cificitĂ© par rapport Ă  ses sources et la postĂ©ritĂ© chez Kant. Une brĂšve conclusion (p. 431-437) annonce plusieurs thĂšmes qui feront l’objet du second volet de l’ouvrage. Ce rĂ©sumĂ© ne donne qu’un aperçu rapide de la richesse du prĂ©sent volume qui s’impose d’ores et dĂ©jĂ  comme un ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le thĂšme de la conscience Ă  l’époque moderne. Le nombre d’auteurs abordĂ©s ainsi que la finesse des analyses permettent d’apprĂ©cier des textes peu connus (c’est le cas de l’Essay on Consciousness de Charles Mein) et d’aborder sous une lumiĂšre nouvelle les doctrines des auteurs majeurs. On remarquera en ce sens l’habiletĂ© avec laquelle l’A. fait jouer l’histoire de la rĂ©ception Ă  la faveur d’une meilleure comprĂ©hension des textes. Les mĂȘmes auteurs sont sollicitĂ©s en diffĂ©rents endroits de l’ouvrage et peuvent tĂ©moigner, selon les thĂšmes abordĂ©s, tantĂŽt d’une position avancĂ©e tantĂŽt d’une rĂ©sistance aux thĂšses des auteurs majeurs. Il en rĂ©sulte une histoire conceptuelle qui n’a rien d’une sĂ©quence linĂ©aire mais qui s’apparente plutĂŽt Ă  une mosaĂŻque oĂč l’extraordinaire variĂ©tĂ© des dĂ©tails n’interdit pas la cohĂ©rence de l’ensemble. Cela n’empĂȘche pourtant pas l’A. d’indiquer des tendances gĂ©nĂ©rales de la rĂ©flexion moderne sur les thĂšmes de la conscience et de l’identitĂ©, notamment en ce qui concerne le dĂ©placement du dĂ©bat « from individuation to identity throught time » et « from a primarly ontological to a more subjective treatement of the topic » (p. 25).

La masse des penseurs traitĂ©s ainsi que les interprĂ©tations – souvent originales – avancĂ©es par l’A. imposeraient une discussion qui ne peut trouver place dans les limites d’un compte rendu. Nous nous bornons Ă  deux remarques que nous formulons sans pouvoir nĂ©anmoins les argumenter ici. La premiĂšre, d’ordre gĂ©nĂ©ral, porte sur l’opposition, que l’A. Ă©voque Ă  plusieurs reprises dans son ouvrage, entre « first-order accounts » et « high-order accounts of consciousness ». Dans un cas, la conscience est une composante essentielle et intrinsĂšque des actes de pensĂ©e ; dans l’autre, elle est un acte distinct, une perception qui a pour objet les actes mĂȘmes. Cette distinction, que l’A. refuse d’identifier Ă  celle entre l’immĂ©diatetĂ© et la rĂ©flexion, nous semble mal s’adapter aux auteurs traitĂ©s. Le risque est souvent celui de demander aux textes de se fondre dans un modĂšle conceptuel qui leur est Ă©tranger et, ce faisant, de manquer l’essentiel. Comment faire de D. un tenant de l’« high-order account » (p. 43-48), lui qui assigne Ă  la conscience la fonction de definiens de la pensĂ©e et qui Ă©crit : « il est certain que nous ne saurions vouloir aucune chose que nous n’apercevions par mĂȘme moyen que nous la voulons [
] cette perception et cette volontĂ© ne sont en effet qu’une mĂȘme chose » (AT XI, 343, 15-22) ? Sans avoir recours Ă  l’idĂ©e anachronique d’un « first-order account », mieux vaudrait Ă©voquer ici l’idĂ©e d’une distinctio rationis entre pensĂ©e et conscience. DeuxiĂšmement, la centralitĂ© que l’A. attribue Ă  la « subjectivist revolution » de Locke relĂšgue D. dans la prĂ©histoire du concept moderne de conscience et lui assigne le rĂŽle maladroit du prĂ©curseur (p. 48). Cependant, si D. n’articule pas la notion de conscience Ă  celle d’identitĂ© personnelle c’est tout simplement parce qu’elle vient rĂ©pondre Ă  d’autres exigences dans le cadre de sa pensĂ©e : la solution d’une question soulevĂ©e dĂ©jĂ  par Aristote (voir AT VII, 49 et Seconds Analytiques 99b 28-29) ; la formulation d’une nouvelle dĂ©finition du concept d’idĂ©e ou l’exhibition d’un Ă©lĂ©ment unitaire sous lequel rĂ©unir les diffĂ©rentes formes de la res cogitans. Une analyse plus dĂ©taillĂ©e de la rĂ©flexion cartĂ©sienne et des rapports qu’elle institue entre la conscience et la continuitĂ© de la pensĂ©e autour de la difficile attribution d’une nature substantielle Ă  l’esprit ainsi que des dĂ©bats que ces thĂšmes suscitĂšrent chez les cartĂ©sien hollandais, aurait pu enrichir, nous semble-t-il, le panorama dĂ©jĂ  foisonnant offert par le prĂ©sent ouvrage.

Alberto Frigo

2.2.84. THIROUIN (Laurent), « L’originalitĂ© philosophique de Pierre Nicole », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 129-147.

2.2.85. TILES (Mary), « Form, Reason, and Method », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 295-315.

2.2.86. TOUBOUL (Patricia), « L’essai De la faiblesse de l’homme, de Pierre Nicole et le concept contemporain de ‘faiblesse de la volonté’ », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 263-276.

2.2.87. VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. [en néerlandais]

2.2.88. VELDE (Rudi te), « Bij wijze van inleiding: Pascal als religieus denker », in VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. ; p. 7-22 [en néerlandais].

2.2.89. VELDE (Rudi te), « De God van de filosofen », in VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. ; p. 83-108 [en néerlandais].

2.2.90. WINKLER (Kenneth P.), « Continuous creation », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 287-309.

3. Études particuliùres

3.1. DESCARTES

3.1.1. ABRAMSON (Darren), « Descartes’ Influence on Turing », Studies in History and Philosophy of Science, 2011, 42, 4, p. 544-551. En ligne : http://philosophy.dal.ca/Files/Publications/AbramsonTuringDescartes.pdf

3.1.2. AGOSTINI, Igor, « Sul lessico della conocenza di Dio in Descartes », in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 1-28.

3.1.3. ALLEN (Keith), & STONEHAM (Tom) (éd.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p.

Ce recueil d’essais fait suite Ă  une sĂ©rie de travaux rĂ©cents sur la question – capitale dans l’histoire de la philosophie moderne – de la causalitĂ©, telle que la retracent les volumes de S. Nadler (Ă©d.), Causation in Early Modern Philosophy : Cartesianism, Occasionalism, and Preestablished Harmony, Pennsylvania State, 1993 (BC XXIV, 3.2.1, p. 67-69), de K. Clatterbaugh, The Causation Debate in Modern Philosophy, 1637-1739, New York, 1999, de V. Carraud, Causa sive ratio, Paris, 2002 (BC XXXIII, 2.1.1), et de T. A. Schmaltz, Descartes on Causation, New York, 2007. Par rapport Ă  ces Ă©tudes, le volume vise Ă  fournir une discussion couvrant une pĂ©riode plus large, qui s’étend du XVIIe au XIXe siĂšcles. Le dĂ©bat sur la causalitĂ© est ainsi reconstituĂ© en analysant les contributions des grands penseurs modernes (Descartes, Hobbes, Spinoza, Leibniz, Hume, Kant), mais aussi de personnalitĂ©s comme Louis de la Forge (1632-1666), Thomas Brown (1778-1820) et Lady Mary Shepherd (1777-1847). Certains aspects du dĂ©bat de la scolastique moderne sont Ă©galement pris en compte.

Les douze essais du volume sont regroupĂ©s par les Ă©diteurs dans trois sections diffĂ©rentes, suivant l’ordre chronologique : (1) le dĂ©bat sur la causalitĂ© au XVIIe siĂšcle (chap. I-VI) ; (2) le problĂšme de la causalitĂ© dans la pensĂ©e de Hume (chap. VII-IX) ; (3) les dĂ©veloppements de la question de la causalitĂ© de Kant Ă  Brown et Ă  Lady Shepherd (chap. X-XII). T. D. Schmaltz est ici l’auteur de l’article portant sur Descartes, « Primary and Secondary Causes in Descartes’ Physics » (chap. II, p. 31-47), partant de l’analyse de la distinction, Ă©tablie par D. dans les articles 36-37 des Principia II, entre l’action causale de Dieu, cause universelle et primaire du mouvement, et celle des causes particuliĂšres et secondaires (les rĂšgles ou les lois de la nature). La thĂšse de Schmaltz, qui s’appuie sur une reconstruction du dĂ©bat scolastique sur la causalitĂ©, est que D. propose un anti-occasionalisme radical (p. 31). Cette thĂšse se dĂ©veloppe en trois moments : dans la premier, l’A. esquisse la conception scolastique de Dieu comme cause premiĂšre de la nature en analysant trois positions : l’occasionalisme des MutakallimĂ»n (750) et de Gabriel Biel, le concurrentisme de Thomas d’Aquin et de SuĂĄrez, et le pur conservationisme de Durand de Saint-Pourçain ; le second traite de la conception cartĂ©sienne de Dieu comme cause premiĂšre du mouvement ; enfin le dernier est consacrĂ© Ă  la conception cartĂ©sienne des lois de la nature comme causes secondes des diffĂ©rents mouvements des corps. L’A. soutient que la notion de concours ordinaire de Dieu des Principia s’inspire des thĂšses de Durand. Il poursuit ainsi l’enquĂȘte de Descartes on Causation en rĂ©pondant Ă  l’objection avancĂ©e par J. Carriero dans son compte rendu (Notre Dame Philosophy Reviews : http://ndpr.nd.edu/news/23497-descartes-on-causation/), objection selon laquelle l’article 36 des Principia II ne limiterait pas le concours ordinaire de Dieu Ă  la conservation de la quantitĂ© totale du mouvement et du repos. En acceptant l’interprĂ©tation proposĂ©e par Jacob Revius en 1650 dans la Statera philosophiae cartesianae, l’A. soutient qu’il n’y a pas, dans la physique de D., de diffĂ©rence entre le concours ordinaire de Dieu et la conservation continue de la quantitĂ© totale de matiĂšre et de mouvement. Le concours ordinaire de Dieu n’implique que la conservation de cette quantitĂ© totale ; en revanche, la production d’effets particuliers doit ĂȘtre attribuĂ©e Ă  la matiĂšre elle-mĂȘme. En effet, les corps sont douĂ©s des forces qui sont responsables des changements naturels produits par leur interaction. De cette façon, l’A. affirme avoir expliquĂ© d’une maniĂšre nouvelle, c’est-Ă -dire en s’écartant de l’interprĂ©tation occasionnaliste dominante dans le dĂ©bat anglo-saxon (il suffit de penser ici au Descartes’ Metaphysical Physics, Chicago, 1992 de D. Garber, BC XXIII, 2.1.4, discutĂ© par l’A.) pourquoi la causalitĂ© de Dieu, qui est immuable, est impliquĂ©e dans un monde en mutation. On pourrait toutefois s’interroger tant sur la lĂ©gitimitĂ© mĂ©thodologique d’une tentative aussi systĂ©matique d’expliquer la pensĂ©e de Descartes Ă  la lumiĂšre des dĂ©bats de la scolastique moderne, que sur l’utilitĂ© de mesurer l’enjeu de la conception cartĂ©sienne de la causalitĂ© Ă  la lumiĂšre du modĂšle conceptuel occasionalisme/anti-occasionalisme, qui, tout en Ă©tant dominant dans la littĂ©rature anglophone, ne peut s’appliquer qu’avec difficultĂ© aux textes de D.

Emanuela Orlando

3.1.4. ARANGO GARCÍA (AndrĂ©s) : «La distinciĂłn EpistĂ©mico-OntolĂłgica en la TeorĂ­a de las Sustancias de Descartes», Disertaciones (Universidad del QuindĂ­o), 2011 (2), pp. 193-208.

3.1.5. ARBIB (Dan), « Levinas face Ă  Descartes et HaĂŻm de Volozine : synthĂšse ou opposition ? », in COHEN-LEVINAS (Danielle), Lire TotalitĂ© et infini d’Emmanuel Levinas. Etudes et interprĂ©tations, Paris, Hermann, 2011, p. 123-146.

3.1.6. ARIEW (Roger), « Le principe d’individuation selon Descartes et Leibniz », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 33-52.

3.1.7. BARTH (Christian), « Bewusstsein bei Descartes », Archiv fĂŒr Geschichte der Philosophie, 2011, 93, 2, p. 162-194.

3.1.8. BATTISTI (CĂ©sar Augusto), « A prova da existĂȘncia da multiplicidade de corpos na Sexta Meditação », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 181-214.

3.1.9. BELGIOIOSO, Giulia, « Descartes : parole, lingue e traduzioni » in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 30-64.

3.1.10. BELLUSCI (David, C.), « Malebranche: Order and the Natural law », Science et Esprit. Revue de philosophie et de théologie, 2011, 63/2, p. 237-250.

