Bulletin cartésien XLIII (2012)
Bibliographie internationale critique des Ă©tudes cartĂ©siennes pour l’annĂ©e 2011
LIMINAIRE
I.- Deux lettres de Descartes, Ă Mersonne (27 mai 1641) et Ă Pasor (26 mai 1645), par E.J. BOS
1. Textes et documents
1.1. DESCARTES
1.1.1. DESCARTES (RenĂ©), Descartes, Ă©d. de Miguel Cirilo FlĂłrez, Madrid, Gredos, 2011, cxxi-743 p. [ouvrage contenant une Ă©tude introductive : « RenĂ© Descartes, la constituciĂłn de la modernidad », ainsi que les traductions espagnoles des RegulĂŠ, de la Recherche de la vĂ©ritĂ©, du Discours de la mĂ©thode, des MĂ©ditations mĂ©taphysiques, Objections et RĂ©ponses, de lâEntretien avec Burman, des Passions de lâĂąme, de la correspondance avec la princesse Elisabeth, et du traitĂ© De lâhomme].
1.1.2. DESCARTES (RenĂ©), Descartes, Houhou josetsu, tetsugakusho gaisetsu shiriizu 1 [Descartes, Discours de la mĂ©thode, sĂ©rie 1 de l’aperçu de livres philosophiques], Yamada, Hiroaki, Kyoto, Koyoshobo, 2011, 108 p.
1.1.3. DESCARTES (René), Discorso del metodo, préf. de Giovanni Reale, Milan, Corriere della Sera, « I classici del pensiero libero » (vol. 18), 2011, 120 p.
1.1.4. DESCARTES (RenĂ©), Diskurs o metodi. Tekst i komentar EÌtienne Gilson [Discours de la mĂ©thode. Texte et commentaires dâĂtienne Gilson], traduit en croate par DuĆĄan JaniÄ, Zagreb, Demetra, 2011, XVII-506 p.
1.1.5. DESCARTES (René), Houhou josetsu [Discours de la méthode], trad. de Takuzo Obase, Tokyo, Kadokawa Sophia Bunko, 2011, 170 p.
1.1.6. DESCARTES (René), Regulae ad directionem ingenii, Cogitationes privatate, trad. de Christian Wohlers, Hamburg, Meiner, 2011, 271 p. [édition bilingue latin-français]
1.1.7. DESCARTES (René), Tres cartas a Marin Mersenne (primavera de 1630), trad. de Petro Lomba Falcon, Madrid, Encuentro, 2011, 64 p.
1.1.8. DESCARTES (RenĂ©), РаŃŃŃĐ¶ĐŽĐ”ĐœĐžĐ” ĐŸ ĐŒĐ”ŃĐŸĐŽĐ”, ŃŃĐŸĐ±Ń ĐČĐ”ŃĐœĐŸ ĐœĐ°ĐżŃаĐČĐ»ŃŃŃ ŃĐČĐŸĐč ŃазŃĐŒ Đž ĐŸŃŃŃĐșĐžĐČаŃŃ ĐžŃŃĐžĐœŃ ĐČ ĐœĐ°ŃĐșĐ°Ń ; ĐŃаĐČОла ĐŽĐ»Ń ŃŃĐșĐŸĐČĐŸĐŽŃŃĐČа ŃĐŒĐ° ; ĐĐ”ŃĐČĐŸĐœĐ°Ńала ŃĐžĐ»ĐŸŃĐŸŃОО ; ĐĐ°ĐŒĐ”ŃĐ°ĐœĐžŃ ĐœĐ° ĐœĐ”ĐșŃŃ ĐżŃĐŸĐłŃĐ°ĐŒĐŒŃ, ĐžĐ·ĐŽĐ°ĐœĐœŃŃ ĐČ ĐДлŃгОО ĐČ ĐșĐŸĐœŃĐ” 1647 Đł. ĐżĐŸĐŽ заглаĐČĐžĐ”ĐŒ « ĐбŃŃŃĐœĐ”ĐœĐžĐ” ŃĐ”Đ»ĐŸĐČĐ”ŃĐ”ŃĐșĐŸĐłĐŸ ŃĐŒĐ°, ОлО ŃазŃĐŒĐœĐŸĐč ĐŽŃŃĐž, гЎД ĐżĐŸŃŃĐœŃĐ”ŃŃŃ, ŃŃĐŸ ĐŸĐœĐ° ŃĐŸĐ±ĐŸĐč ĐżŃДЎŃŃаĐČĐ»ŃĐ”Ń Đž ĐșаĐșĐŸĐč ĐŒĐŸĐ¶Đ”Ń Đ±ŃŃŃ » ; ĐĄŃŃаŃŃĐž ĐŽŃŃĐž [Discours de la methode ; Regulae ; Principes de la philosophie ; Notae in programma ; Passions de lâĂąme], ĐĐŸŃĐșĐČа, ĐĐșĐ°ĐŽĐ”ĐŒĐžŃĐ”ŃĐșĐžĐč ĐżŃĐŸĐ”ĐșŃ, 2011. 335 p.
1.2. CARTESIENS
1.2.1. ARNAULD (Antoine) & NICOLE (Pierre), La Logique, ou lâart de penser, Ă©d. critique de Dominique Descotes, Paris, H. Champion, 2011, 930 p.
PrĂšs dâun demi-siĂšcle aprĂšs lâĂ©dition de la Logique dite de Port-Royal par P. Clair et F. Girbal (PUF, 1965, seconde Ă©dition revue Vrin, 1981, qui donnait le texte critique de lâĂ©dition de 1683), la prĂ©sente Ă©dition de la Logique, due Ă Dominique Descotes (D.D.) est fort bienvenue, Ă trois Ă©gards principalement.
(1) Il sâagit dâune Ă©dition critique trĂšs soignĂ©e, qui publie en texte principal lâĂ©dition de 1664 (p. 125-622), Ă juste titre selon nous : choix que D.D. lĂ©gitime en introduction Ă partir de lâhistoire du texte. Elle comporte ensuite les chapitres de lâĂ©dition de 1662 qui ont Ă©tĂ© supprimĂ©s ou qui ont subi le plus de transformations dans celle de 1664 (p. 623-646), puis les ajouts de lâĂ©dition de 1683 (p. 647-684, ainsi que les variantes des Ă©ditions de 1668 et 1674) et donne en annexe, au titre du principe gĂ©nĂ©tique qui prĂ©side Ă lâĂ©dition, le manuscrit Vallant, BnF, Fds. fr. 19915 (avec les indications diplomatiques nĂ©cessaires et le relevĂ© des diffĂ©rences avec lâĂ©dition de 1662, p. 685-801), la traduction française par Nicole de la Dissertatio theologica de probabilitate dâArnauld, dans sa version amplifiĂ©e traduite par Melle de Joncoux (initialement note 1 pour la CinquiĂšme Provinciale dans lâĂ©dition latine de Wendrock, p. 803-883), qui complĂšte les derniers chapitres de la Logique en traitant de la probabilitĂ© et de la sĂ»retĂ©, et enfin deux extraits dâArnauld (lâun tirĂ© de La morale pratique des jĂ©suites, lâautre, de nature Ă Ă©clairer la cĂ©lĂšbre discussion logique sur le hoc eucharistique, extrait de La perpĂ©tuitĂ© de la foi de lâĂglise catholique touchant lâEucharistie, p. 885-893). Lâensemble de cet Ă©pais dossier est prĂ©cĂ©dĂ© dâune introduction substantielle (p. 7-124) et suivi dâune bibliographie, dâune trĂšs commode table comparative des chapitres (entre les chapitres du ms Vallant et des Ă©ditions de 1662, de 1664-1668-1674 et de 1683) et dâun index des noms. On dispose ainsi dâun instrument de travail extrĂȘmement utile et fort prĂ©cieux â dans les deux sens du terme, puisque le prix du livre le rend peu accessible Ă une bourse dâĂ©tudiant (142 âŹ), mais que toutes les bibliothĂšques de philosophie se devront de le possĂ©der.
(2) Cette Ă©dition a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par un spĂ©cialiste de lâhistoire des mathĂ©matiques au XVIIe siĂšcle, Ă©diteur, sous le titre GĂ©omĂ©tries de Port-Royal, des textes gĂ©omĂ©triques de Blaise Pascal, Antoine Arnauld et François de Nonancourt (HonorĂ© Champion, 2009, 880 p., omission du BC XL). Le lecteur tirera grand profit de lâannotation de D.D., qui renvoie de façon toujours pertinente aux Anciens (au premier chef Ă Euclide), aux modernes (en privilĂ©giant Ă©videmment les Nouveaux Ă©lĂ©ments de gĂ©omĂ©trie dâArnauld, ou encore, non moins Ă©videmment, Clauberg), mais aussi aux auteurs contemporains susceptibles dâĂ©clairer les dĂ©monstrations (Russell, Duhem, Couturat, BlanchĂ©, Gardies, et a.). â Il est cependant regrettable que lâindex des noms ne contienne pas ceux des nombreux auteurs citĂ©s dans les notes de lâĂ©diteur Ă la Logique, et que, mĂȘme pour les noms citĂ©s par Arnauld et Nicole eux-mĂȘmes, il souffre dâoublis qui en rendent lâusage incertain : ainsi par exemple la p. 611 (IV, xiv) cite-t-elle le pape Ătienne, Blondel, Saumaise, saint JĂ©rĂŽme ou ThĂ©odoret, tous omis par lâindex nominum. Lâabondante bibliographie des sources et des Ă©tudes sera Ă©galement utile, mĂȘme si elle ne reprend pas toutes les rĂ©fĂ©rences contenues dans les abondantes notes (ainsi de Pierre dâEspagne ou de Cantor par exemple) ; on sâĂ©tonnera aussi de ne pas voir mentionnĂ© lâinstrument exceptionnel que constituent pour lâhistoire de la logique moderne les deux volumes (1500-1640 puis 1640-1780) de la Logik der Neuzeit de Wilhelm Risse (Frommann, 1964-1970 ; voir le compte rendu du second volume de cette inĂ©puisable mine par J.-R. Armogathe dans le BC I, 2.1.13).
(3) D.D. est Ă©galement un spĂ©cialiste reconnu de lâĆuvre de Pascal. Aucun rapprochement entre Lâart de penser et les PensĂ©es ou les opuscules de Pascal ne semble lui avoir Ă©chappĂ©. Et loin de se contenter des rapprochements, il mesure aussi les Ă©carts, voire les distorsions, entre la pensĂ©e pascalienne (quâil sâagisse aussi bien par exemple de Disproportion de lâhomme que de Lâesprit gĂ©omĂ©trique) et lâusage quâArnauld et Nicole en font, de sorte que les notes de certains chapitres de la Logique, considĂ©rĂ©es dans leur continuum, sâapparentent Ă une basse continue de sources pascaliennes, qui nous fait entendre comme une « logique » de Pascal lui-mĂȘme. La remarquable connaissance que D.D. a de Pascal, dâArnauld et de Nicole nâallait Ă©videmment pas sans celle de lâĂcriture, de saint Augustin et de Montaigne (D.D. souligne que câest avec lâĂ©dition de 1664, donc sous lâinfluence du Pascal de ce qui deviendra les PensĂ©es, que « Montaigne fait sa grande entrĂ©e dans la Logique », p. 68). Soulignons enfin « le dialogue interne » que D.D. met parfaitement en Ă©vidence entre la Logique et la Grammaire gĂ©nĂ©rale et raisonnĂ©e ou les Nouveaux Ă©lĂ©ments de gĂ©omĂ©trie, voire les futurs Essais de morale. Une fois encore, cette Ă©dition fournit toutes les rĂ©fĂ©rences dont le lecteur, fĂ»t-il dĂ©jĂ bien informĂ©, aura besoin.
Bref, cette nouvelle Ă©dition, par la richesse de son annotation, supplante les quelque quatre cents notes de lâĂ©dition Clair et Girbal, pourtant dĂ©jĂ aussi remarquable quâhonnĂȘte, qui avouait par exemple pour la citation de saint Augustin qui clĂŽt IV, xi que la Patrologie de Migne nâavait pas encore permis aux Ă©diteurs, « malgrĂ© [leurs] recherches, de localiser absolument toutes les citations attribuĂ©es Ă saint Augustin » (p. 414, n. 419). D.D. donne ici la rĂ©fĂ©rence : Contra Faustum, XXIX, iv (p. 589). Certaines rĂ©fĂ©rences nâen Ă©chappent pas moins Ă D.D. comme elles avaient Ă©chappĂ© Ă Clair et Girbal : ainsi de lâaxiome pourtant cĂ©lĂ©brissime et rĂ©pĂ©tĂ© partout (et pas seulement chez Gassendi) « Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu », citĂ© en I, i, quâon ne saurait Ă©videmment trouver textuellement chez Aristote, mais quâon lit dans les Auctoritates Aristotelis (Ă partir du De sensu et sensato, § 24, Ă©d. J. Hamesse, p. 197). Il arrive aussi quâune piĂ©tĂ© Ă©ditoriale excessive soit commune Ă nos Ă©diteurs. Ainsi, quand cet admirable chapitre en gĂ©nĂ©ral attribuĂ© au seul Nicole quâest III, xix cite sans scrupule au § vi le chapitre Du repentir oĂč Montaigne avait Ă©crit « Quant Ă moi, je puis dĂ©sirer en gĂ©nĂ©ral ĂȘtre autre » (Essais, Ă©d. de 1652, p. 601) en ajoutant la nĂ©gation : « Quant Ă moi, dit-il, je ne puis dĂ©sirer ĂȘtre autre » (Clair-Girbal, p. 268, D.D., p. 476, qui donne en note le texte correct de Montaigne), les Ă©diteurs se gardent bien de signaler la falsification jansĂ©niste si empressĂ©e de dĂ©noncer ces « paroles horribles » !
Il appartient Ă une recension utile dâĂȘtre Ă©galement critique, et Ă une recension dans le BC de privilĂ©gier les acquis cartĂ©siens dâune Ă©dition. Si lâon regrettera que la longue introduction de D.D. ne sâessaie pas Ă caractĂ©riser de façon un peu systĂ©matique le rapport de la Logique Ă Aristote (et Ă ce qui a Ă©tĂ© volontairement omis parmi les catĂ©gories, comme la relation), force est de constater que câest tout de mĂȘme en matiĂšre de cartĂ©sianisme que lâannotation laisse Ă dĂ©sirer. La longue introduction ne traite que briĂšvement de « lâinspiration cartĂ©sienne » de la Logique (p. 69-72) en la repĂ©rant, Ă juste titre, dĂšs le manuscrit Vallant (1659-1660 selon D.D.), et en notant que « lâinfluence de Descartes sâarrĂȘte aprĂšs 1664 : aucun des approfondissements de 1683 ne porte sa marque » (p. 72), puisquâen effet les ajouts sont dus Ă la controverse anti-protestante sur lâEucharistie. Entre ces deux termes, on sait lâarrivĂ©e dĂ©cisive dans lâĂ©dition de 1664 de citations des Regulae (RĂšgles XIII et XIV), dues Ă la consultation du texte prĂȘtĂ© par Clerselier, vingt ans avant la publication de leur traduction nĂ©erlandaise et plus de trente-cinq ans avant leur publication en latin â rien nâautorise Ă penser que dâautres connurent, au moins en partie, les Regulae, avant les auteurs de la Logique : ni Poisson, ni Malebranche, ni Ă©videmment Leibniz, tous trois Ă©trangement passĂ©s sous silence dans lâĂ©dition de D.D., dont lâintroduction sâachĂšve bizarrement avec les « suites littĂ©raires » de la Logique. Pour autant, la prĂ©sence des Regulae ne saurait se limiter Ă la constitution de la quaestio et aux citations faites en IV, ii des RĂšgles XIII et XIV : ainsi, dĂšs le Premier discours, « les catĂ©gories et les lieux » sont jugĂ©s « inutiles », conformĂ©ment Ă la RĂšgle VI.
Pour D.D., « le fait que la Logique repose pour une bonne part sur un fondement cartĂ©sien ne doit pas dissimuler que ses fondements gĂ©nĂ©rateurs [?] portent aussi la marque de Pascal » (p. 76). Certes. Mais que signifie cet « aussi » ? Lâimbrication frĂ©quente, dans le texte de la Logique, de thĂšses et de quasi-citations de Pascal et de Descartes ne suffit-elle pas Ă manifester que, pour Arnauld et peut-ĂȘtre Nicole, en matiĂšre de mĂ©thode, Descartes et le Pascal de Lâesprit gĂ©omĂ©trique, câest tout un ?ââ laissant sauve la question de lâusage de certains textes des PensĂ©es, en rĂ©alitĂ© assez nombreux â comme D.D. le montre parfaitement â, qui est Ă©videmment tout autre. Ainsi en va-t-il des premiers paragraphes du Premier discours, oĂč la thĂšse cartĂ©sienne inaugurale, principalement hĂ©ritĂ©e du Discours de la mĂ©thode (le bon sens, le discernement du vrai et du faux, lâuniversalitĂ© de la raison, les diverses voies par oĂč conduire sa pensĂ©e, etc.) se conjugue Ă la typologie pascalienne des esprits (esprit juste/esprit faux) et au renversement de la Lettre Ă Fermat dâaoĂ»t 1660 (essai/emploi) â on croit bien souvent lire du Descartes (lâexpression « la vĂ©ritĂ© des choses » nâen est-elle pas une estampille initiale ?) ou du Descartes réécrit avec les mots de Pascal. Tout ce Premier discours mĂȘle Pascal et Descartes, jusquâĂ les rĂ©unir comme deux sources explicites dans le mĂȘme paragraphe (p. 137). Ainsi encore de lâinsistance sur lâattention, hĂ©ritĂ©e de la RĂšgle III, ou du refus de soumettre la vĂ©ritĂ© Ă des critĂšres (p. 135), etc. Quant au texte mĂȘme de la Logique, nombreuses seront les thĂšses cartĂ©siano-pascaliennes qui y seront assumĂ©es : ainsi, par exemple, de lâincapacitĂ© des termes primitifs Ă ĂȘtre dĂ©finis (Logique I, i et I, xii), qui reprend certes De lâesprit gĂ©omĂ©trique, mais aussi, par delĂ cet opuscule, les natures simples des Regulae, devenues les simplicissimae notiones des Principia ; ainsi encore, Ă la fin de II, v, de la dĂ©nonciation du « mĂ©lange dâidĂ©es incompatibles » (parler spirituellement des corps et corporellement des esprits) qui reprend, par delĂ Laf. 199, Le Monde (chap. IV) et les Responsiones VIae (pt 10).
Mais laissons lĂ les exemples Ă©vidents empruntĂ©s aux Regulae et aux Principia, pour insister un instant sur lâĆuvre qui donne paradoxalement lieu aux imprĂ©cisions et aux absences les plus gĂȘnantes de cette Ă©dition : les Meditationes elles-mĂȘmes â paradoxalement, parce que les Meditationes sont Ă la fois lâĆuvre de Descartes quâArnauld connaĂźt le mieux et que la proposition des cours intensifs qui fut lâoccasion de la naissance de la Logique fut adressĂ©e au fils⊠du traducteur des Meditationes. DĂšs son introduction, D.D. aurait pu remarquer que lâĂ©noncĂ© des objets de la mĂ©taphysique dans le Second discours Ă©tait rigoureusement cartĂ©sien : « la sĂ©paration des idĂ©es spirituelles et des images corporelles ; la distinction de lâĂąme et du corps, et les preuves de son immortalitĂ© fondĂ©es sur cette distinction » (p. 148, non annotĂ©e ; voir nĂ©anmoins la p. 71 : « la mĂ©taphysique de Descartes a innervĂ© la Logique »). Mais câest surtout dans lâannotation que bien des rĂ©fĂ©rences explicites aux Meditationes, Objectiones et Responsiones font Ă©tonnamment dĂ©faut, Ă commencer dĂšs I, i avec le choix de lâaffirmation et de la nĂ©gation (et avec eux de tout jugement), qui sont des « actions » de lâesprit, pour premier exemple, avant lâidĂ©e, de ce que la pensĂ©e est inimaginable, puis par la traduction exacte de la dĂ©finition des idĂ©es, distinguĂ©es des imagines in phantasia depictae (AT VII, 160, 19-161, 3), pour ne rien dire de la critique de Hobbes (p. 162-165). Contentons-nous, pour ne pas trop alourdir ce compte rendu, de prendre quelques exemples dans le dĂ©cisif chapitre IV, vii, qui Ă©nonce « quelques axiomes importants, et qui peuvent servir de principes Ă de grandes vĂ©ritĂ©s », et dâindiquer les rĂ©fĂ©rences textuelles que lâĂ©dition D.D. ne fournit pas, toutes empruntĂ©es aux Rationes⊠more geometrico dispositae des Secundae Responsiones, câest-Ă -dire Ă ce qui a dĂ©jĂ statut dâaxiome chez Descartes, et que la Logique se contente de traduire : 2e axiome : « Lâexistence, au moins possible, est enfermĂ©e dans lâidĂ©e de tout ce que nous concevons clairement et distinctement » (p. 558) : Primae Resp., AT VII, 116, 22-24, repris in Sec. Resp. axiome X, AT VII, 166, 14-18 (et non Principia I, 15) ; 4e axiome : « Aucune chose, ni aucune perfection de cette chose actuellement existante, ne peut avoir le nĂ©ant ou une chose non existante pour la cause de son existence » (p. 559) : Sec. Resp. axiome III, AT VII, 165, 7-9 ; 5e axiome : « Toute la rĂ©alitĂ© ou perfection qui est dans une chose se rencontre formellement ou Ă©minemment dans sa cause premiĂšre et totale » : Sec. Resp. axiome IV, AT VII, 165, 10-12 (p. 559, rĂ©fĂ©rence fautive Ă la Med. III, avec le commentaire suivant pour Ă©minemment : son sens « nâest pas trĂšs diffĂ©rent » de formellement !) ; 8eâaxiome : « On ne doit pas nier ce qui est clair et Ă©vident, pour ne pouvoir comprendre ce qui est obscur » : Sec. Resp. postulat VII, AT VII, 164, 17-19. Nous pourrions citer bien dâautres exemples dâomissions cartĂ©siennes ou de rĂ©fĂ©rences approximatives (au contraire des autres sources, Descartes est citĂ© de façon peu rigoureuse : les Ă©crits latins en français, la mention de paragraphes pour les MĂ©ditations, etc.). La consĂ©quence en est elle-mĂȘme paradoxale : lâannotation de D.D. est aussi riche que fiable pour presque toutes les sources de la Logique â presque, car elle ne lâest pas pour une seule, qui se trouve cependant ĂȘtre sa source principale. Car la Logique dite de Port-Royal est bien un art de penser cartĂ©sien.
Quoi quâil en soit cependant, il faut nâavoir jamais Ă©ditĂ© les grands textes soi-mĂȘme et nâavoir jamais Ă©chouĂ© Ă retrouver les rĂ©fĂ©rences de toutes les citations, fussent-elles explicites, pour reprocher Ă une Ă©dition les inĂ©vitables dĂ©fauts dâun travail immense â dont aprĂšs tout les cartĂ©siens souffriront moins que tous les autres lecteurs. Encore une fois, sachons nous rĂ©jouir des apports si nombreux de celle-lĂ .
Vincent Carraud
1.2.2. ARNAULD (Antoine), Des vraies et des fausses ideÌes, Ă©d. de Denis Moreau, Paris, Vrin, 2011, 254 p.
La publication sĂ©parĂ©e des Vraies et des fausses idĂ©es en 1986 (par Ch. FrĂ©mont, Paris, Fayard, BC XVII, 1.2.1, aujourdâhui indisponible), ainsi que sa rĂ©impression en 2003 au tome premier des Ćuvres philosophiques dâArnauld (sous la direction dâE. Kremer et de D. Moreau, Bristol, Thoemmes Press, 6 vol.) avaient permis de rendre ce traitĂ© accessible, mais ce dernier nâavait encore jamais fait lâobjet dâune Ă©dition française critique et annotĂ©e. En faisant figurer cet ouvrage important dans la collection « Textes cartĂ©siens en langue française », D. Moreau vient pallier un manque considĂ©rable. Comme il le montre fort bien, Antoine Arnauld â auquel on a parfois ĂŽtĂ© le titre mĂȘme de philosophe â a pendant trĂšs longtemps incarnĂ© la figure nĂ©gative dâun « dĂ©molisseur de systĂšmes », privant la raison bĂątisseuse de ses ambitions systĂ©matiques. AporĂ©tiques, polĂ©miques, ses Ă©crits nâauraient manifestĂ© aucune rĂ©elle unitĂ© doctrinale. On sait dĂ©jĂ combien D. Moreau a contribuĂ© Ă revaloriser lâĆuvre du grand Arnauld, en particulier dans son ouvrage Deux cartĂ©siens (Paris, 1999, BC XXX, 2.2.2), qui montrait que la question de lâĂ©quivocitĂ© de la connaissance humaine et de la connaissance divine structurait ses dĂ©bats avec Malebranche, et quâil Ă©tait un des rares disciples de D. Ă perpĂ©tuer la thĂšse de la crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. Il poursuit ici cette entreprise en montrant que ce traitĂ© a Ă©tĂ© le point de dĂ©part de toute une littĂ©rature anglo-saxonne (Ă commencer par Th. Reid, J. Laird, M. Ginsberg ou A. O. Lovejoy) sur le « rĂ©alisme direct », dâaprĂšs lequel lâesprit est en contact perceptif direct, non mĂ©diatisĂ©, avec les objets du monde physique. Il rappelle conjointement que lâon a souvent dĂ©tachĂ© cet ouvrage de lâensemble de lâĆuvre de lâA., au mĂ©pris de ses dĂ©clarations rĂ©pĂ©tĂ©es selon lesquelles ce traitĂ© avait pour fonction de poser les jalons Ă©pistĂ©miques dâune rĂ©futation en rĂšgle des thĂšses du TraitĂ© de la nature et de la grĂące.
Notons que lâĂ©diteur propose trois annexes trĂšs utiles : un index des principaux textes anti-malebranchistes de philosophie de la connaissance, un extrait de la DĂ©fense contre la rĂ©ponse aux vraies et fausses idĂ©es, qui offre une mise au point importante sur la notion de reprĂ©sentation, enfin une recension des passages dans lesquels Arnauld prend position sur les philosophies de Malebranche, de D. et de Leibniz. Le commentateur chevronnĂ© y trouvera un outil de travail fort commode et les lecteurs non initiĂ©s pourront entreprendre de sâorienter dans lâĆuvre complexe et foisonnante que constituent les 43 volumes in quarto de lâĂ©dition de Lausanne.
Paola Nicolas
1.2.3. BAYLE (Pierre), Recueil de quelques piĂšces curieuses concernant la philosophie de Monsieur Descartes, Nachdr. der Ausg. Amsterdam, Desbordes, 1684, mit einer Einl. hrsg. von Andreas Scheib, Hildesheim, Olms, 2011, 333 p.
1.2.4. BOSCO (Domenico), (Ă©d.) Agostino nella modernitaÌ. Il grand sieÌcle (e dintorni), Brescia, Morcelliana, 2011, 1093 p. [recueil de textes sur Augustin, de François de Sales, JansĂ©nius, Pascal, Descartes, La Rochefoucauld, Malebranche, Nicole, Lamy, FĂ©nelon, Bayle, Voltaire, Bergier]
1.2.5. DUPUY DU GREZ (Bernard), Traité de la peinture, édition et présentation de Daniel Dauvois, Paris, Vrin, « Textes cartésiens », 2011, 300 p.
Il faut se fĂ©liciter de lâĂ©dition de cet opuscule, le plus important car le seul Ă©ditĂ© de lâavocat toulousain Bernard Dupuy du Grez (1639-1720) ; nâayant pas connu de réédition depuis lâĂ©dition princeps de 1699/1700, reprise par un reprint Ă GenĂšve en 1972 (Minkoff), il trouve Ă prĂ©sent sa place dans la belle collection dirigĂ©e par D.âMoreau. Le but de ce traitĂ© est, nous dit lâĂ©diteur, de proposer « une somme de ce quâil faut honnĂȘtement connaĂźtre en peinture, de son histoire, de ses peintres, des rĂšgles et des techniques, ainsi quâun manuel pour pratiquer cet art » (Introduction, p. 8). On ne jugera pas ici de lâimportance dâun tel ouvrage dans lâhistoire de lâesthĂ©tique, mais on soulignera la qualitĂ© de lâintroduction dans laquelle lâĂ©diteur, Ă grand renfort de rĂ©fĂ©rences prĂ©cises et maĂźtrisĂ©es Ă FĂ©libien ou Ă Roger de Piles (pour ne citer que les plus connus), situe fort bien les positions de Dupuy dans les dĂ©bats de son temps. On doit tout de mĂȘme attendre un assez long moment avant que soit justifiĂ©e la prĂ©sence dâun tel ouvrage dans une collection de « Textes cartĂ©siens » ; mais lâintroduction apporte sur ce point de satisfaisantes rĂ©ponses : car, aprĂšs avoir Ă juste titre contestĂ© lâexistence dâune « esthĂ©tique cartĂ©sienne » puisque celle-ci ne trouverait Ă se fonder ni sur les textes de Descartes ni sur la prĂ©somption dâun insaisissable esprit cartĂ©sien, D. Dauvois explicite ce quâil intitule (assez curieusement) les « UtilitĂ©s de Descartes pour Dupuy du Grez » (p. 28) : en somme, « le souci dâoriginalitĂ© discursive [de Dupuy] va commander, dans cette espĂšce de dialogue avec la philosophie et particuliĂšrement le cartĂ©sianisme, moins de prolonger les parties vives du systĂšme ou de la doctrine que de vivifier ou revivifier les branches mortes, des aspects essentiellement secondaires, des points problĂ©matiques peut-ĂȘtre insurmontables » (p. 28). Ces branches mortes se rattachent pour la plupart Ă ce quâune analyse du rapport entre le concept de grĂące chez FĂ©libien et la doctrine cartĂ©sienne permet dâidentifier comme la troisiĂšme notion, lâunion de lâĂąme et du corps. Sâensuivent donc un rapprochement entre le je ne sais quoi de Dupuy et lâidĂ©e matĂ©riellement fausse de Descartes (le concept dâidĂ©e matĂ©riellement fausse ayant Ă©tĂ© lui-mĂȘme qualifiĂ© naguĂšre de « bras mort dans le cours dâun fleuve » par M. Beyssade, « RĂ©ponse Ă Lili Alanen et Ă Raul Landim », Descartes. Objecter et rĂ©pondre, J.-M. Beyssade et J.-L. Marion (Ă©d.), Paris, 1994, p. 231, BC XXV, 3.1.3 et 69) ; entre le traitement de la perspective par Dupuy et ce quâen dit le Discours IV de la Dioptrique ; enfin entre le rapport esthĂ©tique Ă la reprĂ©sentation inconvenante chez Dupuy et chez Descartes (Passions de lâĂąme, art. 197). â Ainsi, lâexploitation esthĂ©tique du cartĂ©sianisme sâattache moins aux « thĂšses centrales » quâaux « marges rationnelles » (p. 27) de la philosophie de D.
On aurait Ă lâĂ©vidence pu explorer dâautres pistes, comme le rapport de Dupuy Ă la mĂ©thode, sâil est vrai que certains Ă©noncĂ©s du TraitĂ© ont dâincontestables et textuels Ă©chos cartĂ©siens : « Câest aussi dans lâordre, Ă©crit Dupuy du Grez, dans la mĂ©thode que jâai suivie et dans un soin exact dâexpliquer toute chose, quâon peut remarquer de la nouveautĂ© (âŠ). Et afin que vous sachiez dâabord lâordre que jâai suivi dans mon traité⊠» (PrĂ©face, p. 43). De plus, si la quatriĂšme de couverture fait du TraitĂ© un « point dâĂ©quilibre et de passage entre hĂ©ritage cartĂ©sien et diffusion des LumiĂšres », on aurait aimĂ© en apprendre davantage sur la postĂ©ritĂ© du texte, sur les limites de sa diffusion, et partant sur le rĂŽle jouĂ© par le cartĂ©sianisme dans lâinvention des catĂ©gories du discours de la critique dâart des LumiĂšres. Enfin, quoique la question de lâesthĂ©tique cartĂ©sienne soit en tant que telle sous-reprĂ©sentĂ©e dans la littĂ©rature secondaire, on sâĂ©tonne que la Bibliographie ne mentionne Ă proprement parler aucune Ă©tude sur Descartes et lâesthĂ©tique : ni le nom de P. Dumont, ni celui de G. Rodis-Levis nây apparaissent. â Sur la forme, outre quelques bizarreries ou coquilles (« de tout dire ce quâil y a dâessentiel », p. 11), quelques citations approximatives (quasi rerum imagines, p. 25, sans doute pour tanquam rerum imagines, VII 37, 3-4 ou VII 179, 12-13), on regrettera surtout lâabsence dâun Index nominum, qui permettrait au lecteur de mettre Ă profit la richesse de lâintroduction et du texte mĂȘme. Mais on remercie dĂ©jĂ lâĂ©diteur de rendre disponible un ouvrage qui manquait Ă lâattention des philosophes et historiens dâart, de lâintroduire avec tant de pĂ©dagogie et de lâannoter avec tant de soin.
Dan Arbib
1.2.6. LA FORGE (Louis), Traktat o umyĆle ludzkim, jego wĆadzach, czynnoĆciach oraz jego zwiÄ zku z ciaĆem [TraitĂ© de lâesprit de lâhomme et de ses facultĂ©s ou fonctions et de son union avec le corps], traduit en polonais par Tomasz ĆLIWIĆSKI, KÄty, Wydawnictwo Marek Derewiecki, 2011, 400 p.
1.2.7. MALEBRANCHE (Nicolas), Poszukiwanie prawdy, t. 1 et 2 [La recherche de la vĂ©ritĂ©], trad. de MaĆgorzata Frankiewicz, Varsovie, Warszawa Wydawnictwo, IFiS PAN, 2011, 698 p. et 540 p.
1.2.8. MALEBRANCHE, (Nicolas), Abhandlung uÌber Moral. 1707, [TraitĂ© de morale] trad. Francesco Fischer, Schwabisch Hall, Fischer, 2011, 160 p.
1.2.9. PASCAL (Blaise) & PASCAL (Jacqueline), Les mystĂšres de JĂ©sus. Recueil pascalien, Ă©tablissement du texte et postface de Gaspard-Marie Janvier, Paris, Mille et une nuit, 2011, 141 p. [Comprend Le mystĂšre de lâagonie de JĂ©sus ; Le mystĂšre de la mort de notre seigneur J.-C. ; AbrĂ©gĂ© de la vie de JĂ©sus-Christ ; Vie de Jacqueline Pascal de sa naissance Ă sa mort au monde, par Gilberte PĂ©rier]
1.2.10. PASCAL (Blaise), Gedanken, trad. Wolfgang Ruttenauer, Cologne, Anaconda, 2011, 368 p.
1.2.11. PASCAL (Blaise), Het leven van Jezus : een reconstructie [Abrégé de la vie de Jésus], Utrecht, Kok, 2011, 109 p.
1.2.12. PASCAL (Blaise), Pensamientos, (antologĂa), Barcelona, Ciro D.L., Los Clasicos del pensamiento libre, 12, 2011, 231 p.
1.2.13. PASCAL (Blaise), Pensées sur la justice, commentaire de Christian Ruby, Paris, Ellipses, 2011, 128 p.
1.2.14. PASCAL (Blaise), PenseÌes sur la justice, Ă©dition Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Laurent Thirouin, Paris, la DeÌcouverte, 2011, 154 p. [contient aussi les Trois discours sur la condition des grands et la Lettre Ă la SĂ©renissime Reine de SuĂšde]
1.2.15. PASCAL (Blaise), PenseÌes sur la justice. Trois discours sur la condition des grands, introduction, dossier, bibliographie, chronologie, table de concordance, glossaire, index par Marc Escola ; postface par Dominique Descotes, Paris, GF-Flammarion, 2011, 408 p.
1.2.16. PASCAL (Blaise), PenseÌes sur la religion et sur quelques autres sujets, texte Ă©tabli et Ă©ditĂ© par Jean-Robert Armogathe & Daniel Blot, Paris, H. Champion, 2011, 750 p.
1. Lâ« Ă©dition originale » ici rééditĂ©e est la « préédition » ou « prĂ©originale », imprimĂ©e en 1669 (dĂ©sormais PR 1669), de lâĂ©dition des PensĂ©es dite de Port-Royal, parue en 1670 et ordinairement considĂ©rĂ©e comme lâ« Ă©dition originale », que JRA et DB complĂštent en donnant les fragments ajoutĂ©s dans lâĂ©dition de 1678 (premiĂšre Ă©dition Ă numĂ©roter les fragments, non continĂ»ment, mais Ă lâintĂ©rieur de chaque chapitre), soit 609 item venant de PR 1669 (les deux premiers sont constituĂ©s par les deux citations explicites des PensĂ©es prĂ©sentes dans la PrĂ©face dâĂtienne PĂ©rier) et 43 venant de PR 1678. LâĂ©dition de PR donne ainsi son ordre au prĂ©sent volume, dont chaque page reproduit le texte de 1669 en colonne de droite (Ă partir de lâexemplaire conservĂ© Ă la bibliothĂšque de Troyes), en donnant en apparat les variantes de lâexemplaire de la BnF PR 1669, de PR 1670 et de PR 1678 â le choix de la préédition dans lâexemplaire de Troyes vient de sa probable antĂ©rioritĂ© par rapport Ă lâexemplaire de la BnF (p. 17). Ces variantes sont le plus souvent mineures (beaucoup sont de ponctuation), mĂȘme si plusieurs dâentre elles sont significatives. Prenons quelques exemples empruntĂ©s au chapitre sensible des « PensĂ©es sur les miracles » : â la substitution en PR 1670 de « Les prophĂ©ties seules ne pouvaient pas prouver JĂ©sus-Christ pendant sa vie. Et ainsi on nâeĂ»t pas Ă©tĂ© coupable de ne pas croire en lui avant sa mort, si les miracles nâeussent pas Ă©tĂ© dĂ©cisifs. Donc les miracles suffisent quand on ne voit pas que la doctrine soit contraire, et on y doit croire » à « Les prophĂ©ties ne pouvaient pas prouver JĂ©sus-Christ pendant sa vie. Et ainsi on nâeĂ»t pas Ă©tĂ© coupable de ne pas croire en lui avant sa mort, si les miracles nâeussent pas suffi sans la doctrine » (PR 1669, soit le texte des copies, Ă lâexception dâun « mĂȘme » introductif absent en PR 1669 et remplacĂ© en PR 1670 par « seules » : « MĂȘme les prophĂ©ties⊠» / « Les prophĂ©ties seules⊠», p. 431-432) ; â PR 1670 supprime une mention de NicodĂšme en PR 1669 : « quand mĂȘme la doctrine serait suspecte comme celle de JĂ©sus-Christ pouvait lâĂȘtre Ă NicodĂšme », qui avait dĂ©jĂ ajoutĂ© au texte de Pascal lâidĂ©e de suspicion (empruntĂ©e Ă un autre fragment) tout en supprimant la citation de Jn 3, 2 (p. 432-434) ; â ou encore la suppression dâune expression dans « il est impossible par le devoir de Dieu quâun homme⊠» qui devient en PR 1670 : « il est impossible quâun homme⊠» (p. 437) etc. Prenons un dernier exemple empruntĂ© au chap. XXIX « PensĂ©es morales » : lĂ oĂč PR 1669 donnait conformĂ©ment aux copies, « On aime JĂ©sus-Christ parce quâil est le corps dont on est membre », PR 1670 corrige dans les errata : « On aime JĂ©sus-Christ parce quâil est le chef du corps dont on est membre » (p. 557). Ces variantes montrent clairement que PR 1669 est plus fidĂšle au texte des copies que PR 1670 et que les Ă©diteurs de PR ont continuĂ© de corriger ou de gloser le texte pendant les quelques mois qui sĂ©parent la prĂ©originale (juin ou juillet 1669) de lâoriginale (2 janvier 1670). En outre, cinq pensĂ©es de PR 1669 ont Ă©tĂ© enlevĂ©es. â Comme on le voit avec ces quelques exemples, le choix de la prĂ©originale de 1669 (sans doute tirĂ©e Ă une quarantaine dâexemplaires), composĂ©e pour ĂȘtre soumise aux approbateurs, est trĂšs judicieux (en 1971, G. Couton et J. Jehasse avaient choisi de publier le fac-similĂ© de la « premiĂšre seconde » de PR 1670, choix reproduit par M. Le Guern dans le t. II de son Ă©dition des Ćuvres complĂštes en PlĂ©iade). Avec ce livre, nous avons donc dâabord affaire Ă la premiĂšre réédition scientifique de lâĂ©dition de PR, qui fait droit aux Ă©carts entre PR 1669 et PR 1670.