La critique a longtemps nĂ©gligĂ© les implications morales et politiques de la thĂ©orie malebranchiste de la loi. Si l’on excepte les travaux de P. Riley, qui datent des annĂ©es quatre-vingt (The General Will before Rousseau : the Transformation of the Divine into the Civic, Princeton, 1986), ce n’est que grĂące Ă  des contributions rĂ©centes qu’on a pu en apprĂ©cier le caractĂšre tout Ă  fait original et fĂ©cond. L’article de D.C. Bellusci a donc le mĂ©rite d’attirer l’attention du public canadien et international sur ce point, en se proposant de dĂ©montrer deux thĂšses : que l’oratorien a dĂ©veloppĂ© la notion de loi naturelle et Ă©ternelle Ă  partir de celles de volontĂ©s et de lois gĂ©nĂ©rales ; que cette Ă©volution a eu lieu Ă  l’occasion de sa controverse avec les jansĂ©nistes. Une fois Ă©tabli que la thĂ©orie malebranchiste de la loi naturelle et Ă©ternelle prĂ©suppose une idĂ©e de l’ordre redevable Ă  la tradition platonico-augustinienne, l’A. souscrit Ă  quelques-unes des remarques qu’avait faites Riley dans son « Malebranche and Natural Law » (in T. J. Hochstrasser & P. Schröder (Ă©d.), Early Modern Natural Law Theories : Contexts and Strategies in the Early Enlightenment, Dordrecht, 2003). Il prĂ©sente d’abord la doctrine malebranchiste de l’action divine par des volontĂ©s/lois gĂ©nĂ©rales, ainsi qu’on la trouve exposĂ©e dans le TraitĂ© de la nature et de la grĂące ; ensuite il s’arrĂȘte sur le TraitĂ© de morale, pour montrer que l’action divine y joue un rĂŽle de modĂšle propre Ă  corriger la particularitĂ© et la relativitĂ© dont se ressent l’action humaine, tant morale que politique ; enfin il constate que, dans les RĂ©flexions sur la prĂ©motion physique, Malebranche abandonne la thĂ©orie des volontĂ©s/lois gĂ©nĂ©rales en faveur de celle de la loi naturelle et Ă©ternelle. La raison ultime et dĂ©cisive de ce changement, Ă  la fois lexical et conceptuel, rĂ©siderait non pas, comme le croyait Riley, dans l’influence que Leibniz avait exercĂ©e sur l’oratorien, mais plutĂŽt dans l’opposition que ce dernier avait mĂ»rie envers le jansĂ©nisme et qui avait Ă©clatĂ© Ă  la suite des accusations lancĂ©es par L. Boursier en 1713. Il s’agit sans aucun doute d’une hypothĂšse trĂšs intĂ©ressante, mais qui n’est malheureusement appuyĂ©e que sur des donnĂ©es qu’avait dĂ©jĂ  rapportĂ©es Riley lui-mĂȘme. On regrette Ă©galement que l’A. n’ait pas tenu compte des rĂ©sultats issus d’autres recherches importantes autour de Malebranche (dont J.-C. Bardout, La vertu de la philosophie : essai sur la morale de Malebranche, Hildesheim/New York, 2000, BC XXXI, 3.2.12, et M.-F. Pellegrin, Le systĂšme de la loi de N. Malebranche, Paris, 2006, BC XXXVII 2.2.6), oĂč le rapport du paradigme de l’ordre et de la lĂ©galitĂ© divins Ă  la morale et Ă  la politique des hommes a Ă©tĂ© envisagĂ© de façon dĂ©taillĂ©e.

Angela Ferraro

3.1.11. BENÍTEZ (Laura), « Newton contre Descartes », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 193-206.

3.1.12 BETZ (Gregor), Descartes’‘Meditationen’. Ein systematischer Kommentar, Ditzingen, Reclam, 2011, 196 p.

3.1.13. BOROS (Gabor), « The Passions », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, OUP, 2011 ; p. 182-200.

3.1.14. BRADING (Katherine), « Newton’s law-constitutive approach to bodies : a response to Descartes », in JANIAK (Andrew), & SCHLIESSER (Eric), Interpreting Newton. Critical Essays, Cambridge, Cambridge University Press, 452 p. ; cf. Partie I, chap. 1, p. 13-32.

3.1.15. BROWN (Deborah J.), « Cartesian Functional Analysis », Australasian Journal of Philosophy 90 (1), 2011, p. 75 – 92.

3.1.16. BROWN, Deborah, « The Duck’s Leg : Descartes’s Intermediate Distinction », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 26-45.

3.1.17. BUCCOLINI (Claudio), « Quod vitae sectabor iter ? Sogni del ’19 e immagini di Descartes da Baillet a Brucker », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 105-140

3.1.18. BURLANDO (Bravo), Giannina, « Meditaciones Morales de Descartes : pasión y auto conservación de la vida », Veritas. Revista de Filosofía y Teología (Valparaíso), 25, 2011, p. 75-91.

L’A. avance que les textes cartĂ©siens rendent compte d’une doctrine des passions liĂ©e Ă  une conception de la vie qu’il s’agit de reconstituer. Car les Passions de l’ñme ne sauraient valoir comme un traitĂ© de morale achevĂ© et complet. Il reste qu’on peut en trouver l’ébauche aussi bien dans le Discours de la mĂ©thode, les Passions de l’ñme, les MĂ©ditations ou encore les RegulĂŠ. Cette morale se constitue hors du systĂšme philosophique de Descartes, mĂȘme si elle en est la condition de possibilitĂ©. Cet article s’appuie pour l’essentiel sur le livre de P. Guenancia, Lire Descartes, Paris, 2000 (reprenant Descartes, Paris, 1986, BC XVII, 2.1.8). On ne manquera pas de s’étonner que le maĂźtre ouvrage de D. Kambouchner (L’homme des passions, Paris, 1995, 2 t., BC XXVI, 2.1.3) n’ait pas mĂȘme Ă©tĂ© mentionnĂ© ni discutĂ©, car il rend pour le moins difficile d’avancer de telles conclusions.

Gilles Olivo

3.1.19. CHARRAK (AndrĂ©), « Descartes au principe des cosmogenĂšses matĂ©rialistes ? », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 13-26.

3.1.20. CIPOLLETTA (Patrizia), Emozioni e pratiche filosofiche. Elisabetta del Palatinato « consulta » Cartesio, Milano, Mimesis, 2011, 177 p.

Ce volume, divisĂ© en trois chapitres et un appendice, se propose de montrer que le type de savoir pratique Ă©laborĂ© par D. au cours de son Ă©change Ă©pistolaire avec la princesse Elisabeth est celui qui est aujourd’hui dĂ©veloppĂ© dans la consultation philosophique. AprĂšs la psychanalyse, la psychologie et la neurologie, la pratique du counseling philosophique Ă©prouve elle aussi le besoin de se confronter Ă  D. Suivant l’A., les lettres confirment cette thĂšse, en particulier celle dans laquelle D. discute avec la princesse de questions de nature politique et de morale pratique : Ă  travers la rĂ©cupĂ©ration par le philosophe de la distinction entre « sciences cardinales », « sciences expĂ©rimentales » et « sciences libĂ©rales », distinction dĂ©jĂ  prĂ©sente dans le Studium bonae mentis (AT X 202), Ă©mergerait un Descartes qui aurait rĂ©adaptĂ© la morale provisoire du Discours Ă  un modĂšle de « morale de l’intention ». – On doit pourtant constater ici un forçage outrancier du texte, par exemple quand l’A. prĂ©tend dĂ©celer dans les positions du philosophe une empreinte nettement « pro-fĂ©ministe » (p. 103) : car, contrairement Ă  ce que soutient l’A., il n’existe pas pour Descartes de supĂ©rioritĂ© de genre, mais de classe (Descartes Ă  Chanut, 1er nov. 1646, AT IV 534-538) ; et ce point est encore plus Ă©vident si on a garde Ă  l’esprit la dĂ©finition de l’érudition dans l’Epistola ad Voetium : « non possunt plebeii homines non existimare illos esse doctissimos, qui aliis confidentius ea, quae dicunt, affirmant » (AT VIII-b, 45, 23-25) : ici, le facteur discriminant permettant d’accĂ©der plus rapidement Ă  la vĂ©ritĂ© et Ă  la vertu est encore une fois une affaire de classe et non de genre. À quoi il faut ajouter que l’absence de bibliographie et d’un Index nominum dessert ce volume, et qu’aucun appareil de notes, si riche soit-il, ne saurait s’y substituer.

Francesca Manno

3.1.21. COTTINGHAM (John), « Sceptical Detachment or Loving Submission to the Good? Reason, Faith, and the Passions in Descartes », Faith and Philosophy: Journal of the Society of Christian Philosophers, 2011, 28, 1, p. 44-53.

3.1.22. CRIFASI (Anthony), « Descartes’ Dismissal of Scholastic Intentional Forms : What Would Thomas Aquinas Say? », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 2, p. 141-157.

3.1.23. DE ROSA (Raffaella), « Rethinking the Ontology of Cartesian Essences », British Journal for the History of Philosophy, 19, n°4, 2011, p. 605-622.

Cet article propose une rĂ©flexion sur le statut ontologique des idĂ©es chez Descartes Ă  partir de l’examen critique des interprĂ©tations qui en ont Ă©tĂ© donnĂ©es outre-Atlantique depuis une quarantaine d’annĂ©es et ont abouti, selon l’A., Ă  une vĂ©ritable impasse thĂ©orique. Ces interprĂ©tations se divisent en deux grands courants, un courant « conceptualiste » d’un cĂŽtĂ© et un courant « platonisant » de l’autre (auquel s’ajoute un courant « nĂ©oplatonisant » qui doit s’entendre comme un rĂ©amĂ©nagement du prĂ©cĂ©dent). Chaque courant se fonde sur les textes fondamentaux du corpus cartĂ©sien, la CinquiĂšme MĂ©ditation (AT, VII, 64) et les Principes de la philosophie (AT, VIIIA, 26), mais en accordant la prioritĂ© tantĂŽt Ă  l’un tantĂŽt Ă  l’autre en fonction de l’option interprĂ©tative retenue, manquant ainsi l’unitĂ© de la conception cartĂ©sienne de l’idĂ©e. Cette situation confuse s’explique principalement par l’insuffisante considĂ©ration de la doctrine de la crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. C’est le statut de l’idĂ©e ut creata qui, selon l’A., est insuffisamment clarifiĂ©e par les « conceptualistes » et les « platonisants », le point crucial consistant Ă  rendre compatible l’affirmation selon laquelle « les essences se trouvent dans l’esprit de Dieu » avec la thĂšse bien connue selon laquelle « ces essences sont des idĂ©es innĂ©es dans les esprits des hommes » (p. 620). Autrement dit, c’est la doctrine de la simplicitĂ© de Dieu qui, dans le mĂȘme temps, veut, conçoit et agit qui fait tomber les deux interprĂ©tations historiques (la « conceptualiste » exigeant que les idĂ©es soient distinctes de Dieu et la « platonisante » impliquant que les idĂ©es soient d’abord en Dieu avant d’ĂȘtre en l’homme). Cet article, en mĂȘme temps qu’il relance la recherche sur un point essentiel de la mĂ©taphysique de Descartes, esquisse dans sa conclusion deux pistes pour rendre raison de la simultanĂ©itĂ© des idĂ©es en Dieu et en l’homme : soit que l’on recoure Ă  une thĂ©orie de l’idĂ©e divine comme « modification » (dĂ©sontologisant l’idĂ©e qui n’est plus alors comprise comme une chose dans l’esprit de Dieu), soit que l’on s’appuie sur le concept d’« Ă©minence » pour qualifier l’idĂ©e divine dans sa diffĂ©rence d’avec l’idĂ©e humaine (thĂ©ologisant donc un peu plus la doctrine cartĂ©sienne de l’idĂ©e). Il reste maintenant Ă  dĂ©terminer dans quelle mesure les textes cartĂ©siens autorisent, sans violence interprĂ©tative et jusque dans ses ultimes consĂ©quences, cette nouvelle alternative hermĂ©neutique.

Olivier Dubouclez

3.1.24. DELLA ROCCA (Michael), « Taking the fourth : steps toward a new (old) reading of Descartes », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 93-110.

3.1.25 DONATELLI (Marisa Carneiro de Oliveira Franco), « Descartes e Louis de la Forge: o mecanicismo na descrição do corpo humano e a questĂŁo da sensação », in MENEZES, (Edmilson) & OLIVEIRA (Everaldo de), (Ă©d.), Modernidade filosĂłfica: um projeto, mĂșltiplos caminhos. SĂŁo CristovĂŁo, Editora UFS, 2011, p. 89-115 [corrige le BC XLI, 3.2.37].

3.1.26. DOWNING (Lisa), « Sensible Qualities and Material Bodies in Descartes and Boyle », in NOLAN (Lawrence) (éd.), Primary and Secondary Qualities. The Historical and Ongoing Debate, Oxford, Oxford University Press, 2011, 404 p. ; p. 109-135.

3.1.27. EATON (William) & HIGGERSON (Robert), « Causation and the Cartesian Reduction of Motion : God’s RĂŽle in Grinding the Gears », in ALLEN (Keith), & STONEHAM (Tom) (Ă©d.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p. ; cf. chap. 3, p. 48-64.

3.1.28. FORLIN (EnĂ©ias), « A concepção Cartesiana de sujeito : a alma e o animal racional », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p.135-166.

3.1.29. GARBER (Daniel), « Descartes contre les matĂ©rialistes, ou comment la confrontation de Descartes avec le matĂ©rialisme lui a fait rejeter la mĂ©taphysique », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 95-114.

3.1.30. GAUDEMARD (Lynda), « Descartes’ use of ‘idea’ in his early work : a revisited interpretation », Methodus. Revista Internacional de FilosofĂ­a Moderna, v.1 (6), 2011, p. 7-27.

3.1.31. GENOVESI (Giovanni) & BELLATALLA (Luciana), L’educazione e la sua scienza nel Discorso del metodo di René Descartes, Rome, Anicia, 2011, 304 p.

3.1.32. GILBY (Emma), « Descartes’s ‘morale par provision’ : a re-evaluation », French studies, 2011, Vol. 65/4, p. 444-458.

3.1.33. GÓMEZ ALONSO (Modesto M.), « Descartes’ modal reliabilism », Praxis FilosĂłfica, 32, 2011, p. 11-26. En ligne : http://praxis.univalle.edu.co/numeros/n32/1_Articulos/1modesto_gomez_alonso.pdf

3.1.34. GONZÁLEZ (Rodrigo), « Descartes : las intuiciones modales y la inteligencia artificial clåsica », Alpha, 32, juillet 2011, p. 181-198. En ligne : http://www.scielo.cl/pdf/alpha/n32/art14.pdf

3.1.35. HICKSON (Michael W.), « The Moral Certainty of Immortality in Descartes », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28/3, p. 227-246.

3.1.36. HUNTER (Graeme), « “La plus belle proposition modale”, ou comment Leibniz amĂ©liora la version cartĂ©sienne de l’argument ontologique », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 53-72.

3.1.37. HWANG (Joseph W.), « Descartes and the Aristotelian framwork of sensory perception », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 111-148.

3.1.38. IHARA (Kenichiro), « Descartes no junkan (2) [Le cercle de Descartes (2)] », The journal of social sciences and humanities, 2011, 445, p. 47-82 [en japonais].

3.1.39. IMAI (Yusuke), « Descartes ni okeru kankaku teki kan-nen no meiseki hanmei sei no mondai [Clarté et distinction des idées sensibles chez Descartes] », Bulletin of The University of Tokyo, 2011, 30, p. 118-131 [en japonais].

3.1.40. JANGÈNE VILMER (Jean-Baptiste), « L’indĂ©fini cartĂ©sien entre politique et langage », Revue Philosophique de Louvain, 2011, 109, 3, p. 443-460.

Dans le sillage de ses travaux antĂ©rieurs, l’A. Ă©lucide ici les motivations politiques et linguistiques dont procĂšde le recours au concept d’indĂ©fini. (1) Entre l’interprĂ©tation purement mĂ©taphysique (Gouhier) et l’interprĂ©tation purement politique (KoyrĂ©), il conviendrait d’opter pour une voie mĂ©diane : l’indĂ©fini, justifiĂ© par des raisons mĂ©taphysiques, permettrait Ă  Descartes d’échapper aux pressions de l’Église, dont GalilĂ©e lui-mĂȘme venait d’ĂȘtre victime. (2) La distinction entre infini et indĂ©fini serait « inspirĂ©e » par l’usage des mots, thĂšse qui permet Ă  l’A., contre l’interprĂ©tation de J.-F. Lavigne, de rapprocher Descartes de Levinas. – On objectera ici (a) que certaines interprĂ©tations sont sinon tout Ă  fait discutables, du moins forcĂ©es (par ex. : « dire, d’une part, que ‘‘j’ignore si les choses indĂ©finies sont ou non infinies’’ signifie que l’infinitĂ© des choses indĂ©finies est douteuse, et dire, d’autre part, que ‘‘par prĂ©caution je les nomme indĂ©finies’’ revient Ă  dire que, par prĂ©caution, je considĂšre leur infinitĂ© comme fausse » : analyse qui permet Ă  l’A. de voir dans le concept d’indĂ©fini un lieu d’application de « la mĂ©thode cartĂ©sienne de considĂ©rer le douteux comme faux ») ; (b) que, entre motivations politiques, mĂ©taphysiques et « langagiĂšres », on peine Ă  dĂ©celer les lignes de partage et les prioritĂ©s, Ă  moins que la seconde partie de l’article (sur les motivations langagiĂšres) nous soit demeurĂ©e obscure, ce qu’on n’exclura pas ; (c) que si l’A. a le mĂ©rite de reprendre d’importantes discussions de la tradition interprĂ©tative (oĂč interviennent Gilson, Gouhier, KoyrĂ©, AlquiĂ©, etc.) et surtout – fait rare – de les ouvrir Ă  leur exploitation phĂ©nomĂ©nologique (chez Levinas), on regrettera l’absence de rĂ©fĂ©rences Ă  des travaux importants, notamment italiens (A. Del Prete, I. Agostini, etc.).

Dan Arbib

3.1.41. JITSUKAWA (Toshio), « Koufuku he no ishi – Descartes no tetsugaku [La volontĂ© vers le bonheur] », The journal of social sciences and humanities, 2011, 444, p. 1-31 [en japonais].

3.1.42. JOLY (Bernard), Descartes et la chimie, Paris, Vrin, 2011, 256 p.

3.1.43. KIEFT (Xavier), Descartes. Méditations métaphysiques I-III, extraits, introduction et notes, Paris, Ellipses, coll. « Focus sur », 2011, 96 p.

3.1.44. KOBAYASHI (Toshio), Houhou josetsu wo meguru muttsu no shiron [Six essais sur Discours de la méthode], Yokohama, Shumpusha, 228 p. [en japonais]

3.1.45. KOLESNIK-ANTOINE (Delphine), Descartes : une politique des passions, Paris, PUF, 2011, 160 p.

L’A. se dĂ©marque ici des rĂ©cupĂ©rations politiques : la « rĂ©habilitation nationaliste » par Maurras (L’Action française, 15 octobre 1899, p. 314 sq), le « rĂ©investissement » par Thorez qui, le 2 mai 1946, Ă  la Sorbonne, cĂ©lĂšbre « l’adversaire implacable de tous les dogmes rĂ©vĂ©lĂ©s (
) Descartes qui, de son pas allĂšgre, nous conduit vers des lendemains qui chantent » (ƒuvres, t. XXII, p. 60-68) ; mais aussi des Ă©tudes antĂ©rieures : P. Guenancia (Descartes et l’ordre politique, Paris, 1983 ; rééd. Paris, 2012, BC XIV, 2.1.5) qui, contrairement Ă  l’A., trouvait chez D. une critique de la politique. L’A. se propose d’« ancrer dĂ©finitivement la politique cartĂ©sienne dans le registre affectif » (p. 11) et affirme que « c’est la Querelle d’Utrecht qui a conduit D. Ă  se prĂ©occuper des « affects des lecteurs » et de la façon de « mieux les persuader sans travestir la vĂ©ritĂ© » (p. 17). La premiĂšre partie (p. 19-53) Ă©tudie les « humeurs gouvernĂ©es et humeurs gouvernantes » et « l’utilitĂ© de la vraie philosophie » dans un État : l’A. y prĂ©sente un D. mĂ©fiant envers le peuple, turba gouvernĂ©e par ses humeurs, moins respectueuse de la probitĂ© et de la vertu que de la barbe et de la voix des thĂ©ologiens, mais aussi envers les princes mĂ©lancoliques, Ă  l’humilitĂ© excessive et trop centrĂ©s sur eux-mĂȘmes. La seconde partie (p. 55-81) constitue le cƓur de l’ouvrage, oĂč un rapprochement audacieux avec Hobbes rĂ©sume la politique Ă  un dĂ©centrement depuis soi-mĂȘme vers autrui. : « L’amour et l’estime » sont le moyen de se tourner de l’amour de soi vers l’utilitĂ© publique. Cette solution, dont on voit mal le lien avec les calculs hobbesiens, explique les critiques adressĂ©es par D. Ă  Machiavel, dans la Lettre Ă  Elisabeth de septembre 1646 (p. 78-80). La suite donne des prolongements de cette attitude de « dĂ©centrement » dans la rhĂ©torique, par une longue Ă©tude des CinquiĂšmes rĂ©ponses oĂč D. choisit, par stratĂ©gie, de faire rire de Gassendi pour ruiner son crĂ©dit par le ridicule (p. 90-109). La derniĂšre partie (« Étudier la politique en physicien », p. 111-139) compare le physicien qui se « dĂ©centre » des qualitĂ©s sensibles vers les figures et mouvement, au politicien qui se dĂ©tourne du dĂ©sir de reconnaissance pour lui prĂ©fĂ©rer l’estime authentique. L’A. propose alors un intĂ©ressant rapprochement entre D. et Rousseau via Malebranche (p. 135 sq). La figure du gĂ©nĂ©reux est trĂšs briĂšvement Ă©voquĂ©e en conclusion pour voir dans le cartĂ©sianisme une conciliation entre Ă©thique et pragmatisme.

Cette Ă©tude s’inscrit dans l’une des orientations actuelles des Ă©tudes cartĂ©siennes, qui tend Ă  voir dans la thĂ©orie des passions un foyer propre Ă  Ă©clairer des aspects jusqu’ici marginaux du cartĂ©sianisme. On ne peut s’empĂȘcher d’ĂȘtre parfois dubitatif devant la volontĂ© de rapprocher des remarques Ă©parses pour construire une thĂ©orie politique que D. a peut-ĂȘtre dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©vitĂ©e. Mais cela permet Ă  l’A. de renouveler la lecture de certaines pages du corpus cartĂ©sien et cette nouveautĂ© constitue l’attrait principal de l’ouvrage.

Pascal Dumont

3.1.46. KOPPEL (Marius), Zerfall der Seele bei Descartes, Gaggenau, Köppel, 2011, 52 p.

3.1.47. LANDY (David), « Descartes’ Compositional Theory of Mental Representation », Pacific Philosophical Quarterly, 2011, 92, 2, p. 214-231.

3.1.48. LEE (Kyoo), « Cogito Interruptus. The Epistolary Body in the Elisabeth-Descartes Correspondence, June 22, 1645-November 3, 1645 », PhiloSOPHIA: A Journal of Continental Feminism, 2011, 1, 2, p. 173-194.

3.1.49. LENNON (Thomas M.), « Descartes and the Seven Senses of Indifference in Early Modern Philosophy », Dialogue. Canadian Philosophical Review, 2011, 50, 3, p. 577-602.

3.1.50. LENNON (Thomas M.), « Descartes, Arcesilau e a estrutura da epokhĂ© », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 37-62.

3.1.51. LEVY (Lia), « O conceito cartesiano de atributo principal », in LEVY (Lia) & ROCHA (Ethel) (éd.), Estudos de Filosofia Moderna. 1. Porto Alegre, Linus Editora, 2011, p. 69-80.

3.1.52. LEVY (Lior), « Memory and the Passions in Descartes’ Philosophy », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 4, p. 339-354.

3.1.53. LICCIOLI (Loana), Medicina more mechanico. La fisiologia di Descartes, Bologne, Archetipolibri, 214 p.

3.1.54. LOJACONO (Ettore), « La traduzione delle opere scientifiche di Descartes », in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 99-112.

3.1.55. MALINOWSKI-CHARLES (Sylviane), « La douleur de Descartes Ă  Spinoza, ou les mĂ©tamorphoses d’un concept », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 73-94.

3.1.56. MARCIALIS (Maria-Teresa), « Sensibilità e automatismo negli animali-macchina cartesiani », Rivista di Storia della Filosofia, 2011, 66, 4, p. 603-631.

3.1.57. MARGOT (Jean-Paul), « A propĂłsito del “more geomĂ©trico” en Descartes y Spinoza », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 73-89 ; article repris de Praxis filosofica, 29, 2009, p. 85-100 (cf. BC XL, 3.1.92), disponible en ligne : http://www.scielo.org.co/pdf/pafi/n29/n29a05.pdf

3.1.58. MARGOT (Jean-Paul), « Descartes : una metafĂ­sica del presente », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 55-73 ; article repris de Praxis Filosofica, 21, 2005, p. 79-96 (oubli du BC XXXVI), disponible en ligne : http://bibliotecadigital.univalle.edu.co/xmlui/bitstream/handle/10893/1918/JPMargot.pdf?sequence=1)

3.1.59. MARGOT (Jean-Paul), « La inversiĂłn cartesiana del eje aristotĂ©lico tomista del conocimiento », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 35-45 ; article repris de Praxis Filosofica, 13, 2001 (oubli du BC XXXII), disponible en ligne : http://bibliotecadigital.univalle.edu.co/xmlui/bitstream/handle/10893/1836/pag%2043%20-%2051.pdf?sequence=1.

3.1.60. MARGOT (Jean-Paul), Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, contient les titres prĂ©cĂ©dents.

3.1.61. MATHERON, Alexandre, « Amour, digestion et puissance selon Descartes », in id, Études sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS éditions, 2011, 741 p. ; p. 55-65, initialement publiĂ© dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 1988, 4, p. 433-445 (cf. BC XIX, 3.1.76.)

3.1.62. MATHERON, Alexandre, « Descartes, le principe de causalitĂ© et la rĂ©alitĂ© objective des idĂ©es », in id, Études sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS éditions, 2011, 741 p. ; p. 553-565, initialement publiĂ© dans BESNIER (Bernard), (Ă©d.), Scepticisme et exĂ©gĂšse. Les cahiers de Fontenay, 1993, p. 217-228, BC XXXV 3.1.74.

3.1.63. MATHERON, Alexandre, « Psychologie et politique : Descartes et la noblesse du chatouillement », id, Études sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS éditions, 2011, 741 p. ; p. 25-54, intialement publiĂ© dans Dialectique, 1974, 6, p. 79-98, puis dans Anthropologie et politique au XVIIe siĂšcle, Paris, Vrin, 1986 (cf. BC V 3.1.9.)