2. La colonne de gauche fournit le texte de la premiĂšre Copie (C1), dont les notes donnent en apparat les Ă©carts avec la seconde Copie (C2) ; le choix de C1 en texte principal sâimposait, car, outre la main du copiste et celle de son rĂ©viseur, C1 porte la trace de trois correcteurs, Arnauld, Nicole et Ătienne PĂ©rier, qui « semble bien avoir Ă©tĂ© le maĂźtre dâĆuvre de PR » (p. 15). Il sâagit lĂ de rien de moins que de la premiĂšre publication du texte des copies. LâĂ©dition JRA et DB met donc fin Ă un paradoxe vieux de soixante ans, puisque toutes les Ă©ditions qui entendent respecter lâordre de la premiĂšre Copie (comme lâĂ©dition Lafuma ou lâĂ©dition Le Guern) ou celui la seconde (comme lâĂ©dition Sellier) ne publient pas moins â pour les fragments qui y figurent â le texte des PensĂ©es selon le Recueil original (RO) qui, depuis le rapport de V. Cousin, a concentrĂ© toute lâattention des pascaliens. De sorte que toutes les Ă©ditions que nous utilisons aujourdâhui (Ă lâexception de la restitution par E. Martineau des Discours) fournissent un texte qui nâest pas exactement celui des Copies, mais, Ă chaque fois que câest possible, celui du RO organisĂ© selon lâordre des Copies. La prĂ©sente Ă©dition, en publiant enfin le texte des Copies, permet (1) de vĂ©rifier que le texte de PR provient (mais ne provient sans doute pas seulement) des deux Copies (et non de la seule C1, comme le croyait L. Lafuma) ; (2) de comparer C1 et C2, dont Jean Mesnard avait montrĂ© naguĂšre quâelles ne sont pas indĂ©pendantes, mais dĂ©rivent sans doute dâune copie originale C0, qui nâa pas Ă©tĂ© conservĂ©e (lâapparat dĂ©crit utilement, quand câest nĂ©cessaire, lâaspect matĂ©riel et la disposition des Copies et relĂšve la diversitĂ© des mains ; au total, les Ă©carts sont relativement mineurs : ils portent sur la ponctuation, sur le choix du pluriel ou du singulier, sur des diffĂ©rences de mots de sens identique (rĂ©dempteur / rĂ©parateur, p. 198), mais aussi, avec plus dâenjeu, sur les accolades et autres signes de continuitĂ© ou sur la division en paragraphes et surtout sur les ratures du RO restituĂ©es â par quoi il sâavĂšre que les Copies proposent dĂ©jĂ de vĂ©ritables choix de lecture du texte pascalien, que lâon pourra mesurer en les rapportant Ă lâĂ©dition palĂ©ographique de Z. Tourneur) ; (3) de comparer la colonne de droite, câest-Ă -dire PR 1669 avec les Copies (les Ă©carts sont imprimĂ©s en caractĂšres gras). La nature de la sĂ©lection opĂ©rĂ©e par PR a souvent Ă©tĂ© commentĂ©e, ainsi, Ă juste titre, que ses corrections et ses additions, mais Ă partir de la comparaison entre PR et les Ă©ditions modernes : avec la prĂ©sente Ă©dition, on dispose dĂ©sormais de lâinstrument qui permet de les mesurer exhaustivement, en les rapportant aux Copies (PR nâa utilisĂ© que 379 des 709 fragments de C1), Ă une rĂ©serve prĂšs : si aucune des PensĂ©es publiĂ©es par PR 1669/1670 nâest absente des Copies (en 1678 deux « pensĂ©es » nâen proviennent pas), certaines variantes entre les deux Copies et PR 1669/1670 peuvent provenir non dâune intervention arbitraire des rĂ©viseurs, mais du texte de C0 â dans quelques trĂšs rares cas, le texte de PR tĂ©moigne probablement aussi dâune consultation du RO par les rĂ©viseurs ; ainsi quand Pascal, dans « Disproportion de lâhomme », a Ă©crit « raccourci dâatome », les deux Copies ont lu « raccourci dâabĂźme », mais PR donne « atome imperceptible », conformĂ©ment Ă une correction portĂ©e sur C1 (p. 346, voir lâIntroduction, p. 12). La riche introduction au volume peut ainsi caractĂ©riser les interventions des Ă©diteurs de PR, Ă partir de lâanalyse dâexemples significatifs : corrections de style et de vocabulaire, Ă©claircissements de sens, attĂ©nuation et correction des idĂ©es, en montrant comment, en bien des cas dâexpressions absconses, abruptes ou ambiguĂ«s, PR a moins faussĂ© le texte de Pascal quâil ne lâa « pascalisĂ© » en leur substituant dâautres expressions pascaliennes (p. 21-36).
3. En pleine page, avant la division en colonnes, la prĂ©sente Ă©dition donne le texte de Pascal tel que nous le lisons aujourdâhui dans deux Ă©ditions : celle de M. Le Guern et celle de Ph. Sellier, autrement dit, dans le RO quand celui-ci comporte les fragments concernĂ©s, ce qui permet une derniĂšre comparaison, entre les Copies (ou PR) et le RO (les Ă©carts entre le RO et C1 sont soulignĂ©s) â ou qui la permettrait, si la lecture du RO Ă©tait toujours correcte. On pourra sâĂ©tonner de ce choix, qui a conduit JRA et DB a donner un texte « moderne » parfois incroyablement fautif, comme celui qui invente les tristement cĂ©lĂšbres « balourds » (pour les « hallebardes », lisibles dans le RO comme dans les Copies) ou incapable de se dĂ©marquer des fautes des Copies, comme celle des pittoresques « trognes armĂ©es » (pour les « troupes ») reprise par Le Guern, § 41 (p. 393), comme celle qui lit « que » et « on » pour les « qui » et « en » pascaliens, jadis parfaitement dĂ©chiffrĂ©s par Zacharie Tourneur (Sellier, § 527, ici p. 368) ou enfin comme la leçon absurde des « morts ressuscitĂ©s » (Sellier, § 182, ici p. 285). Mais sans doute JRA et DB ont-ils voulu donner les Ă©ditions « standard » les plus rĂ©centes, plutĂŽt que de reprendre le texte devenu indisponible de Tourneur et Anzieu. On peut le regretter.
Ainsi cette Ă©dition se compose-t-elle de 652 « segments » (609 venant de PR 1669 et 43 de PR 1678), numĂ©rotĂ©s en continu selon lâordre de PR, qui comprennent le texte original Ă©tabli par les Ă©diteurs modernes, puis, disposĂ©s en colonnes, les « fragments », câest-Ă -dire les unitĂ©s textuelles de C1 et les « pensĂ©es », câest-Ă -dire les articles prĂ©cĂ©dĂ©s dâun fleuron dans PR, eux-mĂȘmes munis des apparats critiques que nous nous sommes efforcĂ© de dĂ©crire. Elle est prĂ©cĂ©dĂ©e dâune introduction historique trĂšs bien venue, qui a pu tenir compte de la thĂšse rĂ©cente de M. PĂ©rouse, Lâinvention des PensĂ©es de Pascal. Les Ă©ditions de Port-Royal (1670-1678), Paris, Champion, 2009.
LâintĂ©rĂȘt de cette Ă©dition critique de PR 1669 et PR 1678 nâĂ©chappera donc Ă personne, qui permet dâĂ©valuer prĂ©cisĂ©ment toutes les interventions de leurs rĂ©viseurs, si sĂ©vĂšrement jugĂ©s depuis V. Cousin et P. FaugĂšre. JRA les rĂ©habilite, montrant au contraire quâils « ont tirĂ© le meilleur parti possible, selon leurs critĂšres, de âlâamas de pensĂ©es dĂ©tachĂ©esâ quâils avaient retrouvĂ© dans les papiers » de Pascal (p. 36). Leur travail â qui a pendant deux siĂšcles (jusquâĂ Condorcet) permis de lire les PensĂ©es â, fut « soigneux et attentif », leurs remaniements et leurs additions ne furent en gĂ©nĂ©ral, malgrĂ© quelques contresens, « ni des mutilations ni des ajouts factices ». Avouons enfin que le bon usage de cette Ă©dition requiert de la part de lâutilisateur une certaine familiaritĂ© avec elle, ne fĂ»t-ce quâen raison de sa complexitĂ© typographique. Restera aux chercheurs qui auront ce courage philologique Ă en tirer tout lâimmense parti quâon peut en attendre.
Vincent Carraud
1.2.17. PASCAL (Blaise), Pensées, trad. et intr. par A. J. Krailsheimer, intr. par Thomas S. Eliot, Londres, Folio Society, 2011 (trad. de 1966, éd. révisée de Penguin Book, 1995), XLVII-368 p.
1.2.18. PASCAL (Blaise), TraitĂ© du triangle arithmĂ©tique, Saint-Christophe-en-Bresse, Ed. Les caractĂšres dâUlysse, 2011, 64 p.
1.2.19. POULAIN DE LA BARRE (François), De lâĂ©galitĂ© des deux sexes. De lâĂ©ducation des dames. De lâexcellence des hommes, Ă©d. prĂ©s. et notes par Marie-FrĂ©dĂ©rique Pellegrin, Paris, Vrin, coll. « Textes cartĂ©siens », 2011, 426 p.
S. de Beauvoir a tirĂ© de lâoubli le nom de Poulain en plaçant en exergue au DeuxiĂšme sexe une de ses phrases : « Tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit par les hommes sur les femmes doit ĂȘtre suspect, car ils sont Ă la fois juge et partie », extraite du premier traitĂ© publiĂ© anonymement en 1673 (p. 93). Cette citation a permis, notamment outre-Atlantique, une dĂ©couverte de Poulain au-delĂ des Ă©tudes fĂ©ministes. La prĂ©sente Ă©dition, indispensable et prĂ©cĂ©dĂ©e dâune introduction claire, devrait faire (re) dĂ©couvrir Poulain bien au-delĂ des Ă©tudes cartĂ©siennes. LâA. est intĂ©ressant par son itinĂ©raire personnel, qui le fait passer du catholicisme au protestantisme « rationnel », de la philosophie scolastique au cartĂ©sianisme, du point de vue masculin au point de vue fĂ©minin. Les trois textes rĂ©unis visent Ă dĂ©truire les arguments des misogynes en usant de styles diffĂ©rents. LâenquĂȘte est prĂ©cise et la dĂ©monstration rigoureuse dans le Discours physique et moral sur LâĂ©galitĂ© des deux sexes. Lâintroduction souligne quâil sâagit dâune rĂ©flexion philosophique « sur lâidentitĂ© et la diffĂ©rence entre les sexes et sur les rapports entre nature et culture » (p. 12). Poulain sâappuie sur le dualisme cartĂ©sien pour « prouver » lâĂ©galitĂ© des esprits : « lâesprit nâa point de sexe » (p.â99-100). Il affirme que « la vĂ©ritĂ© et la science sont des biens imprescriptibles » (p.â116), que les femmes peuvent accĂ©der Ă tous les emplois, quâelles « sont capables des dignitĂ©s ecclĂ©siastiques » et dâĂȘtre « GĂ©nĂ©rales dâArmĂ©e » (p. 116-119). Le plaidoyer de Poulain sur lâinstruction dont doivent bĂ©nĂ©ficier les femmes pour accĂ©der Ă tous les emplois est rendu vivant par la forme dialoguĂ©e des Entretiens sur LâĂ©ducation pour la conduite de lâesprit dans les sciences et dans les mĆurs. PubliĂ©e en 1674, treize ans avant lâouvrage plus connu de FĂ©nelon, cette rĂ©forme de lâĂ©ducation des femmes insiste sur lâimportance de la philosophie. La p. 272 du CinquiĂšme Entretien, oĂč les ouvrages de Descartes (La MĂ©thode, Les MĂ©ditations, Le TraitĂ© de lâhomme, Le TraitĂ© des Passions, Les Principes et les Lettres Ă la Reine de SuĂšde et Ă la Princesse de BohĂȘme) figurent en trĂšs bonne place parmi les « livres quâil faut avoir », ne peut que rĂ©jouir les cartĂ©siens. Peu aprĂšs, Stasimaque, le double cartĂ©sien de Poulain, y explique sa conversion au cartĂ©sianisme (p. 277-283). Lâargumentation serrĂ©e sur la base des textes bibliques, source traditionnelle de la misogynie, est paradoxale dans Lâexcellence des hommes contre lâĂ©galitĂ© des sexes (1675), oĂč Poulain devient son propre contradicteur, faute de dĂ©bat sur ses ouvrages prĂ©cĂ©dents. Ces manifestes fĂ©ministes visent Ă Ă©radiquer les prĂ©jugĂ©s maintenant les femmes dans la sujĂ©tion (p. 54, p. 158), et issus de lâhistoire, du droit, de la philosophie de lâĂcole (p.â93-97) et de la religion. La trilogie fĂ©ministe de Poulain se clĂŽt sur lâaffirmation quâ « il nây a que lâamour qui nous donne de lâesprit et du plaisir » (p. 383).
Lâutilisation systĂ©matique de la bibliographie aurait permis de complĂ©ter des notes sur les dĂ©bats en France ou sur certains thĂšmes (la mĂ©lancolie), et dâapporter des nuances, notamment sur la mĂ©decine. Dâautres rĂ©fĂ©rences Ă Descartes pouvaient figurer, par ex. p. 113-114, sur la « liaison » de lâesprit avec le corps. Le thĂšme de la « connaissance de soi », en relation avec la connaissance de Dieu pouvait aussi ĂȘtre discutĂ© au regard de la tradition mĂ©dicale.
Annie Bitbol-HespériÚs
1.2.20. SUĂREZ (Francisco), Disputaciones metafisicas, Ă©ditĂ© par Sergio RĂĄbade Romeo, avec une Ă©tude prĂ©liminaire de Francisco LĂ©on Florido, Madrid, Tecnos, coll. « Los esenciales de la filosofia », 2011, 311 p.
1.3. INDEX, BIOGRAPHIE ET HISTORIOGRAPHIE
1.3.1. NICOLĂ (Laura), « Bibliografia sintetica delle opere di Descartes pubblicate in Inghilterra (secc. XVII-XVIII) », in DESSIÌ (Paola) & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), EreditaÌ cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 269-276.
1.3.2. PEDEN (Knox), « Descartes, Spinoza, and the Impasse of French Philosophy : Ferdinand Alquié versus Martial Gueroult », Modern Intellectual History, 2011, 8, 2, p. 361-390.
LâA. sâappuie sur la suggestion de M. Foucault suivant laquelle existerait une fracture en France entre cartĂ©siens et spinozistes â fracture soulignĂ©e par E. Roudinesco dans Philosophes dans la tourmente, Paris, 2005 (citĂ© dâaprĂšs lâĂ©dition amĂ©ricaine, Philosophy in Turbulent Times, New York, 2008, p. 31) â pour proposer une reconstruction de la querelle entre M. Gueroult et F. AlquiĂ©. Cette fracture Ă©clata explicitement en 1981, Ă la publication par AlquiĂ© de son Rationalisme de Spinoza oĂč il avançait une interprĂ©tation orientĂ©e par le concept de bĂ©atitude propre Ă la partie V de lâĂthique, alors que Gueroult (Spinoza II : LâĂąme, Paris, 1974) sâĂ©tait arrĂȘtĂ© sur la mĂ©taphysique et la thĂ©orie de lâĂąme des deux premiĂšres parties. Mais cette fracture pointait dĂ©jĂ longtemps auparavant, quand Gueroult fut nommĂ© au CollĂšge de France, en 1951, et AlquiĂ© Ă la Sorbonne en 1952. LâA. reconstruit les Ă©tapes Ă travers lesquelles la querelle, alimentĂ©e par les nombreux articles des deux protagonistes, se noue et se dĂ©ploie, sans jamais dĂ©boucher sur un accord. Lâanalyse se focalise plus particuliĂšrement sur deux moments oĂč la confrontation fut extrĂȘmement brĂ»lante : en 1955 Ă lâoccasion du colloque de Royaumont, et en 1972 Ă lâoccasion de celui de Bruxelles. Souvent reconstruit, cet Ă©vĂ©nement est sorti par lâA. du cadre des discussions vives quâil a pu susciter et qui conduisit Ch. Perelman Ă classer les historiens de la philosophie participant au dĂ©bat au Royaumont en trois sortes : ceux qui cherchaient un systĂšme, ceux qui cherchaient « lâhomme », et ceux qui cherchaient la vision dâune Ă©poque, dâun contexte social ou dâune classe. LâA., au contraire, reconnaĂźt dans cette querelle lâeffet de la diffusion en France de la phĂ©nomĂ©nologie et y voit la matrice dâoĂč sont dĂ©rivĂ©s de nouveaux travaux philosophiques, phĂ©nomĂ©nologiques avec J.-L. Marion, ou lacaniens avec Alain Badiou. On aurait attendu davantage sur ce point.
Giulia Belgioioso (trad. D.A.)
2. Ătudes gĂ©nĂ©rales
2.1. DESCARTES
2.1.1. ARMOGATHE (Jean-Robert), « Descartes em seu sĂ©culo », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 17-36.
2.1.2. BATTISTI (CĂ©sar Augusto), « A natureza do mecanicismo em Descartes », in SALVI (Rosana Figueiredo) & MARANDOLA (Eduardo Jr.) (Ă©d.), Geografia e interfaces de conhecimento : debates contemporĂąneos sobre ciĂȘncia, cultura e ambiente, Londrina, Editora da Universidad Estadual de Londrina, 2011, p. 13-30.
2.1.3. BIASOLI (Luis Fernando), Deus na Modernidade : RazĂŁo e TranscendĂȘncia em Descartes, Porto Alegre, Evangraf, 2011, 168 p.
2.1.4. BOUCHILLOUX (HĂ©lĂšne), L’ordre de la penseÌe. Lecture des MeÌditations meÌtaphysiques de Descartes, Paris, Hermann, 2011, 243 p.