3.1.64. MERKAČ (Iris), « RenĂ© Descartes o matematičnih esencah [RenĂ© Descartes sur les essences mathĂ©matiques] », Analiza 15, 2011, p. 93-104 [en slovĂšne, avec rĂ©sumĂ© en anglais].

3.1.65. MESCHINI (Franco A.), « Filologia e scienza. Note per un’edizione critica de L’Homme di Descartes », in MESCHINI (Franco A.), Le opere dei filosofi e degli scienziati. Filosofia e scienza tra testo, libro e biblioteche, Florence, Olschki, 2011, p. 165-204.

L’histoire du texte de L’Homme constitue une difficultĂ© complexe dans l’étude de la genĂšse des Ɠuvres de Descartes. Dans le prĂ©sent article, F. Meschini nous permet de progresser dans l’élucidation de ce mystĂšre. Trois problĂšmes peuvent ĂȘtre distinguĂ©s, qui rendent l’histoire de ce texte particuliĂšrement compliquĂ©e. (1) D’abord, Descartes travailla Ă  ce traitĂ© durant toute sa vie, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1630 jusqu’en 1648. Les manuscrits utilisĂ©s par les Ă©ditions latines de 1662 et 1664, ainsi que l’édition française de 1664, pourraient reflĂ©ter les diffĂ©rentes Ă©tapes de cette rĂ©daction, et il n’est pas si Ă©vident que Clerselier ait publiĂ© le meilleur texte. (2) La seconde difficultĂ© provient la circulation de copies manuscrites. Nous avions nous-mĂȘme proposĂ© il y a dix ans un essai de reconstitution (A Bibliography of the Works of Descartes (1637-1704), Utrecht, 2002, BC XXXIII, 1.3.4) ; l’A. poursuit aujourd’hui cet effort en passant mĂ©ticuleusement au peigne fin la Correspondance Ă  la recherche de nouveaux indices. De son admirable tentative apparaissent 16 tĂ©moignages de copies. La grande Ă©nigme est de parvenir Ă  combiner les indices fournis par la Correspondance et les chiffres donnĂ©s par les Ă©diteurs Schuyl et Clerselier. Il est Ă  la fois tentant et inĂ©vitable de quitter la voie sĂ»re des preuves empiriques pour se lancer dans la spĂ©culation, puisqu’il y a peu de choses dont nous soyons sĂ»rs ; la question est alors de savoir jusqu’à quelle distance on choisit de s’évader. Il est gĂ©nĂ©ralement reçu que la copie du traitĂ© faite Ă  partir du manuscrit autographe en 1642 appartint Ă  Van Surck et fut utilisĂ©e pour l’édition de 1662. L’A. franchit un pas supplĂ©mentaire : il date les deux copies effectuĂ©es Ă  partir de celle-ci de 1643 et les attribue Ă  Pollot et Huygens, sans doute Ă  raison. Toujours est-il qu’il faut garder Ă  l’esprit que nous travaillons sur un puzzle dont nous ignorons le nombre de piĂšces, et dans lequel celles que nous avons ne s’insĂšrent pas nĂ©cessairement. (3) La troisiĂšme difficultĂ© concerne l’histoire de la publication des trois Ă©ditions. Jusqu’à une date rĂ©cente, tout semblait relativement simple : Clerselier possĂ©dait l’autographe et Schuyl publia de pures et simples traductions Ă  partir de copies. Cette interprĂ©tation ne peut plus ĂȘtre soutenue. Nous savons Ă  prĂ©sent que Clerselier envoya une copie de l’autographe qu’il possĂ©dait aux Pays-Bas bien avant que Shuyl ne publie sa premiĂšre Ă©dition et, depuis la brillante publication de S. Matton ici mĂȘme (BC XXXVI, p. 149), nous savons que Clerselier possĂ©dait une copie quand il Ă©dita l’autographe.

Dans cet article, Meschini traite habilement cette question et fait quelques avancĂ©es sĂ©rieuses. Pour lever un peu plus le voile, quelques zones d’ombres devront encore ĂȘtre explorĂ©es : comment expliquer que l’autographe Ă©tait dans le coffre que Descartes emporta en SuĂšde mais qu’il ne regagna pas Paris avec le reste des papiers ? Comment les Elzevier savaient-il Ă  Amsterdam au milieu des annĂ©es 1650 que Clerselier travaillait sur L’Homme et pourquoi n’ont-ils pas publiĂ© leur propre Ă©dition, annoncĂ©e dans l’introduction des Opera philosophica en 1656 ? Depuis la premiĂšre Ă©dition du traitĂ© de L’Homme il y a 350 ans, il y a encore beaucoup Ă  dĂ©couvrir.

Matthijs Van Otegem

3.1.66. MIHALI (Andreea), « Sum Res Volans : The Centrality of Willing for Descartes », International Philosophical Quarterly, 2011, 51, 2, 202, p. 149-179. En ligne : http://philosophy.tamu.edu/~sdaniel/682%20Readings/mihali%20willing.pdf

L’évidente erreur qui affecte le titre de cet article et qui se rĂ©pĂšte systĂ©matiquement dans le dĂ©veloppement, volans pour volens (comme si l’objet de cette Ă©tude Ă©tait « la chose qui vole » !) confine au grotesque, suivant une tendance malheureusement de plus en plus frĂ©quente dans la littĂ©rature secondaire, et dont sont responsables tant les auteurs que les revues elles-mĂȘmes – et il est Ă  cet Ă©gard Ă©difiant que, dans ce cas, il s’agisse de l’International Philosophical Quarterly !

L’objet de l’article est, comme son titre (ne) l’indique (pas), le rĂŽle central occupĂ© par la volontĂ© dans la pensĂ©e de Descartes, en particulier dans les Meditationes (cogito, clartĂ© et distinction, preuves de l’existence de Dieu et de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle). Partant de l’examen de Meditatio II oĂč Descartes soutient l’insĂ©parabilitĂ© de la pensĂ©e de l’ego mĂ©ditant, l’article se dĂ©ploie en sept moments. (1) Pour commencer (« Descartes’s concepts of essence and awareness », p. 152-156), l’A. analyse briĂšvement les concepts cartĂ©siens d’ĂȘtre et de conscience et montre que la volontĂ© appartient Ă  l’essence de l’esprit dans la mesure oĂč le mĂ©ditant est impliquĂ© dans la mĂ©ditation ; puis l’A. Ă©largissant la discussion en insistant sur la volontĂ© (l’A. se rĂ©fĂšre Ă  l’article de P. Schouls, « Human Nature, Reason, and the Will in the Argument of Descartes’s Meditations », in J. Cottingham (Ă©d.), Reason, Will and Sensation, Oxford, 1994, BC XXV, 3.1.126, qui souligne dans les Meditationes la primautĂ© de la volontĂ© sur l’entendement), l’A. met l’accent sur ce qui interdit de sĂ©parer du mĂ©ditant l’acte mĂȘme de penser lorsqu’il est en train de mĂ©diter. Par contraste appuyĂ© avec la thĂšse habituellement soutenue par les spĂ©cialistes (l’A. se limite Ă  citer l’ouvrage, d’ailleurs capital, d’A. Kenny, Descartes, New York, 1968) selon laquelle l’essence de l’esprit, pour Descartes, n’est pas constituĂ©e par les pensĂ©es des objets dont nous sommes conscients, l’A. affirme que l’essence de l’esprit est constituĂ©e dans sa plus grande part par la volontĂ©. La volontĂ©, en effet, n’est pas seulement un genre quelconque de la pensĂ©e : chaque fois que l’on pense, en fait, la seule action de penser implique soit la conscience, soit la volontĂ©, et c’est par le doute mĂȘme que se realise l’identification entre la volontĂ© et la pensĂ©e de sorte que le mĂ©ditant est en mĂȘme temps une chose qui veut (res volans [sic]) et une chose qui pense (res cogitans) : la volontĂ©, donc, ne peut pas ĂȘtre sĂ©parĂ©e du mĂ©ditant mĂȘme. Pour valider sa thĂšse, l’A. examine (2) le rĂŽle jouĂ© par la volontĂ© dans tous les points-clĂ©s des Meditationes, Ă  savoir le cogito (« The Will and the Cogito », p. 156-162) ; (3) la clartĂ© et la distinction des idĂ©es (« Clarity and Distinctness and the Will, p. 162-167) ; (4) les preuves de l’existence de Dieu (« The Will and the Proofs for the existence of God », p. 167-169) et (5) la propension que nous avons Ă  croire que nos idĂ©es des choses sensibles nous viennent toutes des choses extĂ©rieures (« The Will and the proof for the existence of bodies », p. 169-172). (6) Avant de conclure (« The Light of Nature as instinct », p. 172-175), l’A. affirme Ă©galement que l’inclination propre de la volontĂ© Ă  la bontĂ© et Ă  la vĂ©ritĂ© est l’aspect volontaire de la lumiĂšre naturelle. (7) Dans les conclusions (« Conclusions », p. 175-179) l’A. envisage deux questions qui pourraient ĂȘtre soulevĂ©es par l’affirmation selon laquelle la volontĂ© appartient Ă  l’essence de l’esprit : (a) quelle est la relation entre la thĂšse avancĂ©e et la question posĂ©e par Arnauld (une connaissance adĂ©quate est-elle nĂ©cessaire pour conclure que la pensĂ©e est l’essence de l’esprit) ? ; (b) si tout acte conduit Ă  un autre acte, quel fondement est Ă  la base de la distinction entre l’intellect et la volontĂ©, Ă©tant donnĂ© le refus de Descartes d’admettre qu’aucune pensĂ©e n’a de base dans la rĂ©alitĂ© ? – La premiĂšre question concerne la relation entre la position dĂ©fendue par l’A. et la critique par Arnauld de l’argument de Descartes selon lequel l’essence de l’esprit consiste en Ă©tant uniquement une chose pensante ; s’agissant de la deuxiĂšme question, l’A. souligne encore une fois que la volontĂ© ne peut pas ĂȘtre mise sur le mĂȘme plan que les autres types de pensĂ©e (comme la perception des sens, l’imagination, et la pensĂ©e pure).

Siegrid Agostini

3.1.67. MILIDRAG (Predrag), « Dekart o esse objectivum i urođenim idejama » [Descartes sur l’esse obiectivum et l’origine des idĂ©es], Filozofski godiĆĄnjak, 24, 2011, p. 173-194 [en serbe].

3.1.68. MILIDRAG (Predrag), « Dekartova idea i reprezentacije stvari » [L’idĂ©e de Descartes et les reprĂ©sentations des choses], Filozofija i druĆĄtvo, 22, 2011, p. 235-266, disponible en ligne http://www.doiserbia.nb.rs/img/doi/0353-5738/2011/0353-57381103235M.pdf [en serbe avec le rĂ©sumĂ© anglais].

3.1.69. MONGIN (Jean-Paul), Descartes shi no akuryou [Le malin génie de monsieur Descartes], trad. Oikawa Mie, Tokyo, Discover 21, 2011, 64 p.

3.1.70. MORENO ROMO (Juan Carlos), « Entre Descartes et Pascal : de la question nationale Ă  l’universalisme de la raison et du cƓur », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 135-156.

3.1.71. MOUNCE (Howard O.), « The Myth of Cartesian Privacy », American Catholic Philosophical Quarterly, 2011, 85, 4, p.

3.1.72. NGUIMBI (Marcel), La catĂ©gorie de l’espace chez Descartes. Pour une Ă©pistĂ©mologie non classique de la physique, Paris, L’Harmattan, 2011, 196 p.

3.1.73. NOLAN (Lawrence), « Descartes on ‘What We Call Color’ », in Nolan, Lawrence, Primary and Secondary Qualities: The Historical and Ongoing Debate, Oxford, Oxford University Press, 2011, 404 p. ; p. 81-108.

En 1665, Jacques Du Roure, dans son AbrĂ©gĂ© de la vraye philosophie, nomme les attributs des corps liĂ©s Ă  l’extension mĂȘme les « premiĂšres qualitĂ©s » et les caractĂ©ristiques sensibles comme la fluiditĂ© ou la chaleur les « qualitĂ©s secondes ». Depuis, Locke a popularisĂ© l’appellation et nous avons oubliĂ© Du Roure. Le prĂ©sent volume a pour vocation de constituer une somme sur un thĂšme Ă  la fois trĂšs dĂ©terminĂ© historiquement (les diffĂ©rentes propriĂ©tĂ©s concernĂ©es sont dĂ©jĂ  distinguĂ©es dans l’antiquitĂ© grecque et la postĂ©ritĂ© de D. et Locke en fera grand cas) et trĂšs actuel, puisque le statut des qualia fait aujourd’hui encore l’objet de ce que les thĂ©oriciens fonctionnalistes considĂšrent comme le « gros problĂšme » de la conscience (voir D. Chalmers, The Conscious Mind, Oxford-New York, OUP, 1996). Deux Ă©tudes concernent Descartes en particulier. « Descartes on “What we call Color” » par L. Nolan (p. 81-108) et « Sensible Qualities and Material Bodies in Descartes and Boyle » par L. Downing (p. 109-135). Ce second article, centrĂ© sur les Principia philosophiae dĂ©fend scrupuleusement la thĂšse selon laquelle le rejet cartĂ©sien des qualitĂ©s secondes est principalement liĂ© Ă  une interprĂ©tation essentialiste des corps selon laquelle l’objet de la science naturelle consiste en rĂ©alitĂ© dans la seule extension, ce qui ne constitue pas une stratĂ©gie jugĂ©e trĂšs convaincante (p. 127). La premiĂšre Ă©tude est de facture moins classique que cette lecture, et le rĂŽle dĂ©cisif qu’elle assume dans le volume peut s’interprĂ©ter Ă  deux niveaux. Son auteur, qui dirige l’anthologie, y interprĂšte de maniĂšre radicale et littĂ©rale le « color nominalism » (p. 83-84) de Descartes : il s’agit de montrer que le souci du philosophe est moins de rendre compte des couleurs elles-mĂȘmes que de « what we call » les couleurs, ou telle couleur. De ce fait, l’objectif de l’élucidation cartĂ©sienne sera moins de rendre compte de ce qu’est le rouge ou quelque autre teinte, que de saisir la signification – c’est-Ă -dire l’usage ou la fonction discursive – de cette expression. La perspective est prima facie trĂšs originale, mais elle comprend une portĂ©e supĂ©rieure elle-mĂȘme dĂ©doublĂ©e. Au sein du volume, d’abord, on saisit soudain pourquoi les qualitĂ©s secondes sont de maniĂšre presque systĂ©matique apprĂ©hendĂ©es par le biais des couleurs. En rĂ©alitĂ©, comme dans le Manuel de philosophie moderne de Renouvier, tout conduit Ă  ou procĂšde ici de Descartes, selon une maniĂšre de travailler caractĂ©ristique de l’A. dont les prĂ©occupations sont davantage orientĂ©es vers l’explication ou la reconstitution d’un objet interprĂ©tatif que vers une supposĂ©e rĂ©alitĂ© historique assimilable Ă  une chose en soi consistante. Ainsi, les qualitĂ©s secondes, c’est ce que nous en avons fait, mais ce que nous appelons « Descartes » aussi fut constituĂ© de la sorte (dĂ©montrer cela est d’ailleurs l’une des ambitions du Cambridge Descartes Lexicon dont l’A. assume actuellement la direction). Cette leçon est, on l’aura dĂ©duit, prĂ©sentĂ©e comme un acte de cartĂ©sianisme appliquĂ©, puisque le philosophe Ă©tudiĂ© ici est censĂ© inciter lui-mĂȘme Ă  ne pas apprĂ©hender les choses comme s’il s’agissait de rĂ©alitĂ©s indĂ©pendantes qu’il conviendrait de percevoir de maniĂšre naĂŻve, mais d’abord comme des objets thĂ©oriques gĂ©nĂ©rĂ©s par les descriptions que l’on pourra en produire et les rĂ©fĂ©rences que l’on pourra y faire. Gageons qu’à faire de cette perspective interprĂ©tative un principe de lecture, c’est un renouvellement de la comprĂ©hension de ce que signifie « Descartes » qui se prĂ©pare.

Xavier Kieft

3.1.74. NONOMURA (Azusa), « Descartes ni okeru « noudou – judou » gainen [Le concept d’action-passion chez Descartes] », Machikaneyamaronso, 2011, 45, p. 17-34, [en japonais].

3.1.75. NORMORE (Calvin G.), « Cartesian unions », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 223-229.

3.1.76. NOWERSZTERN (Mariana), « ‘Ne pas ĂȘtre sujet ?’ Similitudo Dei : la libertĂ© et son usage, des MĂ©ditations aux Passions de l’ñme », Les Ă©tudes philosophiques, 2011/1, 96, p. 71-83.

Reprenant des thĂšmes qui lui sont chers depuis longtemps, l’A. montre trĂšs bien que les Passions de l’ñme prĂ©sentent cette originalitĂ© dans le XVIIe siĂšcle de ne pas faire de l’amour de soi ni de l’amour propre un thĂšme central de la morale, mais de les transposer dans la question de l’estime de soi. Ici intervient le concept d’estime (qu’on aurait sans doute pu d’abord Ă©tudier pour lui-mĂȘme, comme un mode de connaissance sans objectivitĂ©, appropriĂ©e aux accidents, donc Ă  la morale, une connaissance Ă  l’estime, comme il y a une navigation Ă  l’estime). On a aussi raison de souligner que l’estime n’équivaut pas toujours ni d’abord Ă  un jugement favorable sur soi. Il faut que l’estime porte sur ce qui mĂ©rite proprement en moi un jugement favorable : le libre-arbitre et son bon usage. Mais user et bien user ne sont pas Ă©quivalents : user renvoie Ă  la doctrine de la volontĂ© en gĂ©nĂ©ral, bien user Ă  la morale elle-mĂȘme, et de fait Descartes maintient, parfois du moins, la distinction. Il est en particulier trĂšs juste de souligner que la « ressemblance et similitude » jouent en sens inverse entre la Meditatio IV et les Passions de l’ñme ; et que la similitude avec Dieu consiste aussi Ă  ne pas savoir si mon usage de cette libertĂ© est vraiment bon. Ces heureuses conclusions soulĂšvent pourtant deux rĂ©serves. D’abord, il se pourrait que l’estime de soi par considĂ©ration du bon usage du libre-arbitre trouve une norme dans la considĂ©ration de l’amour de Dieu (pour Dieu, au vu de son infinitĂ© et de la perfection de sa volontĂ©), en sorte que l’estime ait bien une rĂšgle. Ensuite, rien, dans ce qui a Ă©tĂ© montrĂ©, ne met en cause la dĂ©finition de la gĂ©nĂ©rositĂ© comme « redoublement Ă©thique du cogito », au contraire : la cogitatio reprise selon le mode de la volontĂ©, ne dĂ©couvre pas « quelque chose de plus grand que le cogito », mais la figure prĂ©cisĂ©e de l’infini d’emblĂ©e prĂ©sente en lui.

Jean-Luc Marion

3.1.77. PHEMISTER (Pauline), « Leibniz and Descartes », in LOOK, Brandon C., (éd.), The Continuum Companion to Leibniz, Londres, New York, Syndney, New Delhi, Bloomsbury, Continuum, 2011, 334 p. ; p. 14-29.

3.1.78. RAMOND (Charles), Descartes, promesses et paradoxes, Paris, Vrin, 2011, 160 p.

L’A., en procĂ©dant Ă  l’étude du concept cartĂ©sien de promesse, jamais abordĂ© Ă  ce jour comme un Ă©lĂ©ment clĂ© du lexique du philosophe, vise Ă  mettre en lumiĂšre la structure paradoxale de la philosophie de D. Cette structure se vĂ©rifierait d’un point de vue thĂ©matique dans la morale par provision traversĂ©e par un rejet de « toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa libertĂ© » (AT VI 24, 1-3) et une valorisation de la rĂ©solution de s’en tenir Ă  une dĂ©cision, quoique, absolument parlant, on aurait pu en prendre une autre (chap. I et II, p. 17-29 et p. 31-53). Elle s’illustrerait Ă©galement dans la vie mĂȘme de D., dont la posture existentielle volontiers fuyante (p. 129) ne le dispense pas de remplir ses obligations (chap. III, p. 55-84), et dont la position contrastĂ©e au sujet de ses propres textes, qui va de pair avec une interrogation sur le sens qu’il y a Ă  rĂ©clamer le statut d’auteur (chap. IV, p. 85-102), ne l’empĂȘche pas de faire des livres et de tenter d’Ɠuvrer au service de la vĂ©ritĂ©, en dĂ©fendant ses thĂšses quand elles sont attaquĂ©es (chap. V, p. 103-113). Pour autant, l’enjeu de l’ouvrage n’est pas biographique mais a une dimension « avant tout conceptuelle et logique » (p. 118). Il s’agit en effet de faire ressortir l’extension du concept cartĂ©sien de libertĂ©, grĂące Ă  laquelle l’homme peut autant plonger dans l’irrĂ©solution qu’en sortir, ainsi que de souligner, au plan mĂ©taphysique, que l’univers cartĂ©sien est marquĂ© par un questionnement sur la permanence des ĂȘtres et sur le rĂŽle jouĂ© par Dieu dans ce cadre.

Ce travail, dans son souci de faire jaillir des points de tension inhĂ©rents Ă  la philosophie de D., a le mĂ©rite de ne pas considĂ©rer ce corpus comme un tout qui existerait d’un seul bloc, et d’inviter Ă  examiner systĂ©matiquement les couches qui le constituent. Toutefois, si l’on comprend bien la dĂ©marche de l’A. consistant Ă  ressaisir une Ɠuvre dans le cadre Ă©nonciatif qu’elle se donne, on peut regretter un peu que les implications thĂ©orĂ©tiques du caractĂšre supposĂ©ment paradoxal des thĂšses de Descartes n’aient pas Ă©tĂ© davantage dĂ©veloppĂ©es pour elles-mĂȘmes.

Élodie Cassan

3.1.79. RENAULT (Laurence), « Generosidade e substancialidade da alma segundo Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 63-80.

3.1.80. ROCHA (Ethel Menezes da), « Notas sobre o argumento da loucura na Primeira Meditação », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 103-116.

3.1.81. ROCHA (Ethel Menezes da), « O Dualismo Cartesiano e a Filosofia da Mente », in (CHITOLINA) Claudinei, APARECIDO PEREIRA (José) & alii (éd.), A Natureza da Mente, Maringå, Humanitas Vivens, 2011, p. 46-59.

3.1.82. ROSCOE (John), A history of the quest for philosophical clarity from Descartes to Wittgenstein, Lewiston (New York), Edwin Mellen Press, 278 p., chap. 1, « The Quest of René Descartes », p. 11-36.

3.1.83. ROZEMOND (Marleen), « Real distinction, separability, and corporeal substance in Descartes », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 240-258.

3.1.84. SARI (Mehmet Ali), « Birincil ve İkincil Nitelikler Üzerine Descartes, Locke ve Berkeley [Descartes, Locke et Berkeley sur les qualitĂ©s premiĂšres et secondes] », Yeditepe’de Felsefe, 2011, 10, 57, p. 150-188 [en turc].

3.1.85. SAWAZAKI (Takehiro), « Descartes no chikaku ron – ‘chokusetsu jitsuzai ron’ no kanousei ni tsuite [La thĂ©orie de la perception chez Descartes – sur la possibilitĂ© de la ‘thĂ©orie de l’existence immĂ©diate’] », ArchĂȘ. Annual review of the Kansai Philosophical Association, 2011, 19, p. 99-110 [en japonais].

3.1.86. SAWAZAKI (Takehiro), « Descartes no kankaku teki chikaku ron : iwayuru ‘2 ji seishitsu’ arui wa ‘kankaku teki hyoushou’ ni tsuite [De la thĂ©orie cartĂ©sienne de la perception sensorielle – sur ce que reprĂ©sente l’esprit en sentant] », Revue de Philosophie Française, 2011, 16, p. 42-51 [en japonais].

3.1.87. SCHICKEL (Joel A.), « Descartes on the Identity of Passion and Action », British Journal for the History of Philosophy, 2011, 19, 6, p. 1067-1084.

3.1.88. SCHMALTZ (Tad M.), « Primary and Secondary Causes in Descartes’ Physics », in ALLEN, Keith, & STONEHAM, Tom (Ă©d.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p. ; cf. chap. 2, p. 31-47.

3.1.89. SCHMALTZ (Tad), « ‘Causa sui’ and Created Truth in Descartes », in WIPPEL (John F.) (Ă©d.), The Ultimate Why Question : Why is There Anything at All rather than Nothing Whatsoever ?, Washington, D.C., The Catholic University of America Press, 2011, 255 p. ; p. 109-124.

3.1.90. SCHREINER (Nadine E.), Der Ontologische Gottesbeweis. Am Beispiel von RenĂ© Descartes’ Meditationen ĂŒber die erste Philosophie und Immanuel Kants’ Kritik der reinen Vernunft, Munich, Grin, 44 p.

3.1.91. SENEDA (Marcos CĂ©sar), « O ceticismo inacabado de Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 215-238.

3.1.92. SHAPIRO (Lisa), « Descartes on Human Nature and the Human Good », in FRAENKEL (Carlos), PERINETTI (Dario), SMITH (Justin E.H.), (éd.), The Rationalists. Between Tradition and Innovation, Dodrecht, Heidelberg, Londres, New York, Springer, 2011, 232 p. ; p. 13-26.

3.1.93. SHAPIRO (Lisa), « Descartes’s pineal gland reconsidered », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 259-286.

3.1.94. SHARP (Hasana), « Hate’s Body : Danger and the Flesh in Descartes’ Passions of the Soul », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 4, p. 355-372.

3.1.95. SOWAAL (Alice), « Descartes’s Reply to Gassendi : How we can know all of God, all at once, but still have more to learn about Him », British Journal for the History of Philosophy, XIX, 3, 2011, p. 419-449.