AprĂšs plusieurs dĂ©cennies dâĂ©tudes sur la mĂ©taphysique de Descartes dont les rĂ©sultats importants se sont payĂ©s dâune complication Ă©norme des problĂšmes soulevĂ©s, de lâouverture de nouvelles questions et de bouleversements complets des perspectives, cet ouvrage a lâair tranquillisant dâun texte qui promet de ne pas Ă©craser le lecteur sous le poids de la littĂ©rature secondaire et de la discussion des interprĂ©tations accumulĂ©es sur tel ou tel point de la dĂ©marche cartĂ©sienne. Le bout de lâouvrage est de montrer lâimbrication entre ce que lâA. appelle « le fond de lâentreprise mĂ©taphysique de Descartes » â le cogito â, le fondement â Dieu â et les fonds â les vĂ©ritĂ©s repĂ©rĂ©es Ă partir de lâidĂ©e de Dieu. Il sâagit bien Ă©videmment de réélaborer en son essence le projet de fondation de la science qui a poussĂ© Descartes sur les chemins de la mĂ©taphysique. Pour ce faire, lâA. parcourt chaque Ă©tape des MĂ©ditations en essayant de reconstruire le mouvement continu de la pensĂ©e mĂ©ditative qui sây dĂ©ploie. Dans cette dĂ©marche, lâA. se confronte Ă tous les nĆuds problĂ©matiques qui ont tourmentĂ© et tourmentent encore la critique cartĂ©sienne : la prĂ©sence de la doctrine de la libre crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles dans le doute, la garantie des idĂ©es claires et distinctes, le rapport entre existence de Dieu et cogito, le rapport entre vĂ©ritĂ© et certitude, le rapport entre les preuves de lâexistence de Dieu⊠LâA. ne manque pas de souligner maints aspects surprenants du texte des MĂ©ditations, ravivant la capacitĂ© dâĂ©tonnement du lecteur devant un texte que les lectures trop nombreuses risquent dâavoir rendu faussement familier. Par exemple, on lui sera reconnaissant dâavoir remarquĂ© que, dans la thĂ©odicĂ©e de la SixiĂšme MĂ©ditation, D. « sâattache Ă repousser un Ă un tous les arguments visant Ă disculper Dieu » (p. 234). Jusquâau bout, la recherche cartĂ©sienne de la vĂ©ritĂ© sâaffirme en triomphant des puissantes difficultĂ©s quâelle rencontre et que D. nâessaye jamais dâaffaiblir.
Toutefois, ce qui fait le charme de ce livre â une lisibilitĂ© extrĂȘme unie Ă une grande densitĂ© â nâest pas sans poser quelques problĂšmes. Soit seulement un exemple : en discutant la question cĂ©lĂšbre du rapport entre certitude et vĂ©ritĂ©, lâA. nâhĂ©site pas Ă soumettre le cogito Ă la garantie divine, laquelle garantie lui permet de passer de lâaffirmation subjectivement nĂ©cessaire que je suis tant que je pense ĂȘtre, Ă la vĂ©ritĂ© « en soi » que je suis (p. 64). Une foule dâobjections se prĂ©sentent Ă lâesprit du lecteur, ici comme ailleurs, mais le manque de discussion des interprĂ©tations contraires Ă celle que propose lâA. empĂȘche un dĂ©bat interne Ă ce point Ă©pineux. Tel est pourtant le prix que lâA. a choisi de payer pour renouer avec une certaine fraĂźcheur de lecture. Il sâagit donc dâun livre faussement facile, qui sera lu avec plaisir par le « dĂ©butant » et avec curiositĂ© par le spĂ©cialiste, qui reconnaĂźtra comme des vieux amis (ou ennemis ?) les lieux sur lesquels il sâest lui-mĂȘme longuement engagĂ©, et qui acceptera volontiers le dĂ©fi de se mesurer avec les arguments que lâA. dĂ©veloppe pour soutenir ses choix interprĂ©tatifs.
Emanuela Scribano
2.1.5. CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p.
2.1.6. CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane), « Introduction », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 1-12.
2.1.7. CHEVALIER-CHANDEIGNE (Olivia), « Descartes et le principe dâinertie : un corrĂ©lat de la rĂ©forme cartĂ©sienne de la gĂ©omĂ©trie », in CLĂRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 79-92.
2.1.8. CLĂRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 2011, 188 p.
Le prĂ©sent recueil constitue la publication des actes dâun colloque ayant eu lieu Ă Rouen le 31 mars 2010. Lâune des Ă©tudes ne concerne que peu D. : il sâagit de « Lâerreur dans les Principes de la philsophie de Descartes de Spinoza, I, xv » de Ch. Jaquet (p. 61-77). Les sept autres sont centrĂ©es sur notre philosophe. Trois Ă©tudes de philosophie gĂ©nĂ©rale ouvrent le volume. E. Faye (« La dĂ©finition de la pensĂ©e et la conscience dans les Principia I, 9 et La Recherche de la VĂ©ritĂ© par la lumiĂšre naturelle », p. 15-28), reprend lâargumentation visant Ă attribuer Ă D. la constitution de la notion moderne de conscience contre la cĂ©lĂšbre confiscation en faveur de Locke opĂ©rĂ©e par Ăt. Balibar (J. LOCKE, IdentitĂ© et diffĂ©rence, Paris, Seuil, 1998, p. 9-101 ; voir aussi les rĂ©fĂ©rences donnĂ©es ici p. 18, note 8). Il signe son travail en concluant Ă bon droit quâ« en assimilant la pensĂ©e comme conscience Ă un tĂ©moignage intĂ©rieur, D. montre quâil nâa pas rompu avec le vocabulaire de la conscience morale » (p. 27). K. S. Ong-Van-Cung (« Notions et choses chez Descartes. Ă propos de Principes I, 48 », p. 29-46) argumente en faveur dâune Ă©volution « rĂ©aliste » (p. 48) de la physique entre Le monde, qui proposait plutĂŽt une science dâobjets, et Les principes, dâoĂč la nĂ©cessitĂ© dâune prudente revendication de « certitude morale » en matiĂšre de physique. La lecture est suggestive et donc audacieuse. Dâune part en ce quâelle passe sous silence lâarticle IV, 206 oĂč est revendiquĂ©e la certitude « plus que morale » « au moins » Ă propos des choses « principales et les plus gĂ©nĂ©rales » prĂ©sentĂ©es en 1647 (AT IX-2, 324), dâautre part en ce quâelle suggĂšre dâassimiler la notion : « celui qui pense ne peut pas ne pas exister pendant quâil pense » (AT IX-2, 46 ici traduit par lâA., p. 43) Ă une « formulation en troisiĂšme personne » de « je pense, donc je suis » (AT IX-2, 27), sans la rĂ©duire Ă la condition de possibilitĂ© de cet Ă©noncĂ©. P. Drieux, sous-entend dans « Des principes dâune union ââlibreââ ; lâunion des MĂ©ditations aux Principes » (p. 47-60) que lâun des enjeux essentiels de lâunion Ă©troite dâ« un certain corps » (AT IX-2, 64) avec mon esprit, telle quâelle est introduite dans la correspondance avec Elisabeth, constitue « une pondĂ©ration de lâidĂ©e de ââpersonneââ, câest-Ă -dire de lâunion substantielle, Ă laquelle il faut substituer un Ă©largissement du rapport au monde matĂ©riel [âŠ] qui nâest [âŠ] pas sans rapport avec ce que D. appelle [âŠ] aimer Dieu comme il faut » (p. 59-60). Les dimensions de lâĂ©tude ne permettent hĂ©las pas de construire cette thĂšse surprenante. Suivent deux textes dâhistoire des sciences par O. Chevalier-Chandeigne (« Descartes et la principe dâinertie : un corrĂ©lat de la rĂ©forme cartĂ©sienne de la gĂ©omĂ©trie », p. 79-92) et J. Seidengart (« La connaissance du monde dans les Principes de D. : mĂ©taphysique, physique et astronomie », p. 93-119). La premiĂšre insiste sur le jalon essentiel que constitue D. dans la mathĂ©matisation de la physique ; la seconde soutient que les suppositions de lâarticle III, 46 sont une marque de prudence liĂ©e Ă la condamnation de GalilĂ©e. A. Staquet interprĂšte dans « Lire les Principes comme un roman » (p. 121-143) ce qui aurait toute lâapparence dâun dĂ©fi lancĂ© au lecteur dâaujourdâhui par D. (AT IX-2, 11) comme un tour rhĂ©torique. Mais de toutes ces Ă©tudes, la plus notable est peut-ĂȘtre celle de J.-P. ClĂ©ro : « Les Principes de la philosophie, le TraitĂ© du monde et les fictions » (p. 145-185) qui dĂ©ploie une vaste interprĂ©tation de lâ« univers mental » (p. 175) de D. et traque les indices de son « dĂ©lire mathĂ©matique » (p. 158), le philosophe poussant Ă lâexcĂšs le raffinement gĂ©omĂ©trique lorsquâil sâagit en vain dâĂ©lucider la constitution des « rognures des petits recoins » de la matiĂšre. Dans les Principes ou ailleurs, câest toujours la mĂȘme chose : « il sâagit [âŠ] de produire du faux, connu comme faux, pour avoir des effets de vĂ©ritĂ©s ». On le comprend bien, il sâagit de montrer que chez D. aussi la vĂ©ritĂ© a structure de fiction (voir J. Lacan, notamment « Subversion du sujet et dialectique du dĂ©sir dans lâinconscient freudien », Ăcrits, Paris, 1999, t. 2, p. 288). Et ainsi donc, Ă partir des critiques de Pascal sur les inexactitudes de la « gĂ©omĂ©trie variable » de D. (le mot est de lâA., p. 156) jusquâĂ lâĂ©tude de sa physique en fonction du concept benthamien de fiction (p. 181) en passant par cette notion trĂšs lacanienne de vĂ©ritĂ©, câest un rĂ©sumĂ© de ses propres prĂ©occupations assaisonnĂ©es Ă la cartĂ©sienne que lâA. prĂ©sente ici, de maniĂšre Ă la fois ludique et Ă©clairante. Câest pourquoi il convient de souligner que ce texte dĂ©borde assez largement son statut apparent dâĂ©tude dâhistoire de la philosophie (quoiquâil en assume â assez Ă©lĂ©gamment et lĂ©gĂšrement â les contraintes de rigueur) pour devenir, entre les lignes, un beau tĂ©moignage de philosophie personnelle qui double Ă lui seul lâintĂ©rĂȘt de ce recueil.
Xavier Kieft
2.1.9. CLĂRO (Jean-Pierre), « Les Principes de la philosophie, le TraitĂ© du monde et les fictions », in CLĂRO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 145-184.
2.1.10. DRIEUX (Philippe), « Des principes dâune union « libre » ; lâunion des MĂ©ditations aux Principes », in FAYE (Emmanuel) & CLĂRO (Jean-Pierre), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 47-60.
2.1.11. FAYE (Emmanuel), « La dĂ©finition de la pensĂ©e et la conscience dans les Principia I, 9 et La recherche de la vĂ©ritĂ© dans la lumiĂšre naturelle », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 15-28.
2.1.12. GAUKROGER (Stephen), « René Descartes », in BERNECKER (Sven) & PRITCHARD (Duncun) (éd.) The Routledge companion to epistemology, New York, Routledge, 2011, xiii-911 p. ; Part IX, chap. 60, p. 678-686.
2.1.13. GIRARD (André), Les deux rationalismes. Blaise et René, préface de Pierre Léna, La Roche Rigault, PSR éd., 2011, 160 p.
2.1.14. GLAUSER (Richard), « Conscience et connaissance de la pensĂ©e chez Descartes », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 13-32.
2.1.15. JAQUET (Chantal), « Lâerreur dans les Principes de la philosophie de Descartes de Spinoza, I, XV », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 61-78.
2.1.16. JARA GUERRERO (Salvador), « La prudencia epistemológica cartesiana», Thémata, 44, 2011, p. 343-352. En ligne : http://institucional.us.es/revistas/themata/44/22%20Jara.pdf
2.1.17. KIBATA (Toshinobu), « Jushou kinen kouen Descartes no gakumon genri : kikagaku teki houhou de kouchiku sareta gakumon genri dai 1 bu [Les Principes de la philosophie de René Descartes : Principes de la philosophie, Partie 1, disposés en ordre géométrique] », Shakairiron-kenkyu, 2011, 12, p. 33-52 [en japonais].
2.1.18. MATSUDA (Katsunori), Kinsei tetsugakushi tenbyou : Descartes kara Spinoza he [Profil de lâhistoire de la philosophie moderne : de Descartes Ă Spinoza], Ohtsu, Kohro-sha, 2011, 254 p.
2.1.19. MATSUE (Keishi), Descartes no houhou [La méthode de Descartes], Kyoto, Kyoto University Press, 2011, 224 p.
2.1.20. ONG-VAN-CUNG (Kim Sang), « Notions et choses chez Descartes. A propos de Principes I, 48 », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel), (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 29-46.
2.1.21. PLATT (Andrew R.), « Divine Activity and Motive Power in Descartesâs Physics (Parts I & II) », British Journal for the History of Philosophy, 19, n°4, 2011, p. 623-646 et n°5, 2011, p. 849-871.
LâA. propose un rĂ©examen de la causalitĂ© dans la physique de Descartes. Sâopposant Ă lâinterprĂ©tation partiellement occasionnaliste de G. Hatfield et D. Garber (on trouve une discussion serrĂ©e de leur thĂšse dans la deuxiĂšme partie de lâarticle, p. 855-868), il reprend Ă son compte (en la modifiant) lâinterprĂ©tation la plus rĂ©pandue, qui voit en Descartes un prolongement des thĂ©ories scolastiques, notamment celle de Thomas dâAquin, sur le concours divin. LâA. passe en revue les arguments de certains commentateurs (M. Gueroult, A. Gabbey, K. Clatterbaugh, M. Della Rocca, D. Des Chene, H. Hattab, A. Pessin). La ligne de partage entre occasionnalisme et thĂ©orie du concours divin apparaĂźt claire : elle repose sur lâidĂ©e dâun pouvoir causal « intrinsĂšque », quâon attribue ou non aux corps. Lâapport de cet article consiste, principalement, dans la rĂ©ponse aux arguments de Hatfield et la recherche dâun accord entre la conception cartĂ©sienne de la causalitĂ© et les prises de position mĂ©taphysiques fondamentales de Descartes, notamment lâidĂ©e que Dieu est la cause immĂ©diate de tous les mouvements du monde créé. Le rĂ©sultat de ce travail est de faire apparaĂźtre la thĂ©orie de Descartes comme un « Ă©cart », subtil, par rapport Ă la stricte thĂšse thomiste.
Il semble bien, comme le souligne lâA., que Descartes ne peut ĂȘtre rangĂ© parmi les occasionnalistes, dans la mesure oĂč il prĂȘte aux substances créées des pouvoirs causaux rĂ©ellement actifs, partiellement fondĂ©s dans leur nature intrinsĂšque. Toutefois, un passage de la correspondance avec Elisabeth semble tout Ă fait correspondre Ă lâĂ©noncĂ© dâune thĂšse occasionnaliste (lettre Ă Elisabeth du 6 octobre 1645 ; AT IV 314). Selon lâA., ce passage est emblĂ©matique des nuances de la pensĂ©e cartĂ©sienne : certes, Dieu est pour Descartes la cause de tous les effets du monde, ceux des esprits et ceux des corps naturels ; certes, il est la cause immĂ©diate des mouvements ; mais, dâune part, il nâest pas nĂ©cessairement, dâaprĂšs ce passage, la cause immĂ©diate de tous les effets, câest-Ă -dire de lâaction des esprits et, dâautre part, mĂȘme sâil cause immĂ©diatement le mouvement, il nâest pas nĂ©cessairement la seule cause du mouvement. Cette nuance de la pensĂ©e cartĂ©sienne, qui revient Ă mĂ©nager aux corps une participation aux actions du monde, constitue la conclusion de lâarticle sur la pensĂ©e « complexe » de Descartes (a complicated causal story, p. 870). Le centre du problĂšme rĂ©side dans la conception cartĂ©sienne du corps, rĂ©duit Ă lâĂ©tendue. Les aristotĂ©liciens attribuaient les pouvoirs causaux aux formes substantielles incorporelles, ce que ne peut plus faire Descartes. LâA. cherche donc Ă montrer que toutes les forces physiques pensĂ©es par Descartes peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme des propriĂ©tĂ©s « intrinsĂšques » de leur Ă©tendue. Et câest lĂ quâon peut formuler une objection Ă lâA. Bien sĂ»r, on peut attribuer la force du mouvement aux corps eux-mĂȘmes (p. 854), en la rĂ©fĂ©rant aux caractĂ©ristiques que sont leur grandeur et leur vitesse â encore que la vitesse ne soit pas, de maniĂšre Ă©vidente, une propriĂ©tĂ© « intrinsĂšque » â, mais peut-on le faire Ă propos du repos ? Peut-on rĂ©ellement « inscrire » dans les corps la rĂ©sistance quâils ont Ă se mouvoir, lorsquâils sont immobiles ? Ă quel mode de lâĂ©tendue attribuer cette force ? Certes, Descartes la conçoit en fonction de la grandeur du corps mais, avant dâĂȘtre Ă©valuĂ©e en fonction de cette grandeur, il faut bien quâelle existe autrement que dans la taille ou la figure dâun objet qui, en elles-mĂȘmes, ne semblent pas impliquer cette propriĂ©tĂ©. Or, lâA. ne rĂ©pond pas Ă cette question. Il Ă©voque rapidement la question de la rĂ©sistance des corps, quand ils sont au repos, parmi les autres propriĂ©tĂ©s dĂ©rivĂ©es de la persĂ©vĂ©rance dâun corps dans son Ă©tat (p. 853). LâA. souligne bien (p. 867) que le rĂŽle causal des propriĂ©tĂ©s intrinsĂšques des corps apparaĂźt clairement dans les rĂšgles du choc (Principes, II, 46-52) et que câest donc lĂ aussi que le problĂšme est le plus criant.
Attention toutefois : il nâest pas question de dire que la lecture occasionnaliste est la bonne, mĂȘme si elle sauve, de maniĂšre claire, la cohĂ©rence du texte cartĂ©sien (au prix, peut-ĂȘtre, dâune certaine infidĂ©litĂ©). Peut-ĂȘtre y a-t-il, chez Descartes, une incohĂ©rence plutĂŽt quâune « complexitĂ© », car lâA. reconnaĂźt lui-mĂȘme quâon ne trouve pas de passage cartĂ©sien qui fasse la totale clartĂ© sur cette question (p. 865). En tout cas, son interprĂ©tation engage une certaine lecture des textes (p. 862-863) : les passages du Monde, oĂč Descartes semble dire quâil y a des changements naturels qui ne sont pas causĂ©s par Dieu, sont lus, non comme une Ă©tape qui prĂ©cĂšderait les thĂšses de la maturitĂ©, mais comme une assertion en accord avec les textes ultĂ©rieurs (notamment les Principes), oĂč apparaĂźt le fait que Dieu nâest pas la seule et unique cause de tous les mouvements â lecture qui sâoppose Ă celle de D. Garber.
Soulignons, enfin, que lâA. se dĂ©marque nettement de certaines thĂšses qui, pourtant, adoptent aussi lâinterprĂ©tation du concours divin apportĂ© aux crĂ©atures. Par exemple, il rejette de maniĂšre convaincante lâidĂ©e dâA. Gabbey et M. Gueroult, selon laquelle la force crĂ©atrice de Dieu â qui maintient les corps dans lâexistence â serait la mĂȘme que la force motrice, par laquelle les corps causent des changements dans les Ă©tats de mouvement dâautres corps (p. 633). La dĂ©monstration de lâA. est aussi convaincante, quand il sâagit de montrer que lâinterprĂ©tation occasionnaliste est en tension avec les textes cartĂ©siens. Cet article, par la clartĂ© avec laquelle il confronte les diffĂ©rents textes et leurs diffĂ©rentes interprĂ©tations, et par sa tentative pour trouver une solution dâensemble au problĂšme, apparaĂźt comme un Ă©lĂ©ment essentiel au traitement de la question.