Cet article a pour objet la rĂ©ponse de Descartes Ă  la critique par Gassendi (Quintae Objectiones/Responsiones, MĂ©d. III, point X ; AT VII 305 et 371) de l’argument de l’innĂ©itĂ© de l’idĂ©e de Dieu avancĂ© par Descartes dans la Meditatio III (AT VII 51). Il constitue une vĂ©ritable analyse de la thĂ©orie de la clartĂ© et de la distinction chez Descartes (p. 427-431) et, par consĂ©quent, de la thĂšse de la clartĂ© et de la distinction de l’idĂ©e de Dieu (p. 431-442) ; c’est Ă  la lumiĂšre de cette analyse que se trouve entreprise ensuite celle des Responsiones Vae (p. 442 sq.). Il n’est Ă©videmment pas possible d’exposer ici tous les aspects d’une Ă©tude trĂšs dense et articulĂ©e, et on se contentera d’en rĂ©sumer et d’en discuter les principaux points. Selon l’A., le concept de clartĂ© et distinction est dĂ©fini par Descartes dans sa relation avec les opĂ©rations d’exclusion, d’inclusion et d’abstraction, par lesquelles entre deux concepts donnĂ©s on a (1) une distinction rĂ©elle lorsque l’un exclut l’autre (et vice versa) ; ou (2) une distinction de raison quand l’un est inclus dans l’autre. La formation de l’idĂ©e claire et distincte de Dieu passe par un procĂšs cognitif de perception claire et distincte de la substance (« a cognitive route to the clear and distinct perception of the substance », p. 439) constituĂ© des trois Ă©tapes suivantes : (a) formation de concepts par la mĂ©diation d’une rĂ©flexion sur soi-mĂȘme ; (b) test d’exclusion entre concepts : si la tentative Ă©choue, on conclut qu’entre les conceps donnĂ©s on a une distinction de raison ; (c) formation de l’idĂ©e claire et distincte de Dieu. – Dans la mesure oĂč un tel procĂšs cognitif est rĂ©itĂ©rable Ă  partir de diffĂ©rents points de dĂ©part, cela peut conduire Ă  deux, ou plus, perceptions claires et distinctes de Dieu, pluralitĂ© qui se constitue au niveau de la rĂ©alitĂ© formelle (modale) de l’idĂ©e. Cependant, dĂšs lors que les diffĂ©rents procĂšs cognitifs s’achĂšvent dans une seule et identique rĂ©alitĂ© objective, celle de Dieu, on a une seule perception claire et distincte de Dieu. Au sens Ă©troit donc, il y a un seul et unique attribut de Dieu, qui correspond Ă  l’unique rĂ©alitĂ© objective de Dieu, tandis qu’il n’est possible de parler d’attributs au pluriel que dans la mesure oĂč sont indiquĂ©s les diffĂ©rents noms qui se rĂ©fĂšrent aux diffĂ©rentes (modalement, non objectivement) perceptions claires et distinctes de Dieu (sur ce point, l’article dĂ©veloppe les thĂšses soutenues par L. Nolan, en particulier dans « Reduction and Nominalism in Descartes’s Theory of Attributes », Topoi, X, 1997, p. 129-140). Cette pluralitĂ©, qui se situe au niveau d’une perception obscure et confuse, est ce qui explique comment, dans la rĂ©plique Ă  Gassendi, Descartes peut soutenir qu’il est toujours possible de dĂ©couvrir de nouvelles propriĂ©tĂ©s dans l’idĂ©e de Dieu, alors mĂȘme qu’elle est celle d’un tout.

Du point de vue de sa mĂ©thode, cet article cherche Ă  restituer une vision cohĂ©rente de la thĂ©orie cartĂ©sienne de la clartĂ© et de la distinction de l’idĂ©e de Dieu, Ă  travers une opĂ©ration d’assemblage de textes qui ne sont, thĂ©matiquement et chronologiquement, pas toujours homogĂšnes. C’est lĂ  l’approche dominante aujourd’hui dans la littĂ©rature critique cartĂ©sienne (en particulier anglo-saxonne, mais pas seulement) qui, convient-il d’admettre, gagnerait Ă  ĂȘtre fortement reconsidĂ©rĂ©e au profit d’une perspective diachronique et, quand les textes y invitent, discontinuiste. Mais, pour s’en tenir Ă  ce cas prĂ©cis et au seul texte des Responsiones Vae (sans donc entrer dans le gigantesque problĂšme du rapport entre les MĂ©ditations et les RĂ©ponses et entre les diffĂ©rents groupes des Responsiones), on ne pourra pas ne pas reconnaĂźtre le caractĂšre problĂ©matique d’une lecture du point X des Quintae Objectiones/Responsiones Ă  la MĂ©ditation III sans discussion approfondie des points IV (AT VII 284-288 ; 364-365) et VII (AT VII 294-297 et 367-368). – S’agissant de son contenu, deux points nous paraissent devoir ĂȘtre soulignĂ©s. (1) La thĂšse fondamentale de l’article, selon laquelle la diversitĂ© des attributs de Dieu serait une pluralitĂ© purement nominale ne semble pas avoir un support textuel dans le corpus cartĂ©sien ; difficultĂ© textuelle Ă  laquelle s’ajoute une difficultĂ© proprement conceptuelle, car Descartes a toujours affirmĂ© une pleine correspondance entre nom et idĂ©e entendue comme rĂ©alitĂ© objective (AT VII 160, 16-19). (2) L’article n’analyse jamais la thĂšse de Descartes selon laquelle il n’y a en Dieu aucune succession ne quidem ratione (AT I 153). Il en rĂ©sulte que tout l’article tourne autour d’une tentative d’explication des rapports entre les attributs divins chez Descartes sur la base du prĂ©supposĂ© qu’entre eux il y aurait une distinction de raison, alors mĂȘme que ce qui caractĂ©rise en propre la conception cartĂ©sienne des attributs divins semble ĂȘtre la nĂ©gation de toute succession, non seulement rĂ©elle, mais aussi de raison raisonnĂ©e (AT VII 432). Qu’une telle nĂ©gation de succession soit identifiable Ă  la nĂ©gation de la distinction est une question qui a Ă©tĂ© dĂ©battue dans des moments cruciaux de l’historiographie cartĂ©sienne du siĂšcle dernier, surtout française (il suffit de penser au dĂ©bat, en 1914, entre E. Gilson et M. De Wulf dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© française de Philosophie, Ă  la suite duquel, en outre, les chercheurs, de H. Gouhier Ă  J.-L. Marion, ont pour la plupart avalisĂ© l’identification susdite), et elle n’est sans doute pas Ă©ludable dans une Ă©tude sur les attributs de Dieu. Cet Ă©tude, par ailleurs trĂšs stimulante et sĂ©rieuse, pĂątit d’une telle lacune et, sans doute, de son lien trop strict Ă  un dĂ©bat interne Ă  la littĂ©rature critique anglo-saxonne.

Igor Agostini

3.1.96. SPALLANZANI (Maria-Franca), « Descartes e il ‘paradosso’ degli animali-macchina », Bruniana & Campanelliana. Ricerche filosofiche e materiali storico-testuali, 2011, 17, 1, p. 185-195.

3.1.97. STEINER (Gary), « The Epistemic Status of Medicine in Descartes », International Philosophical Quarterly, 2011, 51/1, 201, p. 55-72.

3.1.98. TABAK (John), Geometry : The language of space and form, New York, Facts On File, 2011, 248 p. (éd. révisée de id., 2004, oubli du BC XXXV) : Partie II, chap. 5, « Marin Mersenne », p. 73-74 ; Partie III, chap. 8, « René Descartes », p. 108-111.

3.1.99. TADEU DE SOARES (Alexandre GuimarĂŁes), « O sentido da cogitatio em A busca da verdade de Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 293-310.

3.1.100. TADEU DE SOARES (Alexandre GuimarĂŁes), « Quelques remarques sur la fondation cartĂ©sienne dans ‘La recherche de la vĂ©rité’ de Descartes », Varsovie, Archiwum Historii Filozofii i Myƛli SpoƂecznej / Archive of the History of Philosophy and Social Thought, v. 56, 2011, p. 101-115.

3.1.101. TAKENAKA (Toshihiko), « Descartes no kaigi ni okeru jiyuu ishi no musabetsusei ni tsuite [Sur le caractÚre non-discriminant du libre arbitre dans le doute de Descartes] », The journal of philosophical studies, p. 22-43 [en japonais].

3.1.102. THOMAS (James), « The Scepticism of Descartes’s Meditations », Laval Theologique et Philosophique, 2011, 67, 2, p. 271-279.

3.1.103. TORERO IBAD (Alexandra), « Descartes ‘quoiqu’il fĂ»t Ă©picurien…’ Une lecture de la physique de Descartes Ă  travers le prisme de sa comparaison avec l’atomisme chez Cyrano de Bergerac », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p., p. 93-112.

3.1.104. TORERO-IBAD (Alexandra), « Fictions of the world in Descartes’ and Gassendi’s physics », in Societate ßi Politică, 2011, vol. 5, 2, p. 75-87 ; en ligne : http://uvvg.ro/socpol/images/stories/20112/5.%20alexandra%20torero%20ibad.pdf

3.1.105. TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p.

Issu d’un colloque de l’Instituto per il Lessico Intellettuale Europeo e Storia delle idee (Rome, 9-10 dĂ©c. 2005), le prĂ©sent collectif tente d’assigner les difficultĂ©s propres Ă  la traduction en italien des auteurs de la modernitĂ© (de M. Ficin Ă  Kant) – difficultĂ©s sĂ©mantiques et exĂ©gĂ©tiques autant qu’interprĂ©tatives. L’intĂ©rĂȘt est d’avoir sollicitĂ© des traducteurs et de se fonder sur des traductions en cours ou dĂ©jĂ  publiĂ©es. On ne s’étonnera donc pas de trouver mobilisĂ©s sur Descartes I. Agostini et G. Belgioioso (maĂźtresse-d’Ɠuvre de la gigantesque Ă©dition des Opere de D. chez Bompiani, dont seul le volume de Correspondance, Tutte le lettere, 1619-1650, Milan, 2005, BC XXXVI, 1.1.1, est mentionnĂ© puisqu’il Ă©tait alors le seul paru) ainsi qu’Et. Lojacono (responsable des Opere scientifiche di RenĂ© Descartes, Turin, 1983, BC XIV, 1.1.5). (1) Dans le droit fil de ses recherches sur la connaissance de Dieu chez D., I. Agostini reprend la question des infidĂ©litĂ©s des traductions (françaises) de D. relativement aux usages cartĂ©siens des verbes intelligere, comprehendere et intelligere, notamment dans la Correspondance (« Sul lessico della conoscenza di Dio in Descartes », p. 1-28). (2) G. Belgioioso nous propose une fort belle Ă©tude sur les mots, les langues et les traductions chez D. (« Descartes : parole, lingue e traduzioni », p. 30-64) : l’écart entre les mots et la vĂ©ritĂ©, constant chez D., trouve une exception au moment de la Censura, oĂč le philosophe parviendrait Ă  rĂ©aliser un « nuovo equilibrio tra pensiero e parole » (p. 33) ; les langues font l’objet d’apprĂ©ciations diffĂ©renciĂ©es que G. Belgioioso analyse avec beaucoup de finesse ; enfin, s’agissant des traductions, l’étude prĂ©cise des positions de D. permet d’établir que « nell’apparente oscillare di posizioni, rimane come costante una sostanziale valutazione delle traduzioni che non le pone su un piano molto diverso dai linguaggi cifrati » (p. 53) ; enfin, l’article s’achĂšve sur des remarques sur le rĂŽle de Clerselier dans la diffusion du cartĂ©sianisme. Loin de fournir une interprĂ©tation unifiĂ©e du rapport de D. au « langage » en gĂ©nĂ©ral, G. Belgioioso constitue ici le dossier de ses usages cartĂ©siens et propose avec finesse des pistes extrĂȘmement suggestives. (3) Enfin, Et. Lojacono prĂ©sente une typologie des diffĂ©rentes difficultĂ©s rencontrĂ©es lors de la traduction des Ɠuvres scientifiques de D. (« La traduzione delle opere scientifiche di Descartes », p. 99-112), difficultĂ©s relatives au lexique, au style ou Ă  la langue. – (4) Notons enfin une Ă©tude de Christina Santinelli retraçant la gĂ©nĂ©alogie des Principia philosophiae Cartesianae de Spinoza Ă  partir des Principia de D. au moyen de « slittamenti semantici e oscillazioni linguistiche » (« I Principia philosophiae di Descartes e i Principia philosophiae Cartesianae di Spinoza », p. 223-253). – Un fort beau volume, dont l’unitĂ© thĂ©orique – philosophie de la traduction et traduction de la philosophie – demeure toujours Ă  l’horizon des coups de sonde ponctuels.

Dan Arbib

3.1.106. YOSHIDA (Kentaro), « Sayou gen-in to shite no shizen housoku – Descartes shizen gaku ni okeru ingasei ni tsuite no kousatsu [Les lois de la nature comme causes efficientes : Investigation de la causalitĂ© dans la physique de Descartes] », Bulletin of Aichi University of Education, Humanities and Social Sciences, 2011, 60, p. 65-73 [en japonais].

3.1.107. YUASA (Masahiko), « « Ishiki » ni tsuite – Descartes tetsugaku oboegaki [Sur le cogito de Descartes] », The academic journal of the Faculty of Letters, RisshĂŽ University, 2011, p. 1-16 [en japonais]

3.1.108. YUASA (Masahiko), « Choetsu ron teki jiga ron no engen: Descartes tetsugaku ni okeru tankyu [Les origines du subjectivisme transcendantal : recherches sur la philosophie de Descartes] », Yearbook of the phenomenology, 2011, 27, p. 1-10, [en japonais].

3.1.109. ZALDIVAR (Eugenio), « Descartes’s Theory of Substance : Why He Was Not a Trialist », British Journal for the History of Philosophy, 2011, 19, 3, p. 395-418.

Cet article se situe dans le cadre des discussions propres Ă  la littĂ©rature anglo-amĂ©ricaine concernant le rapport entre la res cogitans et la res extensa. Bien que le titre laisse attendre une Ă©tude sur le concept cartĂ©sien de substance, l’A. s’efforce exclusivement de rĂ©futer la thĂšse, avancĂ©e pour la premiĂšre fois par J. Cottingham (« Cartesian Trialism », Mind, 94, 1985, p. 218-230), du « trialisme » de Descartes, thĂšse selon laquelle au lieu de deux types de substances (dualisme), Descartes en aurait posĂ© trois (trialisme) : la substance pensante, la substance Ă©tendue et enfin l’homme, qui constitue une vraie substance issue de l’union des deux prĂ©cĂ©dentes. En ce sens, cet article ne se propose pas comme objectif l’analyse d’une thĂšse ou d’un problĂšme issus du corpus cartĂ©sien, mais plutĂŽt l’exĂ©gĂšse et l’évaluation d’une autre exĂ©gĂšse. À la lecture, on constate en effet non seulement que Descartes est « lointain », mais aussi que le problĂšme du dualisme cartĂ©sien – qui pourtant avait conduit Ă  dĂ©velopper la thĂšse que l’auteur veut rĂ©futer – est tout Ă  fait laissĂ© de cĂŽtĂ©, ce que rĂ©vĂšle le fait que, d’un cĂŽtĂ©, les notes sont peu nombreuses et dĂ©pourvues de profondeur historique, et que, d’un autre, la fin de l’article (p. 417-718) comprend une bibliographie concernant les discussions en langue anglaise Ă  propos du sujet Ă©tudié  Pour rĂ©futer les thĂšses capitales qui supportent la position des « trialistes » (pluralisme des substances corporelles, hylĂ©morphisme, modes mixtes comme dĂ©rivants de l’union substantielle entre l’ñme et le corps), plusieurs lieux de l’Ɠuvre cartĂ©sienne sont Ă©voquĂ©s (les lettres Ă  Regius sur l’ens per accidens, les Principia, les Meditationes et les Responsiones), mais privĂ©s toutefois de leur contexte historique. Ainsi, n’est en aucune maniĂšre prise en compte la « situation » de la discussion entre Regius et Voetius, qui est pourtant l’arriĂšre-plan des lettres de Descartes sur l’ens per accidens. D’oĂč quelques erreurs de perspective : par exemple le fait que l’on arrive Ă  considĂ©rer (p. 403) un passage de la lettre Ă  Regius de fin janvier 1642 (AT III 505) – dans lequel Descartes « suggĂšre » Ă  Regius les rĂ©ponses qu’il doit donner Ă  l’Appendix ad Corollaria Theologico-Philosophica de Voetius – comme faisant partie de la lettre Ă  Regius de la mi-dĂ©cembre 1641, laquelle pourtant est bien citĂ©e et commentĂ©e par l’auteur, mais du coup interprĂ©tĂ©e sur la base du texte postĂ©rieur. Bref, une Ă©tude peu recommandable.

Massimiliano Savini

3.1.110. ZARBUDIS (Ezequiel): «Una lectura epistémica de la falsedad material cartesiana», Revista Latinoamericana de Filosofía, 37 (2), 2011, p. 189-212. En ligne : http://www.scielo.org.ar/pdf/rlf/v37n2/v37n2a02.pdf

3.2. CARTESIENS

3.2.1. AGOSTINI (Igor), « Henry More e le fonti della dottrina dell’estensione spirituale », in DESSÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p., p. 49-70.

3.2.2. ARIEW (Roger), « Ethics in Descartes and Seventeenth Century Cartesian Textbooks », in FRAENKEL (Carlos), PERINETTI (Dario) & SMITH (Justin E.H.), (éd.), The Rationalists. Between Tradition and Innovation, Dodrecht, Heidelberg, Londres, New York, Springer, 2011, 232 p. ; p. 67-76.

3.2.3. ARMOGATHE (Jean-Robert), « La polĂ©mique entre Antoine le Grand (1629-1699) et John Sergeant (1623-1707) », DESSÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), Eredità cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 93-104.

3.2.4. BENIGNI (Fiormichele), « Spinoza e il suo «frivole quatenus». Anticartesianismo e spinozismo », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 47-76.

3.2.5. BERTI (Silvia), « Sainte-Beuve, Descartes e Port-Royal », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 259-274.

3.2.6. BLOCH (Olivier), « Quelques hĂ©ritages matĂ©rialistes du cartĂ©sianisme orthodoxe », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 27-48.

3.2.7. CAPS (GĂ©raldine), « Du rĂŽle des ‘mĂ©decins cartĂ©siens’ dans la constitution des matĂ©rialismes ultĂ©rieurs Ă  Descartes », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 49-68.

3.2.8. CHARLES (SĂ©bastien), « Berkeley face Ă  Descartes : sensation, imagination, raison », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 207-226.

3.2.9. CHARRAK (AndrĂ©), « Une infidĂ©litĂ© dĂ©cisive », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 9-12.

3.2.10. CHRISTENSEN (Thomas), « Mersenne and the Mechanics of Musical Proportion », in ROMMEVAUX (Sabine), VENDRIX (Philippe) & ZARA (Vasco), Proportions: Science, musique, peinture & architecture : actes du LIe colloque international d’études humanistes, 30 juin, 4 juillet 2008, Turnhout, Brepols, p. 247-261.

3.2.11. CLARKE (Desmond M.), « The Epistemology of Religious Belief », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 548-570.

3.2.12 CLÉRO (Jean-Pierre), « Partis, pari et thĂ©orie des jeux », Revue de synthĂšse, 2011, vol. 132/4, p. 529-563

3.2.13. DE VOS (Jan), « From La Mettrie’s voluptuous machine man to the perverse core of psychology », in Theory & Psychology, 21 (1), p. 67-85.

3.2.14. DEL PRÊTE (Antonella), « Oltre Descartes : filosofia e teologia nella Theologia pacifica di Christoph Wittich », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 25-45.

3.2.15. DEL PRÊTE (Antonella), « Un cartĂ©sianisme ‘hĂ©rĂ©tique’ : Pierre-Sylvain RĂ©gis », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 189-204.

3.2.16. DESCOTES (Dominique), « Un théorÚme géométrique parmi les Pensées de Pascal », Pour la science, 2011, n° 400, p. 94-97.

3.2.17. DOMÍNGUEZ HERRERO (Carlos), Génesis espiritual del gregarismo I: (estudios sobre Descartes, Malebranche, Spinoza y Leibniz), Salamanca, C. DomĂ­nguez, 400 p.

3.2.18. EASTON (Patricia), « The Cartesian Doctor, François Bayle (1622-1709), on Psychosomatic Explanation », Studies in History and Philosophy of Biological and Biomedical Sciences, 2011, 42, 2, p. 203-209.

L’article suggĂšre l’importance de l’application du modĂšle psychosomatique cartĂ©sien par le mĂ©decin de Toulouse François Bayle (p. 204). Sa premiĂšre partie (p. 204-207) rĂ©sume les explications cartĂ©siennes des phĂ©nomĂšnes physiologiques et psychologiques, en mettant en avant l’imagination (Ă  Elisabeth, mai ou juin 1645, AT IV 218-219, Passions, art. 20-21) et la volontĂ© (Passions, art. 42, 47-49). La seconde partie (p. 207-208) concerne F. Bayle, auteur du SystĂšme gĂ©nĂ©ral de la philosophie cartĂ©sienne, mais aussi co-auteur, avec Henri Grangeron, de la Relation de l’état de quelques personnes prĂ©tendues possĂ©dĂ©es, publiĂ©e Ă  Toulouse en 1682. Selon le titre complet, ces mĂ©decins « expliquent clairement, par les vĂ©ritables principes de la physique, des effets que l’on regarde ordinairement comme prodigieux et surnaturels ». Il s’agit d’étranges Ă©vĂ©nements survenus prĂšs de Toulouse en 1681, mettant en cause des femmes suspectĂ©es de sorcellerie. L’A. montre rapidement que Bayle explique ces dysfonctionnements psychosomatiques par la thĂ©orie cartĂ©sienne de l’explication psycho-physique et la « force de l’imagination » (p. 208). Mais Bayle invoque aussi les « effets de la mĂ©lancolie » (p. 208). Or l’A. ne cite ni la Possession de Loudun (1632-1640), ni les nombreux traitĂ©s mĂ©dicaux sur la mĂ©lancolie, forme pathologique emblĂ©matique de l’union de l’ñme au corps, publiĂ©s au tournant du xviie siĂšcle. Les troubles de l’imagination pouvant entraĂźner une altĂ©ration de la raison et de la perception du corps y sont associĂ©s Ă  la mĂ©lancolie. D. y a puisĂ© les allusions aux mĂ©lancoliques dans la MĂ©ditation I (AT VII 18-19, IX-1 14) et la Recherche de la vĂ©ritĂ© (AT X 511). Imagination troublĂ©e et mĂ©lancolie sont Ă©voquĂ©es dans les lettres Ă  Elisabeth (AT IV 208, 219-220, 233). D. y prĂŽne le « vrai usage de notre raison » pour lutter contre les dĂ©sordres de l’imagination et « apprivoiser » les passions (AT IV 287). Bayle est un « mĂ©decin cartĂ©sien » car il lie les troubles de l’imagination aux impressions dans le cerveau et aux esprits animaux et qu’il met en avant le rĂŽle de la raison comme moyen thĂ©rapeutique pour les dĂ©sordres induits par la mĂ©lancolie.

Annie Bitbol-HespériÚs

3.2.19. EDDI (Mai-Linh), « Louis Meyer, entre Descartes et Spinoza », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « Matérialisme et cartésianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 133-188.

3.2.20. FERRARO (Angela), « Jean Hardouin critico della nouvelle philosophie », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 77-104.

3.2.21. FRIGO (Alberto), « L’evidenza del Dio nascosto: Pascal e la critica della teologia naturale », Rivista di Filosofia, 2011, 102/2, p. 193-216.

Alberto Frigo s’est fait connaĂźtre par une belle thĂšse sur le corps et les membres chez BĂ©rulle, Descartes et Pascal (ENS Pise, 2010), et le prĂ©sent article prolonge et complĂšte ce travail. Prenant acte de l’apparente contradiction entre le « Dieu cachĂ© » et l’enseignement de la thĂ©ologie naturelle (en particulier Romains 1, 20), il montre comment Pascal propose une interprĂ©tation originale du texte de saint Paul : la principale difficultĂ© consistait Ă  refuser la thĂ©ologie naturelle de la (seconde) scolastique sans pour autant rejoindre les critiques protestantes. Comment le Dieu qui se cache parvient-il Ă  se faire connaĂźtre dans « un univers muet » (LG. 184-1, S. 229) ? Pour Pascal, « ce qui paraĂźt au monde » « ne marque ni une exclusion totale ni une prĂ©sence manifeste de divinitĂ©, mais la prĂ©sence d’un Dieu qui se cache. Tout porte ce caractĂšre » (LG. 419-9, S. 690). L’A. explique bien qu’il s’agit ici d’une thĂ©orie de la connaissance qui est celle d’une anthropologie fondĂ©e sur la charitĂ©. La solution pascalienne passe par la reconnaissance d’un Dieu cachĂ© dans la nature au moyen de l’instruction (ou de leçon), qui permet une connaissance dont l’évidence ne s’impose pas. Un travail prĂ©cis et soignĂ©, qui s’insĂšre dans un ensemble plus vaste dont on attend la publication.

Jean-Robert Armogathe

3.2.22. GAUKROGER (Stephen), « Picturability and Mathematical Ideals of Knowledge », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, p. 338-360.

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3.2.24. GINGRAS (Yves) & GUAY (Alexandre), « The Uses of Analogies in Seventeenth and Eighteenth Century Science », Perspectives on Science: Historical, Philosophical, Social, 2011, 19/2, p. 154-191.

La perspective de cet article est plus restreinte que son titre ne l’annonce puisqu’il s’agit d’une Ă©tude de corpus (les Philosophical Transactions de la Royal Society) Ă  partir des occurrences d’« analogy » sur une pĂ©riode allant de 1665 à 1780, dans le but de construire une typologie des usages de l’analogie en science. Un des principaux mĂ©rites de l’étude est de mettre en Ă©vidence que l’usage de l’analogie n’est pas le propre d’une mentalitĂ© prĂ©scientifique typique de la Renaissance, mais que cette forme de raisonnement revĂȘt une importance notable dans une pratique scientifique qui, de la fin du XVIIe siĂšcle Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle, est assez largement marquĂ©e par l’empirisme. S’appuyant sur l’outil informatique, les auteurs font preuve d’une prudence mĂ©thodologique de bon aloi, n’hĂ©sitant pas Ă  discuter les limites de la reprĂ©sentativitĂ© de leurs conclusions pour la pĂ©riode considĂ©rĂ©e. L’analogie apparaĂźt alors souvent comme une forme de raisonnement par induction. Elle repose soit sur un principe mĂ©thodologique, soit sur un principe ontologique qui peut s’appuyer sur l’affirmation d’une uniformitĂ© de la nature. Les donnĂ©es statistiques permettent de mettre en relation la frĂ©quence des diffĂ©rents types d’analogies utilisĂ©es avec divers domaines scientifiques. Les limitations imposĂ©es par la nature mĂȘme d’une telle Ă©tude empirique, si elles Ă©vitent des projections thĂ©oriques abusives — et c’est lĂ  l’intĂ©rĂȘt incontestable de cette Ă©tude prĂ©cise, approfondie et trĂšs rigoureuse — ne sont nĂ©anmoins pas sans entraĂźner un certain dĂ©ficit de mise en perspective historique. Ainsi l’article ne nous dit-il pas vraiment en quoi ces usages de l’analogie sont propres Ă  la pĂ©riode retenue, si ce n’est par distinction d’avec les usages qu’en faisait la philosophie occulte de la Renaissance (p. 162). Pourtant l’analogie joue un rĂŽle considĂ©rable, en particulier heuristique, chez des savants de la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle tels que Bacon, Kepler, Descartes ou Gassendi. Les travaux de G. Simon (cf. Kepler astronome astrologue, Paris, 1979) ont ainsi montrĂ© que pour Kepler l’analogie mathĂ©matique n’est pas en rupture avec les rapports analogiques de la philosophie occulte, mais en dĂ©rive de façon renouvelĂ©e. Un rapprochement avec d’autres textes de la mĂȘme pĂ©riode aurait Ă©galement pu apporter un Ă©clairage philosophique sur tel ou tel type d’analogie. Ainsi la citation de Malpighi (p. 165) Ă©voquant le modĂšle abstrait d’une machine Ă  laquelle serait analogue la structure anatomique de diverses espĂšces ne prend pas sens seulement comme modĂšle concret d’analogie, mais renvoie en outre Ă  un principe analogique gĂ©nĂ©ral qui, chez Malpighi et quelques autres, est dĂ©signĂ© par l’expression de « microscope de la nature » (cf. F. Duchesneau, Les modĂšles du vivant de Descartes Ă  Leibniz, Paris, 1998, p. 200, cf. BC XXIX, 3.2.29).