Philippe Boulier
2.1.22. SCHMITT (Arbogast), Denken und Sein bei Platon und Descartes, Heidelberg, Universitatsverlag Winter, 2011, xii-184 p.
2.1.23. SEIDENGART (Jean), « La connaissance du Monde dans les Principes de Descartes : MĂ©taphysique, Physique et Astronomie », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE (Emmanuel) (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 93-120.
2.1.24. STAQUET (Anne), « Lire les Principes comme un roman », in CLERO (Jean-Pierre) & FAYE, Emmanuel (Ă©d.), Descartes, des principes aux pheÌnomeÌnes, Paris, Armand Colin, 188 p. ; p. 121-144.
2.1.25. STROUD (Barry), « Our Debt to Descartes », in STROUD (Barry), Philosophers past and présent : Selected essays, Oxford, Clarendon Press, 2011, 338 p. ; p. 11-28. Reprend id., in BROUGHTON (Janet) & CARRIERO (John P.) (éd.), A companion to Descartes, Blackwell, Oxford, 2008, p. 513-525 [cf. BC XXXIX 3.1.19 et 3.1.128]
2.1.26. TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, 2011, 346 p. [contient des communications de J.-R. Armogathe, Th. M. Lennon, L. Renault, W. Starzynski, E. M. da Rocha, M. Chaves-TannĂșs, E. Forlin, H.A. de Oliveira Guido, C. A. Battisti, M. C. Seneda, M. C. de O.F. Donatelli, D. Medeiros, A. G. Tadeu de Soares. Voir Ă ces noms.]
2.1.27. TOMIYOSHI (Takechika) (éd.), René Descartes to Takizawa Katsumi [René Descartes et Takizawa Katsumi], Fukuoka, Sogensha, 2011, 441 p.
2.1.28. TREVISANI (Franco), Descartes in Deutschland, MĂŒnster, LIT, 2011, 360 p., traduction de Descartes in Germania, Milan, Francoangeli, 1992, 491 p. (cf. BC XXIII, 2.2.6.).
2.1.29. UENO (Osamu), Descartes, Hobbes, Spinoza: tetsugaku suru 17 seiki [Descartes, Hobbes, Spinoza: XVIIe siĂšcle qui philosophe], Tokyo, Kodansha Gakujutsu Bunko, 2011, 263 p.
2.1.30. WEINRYB (Eleazar), ŚŚŚ ŚąŚ ŚŚŚŚŚ§Śš [De Descartes Ă Hume], Raanana, ha-Universita ha-petuha [UniversitĂ© Libre], 2011, 3 vol ; vol. 1 « Descartes-Spinoza ».
2.1.31. ĐĐĐĐĐĐĄĐĐ (ĐаŃОл ĐŃĐ°ĐœĐžĐŒĐžŃĐŸĐČ), ĐДЎŃĐŸŃĐŸ ĐœĐ° ĐŃŃĐŸĐœ ŃŃĐ”ŃŃ ĐŽŃŃĐČĐŸŃĐŸ ĐœĐ° ĐĐ”ĐșаŃŃ : ĐČŃĐČĐ”Đ¶ĐŽĐ°ĐœĐ” [VIDINSKI (Vasil Branimorov), Le seau de Newton et lâarbre de Descartes], ĐĄĐŸŃĐžŃ, ĐŁĐœĐžĐČ. ОзЎ. « ХĐČ. ĐĐ»ĐžĐŒĐ”ĐœŃ ĐŃ ŃОЎŃĐșО », 2011, 376 p. [en bulgare].
2.1.32. ĐĄĐĐĐĐĐĐ (ĐаŃОлОĐč ĐаŃОлŃĐ”ĐČĐžŃ), Đ€ĐžĐ»ĐŸŃĐŸŃĐžŃ ĐŽŃŃ Đ° Đž ĐŒĐ°ŃĐ”ŃОО Đ Đ”ĐœĐ” ĐĐ”ĐșаŃŃа [SOKOLOV (Vassili VassilĂ©vitch), La philosophie de lâesprit et de la matiĂšre de RenĂ© Descartes], ĐĐŸŃĐșĐČа, ĐĐœ. ĐŽĐŸĐŒ « ĐĐĐĐ ĐĐĐĐ », 2011, 143 p. [en russe].
2.2. CARTESIENS
2.2.1. AALDERINK (Mark), Philosophy, Scientific Knowledge, and Concept Formation in Geulincx and Descartes, Utrecht, Quaestiones Infinitae, 2010, 446 p. (Oubli du BC XLI.)
Cet ouvrage constitue la thĂšse de doctorat soutenue par lâA. en 2011 Ă lâUniversitĂ© dâUtrecht sous la direction de Theo Verbeek. Elle sâinscrit donc dans la lignĂ©e des recherches menĂ©es sur le cartĂ©sianisme nĂ©erlandais et son apport principal rĂ©side dans lâĂ©tude contextualisĂ©e quâelle offre de la pensĂ©e du philosophe Arnout Geulincx.
La plupart des Ă©tudes consacrĂ©es Ă Geulincx soit lâabordent par le prisme de lâoccasionnalisme (cf. A. DE LATTRE, LâOccasionalisme dâArnold Geulincx, Paris, 1967 ; S. NADLER, Occasionalism. Causation Among the Cartesians, Oxford, 2011), soit lâinscrivent dans une ligne qui va de D. Ă Spinoza et insistent surtout sur le rapport de filiation et de dĂ©marcation dâavec ce dernier (cf. B. ROUSSET, Geulincx entre Descartes et Spinoza, Paris, 1999). Depuis lâouvrage dâE. Terraillon (La Morale de Geulincx dans ses rapports avec la philosophie de Descartes, Paris, 1912), et si lâon excepte la lecture de H. De Vleeschauwer qui tend Ă faire de Geulincx un philosophe dont la dimension mystique confĂšre Ă sa pensĂ©e une autonomie qui la situe en marge du strict rationalisme philosophique, la question est alors de savoir si Geulincx doit ĂȘtre plutĂŽt considĂ©rĂ© comme un disciple de D. ou comme un prĂ©curseur de Spinoza. La thĂšse de M. Aalderink se soucie peu du rapport Ă Spinoza (on trouve seulement 4 occurrences renvoyant Ă cet auteur en un peu plus de 400 pages) et cette perspective nâest Ă©voquĂ©e quâau titre de piste pouvant ĂȘtre explorĂ©e Ă lâavenir. Câest quâil sâagit non pas tant dâĂ©valuer lâimportance de Geulincx dans lâĂ©laboration du spinozisme que de ressaisir la spĂ©cificitĂ© de la philosophie de cet auteur tout en prenant la mesure de ce quâil doit Ă D. â et lâun des apports de lâouvrage consiste peut-ĂȘtre dâailleurs Ă montrer quâil ne lui doit pas tant que cela.
Du point de vue thĂ©matique, lâouvrage se concentre principalement sur la thĂ©orie de la connaissance proposĂ©e par Geulincx. Cet aspect de la pensĂ©e du philosophe flamand a fort peu Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© (Rousset sâĂ©tait ainsi concentrĂ© sur les savoirs positifs prĂ©sentĂ©s dans la mĂ©taphysique, la physique et lâĂ©thique, plutĂŽt que sur les formes de raisonnement thĂ©matisĂ©es et employĂ©es par Geulincx). La question qui anime lâensemble de lâouvrage est donc la suivante : pouvons-nous connaĂźtre la rĂ©alitĂ© telle quâelle est et pourquoi ? Câest Ă cette question que les aristotĂ©liciens, D. et Geulincx apportent des rĂ©ponses diffĂ©rentes. Lâouvrage est divisĂ© en quatre parties : la premiĂšre (p. 15-114) porte sur la thĂ©orie de lâerreur (que Geulincx applique principalement Ă la philosophie aristotĂ©licienne), la seconde (p. 115-204) sur la thĂ©orie de la science (au sens particulier que revĂȘt le terme de scientia dans la tradition aristotĂ©licienne), la troisiĂšme (p. 205-349) sur la thĂ©orie de la connaissance et la formation des concepts, la quatriĂšme (p. 351-396) sur le rapport entre la pensĂ©e et la rĂ©alitĂ© Ă travers le thĂšme des structures conceptuelles qui rendent cette rĂ©alitĂ© intelligible.
Comme ce rĂ©sumĂ© lâindique, Geulincx adopte des aspects de la philosophie cartĂ©sienne tout en les mettant en discussion avec lâaristotĂ©lisme de son Ă©poque. LâaristotĂ©lisme, dans ses formes diverses, sert Ă la fois de repoussoir Ă une thĂ©orie renouvelĂ©e de la connaissance scientifique et de cadre conceptuel de rĂ©fĂ©rence pour des domaines, en particulier celui de la logique, sur lesquels les Ćuvres de D. ne fournissent pas toujours de rĂ©ponse, ou du moins de rĂ©ponse dĂ©nuĂ©e dâambiguĂŻtĂ©. Les dĂ©veloppements sur D. comme sur diffĂ©rentes philosophies antĂ©rieures (Thomas dâAquin, Duns Scot, Zabarella, F. Bacon) ou contemporaines (De Raey, Burgersdijk, Clauberg) valent surtout comme point dâappui de la comparaison des textes de Geulincx avec ce dont il a pu se nourrir ou se dĂ©marquer. LâA. offre ainsi une bonne synthĂšse de la thĂ©orie aristotĂ©licienne de la science (p. 118-125). Il montre que la notion dâidĂ©e chez Geulincx, qui renvoie au concept complet de lâessence dâune chose, trouve sa source dans une tradition platonicienne plutĂŽt que cartĂ©sienne (chap. 6, p. 251-294). Par opposition, la connaissance des propriĂ©tĂ©s des choses relĂšve, pour Geulincx, dâune construction intellectuelle qui manifeste que nos modes de pensĂ©e ne nous donnent pas accĂšs aux choses dans une pure transparence cognitive. En cela, Geulincx sâĂ©loigne Ă la fois de la tradition aristotĂ©licienne et de D. Dans la mesure oĂč, pour le philosophe flamand, nous ne pouvons nous rendre la rĂ©alitĂ© intelligible quâĂ travers des notions transcendantales telles que celle dâens, nous ne pouvons connaĂźtre cette rĂ©alitĂ© telle quâelle est. La connaissance scientifique, pour Geulincx, ne peut donc prendre que le nom de doctrina, câest-Ă -dire de connaissance des propriĂ©tĂ©s des choses telles quâelles nous apparaissent. Au fur et Ă mesure de la progression de lâouvrage, le lecteur, malgrĂ© ou prĂ©cisĂ©ment Ă cause de la comparaison systĂ©matique avec D., en vient sans doute Ă se demander ce que Geulincx peut bien encore avoir de cartĂ©sien et si cela a mĂȘme un sens de lui attribuer ce qualificatif. Il est vrai quâĂ lâencontre de ce quâune telle dĂ©marche comparative aurait pu nous laisser penser, lâangle dâapproche adoptĂ© par lâA. conduit sans doute Ă souligner davantage les divergences que les convergences entre D. et Geulincx. Il ne sâagit certes pas de remettre en question lâinfluence du premier sur le second puisquâelle est bien attestĂ©e, ne serait-ce quâĂ travers le commentaire des Principia philosophiae auquel Geulincx sâest livrĂ©. Mais lâinterprĂ©tation de M. Aalderink contribue sans aucun doute Ă mettre en valeur lâoriginalitĂ© de Geulincx, quand bien mĂȘme cette originalitĂ© reposerait sur une forme de syncrĂ©tisme philosophique.
Contrairement Ă ce que lâA. annonce comme une des deux questions principales auxquelles cet ouvrage vise Ă apporter une rĂ©ponse, il nâest pas absolument certain que la thĂ©orie de la connaissance de Geulincx nous Ă©claire de façon dĂ©cisive sur la philosophie de Descartes. La conclusion de lâouvrage fait dâailleurs preuve dâhonnĂȘtetĂ© en ce quâelle souligne que la pensĂ©e de Geulincx fait surtout apparaĂźtre dans quelle mesure D. nâa pas apportĂ© de rĂ©ponse, ou du moins pas de rĂ©ponse satisfaisante, Ă certaines questions philosophiques de son Ă©poque. Peut-ĂȘtre faut-il considĂ©rer que D. ne sâest pas vraiment posĂ© ces questions. Mais il nous semble que lâenjeu principal de lâouvrage consiste plutĂŽt Ă Ă©valuer la position de Geulincx par rapport Ă ce quâil est convenu dâappeler lâidĂ©alisme. Certes, E. Cassirer notamment avait dĂ©jĂ abordĂ© la pensĂ©e de Geulincx sous cet angle (cf. Das Erkenntnisproblem in der Philosophie und Wissenschaft der neueren Zeit, Berlin, 1906-1907). Mais lâA. apporte sur cette question un traitement trĂšs complet et surtout une remise en contexte historique tout Ă fait utile. Autrement dit, pour Geulincx, la philosophie, mais Ă©galement la physique, lâĂ©thique ou la thĂ©ologie naturelle, sont-elles en mesure de nous faire connaĂźtre la rĂ©alitĂ© telle quâelle est ? LâA. apporte une rĂ©ponse synthĂ©tique Ă cette question dans un appendice (p. 401-403). Il voit en Geulincx un tenant dâune forme dâidĂ©alisme prĂ©-kantien plutĂŽt que prĂ©-berkeleyen (toute la rĂ©alitĂ© nâest pas rĂ©duite Ă lâesprit, mais il nâest pas possible de connaĂźtre cette rĂ©alitĂ© telle quâelle est), mais dâun idĂ©alisme limitĂ© dans la mesure oĂč nous avons accĂšs aux idĂ©es en Dieu. Ătant donnĂ© quâil y va lĂ dâun des enjeux principaux de cette lecture de Geulincx, peut-ĂȘtre lâouvrage aurait-il gagnĂ© Ă ĂȘtre organisĂ© explicitement et dans son ensemble autour du traitement de cette question. Reste que la minutie avec laquelle les textes sont Ă©tudiĂ©s et confrontĂ©s Ă divers courants philosophiques contribue Ă prĂ©senter, Ă travers la figure de Geulincx, une facette originale du cartĂ©sianisme nĂ©erlandais.
Delphine Bellis
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Ce collectif rassemble plusieurs articles en lâhonneur de Paul Hoffman, dĂ©cĂ©dĂ© en mai 2010. Cet hommage nâest pas seulement circonstanciel, et il se traduit par la volontĂ© de prolonger une certaine mĂ©thode en histoire de la philosophie moderne, notamment Ă travers le commentaire de D. â mĂ©thode caractĂ©risĂ©e par le souci, rĂ©affirmĂ© par J. Carriero dans la prĂ©sentation de cet ouvrage, de lire D. Ă la lumiĂšre dâune connaissance approfondie de lâarriĂšre-plan scolastique et aristotĂ©licien, mais aussi au moyen dâune pratique analytique de la dispute argumentĂ©e fondĂ©e sur des thĂšses clairement identifiables (voire parfois un peu « standardisĂ©es ») et des arguments prĂ©cis et tranchants.
Il est donc tout naturel que certains articles rĂ©digĂ©s dans cette perspective tentent de souligner une certaine continuitĂ© entre la philosophie de D. et la tradition scolastique. Exemplaire Ă cet Ă©gard est le texte de J. W. Hwang (« Descartes and the Aristotelian Framework of Sensory Perception », p. 111-148) qui soutient que la thĂ©orie cartĂ©sienne de lâidĂ©e sensible et plus gĂ©nĂ©ralement de la reprĂ©sentation conserve des caractĂ©ristiques importantes et centrales de la thĂ©orie thomiste des « espĂšces » et des « formes », notamment en raison de la dimension ontologique que D. accorde aux idĂ©es. Cette thĂšse tend Ă rĂ©tablir une continuitĂ© entre la pensĂ©e cartĂ©sienne et le rĂ©alisme direct de tradition scolastique (ce qui implique une lecture discutable de la SixiĂšme MĂ©ditation, notamment en AT IX 59, 94-98). Cette question du reprĂ©sentationalisme de D. est Ă©galement un enjeu central dans lâarticle de L. Newman (« Sensory Doubts and the Directness of Perception in the Meditations », p. 205-222) qui dĂ©bat sur ce point avec J. Carriero (la question du « voile des idĂ©es » Ă©tant bien entendu un thĂšme classique des Ă©tudes cartĂ©siennes). On peut toutefois regretter que cette dispute opposant une « Direct Theory of Perception (DTP) » et une « Indirect Theory of Perception (ITP) » tende Ă occulter la complexitĂ© du texte cartĂ©sien pour privilĂ©gier un affrontement entre des thĂšses quelque peu unilatĂ©rales. Ainsi, le dĂ©bat sâappuie sur une idĂ©e trĂšs intĂ©ressante quâexpriment les deux auteurs, Ă savoir que le doute mĂ©taphysique nâimplique pas en tant que tel une thĂ©orie reprĂ©sentationaliste et indirecte de la perception (et donc lâexistence dâun « voile des idĂ©es ») ; mais la thĂšse de J. Carriero selon laquelle, au terme des MĂ©ditations, D. ne soutiendrait pas un rĂ©alisme reprĂ©sentatif mais plutĂŽt une thĂ©orie de la « perception directe » selon laquelle nous percevons immĂ©diatement les objets du monde (dans la perception normale) est pour le moins peu vraisemblable ; il est dĂšs lors facile pour L. Newman de dĂ©fendre lâinterprĂ©tation standard de la position cartĂ©sienne, si bien que la dispute semble quelque peu piĂ©tiner. On attendrait une interprĂ©tation plus raffinĂ©e sur ce problĂšme. â Cependant, la connaissance approfondie de lâarriĂšre-plan scolastique permet des analyses conceptuelles intĂ©ressantes et subtiles de lâĆuvre cartĂ©sienne. Ainsi, le texte de M. Rozemond (« Real Distinction, Separability, and Corporeal Substance in Descartes », p. 240-258, qui doit beaucoup au travail de P.âHoffman sur la notion cartĂ©sienne de distinction et sur les diffĂ©rents types de sĂ©parabilitĂ©, comme le texte de D. J. Brown consacrĂ© Ă la rĂ©appropriation cartĂ©sienne de la « distinction formelle ») montre que la sĂ©parabilitĂ© au sens fort et existentiel du terme (la possibilitĂ© pour une substance a dâexister par soi sans quâexiste une autre substance b) nâest pas nĂ©cessairement une composante intrinsĂšque de la distinction rĂ©elle, qui peut simplement impliquer une sĂ©parabilitĂ© dans un sens plus faible, eu Ă©gard Ă la particularitĂ© des entitĂ©s considĂ©rĂ©es (ce sens plus faible de sĂ©parabilitĂ© sera Ă©galement thĂ©matisĂ© par Leibniz, Ă propos des corps matĂ©riels). Ainsi, un corps matĂ©riel ne peut pas exister sans les autres corps, mais cela ne signifie pas quâil ne puisse exister sans tel ou tel corps « en particulier ». Cette idĂ©e permet de rĂ©futer lâinterprĂ©tation moniste de la substance Ă©tendue chez D. Dans un autre texte Ă©galement nourri par la connaissance de la tradition scolastique (« Cartesian Unions », p. 223-239), C. G. Normore montre que D. peut affirmer dans la Correspondance avec Regius que lâhomme est un « ĂȘtre par soi » sans pour autant que cette affirmation lĂ©gitime la thĂšse cĂ©lĂšbre et sans doute trop risquĂ©e de P. Hoffman selon laquelle lâhomme cartĂ©sien est une vĂ©ritable « substance » (ce que D. nâa jamais affirmĂ©). â Trois autres articles ont une stratĂ©gie plus singuliĂšre par rapport Ă lâensemble du recueil. L. Shapiro (« Descartesâs Pineal Gland Reconsidered », p. 259-286) offre une analyse dĂ©taillĂ©e du rĂŽle rĂ©gulateur et du fonctionnement de la « glande pinĂ©ale » chez D., indĂ©pendamment de la perspective classique relative Ă lâinteraction du corps et de lâesprit. M. Della Rocca (« Taking the Fourth : Steps toward a New (Old) Reading of Descartes », p. 93-110), dans un texte stimulant mais qui ne convainc pas totalement, tente de dĂ©gager Ă partir de la QuatriĂšme MĂ©ditation une version nouvelle et plus grave du « cercle vicieux », problĂšme auquel il rĂ©pond, dans la continuitĂ© du travail de H. Frankfurt, par lâhypothĂšse selon laquelle D. dĂ©velopperait une thĂ©orie cohĂ©rentiste de la vĂ©ritĂ©. Cette hypothĂšse lâamĂšne tout naturellement Ă convoquer le cĂ©lĂšbre passage des Secondes RĂ©ponses (AT IX, 113-114) relatif pour certains commentateurs Ă la possibilitĂ© dâune « faussetĂ© absolue » que Frankfurt avait interprĂ©tĂ© dans un sens sceptique. O. Koistinen (« Descartes in Kantâs Transcendantal Deduction », p. 149-163) effectue quant Ă lui un rapprochement entre la philosophie cartĂ©sienne et la conception kantienne du jugement, dĂ©marche qui ne surprendra pas les lecteurs accoutumĂ©s notamment aux analyses de J.-L. Marion.
Cet ouvrage illustre en partie les avantages et les inconvĂ©nients dâune lecture « scolastique » (dans le contenu et dans la mĂ©thode) de D. : la finesse de certaines analyses conceptuelles et la pertinence de certains rapprochements avec la tradition scolastique, la clartĂ© des arguments convoquĂ©s dans la dispute interprĂ©tative et, dâun autre cĂŽtĂ©, parfois, une occultation de la complexitĂ© textuelle par des thĂšses trop standardisĂ©es et unilatĂ©rales, dont la dĂ©monstration peut ĂȘtre artificielle et trop subordonnĂ©e aux exigences de la disputatio.
Frédéric Lelong
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2.2.46. GROSHOLZ (Emily), « Space and Time », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 51-70.
2.2.47. GUENANCIA (Pierre), Divertissements pascaliens, Paris, Hermann, 256 p.
Que le lecteur ne sây laisse pas tromper : ces divertissements nâont rien de frivole. Les neufs Ă©tudes, dont la moitiĂ© inĂ©dites, rassemblĂ©es ici par lâA. portent sur des thĂ©matiques aussi fondamentales que celles de « La critique du droit et de la politique », ou de « La destruction de la chose ». Dans les quatre parties de lâouvrage, la pensĂ©e pascalienne fait lâobjet dâun questionnement qui relĂšve des domaines de la politique, de lâĂ©pistĂ©mologie, de la psychologie et de lâontologie. Ce nâest donc pas le contenu mais plutĂŽt la forme qui fait de ces Ă©tudes des divertissements, câest-Ă -dire de « libre[s] conversation[s] sur des sujets trĂšs pascaliens » (p. 11). Comme lâA. le rappelle dans son « Avant-propos » (p. 7-11), la spĂ©cificitĂ© de la pensĂ©e pascalienne est celle dâĂȘtre « une philosophie en acte » qui nâhĂ©site pas Ă poser des questions capitales dâune façon « directe et sans protocole, en harcelant le lecteur » (p. 8). Il sâagit donc dâune pensĂ©e libre (p. 11) qui se moque dâune philosophie « qui a tendance Ă se prendre [âŠ] trop au sĂ©rieux, au lieu de prendre au sĂ©rieux les problĂšmes philosophiques eux-mĂȘmes » (p. 8). De ce « philosopher » (p. 9) qui ne se laisse jamais figer en doctrine, lâA. risque mĂȘme une dĂ©finition militaire : il sâagit de dĂ©ployer « une stratĂ©gie dâencerclement de la philosophie qui lâoblige Ă renoncer Ă ses prĂ©tentions, [âŠ] de maintenir un Ă©tat de guerre, ou de guĂ©rilla, dans le champ de la raison philosophique » (p. 243-244). Ce combat pascalien peut prendre les formes dâun dĂ©chiffrement ou dâune reconstitution dâune gĂ©nĂ©alogie critique de lâordre politique (p. 55-57) : il sâagira alors de reconnaĂźtre aux lois positives la fonction dâune « idĂ©e plus rĂ©gulatrice que dĂ©terminante », dont on nâa quâune « perception nĂ©gative » (p. 40) mais dont la prĂ©sence hante, pour ainsi dire, les analyses pascaliennes du droit Ă©tabli et de la politique (chap. I, p. 37-71). Mais se moquer de la philosophie peut signifier aussi opĂ©rer une « critique de la raison » en rendant la raison elle mĂȘme critique, câest-Ă -dire autocritique et consciente de ses limites. En ce sens, selon lâA., Pascal formule une dĂ©finition de la justice et de la tyrannie qui fait fond sur le principe Ă©pistĂ©mologique de la sĂ©paration et de la distinction des ordres (chap. I, p. 15-36). Dâautre part, il faudra penser les premiers principes comme des limites qui marquent la frontiĂšre extrĂȘme de la connaissance, limites dont la primautĂ© est de toute autre nature que celle de « premiĂšres choses quâon peut connaĂźtre en philosophant par ordre » (AT III, 239 ; chap IV, p. 99-135). LâA. peut ainsi souligner le caractĂšre ouvert, sinon aporĂ©tique, de lâontologie pascalienne (chap. VII-IX, p. 191-254), dont tĂ©moignerait aussi bien lâanalyse de la temporalitĂ© qui est Ă la base de la phĂ©nomĂ©nologie du divertissement que « lâabstention (ou lâagnosticisme) ontologique et mĂ©taphysique de Pascal sur la question du MĂȘme et de lâAutre » (p. 239) lorsquâil sâagit de dĂ©finir « la chose (ou substance), le monde (ou totalitĂ©), le moi (ou suppĂŽt) » (p. 234). Mais le « philosopher » pascalien nâest pas seulement une attitude critique. Il ouvre aussi la possibilitĂ© dâune approche diffĂ©rente et inĂ©dite aux problĂ©matiques philosophiques (chap. VI-VII, p. 155-188) dont lâA. reconnaĂźt les traces dans la distinction entre soi et moi et dans la notion de figure conçue comme « un procĂ©dĂ© Ă©pistĂ©mologique [âŠ] qui Ă©largit le champ de la reprĂ©sentation sans donner lâillusion de rendre prĂ©sent ce qui est absent ou par nature non prĂ©sentifiable » (p. 188). En sâappuyant sur des analyses aussi fines quâoriginales, lâA. nous invite donc Ă reconnaĂźtre en Pascal non pas â ou non seulement â « lâapologiste de la religion chrĂ©tienne et [le] misologue » (p. 97) mais aussi un penseur critique, « attentif Ă saisir les diffĂ©rences entre les choses, les domaines et les ĂȘtres » (p. 7). Pascal se rĂ©vĂ©lerait ainsi plus proche quâon aurait pu le croire de lâauteur de lâAnthropologie dâun point de vue pragmatique (p. 199).
Certaines des thĂšses majeures de lâouvrage mĂ©riteraient de faire lâobjet dâune discussion dĂ©taillĂ©e. On pense en particulier au caractĂšre totalisant que lâA. assigne Ă la distinction des trois ordres (« la pensĂ©e des PensĂ©es », p. 186) dans le cadre de la rĂ©flexion pascalienne. Dâautre part, si lâA. choisit assez souvent de paraphraser les textes plutĂŽt que de les citer, les pensĂ©es pascaliennes imposent â nous semble-t-il â une lecture circonstanciĂ©e, qui soit attentive Ă la logique interne de chaque fragment, avant de risquer des thĂšses dâordre gĂ©nĂ©ral. Toutefois, dans le cadre dâun Bulletin cartĂ©sien, nous nous bornerons Ă souligner lâabsence de certaines rĂ©fĂ©rences cartĂ©siennes qui sembleraient sâimposer dâune façon tout Ă fait nĂ©cessaire Ă la lecture de plusieurs pages de cet ouvrage et qui auraient pu confirmer et enrichir les analyses de lâA. Câest le cas en particulier du chapitre consacrĂ© au « corps comme figure » et aux fragments sur les « membres pensants » dont lâA. souligne Ă juste titre lâimportance Ă diffĂ©rents endroits du volume. Pour dĂ©finir la nature de ce « corps plein de membres pensants » en tant que « figure de lâunitĂ© dans la diversitĂ© » (p. 181), lâA. Ă©voque en effet des passages des lettres de D. Ă Elisabeth (AT IV, 293 ; 308). Mais pourquoi passer sous silence celle qui est peut-ĂȘtre la source directe de Pascal dans ces fragments, câest-Ă -dire les articles 79 et 80 des Passions de lâĂąme ? Cela aura permis Ă lâA. de souligner non seulement les « diffĂ©rences importantes » (p. 181) mais aussi â voire surtout â la profonde unitĂ© des doctrines cartĂ©sienne et pascalienne de lâamour. Dâautre part, lâA. sâinterroge Ă juste titre sur le sens du verbe « sâimaginer » utilisĂ© par Pascal dans ces fragments (« il faut sâimaginer un corps plein de membres pensant⊠», p. 178-180). Or lâusage technique quâen propose Pascal aurait pu ĂȘtre rapprochĂ© de lâusage Ă©galement technique que D. fait de ce mĂȘme verbe dans une page capitale du Discours de la mĂ©thode (AT VI, 19).
Alberto Frigo
2.2.48. HARTMANN (Fritz) & SEIDLER (Gerhard), SpiritualitÀt und Mystik im Orden von Port Royal, Kaufbeuren, Port-Royal-Verlag, 182 p.
2.2.49. HATTAB (Helen), « The Mechanical Philosophy », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 71-95.
2.2.50. KOLESNIK-ANTOINE (Delphine), La physique de lâhomme chez Regius, Suivi de En quoi le TraitĂ© de lâhomme de Descartes peut-il ĂȘtre lu comme un texte matĂ©rialiste ?, PU de Laval, coll. « Verbatim », 2011, 68 p.
2.2.51. KUMANO (Sumihiko) (Ă©d.), Kindaitetsugaku no meicho: Descartes kara Marx made no 24 satsu, [Chefs-d’Ćuvre de la philosophie moderne: 24 livres de Descartes Ă Marx], Tokyo, Chuokoron-shinsha, 2011, 297 p.
2.2.52. LESAULNIER (Jean), « Le chĂąteau de Vaumurier, creuset de lâinterrogation philosophique Ă Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 11-25.
2.2.53. MAIA NETO (José R.), « Scepticism », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 227-248.
2.2.54. MCDONOUGH (Jeffrey K.), « The heyday of teleology and early modern philosophy », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 179-204.
2.2.55. MESNARD (Jean), « Philosophie de Port-Royal et philosophie de Pascal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 149-174
2.2.56. MICHON (HélÚne), « Le plaisir à Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 27-41.
2.2.57. MILLER (James), Examined lives: From Socrates to Nietzsche, New York, Farrar, Straus and Giroux, 422 p. ; cf. chap. 8, « Descartes », p. 199-226.
2.2.58. MOREAU (Denis), « La âphilosophie dâAntoine Arnauldâ : un bilan », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 115-128.
2.2.59. MORIARTY (Michael), Disguised vices. Theories of virtue in early modern French thought, Oxford, Oxford University Press, 409 p. ; et notamment, chap. 7, p. 131-150 : « Montaigne, Charron, Descartes ».
2.2.60. NADLER (Steven), Le meilleur des mondes possibles. La rencontre entre Leibniz, Malebranche et Arnauld, trad. de lâanglais (Ătats-Unis) par S. GallĂ©-Soas, Montrouge, Bayard, 2011, 321 p. [trad. de The Best of All Possible Worlds, Princeton, PU, 2008, 2e Ă©d. 2010 ; 1re Ă©d. 2008, cf. BC XXXIX 3.2.175]
2.2.61. NADLER (Steven), Occasionalism. Causation among the Cartesians, Oxford, Oxford University Press, 2011, xii-217 p.
Ce recueil dâĂ©tudes consacrĂ©es Ă lâoccasionnalisme, dont la plupart ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es et publiĂ©es dans les annĂ©es 1993-1996, permet Ă lâA. de faire un point synthĂ©tique sur lâhistoire vraie de lâoccasionnalisme. Lâhistoire « vraie », autrement dit celle qui sâoppose Ă une mythologie tenace selon laquelle lâoccasionnalisme serait issu, comme un remĂšde douteux, sinon comme un dommage collatĂ©ral, du mind-body problem cartĂ©sien. Les Ă©tudes de dĂ©tail consacrĂ©es Ă Louis de La Forge et Guillaume Cordemoy montrent en effet que la genĂšse de lâoccasionnalisme moderne sâenracine au moins autant dans la question de la crĂ©ation continuĂ©e et la possibilitĂ© de lâinteraction physique des corps (donc en rapport avec les Principia II, 36) que dans celle de lâinteraction psycho-physique en rĂ©gime dualiste (Meditatio VI, correspondance avec Elisabeth). Arnauld, paradoxalement, en tĂ©moigne, car il semble bien vĂ©rifier lâhypothĂšse standard selon laquelle lâoccasionnalisme constitue la solution ad hoc aux consĂ©quences problĂ©matiques du dualisme cartĂ©sien, mais lâA. insiste Ă juste titre sur le caractĂšre singulier et limitĂ© dâun recours Ă lâoccasionnalisme dont Arnauld ne fait pas un usage dogmatique.
Nonobstant lâintention louable de sortir des sentiers battus et de la reprĂ©sentation scolaire de lâoccasionnalisme moderne, le recueil nâapporte pas dâĂ©lĂ©ments vraiment nouveaux au plan historique. Il en existe pourtant, comme en tĂ©moigne le cas dâun cartĂ©sien hollandais, Lambertus van Velthuysen qui, singuliĂšrement, introduit avant Cordemoy et La Forge le vocabulaire occasionnaliste dans lâexĂ©gĂšse de la Meditatio III, dĂ©finissant en 1662 les idĂ©es comme des « cogitationes formae, quae ex occasione operationum corporum calore, frigore aut colore praeditorum, in mente nostras excitantur. Mens itaque illas ideas quidem format occasione quarundam operationum corporearum per sensum tranmissarum ad mentem, sed ipsas ideas caloris et frigoris non hausit ex rebus corporeis » (De Initiis Primae Philosophiae, juxta fundamenta clarissimi Cartesii). Autre regret : le dossier des sources thĂ©ologiques mĂ©diĂ©vales de lâoccasionnalisme est bien citĂ© mais peu documentĂ©. Gilson nâest pas Ă©voquĂ©, bien quâil ait, dĂšs 1926, suggĂ©rĂ© un rapprochement entre les Motecallemin et « une sorte dâoccasionalisme », sous « forme rudimentaire » (« Pourquoi saint Thomas a critiquĂ© saint Augustin », Archives dâHistoire doctrinale et littĂ©raire du Moyen Ăąge, 1926, p. 5-127). La date de rĂ©daction de ces essais nâa en outre guĂšre permis Ă lâA. de tirer vraiment parti de lâouvrage de D. Perler et U. Rudolph (Occasionalismus. Theorien der KausalitĂ€t im arabisch-islamischen und im europĂ€ischen Denken, Göttingen, 2000 ; mentionnĂ©, avec quelques coquilles, en bibliographie). Le traitement de la rĂ©fĂ©rence mĂ©diĂ©vale reste par ailleurs assez convenu : lâoccasionnalisme, dans sa figure mĂ©diĂ©vale, est pensĂ© dans son rapport Ă lâaffirmation thĂ©ologique de la toute-puissance divine, mais nâest pas situĂ©, comme cela pourrait ĂȘtre fait, dans le contexte dâun dĂ©bat scolaire, interne Ă lâaristotĂ©lisme, sur la causalitĂ© de la forme (il est admis dans lâĂcole que la forme nâexerce aucune action transitive dans la matiĂšre, et nâest dite « causer » que par lâintermĂ©diaire des qualitĂ©s ou des habitus).
Bref, ce recueil suit une ligne interprĂ©tative cohĂ©rente et dâune portĂ©e critique indiscutable. Certaines pistes â comme lâarriĂšre-plan mĂ©diĂ©val â sont davantage indiquĂ©es que systĂ©matiquement explorĂ©es, mais cela nâĂŽte rien au mĂ©rite dâun travail apportant Ă la question de lâoccasionnalisme un Ă©clairage original et enrichissant.
Edouard Mehl
2.2.62. NADLER (Steven), « Conceptions of God », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 525-547.
2.2.63. OLIVEIRA FRANCO DONATELLI (Marisa Carneiro de), « Medicina e o âGrande SĂ©culoâ : a crĂtica cartesiana », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 239-266.
2.2.64. PERATONER (Alberto), « Foi et raison à Port-Royal », p. 175-188.
2.2.65. PERATONER (Alberto), Pascal. Pensatori, Rome, Carocci, 290 p.
Ayant publiĂ© en 2002 Ă Venise deux Ă©normes volumes consacrĂ©s Ă Blaise Pascal. Ragione, Rivelazione e fondazione dellâetica. Il percorso dellâApologie (oubli du BC XXXIII), A. Peratoner a tirĂ© de sa somme cet ouvrage de prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale chronologico-thĂ©matique, organisĂ© en cinq parties dâampleurs trĂšs inĂ©gales : 1. UnitĂ di unâesperienza di osservazione e pensiero (p. 15-29) ; 2. La ragione scientifica come paradigma strutturante (p. 31-65) ; 3. A Port-Royal, fuori Port-Royal. Ricentratura degli interessi speculativi (p. 67-166) ; 4. Le PensĂ©es. Linee di sintesi filosofico-teologica nel terzo Pascal (p. 167-220) ; 5. Ontologia ed etica. Ragioni di un nesso solidale (p. 221-252). Comme on le devine Ă ces titres dĂ©libĂ©rĂ©ment non pascaliens, lâA. entend rendre compte du gĂ©nie et de lâĆuvre pascaliens selon ce quâil appelle une « stratification » en « quatre niveaux » : scientifique, philosophique, thĂ©ologique, artistique (câest-Ă -dire littĂ©raire) enfin, voyant dans « le grand projet de lâApologie » lâacmĂ© de la rĂ©flexion entiĂšre de Pascal, vĂ©ritable lieu de « convergence, de solidification et de sublimation » de tous les axes de sa pensĂ©e multiforme (p. 29). Comme on sâen doute, lâauteur de ces lignes aura du mal Ă approuver cette thĂšse synthĂ©tique, ou synthĂ©tisante, qui semble dâemblĂ©e contredire explicitement la doctrine des « trois ordres de choses », pourtant enrĂŽlĂ©e in fine (p. 230-233) Ă lâappui de lâaffirmation dâun « circolo solido onto-etico », qui caractĂ©riserait la « philosophie » pascalienne : « La sintesi convergente della pluralitĂ ontologica degli ordres si dĂ in piena visibilitĂ nella coerenza di quello che abbiamo designato come circolo solido dellâimpianto onto-etico della filosofia pascaliana » (p. 233 ; lâA. affectionne le vocabulaire de la soliditĂ© et de la solidaritĂ©, appliquĂ© aussi bien Ă lâĂ©pistĂ©mologie, « solidissima », quâĂ la « solida concezione ontologico-metafisica » de Pascal, p. 220-221). Au demeurant, cette philosophie semble pouvoir ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e sans nul besoin dâen passer par le rapport quâelle entretiendrait Ă celle de lâabsent capital, Descartes â et Laf. 135 suffirait Ă montrer que Pascal assume, de façon dissĂ©minĂ©e, les voies traditionnelles de la dĂ©monstration de lâexistence de Dieu (p. 235-237), preuve quâil y a dans les PensĂ©es des « elementi di metafisica e tracciati speculativi ». Si la derniĂšre page mentionne heureusement la « morale chrĂ©tienne » et les « membres pensants », câest pour y lire le Christ comme « tĂȘte du corps » et y voir une « ontologie relationnelle ». â Lâabondante bibliographie semble cependant ignorer lâĂ©dition Martineau des Discours sur la religion et sur quelques autres sujets (Paris, 1992) comme plusieurs collectifs importants, par ex. le cahier de XVIIe siĂšcle consacrĂ© en 1994 à « Pascal et la question de lâhomme ». â Enfin une chronologie donnĂ©e en annexe ne rechigne pas Ă reproduire des dates peu sĂ»res : ainsi la ConfĂ©rence Ă Port-Royal se serait-elle « probablement » tenue en juin 1658. Ă lâĂ©vidence, lâA. a longuement frĂ©quentĂ© lâĆuvre de Pascal : mais son introduction ne sera utile quâaux lecteurs qui sauront se dĂ©prendre du jargon inutile et incertain qui enveloppe une lecture le plus souvent convenue des textes citĂ©s.