Delphine Bellis

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3.3.13. HAYASHI (Yosuke), « Taiiku tetsugaku ni okeru Descartes shinshinron no genriron teki koukyuu: juurai no Descartes shinshinron hihan no saikentou wo toushite [Etude fondamentale de la thĂ©orie cartĂ©sienne de l’union de l’ñme et du corps dans le cadre de l’éducation physique : ReconsidĂ©ration des critiques traditionnelles] », Taiikugaku-kenkyu, 2011, 56/2, p. 271-286, [en japonais]

3.3.14. HERZBERG (Frederik), « Hyperreal Expected Utilities and Pascal’s Wager », Logique et Analyse, 2011, 54, 213, p. 69-108 ; la version de 2008 en ligne : http://www.illc.uva.nl/LOFT2008/Papers/Herzberg.pdf (oubli du BC XXXIX).

3.3.15. ISASHIKI (Takahiro), « Kokoro ha shintai nuki de sonzai dekiru ka [L’esprit peut-il exister sans le corps ?] », Memoirs of the Faculty of Education and Culture, University of Miyazaki. Humanities, 2011, 25, p. 1-17 [en japonais]

3.3.16. LÓPEZ (Diana M.), « El pensamiento como principio : Descartes segĂșn Hegel en las Lecciones de Historia de la FilosofĂ­a », TĂłpicos, 22, dĂ©cembre 2011, sp. en ligne : http://www.scielo.org.ar/scielo.php?pid=S1666-485X2011000200001&script=sci_arttext

3.3.17. LOPEZ-MUNOZ (Francesco) & ALAMO (Cecilio), « Cartesian theories on the passions, the pineal gland and the pathogenesis of affective disorders : an early forerunner », Psychological medicine, 2011, Vol. 41/3 p. 449-451.

3.3.18. LOSONC (Mark), « SvakidaĆĄnje ja u Dekartovoj filozofiji [L’ego quotidien dans la philosophie de Descartes] », Treći program, 43, 149, 2011, p. 152-172 [en serbe].

3.3.19. MALHERBE (Michel), « EphraĂŻm Chambers et la caualitĂ© : entre Malebranche et Hume », in HERMANIN (Camilla) & SIMONUTTI (Luisa), La centralitĂ  del dubbio : un progetto di Antonio RotondĂČ, Firenze, L.S. Olschki, 2011, XIV-1009 p. en 2 tomes ; t. I, p. 191-207.

3.3.20. MALO (Antonio), Cartesio e la postmodernita, Rome, Armando, 2011, 254 p.

3.3.21. MIHARA (Tomoko), « Bouvard to Pecuchet no tetsugaku – Descartes no giga [La philosophie de Bouvard et PĂ©cuchet – la caricature de Descartes] », Annual report of the Faculty of Education, Gunma University. Cultural science series, 2011, 60, p. 159-165 [en japonais].

3.3.22. MINYEM (Charles Jean Marie), Descartes et le dĂ©veloppement, Paris, L’Harmattan, 2011, 121 p.

3.3.23. MONGIN (Jean-Paul), Il genio maligno del signor Cartesio : (basato sulle Meditazioni metafisiche), ilustrations de Schwoebel (François), Milan, Isbn Edizioni, 2011 63 p. [littérature jeunesse]

3.3.24. MORALI (Claude), Un cri d’oiseau japonais Ă©chappĂ© à Blaise Pascal, Auxerre, HD Lettres, 272 p.

3.3.25 PARRA BERNAL (Francisco Javier), « La indicación fenomenológica de la conciencia. Entre la alteridad levinasiana y la excedencia cartesiana », Investigaciones Fenomenológicas, vol. monogråfico 3, 2011, p. 349-359. En ligne : http://www.uned.es/dpto_fim/InvFen/InvFen_M.03/pdf/22_PARRA.pdf

3.3.26. PINGEOT (Mazarine), Entretien avec René Descartes, Paris, Plon, 2011, 140 p.

VoilĂ  encore un curieux produit Ă©ditorial. La finalitĂ© de cette « ‘vraie fausse’ interview » (selon le mot de l’éditeur, p. 11) est assez ambiguĂ«. S’agit-il de proposer une introduction Ă  partir des textes de D. ou de solliciter l’avis du philosophe sur des questions diverses et Ă©ventuellement anachroniques (telles « le sujet », p. 33, « le couple », p. 93 ou le « retour du refoulĂ© », p. 80-81) ? On peine un peu Ă  le dĂ©terminer, et les clichĂ©s relayĂ©s (« vous prĂŽnez un dualisme radical entre l’ñme et le corps », p. 65) n’aident pas Ă  en dĂ©cider. Quel est donc le lecteur auquel on s’adresse ? Certainement pas le chercheur averti, et sans doute pas le simple curieux : ce qui peut fonctionner au titre de l’amusement sur quelques colonnes de magazine ne saurait opĂ©rer sans gĂ©nĂ©rer une forte lassitude sur plusieurs dizaines de pages. Il devrait donc bien s’agir d’un ouvrage introductif destinĂ© aux jeunes Ă©tudiants. Mais la manƓuvre s’avĂšre plutĂŽt dissuasive quant Ă  la dĂ©couverte de Descartes, car Ă  le citer d’aprĂšs l’édition Bridoux (p. 123-128), on ne semble pas s’efforcer d’en faciliter l’accĂšs. Certes, le volume de la PlĂ©iade est la moins coĂ»teuse des grosses Ă©ditions françaises du philosophe, mais chacun peut sur Internet accĂ©der gratuitement Ă  l’édition Adam et Tannery Ă  laquelle il eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de renvoyer, parce qu’elle est beaucoup plus complĂšte et qu’il s’agit de l’édition de rĂ©fĂ©rence (certes, il aurait ensuite fallu choisir une autre Ă©dition pour les traductions proposĂ©es). On excusera volontiers les invraisemblances historiques puisque l’exercice lui-mĂȘme est aussi un libre divertissement : inutile de s’effaroucher Ă  l’excĂšs de ce que Descartes livre Ă  son confident des extraits d’ouvrages posthumes comme les RĂšgles pour la direction de l’esprit ou La recherche de la vĂ©ritĂ©, car aprĂšs tout il les a conservĂ©s par-devers lui dans une malle. Mais les incohĂ©rences internes sont plus surprenantes et jettent le doute sur l’entreprise. Il est difficile qu’un interlocuteur un tant soit peu scrupuleux puisse se voir adresser la question suivante : « Être novateur, voire rĂ©volutionnaire, ne vous rend-il pas fier ? » (p. 21) sans rĂ©agir quand on lui dit : « En somme, vous Ă©vitez de faire la rĂ©volution » (p. 45). De mĂȘme on s’étonne un peu qu’aprĂšs avoir affirmĂ© : « vous prĂŽnez notamment l’unitĂ© dans les connaissances » (p. 31), on demande candidement au philosophe : « Mais alors, vous pensez qu’il y a une unitĂ© des sciences ? » (p. 32). Au reste, Descartes lui-mĂȘme semble se contredire quand il soutient : « Cela [le sĂ©jour en Hollande] ne m’empĂȘchera pas d’achever le petit traitĂ© que j’ai commencĂ© » (p. 23) juste avant d’ajouter : « je ne suis plus en humeur de rien mettre par Ă©crit » (p. 24). DĂ©cidĂ©ment, on doute du projet interprĂ©tatif mis Ă  l’Ɠuvre : s’agit-il de faire le portrait d’une sorte de moraliste ? Dans ce cas, doit-on considĂ©rer, selon les p. 46 sq., qu’il abandonne toute prĂ©tention « Ă  la vĂ©ritĂ© dans les actions de la vie » ? Comment dĂšs lors faut-il saisir l’idĂ©e dĂ©veloppĂ©e aprĂšs la p. 89 que « la philosophie serait le fondement de la morale », qui en serait « Ă©toffĂ©e » (p. 90) ? La tentation nihiliste est bien proche et l’on se demande finalement si « le temps du travail, l’étude n[’]empĂȘchent [
] pas de vivre » (p. 25). Bref, il n’y a pas, dans cette accumulation de petits textes de D. entrecoupĂ©s de questions fictives supposĂ©es permettre d’en orienter la lecture, grand chose qui aide Ă  comprendre sa pensĂ©e. MĂȘme, on se demande si on ne fait pas souvent dire au philosophe le contraire de ce qu’il aurait voulu montrer. Mais lui-mĂȘme savait la chose possible, qui Ă©crivait Ă  Mersenne en mars 1647 (en parlant de Regius) : « [Il] n’a rien Ă©crit qui ne soit pris de moi, et qui ne soit avec cela contre moi » (AT IV 627). Ce texte n’est pas reproduit dans le prĂ©sent livre ; peut-ĂȘtre est-ce pour cela qu’on n’en conseillera pas la lecture.

Xavier Kieft

3.3.27. RORTY, Richard, « Davidson versus Descartes », in MALPAS (Jeff) & FOLLESDAL (Dagfinn), Dialogues with Davidson, Cambridge, MIT Press, 512 p., chap. I, p. 3-6.

3.3.28. SUITNER (Riccarda), « Uno scontro nel regno dei morti : Descartes e RĂŒdiger », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p.141-164.

3.3.29. TARABORRELLI (Angela), « Il Descartes di Hannah Arendt : alienazione del mondo e critica del soggetto », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 307-334.

3.3.30. VANPAEMEL (Geert), « The Louvain printers and the establishment of the Cartesian curriculum », Studium : Tijdschrift Voor Wetenschaps En Universiteitsgeschiedenis, vol. 4, n°4, 2011, p. 241-254. En ligne : http://www.gewina-studium.nl/index.php/studium/article/view/1558/1589

3.3.31. VICARI (Giuseppe), «El yo entre vehículo del externalismo y el mito del teatro cartesianohe », Teorema, 30 (2), 2011, p. 111-128.

3.3.32. VLASSOV (Sergueï), « V. K. Trediakovskij et les théories françaises du bon usage aux XVIIe et XVIIIe siÚcles », Revue des études slaves, 2011, Vol. 82/2, p. 217-251.

3.3.33. WESTPHAL (Kenneth R.), « Self-Consciousness, Anti-Cartesianism, and Cognitive Semantics in Hegel’s 1807 ‘Phenomenology’ » in HOULGATE (Stephen) & BAUR (Michael), (Ă©d.), A Companion to Hegel, New York, Willey-Blackwell, 2011, 649 p. ; p. 68-90.

3.3.34. WONDRACEK (Karin Hellen Kepler), « Freud zwischen Moses und Descartes – Verwobenheit zweier Genealogien », AufklĂ€rung und neue Mythen. Psycho-logik, 2011, p. 210-228

ISSN 1634-0639

Ce Bulletin est publiĂ© par le Centre d’études cartĂ©siennes de l’UniversitĂ© Paris-Sorbonne, dirigĂ© par Vincent Carraud ; secrĂ©taire scientifique du Bulletin : Dan Arbib — ainsi que par le Centro Interdipartimentale di Studi su Descartes e il Seicento de l’UniversitĂ© du Salento, dirigĂ© par Giulia Belgioioso ; secrĂ©taire scientifique : Massimiliano Savini.

RĂ©alisation du Bulletin : (1) Listes bibliographiques : Dan Arbib, Philippe Boulier, Xavier Kieft ; (2) Liminaire : Erik-Jan Bos ; (3) Recensions : Mmes Siegrid Agostini, Giulia Belgioioso, Delphine Bellis, Annie Bitbol-HespĂ©riĂšs, Élodie Cassan, Angela Ferraro, Francesca Manno, Paola Nicolas, Emanuela Orlando, Emanuela Scribano ; MM. Igor Agostini, Dan Arbib, Jean-Robert Armogathe, Philippe Boulier, Vincent Carraud, Guillaume Coqui, Olivier Dubouclez, Pascal Dumont, Alberto Frigo, Xavier Kieft, Jean-Luc Marion, de l’AcadĂ©mie française, Edouard Mehl, Gilles Olivo, Matthijs van Otegem et Massimiliano Savini. – Correspondants : pour la Russie et l’Europe de l’Est (langues slaves) : Wojciech Starzynski (Varsovie) ; pour l’AmĂ©rique latine hispanisante : Pablo Pavesi (Buenos Aires) ; pour le BrĂ©sil : Alexandre Guimaraes Tadeu de Soares (UberlĂąndia).

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