Vincent Carraud
2.2.66. PEZZINO (Guiseppe), « Conclusions », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 277-286.
2.2.67. PHEMISTER (Pauline), « Ideas », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 142-159
2.2.68. PIROCCHI (Francesco M.), « Claude Gadroys: cartesianismo e astrologia nella seconda metà del Seicento », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 1-24.
2.2.69. POP (CÄlin Cristian), Problema infinitului la Pascal, Cluj-Napoca, Eikon, 2011, 469 p.
2.2.70. REIFENBERG (Peter), & RAFFELT (Albert), Universalgenie Blaise Pascal : eine EinfĂŒhrung in sein Denken, Echter Verlag Gmbh, 2011, 184 p.
2.2.71. ROGERS (Graham Allan John), « The English Turn in Cartesian Philosophy », in DESSIÌ (Paola), & LOTTI (Brunello) (Ă©d.), EreditaÌ cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 11-28.
2.2.72. ROMEO (Maria Vita), « LâĂ©thique dans la Logique de Port-Royal », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 189-209.
2.2.73. ROMEO (Maria Vita), Le retentissement des Provinciales en Italie, Paris, Nolin, 2011, 196 p.
2.2.74. RUEGER (Alexander), « Aesthetics », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 201-225.
2.2.75. RUSSELL (Paul), « The Free Will Problem », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 424-444.
2.2.76. SAVINI (Massimiliano), « Methodus cartesiana e Pansophia : i primi dibatti intorno al metodo cartesiano e il progetto », in DESSIÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), EreditaÌ cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 29-48.
2.2.77. SAVINI (Massimiliano), Johannes Clauberg. Methodus cartesiana et ontologie, Paris, Vrin, 334 p.
Issue trĂšs directement dâune thĂšse de doctorat soutenue en 2001 Ă lâEPHE, la rĂ©cente publication de M. Savini sur Clauberg commence Ă combler un vide bibliographique remarquable, compte tenu de lâaccord assez gĂ©nĂ©ral, parmi les spĂ©cialistes, sur lâimportance non nĂ©gligeable, au sein de la nuĂ©e de « petits cartĂ©siens », de J. Clauberg (1622-1665). Son titre, peut-ĂȘtre lĂ©gĂšrement trompeur en cela, nâannonce pas tant lâanalyse dâun lien intrinsĂšque entre mĂ©thode cartĂ©sienne et ontologie (en dĂ©pit du fait quâil existe des programmes de recherche qui visent Ă lâĂ©tablissement dâun tel lien) que la rĂ©solution pour Clauberg, grĂące Ă la dĂ©couverte de Descartes, dâun problĂšme architectonique propre.
Une des thĂšses principales du livre est en effet que Descartes offre Ă Clauberg une « entrĂ©e en philosophie » supposĂ©e rĂ©soudre un conflit de primautĂ©s entre logique et mĂ©taphysique, la mĂ©ditation sur « les premiĂšres choses que lâon peut connaĂźtre en philosophant par ordre » (III 239, 6-7) permettant dâaccumuler, chemin faisant, assez de logique pour parvenir Ă des connaissances qui seront, Ă terme, couronnĂ©es â Ă lâissue dâun parcours bien plus long â par une science de lâĂȘtre. Les textes, Ă commencer par les deux Ă©ditions extrĂȘmes de lâOntosophia, publiĂ©es respectivement en 1647 (avant la conversion au cartĂ©sianisme) et en 1664 (alors que Clauberg est devenu lâun des principaux cartĂ©siens « officiels » de lâĂ©poque), soutiennent solidement cette lecture. LâĂ©rudition impressionnante du premier chapitre restitue lâarriĂšre-plan scolastique et nĂ©o-scolastique de ces questions, et le lecteur curieux y fera ample moisson dâextraits et de rĂ©fĂ©rences Ă explorer. Les dĂ©bats des annĂ©es 1640 et 1650 sur la trop fameuse « mĂ©thode » cartĂ©sienne (dĂ©bats qui impliquent, outre Clauberg lui-mĂȘme et Tobie dâAndrĂ©, Schoock, VoĂ«t, Revius ou encore Lentulus) sont ensuite analysĂ©s avec autant de prĂ©cision que dâampleur ; il y a lĂ tout un dossier (chap. II Ă IV) capable de servir un bon moment de rĂ©fĂ©rence. Plus prĂ©cisĂ©ment, selon la lecture de M. Savini, Clauberg estime que la philosophia prima cartĂ©sienne conduit Ă une logique censĂ©e donner par elle-mĂȘme accĂšs Ă la philosophia universalis (p. 195-196) ; cette hypothĂšse, incontestablement sĂ©duisante, est plus risquĂ©e, dans la mesure oĂč le lien exact qui devrait sâinstituer entre cette logique et cette philosophie « universelle » (qui nâest autre, pour le dire dans nos propres termes, quâune explicitation sĂ©mantique des termes transcendantaux) pourrait sans doute ĂȘtre davantage prĂ©cisĂ©. Câest nĂ©anmoins ce genre de considĂ©ration qui permet Ă M. Savini dâaffirmer in fine lâexistence dâune continuitĂ© entre la mĂ©thode cartĂ©sienne et la Logica Vetus & Nova du disciple, jusque dans son Ă©tablissement de lâhermĂ©neutique (p. 268). LĂ encore, il y a nĂ©cessairement un peu de place pour le doute, attendu surtout que ce nâest pas tellement Ă lâanalyse de la logique de Clauberg que sâadosse cette interprĂ©tation, mais plutĂŽt Ă celle de ses fondements, dĂ©jĂ explorĂ©s par lâA. dans un article paru dans la Revue de MĂ©taphysique et de Morale (n°1/2006 : « LâInsertion du cartĂ©sianisme en logique : la Logica Vetus & Nova de Johannes Clauberg », BC XXXII, 3.2.170), soit essentiellement le remplacement du terme par la perception et de la proposition par le jugement. Il est absolument indĂ©niable que câest lĂ lâopĂ©ration fondamentale ; il demeure cependant suffisamment de jeu entre ces fondements-lĂ et leurs lointaines consĂ©quences, pour requĂ©rir une analyse du traitement des propositions et des raisonnements, seule susceptible dâĂ©clairer le rapport exact de la logique du disciple Ă la mĂ©thode du maĂźtre ; il est possible de soutenir que lâĂ©cart entre lâune et lâautre, dâabord tout Ă fait minime, sây creuse progressivement. De mĂȘme, si les questions de signification sont abordĂ©es avec une grande maĂźtrise de leurs antĂ©cĂ©dents historiques, on ne peut sâempĂȘcher de remarquer lâabsence, sur ce point, des catĂ©gories ultĂ©rieures qui permettraient de reconstruire avec plus de prĂ©cision, certes au pĂ©ril de lâanachronisme, un certain nombre des problĂšmes signalĂ©s ou latents tant de la philosophie de Clauberg que de celle de Descartes lui-mĂȘme. Ceux des historiens de la philosophie qui sont le moins rĂ©tifs Ă la « reconstruction » regretteront peut-ĂȘtre que ce morceau dâhistoire de lâanalyse de la signification se fasse avec les seuls moyens conceptuels de lâĂ©poque quâil Ă©tudie.
En passant, M. Savini rectifie avec autant de soliditĂ© que de tact un certain nombre dâerreurs que la pratique hĂ©las rĂ©pandue de la lecture rapide avait laissĂ© sâinfiltrer, et se reproduire, dans le commentaire ; notamment celle qui consiste Ă faire comme si Clauberg identifiait sa propre ontologie et la philosophia prima cartĂ©sienne (p. 177 sq). En rĂ©alitĂ©, Clauberg oppose trĂšs consciemment ces deux dĂ©marches, quâil juge inverses, voire opposĂ©es, aussi bien que complĂ©mentaires. Si bien quâil est difficile, Ă part les quelques rĂ©serves globales mentionnĂ©es, de trouver Ă redire Ă une lecture qui se signale autant par son respect des textes que par lâĂ©tendue de leur connaissance. Les rares affirmations rĂ©ellement contestables de cet ouvrage extrĂȘmement documentĂ© concernent toutes lâinterprĂ©tation de Descartes Ă partir de laquelle lâoriginalitĂ© de Clauberg se trouve mesurĂ©e : par exemple, câest Ă partir dâune lecture « radicaliste » du doute cartĂ©sien, hantĂ©e par le fantĂŽme de la doctrine de la libre crĂ©ation par Dieu des vĂ©ritĂ©s dites Ă©ternelles, que Clauberg se trouve jugĂ© en retrait (p. 171-176). Câest loin dâĂȘtre une lecture Ă©vidente, non seulement en ce qui concerne Clauberg, mais surtout en ce qui concerne Descartes. On pourrait en dire autant de la discussion de la doctrine de lâidĂ©e matĂ©riellement fausse (p. 236-242), sans doute un peu trop rapide pour convaincre absolument. Enfin, puisquâil sâagit de mesurer le destin du cartĂ©sianisme chez Clauberg, et comme aprĂšs tout le titre le laisse au premier abord espĂ©rer, on se demande Ă lâissue de lâouvrage dans quelle mesure quelque chose tient lieu chez Descartes lui-mĂȘme dâ« ontologie » et, le cas Ă©chĂ©ant, ce que ce serait au juste. Aussi faut-il Ă©viter, comme nous lâavons dĂ©jĂ dit, de mĂ©sinterprĂ©ter le titre : le rapport entre « mĂ©thode cartĂ©sienne » et « ontologie » quâil dĂ©peint demeure strictement interne Ă lâĆuvre de Clauberg.
M. Savini a placĂ© Ă lâissue du volume un Appendice, lui aussi directement issu de la thĂšse, qui a le mĂ©rite dâinsister sur les interprĂ©tations « mathĂ©matiques » de la mĂ©thode (Schooten et Lipstorp), que dâautres dĂ©bats tendaient Ă occulter ; bien quâon nây descende pas dans la technicitĂ©, on y trouve les ferments dâun heureux Ă©largissement des vues sur cette question.
Guillaume Coqui
2.2.78. SCHMALTZ (Tad M.), « From Causes to Laws », in CLARKE, Desmond M., & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 32-50.
2.2.79. SELLIER (Philippe), « Port-Royal et le platonisme », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (éd.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, Société des amis de Port-Royal, Paris, BibliothÚque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 43-56.
2.2.80. SERJEANTSON (Richard W.), « The Soul », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 119-141.
2.2.81. SMITH (Justin E. H.), « Machines, Souls, and Vital Principles », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 96-117.
2.2.82. STEWART (Hugh Fraser), The secret of Pascal, Cambridge, Cambridge University Press, 108 p. [réédition de lâouvrage de 1941]
2.2.83. THIEL (Udo), The early modern subject. Self-consciousness and personal identity from Descartes to Hume, Oxford, Oxford University Press, 2011, xiii-483 p.
Cet imposant ouvrage propose une cartographie trĂšs dĂ©taillĂ©e des dĂ©bats autour des notions dâidentitĂ© personnelle et de conscience aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles (un deuxiĂšme volet, annoncĂ© par lâA., sera consacrĂ© Ă The Enlightened Subject). Dans lâintroduction (p. 1-32) lâA. situe son questionnement Ă la croisĂ©e de trois couples conceptuels, « consciousness and self-consciousness », « individuation and identity », « the person and personal identity », dont il retrace briĂšvement les antĂ©cĂ©dents anciens et mĂ©diĂ©vaux. La premiĂšre partie de lâouvrage esquisse « the Seventeenth-Century Background » qui prĂ©cĂšde â et prĂ©pare â la doctrine lockienne de lâidentitĂ© personnelle. LâA. met en Ă©vidence tout dâabord « the ontological view of the self » (p. 35-60) dont tĂ©moigneraient, dâune part, la doctrine cartĂ©sienne de lâindividuation et de la conscience et, de lâautre, la controverse trinitaire qui oppose, vers la fin du siĂšcle, les thĂ©ologiens anglais Sherlock et South. LâA. examine ensuite les « metaphysical alternatives » (p. 61-93) exprimĂ©es par les Ćuvres de Spinoza, Cudworth, Clauberg, Hobbes, Boyle, Pufendorf et Burthogge ainsi que par la rĂ©flexion des penseurs matĂ©rialistes anglais sur les thĂšmes de lâimmortalitĂ© de lâĂąme et de la rĂ©surrection. La deuxiĂšme partie de lâouvrage (p. 97-150) est entiĂšrement consacrĂ©e Ă la « subjectivist revolution » inaugurĂ©e par Locke. Le cĂ©lĂšbre chapitre 27 du livre II de lâEssai sur lâentendement humain fait lâobjet dâune analyse fouillĂ©e quant Ă ses sources et Ă ses multiples enjeux mĂ©taphysiques, moraux et thĂ©ologiques. Dans une troisiĂšme partie (p. 153-221), lâA. examine les rĂ©actions critiques suscitĂ©es par les thĂšses de Locke, que ce soit sur le plan de leur compatibilitĂ© avec la doctrine de la rĂ©surrection ou celui des risques quâelles comportent lorsquâon cherche Ă dĂ©finir, dâun point de vue moral ou lĂ©gal, la responsabilitĂ© dâun agent. Mais câest la dĂ©finition mĂȘme de lâidentitĂ© personnelle qui fait difficultĂ© du fait de sa prĂ©sumĂ©e circularitĂ© et des paradoxes quâimplique lâhypothĂšse dâune « transitivity of identity ». Viennent ensuite deux chapitres trĂšs riches, qui constituent la quatriĂšme partie de lâouvrage (p. 224-276) consacrĂ©e aux rapports entre subjectivitĂ© et « immaterialist metaphysics of the mind ». LâA. propose un panorama des nombreux auteurs britanniques qui, pendant la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, sâengagent Ă dĂ©montrer lâimmatĂ©rialitĂ© de lâĂąme et abordent, par ce biais, la question de lâidentitĂ© personnelle et de la conscience. LâA. souligne alors comment lâhĂ©ritage cartĂ©sien (et malebranchiste) en vient Ă sâopposer Ă la nouveautĂ© de la rĂ©volution de Locke, en passant sous silence la distinction affichĂ©e par ce dernier entre soul et self. La cinquiĂšme partie de lâouvrage (p. 279-380) nous invite Ă traverser la Manche pour revenir en Allemagne et analyser les positions de Leibniz et Wolff. Un premier chapitre (§ 9) retrace la rĂ©flexion des deux auteurs sur les thĂšmes de lâindividuation, de lâidentitĂ©, de lâapperception et de la conscience. La nouvelle synthĂšse proposĂ©e par Wolff ne manque pas dâĂȘtre reprise (§ 10) par plusieurs penseurs allemands. Les dĂ©finitions que Wolff propose de la conscience et de lâapperception font nĂ©anmoins lâobjet de plusieurs remarques critiques, dont tĂ©moignent les Ă©crits de RĂŒdiger, de Crusius, de Holmann, de Sulzer et surtout de MĂ©rian. Lâouvrage sâachĂšve avec une sixiĂšme partie (p. 383-430) entiĂšrement consacrĂ©e Ă Hume et Ă sa doctrine de lâidentitĂ© personnelle. LâA. analyse tout dâabord les diffĂ©rentes formulations de sa « boundle view of the self » et il examine ensuite les critiques adressĂ©es Ă Hume par des tenants de lâĂ©cole Ă©cossaise du Common Sense tels que Reid et Beattie, avant de revenir sur la thĂšse humienne pour en souligner la spĂ©cificitĂ© par rapport Ă ses sources et la postĂ©ritĂ© chez Kant. Une brĂšve conclusion (p. 431-437) annonce plusieurs thĂšmes qui feront lâobjet du second volet de lâouvrage. Ce rĂ©sumĂ© ne donne quâun aperçu rapide de la richesse du prĂ©sent volume qui sâimpose dâores et dĂ©jĂ comme un ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le thĂšme de la conscience Ă lâĂ©poque moderne. Le nombre dâauteurs abordĂ©s ainsi que la finesse des analyses permettent dâapprĂ©cier des textes peu connus (câest le cas de lâEssay on Consciousness de Charles Mein) et dâaborder sous une lumiĂšre nouvelle les doctrines des auteurs majeurs. On remarquera en ce sens lâhabiletĂ© avec laquelle lâA. fait jouer lâhistoire de la rĂ©ception Ă la faveur dâune meilleure comprĂ©hension des textes. Les mĂȘmes auteurs sont sollicitĂ©s en diffĂ©rents endroits de lâouvrage et peuvent tĂ©moigner, selon les thĂšmes abordĂ©s, tantĂŽt dâune position avancĂ©e tantĂŽt dâune rĂ©sistance aux thĂšses des auteurs majeurs. Il en rĂ©sulte une histoire conceptuelle qui nâa rien dâune sĂ©quence linĂ©aire mais qui sâapparente plutĂŽt Ă une mosaĂŻque oĂč lâextraordinaire variĂ©tĂ© des dĂ©tails nâinterdit pas la cohĂ©rence de lâensemble. Cela nâempĂȘche pourtant pas lâA. dâindiquer des tendances gĂ©nĂ©rales de la rĂ©flexion moderne sur les thĂšmes de la conscience et de lâidentitĂ©, notamment en ce qui concerne le dĂ©placement du dĂ©bat « from individuation to identity throught time » et « from a primarly ontological to a more subjective treatement of the topic » (p. 25).
La masse des penseurs traitĂ©s ainsi que les interprĂ©tations â souvent originales â avancĂ©es par lâA. imposeraient une discussion qui ne peut trouver place dans les limites dâun compte rendu. Nous nous bornons Ă deux remarques que nous formulons sans pouvoir nĂ©anmoins les argumenter ici. La premiĂšre, dâordre gĂ©nĂ©ral, porte sur lâopposition, que lâA. Ă©voque Ă plusieurs reprises dans son ouvrage, entre « first-order accounts » et « high-order accounts of consciousness ». Dans un cas, la conscience est une composante essentielle et intrinsĂšque des actes de pensĂ©e ; dans lâautre, elle est un acte distinct, une perception qui a pour objet les actes mĂȘmes. Cette distinction, que lâA. refuse dâidentifier Ă celle entre lâimmĂ©diatetĂ© et la rĂ©flexion, nous semble mal sâadapter aux auteurs traitĂ©s. Le risque est souvent celui de demander aux textes de se fondre dans un modĂšle conceptuel qui leur est Ă©tranger et, ce faisant, de manquer lâessentiel. Comment faire de D. un tenant de lâ« high-order account » (p. 43-48), lui qui assigne Ă la conscience la fonction de definiens de la pensĂ©e et qui Ă©crit : « il est certain que nous ne saurions vouloir aucune chose que nous nâapercevions par mĂȘme moyen que nous la voulons [âŠ] cette perception et cette volontĂ© ne sont en effet quâune mĂȘme chose » (AT XI, 343, 15-22) ? Sans avoir recours Ă lâidĂ©e anachronique dâun « first-order account », mieux vaudrait Ă©voquer ici lâidĂ©e dâune distinctio rationis entre pensĂ©e et conscience. DeuxiĂšmement, la centralitĂ© que lâA. attribue Ă la « subjectivist revolution » de Locke relĂšgue D. dans la prĂ©histoire du concept moderne de conscience et lui assigne le rĂŽle maladroit du prĂ©curseur (p. 48). Cependant, si D. nâarticule pas la notion de conscience Ă celle dâidentitĂ© personnelle câest tout simplement parce quâelle vient rĂ©pondre Ă dâautres exigences dans le cadre de sa pensĂ©e : la solution dâune question soulevĂ©e dĂ©jĂ par Aristote (voir AT VII, 49 et Seconds Analytiques 99b 28-29) ; la formulation dâune nouvelle dĂ©finition du concept dâidĂ©e ou lâexhibition dâun Ă©lĂ©ment unitaire sous lequel rĂ©unir les diffĂ©rentes formes de la res cogitans. Une analyse plus dĂ©taillĂ©e de la rĂ©flexion cartĂ©sienne et des rapports quâelle institue entre la conscience et la continuitĂ© de la pensĂ©e autour de la difficile attribution dâune nature substantielle Ă lâesprit ainsi que des dĂ©bats que ces thĂšmes suscitĂšrent chez les cartĂ©sien hollandais, aurait pu enrichir, nous semble-t-il, le panorama dĂ©jĂ foisonnant offert par le prĂ©sent ouvrage.
Alberto Frigo
2.2.84. THIROUIN (Laurent), « LâoriginalitĂ© philosophique de Pierre Nicole », in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 129-147.
2.2.85. TILES (Mary), « Form, Reason, and Method », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 295-315.
2.2.86. TOUBOUL (Patricia), « Lâessai De la faiblesse de lâhomme, de Pierre Nicole et le concept contemporain de âfaiblesse de la volonté⠻, in DEVILLAIRS (Laurence) & TOUBOUL (Patricia) (Ă©d.), Port-Royal et la philosophie. Chroniques de Port-Royal, n°61, SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, Paris, BibliothĂšque Mazarine, 2011, 390 p. ; p. 263-276.
2.2.87. VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. [en néerlandais]
2.2.88. VELDE (Rudi te), « Bij wijze van inleiding: Pascal als religieus denker », in VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. ; p. 7-22 [en néerlandais].
2.2.89. VELDE (Rudi te), « De God van de filosofen », in VELDE (Rudi te) (éd.), Pascal als religieus denker, Zoetermeer, Klement, 2011, 118 p. ; p. 83-108 [en néerlandais].
2.2.90. WINKLER (Kenneth P.), « Continuous creation », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 287-309.
3. Ătudes particuliĂšres
3.1. DESCARTES
3.1.1. ABRAMSON (Darren), « Descartes’ Influence on Turing », Studies in History and Philosophy of Science, 2011, 42, 4, p. 544-551. En ligne : http://philosophy.dal.ca/Files/Publications/AbramsonTuringDescartes.pdf
3.1.2. AGOSTINI, Igor, « Sul lessico della conocenza di Dio in Descartes », in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 1-28.
3.1.3. ALLEN (Keith), & STONEHAM (Tom) (éd.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p.
Ce recueil dâessais fait suite Ă une sĂ©rie de travaux rĂ©cents sur la question â capitale dans lâhistoire de la philosophie moderne â de la causalitĂ©, telle que la retracent les volumes de S. Nadler (Ă©d.), Causation in Early Modern Philosophy : Cartesianism, Occasionalism, and Preestablished Harmony, Pennsylvania State, 1993 (BC XXIV, 3.2.1, p. 67-69), de K. Clatterbaugh, The Causation Debate in Modern Philosophy, 1637-1739, New York, 1999, de V. Carraud, Causa sive ratio, Paris, 2002 (BC XXXIII, 2.1.1), et de T. A. Schmaltz, Descartes on Causation, New York, 2007. Par rapport Ă ces Ă©tudes, le volume vise Ă fournir une discussion couvrant une pĂ©riode plus large, qui sâĂ©tend du XVIIe au XIXe siĂšcles. Le dĂ©bat sur la causalitĂ© est ainsi reconstituĂ© en analysant les contributions des grands penseurs modernes (Descartes, Hobbes, Spinoza, Leibniz, Hume, Kant), mais aussi de personnalitĂ©s comme Louis de la Forge (1632-1666), Thomas Brown (1778-1820) et Lady Mary Shepherd (1777-1847). Certains aspects du dĂ©bat de la scolastique moderne sont Ă©galement pris en compte.
Les douze essais du volume sont regroupĂ©s par les Ă©diteurs dans trois sections diffĂ©rentes, suivant lâordre chronologique : (1) le dĂ©bat sur la causalitĂ© au XVIIe siĂšcle (chap. I-VI) ; (2) le problĂšme de la causalitĂ© dans la pensĂ©e de Hume (chap. VII-IX) ; (3) les dĂ©veloppements de la question de la causalitĂ© de Kant Ă Brown et Ă Lady Shepherd (chap. X-XII). T. D. Schmaltz est ici lâauteur de lâarticle portant sur Descartes, « Primary and Secondary Causes in Descartesâ Physics » (chap. II, p. 31-47), partant de lâanalyse de la distinction, Ă©tablie par D. dans les articles 36-37 des Principia II, entre lâaction causale de Dieu, cause universelle et primaire du mouvement, et celle des causes particuliĂšres et secondaires (les rĂšgles ou les lois de la nature). La thĂšse de Schmaltz, qui sâappuie sur une reconstruction du dĂ©bat scolastique sur la causalitĂ©, est que D. propose un anti-occasionalisme radical (p. 31). Cette thĂšse se dĂ©veloppe en trois moments : dans la premier, lâA. esquisse la conception scolastique de Dieu comme cause premiĂšre de la nature en analysant trois positions : lâoccasionalisme des MutakallimĂ»n (750) et de Gabriel Biel, le concurrentisme de Thomas dâAquin et de SuĂĄrez, et le pur conservationisme de Durand de Saint-Pourçain ; le second traite de la conception cartĂ©sienne de Dieu comme cause premiĂšre du mouvement ; enfin le dernier est consacrĂ© Ă la conception cartĂ©sienne des lois de la nature comme causes secondes des diffĂ©rents mouvements des corps. LâA. soutient que la notion de concours ordinaire de Dieu des Principia sâinspire des thĂšses de Durand. Il poursuit ainsi lâenquĂȘte de Descartes on Causation en rĂ©pondant Ă lâobjection avancĂ©e par J. Carriero dans son compte rendu (Notre Dame Philosophy Reviews : http://ndpr.nd.edu/news/23497-descartes-on-causation/), objection selon laquelle lâarticle 36 des Principia II ne limiterait pas le concours ordinaire de Dieu Ă la conservation de la quantitĂ© totale du mouvement et du repos. En acceptant lâinterprĂ©tation proposĂ©e par Jacob Revius en 1650 dans la Statera philosophiae cartesianae, lâA. soutient quâil nây a pas, dans la physique de D., de diffĂ©rence entre le concours ordinaire de Dieu et la conservation continue de la quantitĂ© totale de matiĂšre et de mouvement. Le concours ordinaire de Dieu nâimplique que la conservation de cette quantitĂ© totale ; en revanche, la production dâeffets particuliers doit ĂȘtre attribuĂ©e Ă la matiĂšre elle-mĂȘme. En effet, les corps sont douĂ©s des forces qui sont responsables des changements naturels produits par leur interaction. De cette façon, lâA. affirme avoir expliquĂ© dâune maniĂšre nouvelle, câest-Ă -dire en sâĂ©cartant de lâinterprĂ©tation occasionnaliste dominante dans le dĂ©bat anglo-saxon (il suffit de penser ici au Descartesâ Metaphysical Physics, Chicago, 1992 de D. Garber, BC XXIII, 2.1.4, discutĂ© par lâA.) pourquoi la causalitĂ© de Dieu, qui est immuable, est impliquĂ©e dans un monde en mutation. On pourrait toutefois sâinterroger tant sur la lĂ©gitimitĂ© mĂ©thodologique dâune tentative aussi systĂ©matique dâexpliquer la pensĂ©e de Descartes Ă la lumiĂšre des dĂ©bats de la scolastique moderne, que sur lâutilitĂ© de mesurer lâenjeu de la conception cartĂ©sienne de la causalitĂ© Ă la lumiĂšre du modĂšle conceptuel occasionalisme/anti-occasionalisme, qui, tout en Ă©tant dominant dans la littĂ©rature anglophone, ne peut sâappliquer quâavec difficultĂ© aux textes de D.
Emanuela Orlando
3.1.4. ARANGO GARCĂA (AndrĂ©s) : «La distinciĂłn EpistĂ©mico-OntolĂłgica en la TeorĂa de las Sustancias de Descartes», Disertaciones (Universidad del QuindĂo), 2011 (2), pp. 193-208.
3.1.5. ARBIB (Dan), « Levinas face Ă Descartes et HaĂŻm de Volozine : synthĂšse ou opposition ? », in COHEN-LEVINAS (Danielle), Lire TotalitĂ© et infini dâEmmanuel Levinas. Etudes et interprĂ©tations, Paris, Hermann, 2011, p. 123-146.
3.1.6. ARIEW (Roger), « Le principe dâindividuation selon Descartes et Leibniz », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 33-52.
3.1.7. BARTH (Christian), « Bewusstsein bei Descartes », Archiv fĂŒr Geschichte der Philosophie, 2011, 93, 2, p. 162-194.
3.1.8. BATTISTI (CĂ©sar Augusto), « A prova da existĂȘncia da multiplicidade de corpos na Sexta Meditação », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 181-214.
3.1.9. BELGIOIOSO, Giulia, « Descartes : parole, lingue e traduzioni » in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 30-64.
3.1.10. BELLUSCI (David, C.), « Malebranche: Order and the Natural law », Science et Esprit. Revue de philosophie et de théologie, 2011, 63/2, p. 237-250.
La critique a longtemps nĂ©gligĂ© les implications morales et politiques de la thĂ©orie malebranchiste de la loi. Si lâon excepte les travaux de P. Riley, qui datent des annĂ©es quatre-vingt (The General Will before Rousseau : the Transformation of the Divine into the Civic, Princeton, 1986), ce nâest que grĂące Ă des contributions rĂ©centes quâon a pu en apprĂ©cier le caractĂšre tout Ă fait original et fĂ©cond. Lâarticle de D.C. Bellusci a donc le mĂ©rite dâattirer lâattention du public canadien et international sur ce point, en se proposant de dĂ©montrer deux thĂšses : que lâoratorien a dĂ©veloppĂ© la notion de loi naturelle et Ă©ternelle Ă partir de celles de volontĂ©s et de lois gĂ©nĂ©rales ; que cette Ă©volution a eu lieu Ă lâoccasion de sa controverse avec les jansĂ©nistes. Une fois Ă©tabli que la thĂ©orie malebranchiste de la loi naturelle et Ă©ternelle prĂ©suppose une idĂ©e de lâordre redevable Ă la tradition platonico-augustinienne, lâA. souscrit Ă quelques-unes des remarques quâavait faites Riley dans son « Malebranche and Natural Law » (in T. J. Hochstrasser & P. Schröder (Ă©d.), Early Modern Natural Law Theories : Contexts and Strategies in the Early Enlightenment, Dordrecht, 2003). Il prĂ©sente dâabord la doctrine malebranchiste de lâaction divine par des volontĂ©s/lois gĂ©nĂ©rales, ainsi quâon la trouve exposĂ©e dans le TraitĂ© de la nature et de la grĂące ; ensuite il sâarrĂȘte sur le TraitĂ© de morale, pour montrer que lâaction divine y joue un rĂŽle de modĂšle propre Ă corriger la particularitĂ© et la relativitĂ© dont se ressent lâaction humaine, tant morale que politique ; enfin il constate que, dans les RĂ©flexions sur la prĂ©motion physique, Malebranche abandonne la thĂ©orie des volontĂ©s/lois gĂ©nĂ©rales en faveur de celle de la loi naturelle et Ă©ternelle. La raison ultime et dĂ©cisive de ce changement, Ă la fois lexical et conceptuel, rĂ©siderait non pas, comme le croyait Riley, dans lâinfluence que Leibniz avait exercĂ©e sur lâoratorien, mais plutĂŽt dans lâopposition que ce dernier avait mĂ»rie envers le jansĂ©nisme et qui avait Ă©clatĂ© Ă la suite des accusations lancĂ©es par L. Boursier en 1713. Il sâagit sans aucun doute dâune hypothĂšse trĂšs intĂ©ressante, mais qui nâest malheureusement appuyĂ©e que sur des donnĂ©es quâavait dĂ©jĂ rapportĂ©es Riley lui-mĂȘme. On regrette Ă©galement que lâA. nâait pas tenu compte des rĂ©sultats issus dâautres recherches importantes autour de Malebranche (dont J.-C. Bardout, La vertu de la philosophie : essai sur la morale de Malebranche, Hildesheim/New York, 2000, BC XXXI, 3.2.12, et M.-F. Pellegrin, Le systĂšme de la loi de N. Malebranche, Paris, 2006, BC XXXVII 2.2.6), oĂč le rapport du paradigme de lâordre et de la lĂ©galitĂ© divins Ă la morale et Ă la politique des hommes a Ă©tĂ© envisagĂ© de façon dĂ©taillĂ©e.
Angela Ferraro
3.1.11. BENĂTEZ (Laura), « Newton contre Descartes », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 193-206.
3.1.12 BETZ (Gregor), DescartesââMeditationenâ. Ein systematischer Kommentar, Ditzingen, Reclam, 2011, 196 p.
3.1.13. BOROS (Gabor), « The Passions », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, OUP, 2011 ; p. 182-200.
3.1.14. BRADING (Katherine), « Newtonâs law-constitutive approach to bodies : a response to Descartes », in JANIAK (Andrew), & SCHLIESSER (Eric), Interpreting Newton. Critical Essays, Cambridge, Cambridge University Press, 452 p. ; cf. Partie I, chap. 1, p. 13-32.
3.1.15. BROWN (Deborah J.), « Cartesian Functional Analysis », Australasian Journal of Philosophy 90 (1), 2011, p. 75 – 92.
3.1.16. BROWN, Deborah, « The Duck’s Leg : Descartes’s Intermediate Distinction », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 26-45.
3.1.17. BUCCOLINI (Claudio), « Quod vitae sectabor iter ? Sogni del â19 e immagini di Descartes da Baillet a Brucker », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 105-140
3.1.18. BURLANDO (Bravo), Giannina, « Meditaciones Morales de Descartes : pasiĂłn y auto conservaciĂłn de la vida », Veritas. Revista de FilosofĂa y TeologĂa (ValparaĂso), 25, 2011, p. 75-91.
LâA. avance que les textes cartĂ©siens rendent compte dâune doctrine des passions liĂ©e Ă une conception de la vie quâil sâagit de reconstituer. Car les Passions de lâĂąme ne sauraient valoir comme un traitĂ© de morale achevĂ© et complet. Il reste quâon peut en trouver lâĂ©bauche aussi bien dans le Discours de la mĂ©thode, les Passions de lâĂąme, les MĂ©ditations ou encore les RegulĂŠ. Cette morale se constitue hors du systĂšme philosophique de Descartes, mĂȘme si elle en est la condition de possibilitĂ©. Cet article sâappuie pour lâessentiel sur le livre de P. Guenancia, Lire Descartes, Paris, 2000 (reprenant Descartes, Paris, 1986, BC XVII, 2.1.8). On ne manquera pas de sâĂ©tonner que le maĂźtre ouvrage de D. Kambouchner (Lâhomme des passions, Paris, 1995, 2 t., BC XXVI, 2.1.3) nâait pas mĂȘme Ă©tĂ© mentionnĂ© ni discutĂ©, car il rend pour le moins difficile dâavancer de telles conclusions.
Gilles Olivo
3.1.19. CHARRAK (AndrĂ©), « Descartes au principe des cosmogenĂšses matĂ©rialistes ? », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 13-26.
3.1.20. CIPOLLETTA (Patrizia), Emozioni e pratiche filosofiche. Elisabetta del Palatinato « consulta » Cartesio, Milano, Mimesis, 2011, 177 p.
Ce volume, divisĂ© en trois chapitres et un appendice, se propose de montrer que le type de savoir pratique Ă©laborĂ© par D. au cours de son Ă©change Ă©pistolaire avec la princesse Elisabeth est celui qui est aujourdâhui dĂ©veloppĂ© dans la consultation philosophique. AprĂšs la psychanalyse, la psychologie et la neurologie, la pratique du counseling philosophique Ă©prouve elle aussi le besoin de se confronter Ă D. Suivant lâA., les lettres confirment cette thĂšse, en particulier celle dans laquelle D. discute avec la princesse de questions de nature politique et de morale pratique : Ă travers la rĂ©cupĂ©ration par le philosophe de la distinction entre « sciences cardinales », « sciences expĂ©rimentales » et « sciences libĂ©rales », distinction dĂ©jĂ prĂ©sente dans le Studium bonae mentis (AT X 202), Ă©mergerait un Descartes qui aurait rĂ©adaptĂ© la morale provisoire du Discours Ă un modĂšle de « morale de lâintention ». â On doit pourtant constater ici un forçage outrancier du texte, par exemple quand lâA. prĂ©tend dĂ©celer dans les positions du philosophe une empreinte nettement « pro-fĂ©ministe » (p. 103) : car, contrairement Ă ce que soutient lâA., il nâexiste pas pour Descartes de supĂ©rioritĂ© de genre, mais de classe (Descartes Ă Chanut, 1er nov. 1646, AT IV 534-538) ; et ce point est encore plus Ă©vident si on a garde Ă lâesprit la dĂ©finition de lâĂ©rudition dans lâEpistola ad Voetium : « non possunt plebeii homines non existimare illos esse doctissimos, qui aliis confidentius ea, quae dicunt, affirmant » (AT VIII-b, 45, 23-25) : ici, le facteur discriminant permettant dâaccĂ©der plus rapidement Ă la vĂ©ritĂ© et Ă la vertu est encore une fois une affaire de classe et non de genre. Ă quoi il faut ajouter que lâabsence de bibliographie et dâun Index nominum dessert ce volume, et quâaucun appareil de notes, si riche soit-il, ne saurait sây substituer.
Francesca Manno
3.1.21. COTTINGHAM (John), « Sceptical Detachment or Loving Submission to the Good? Reason, Faith, and the Passions in Descartes », Faith and Philosophy: Journal of the Society of Christian Philosophers, 2011, 28, 1, p. 44-53.
3.1.22. CRIFASI (Anthony), « Descartes’ Dismissal of Scholastic Intentional Forms : What Would Thomas Aquinas Say? », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 2, p. 141-157.
3.1.23. DE ROSA (Raffaella), « Rethinking the Ontology of Cartesian Essences », British Journal for the History of Philosophy, 19, n°4, 2011, p. 605-622.
Cet article propose une rĂ©flexion sur le statut ontologique des idĂ©es chez Descartes Ă partir de lâexamen critique des interprĂ©tations qui en ont Ă©tĂ© donnĂ©es outre-Atlantique depuis une quarantaine dâannĂ©es et ont abouti, selon lâA., Ă une vĂ©ritable impasse thĂ©orique. Ces interprĂ©tations se divisent en deux grands courants, un courant « conceptualiste » dâun cĂŽtĂ© et un courant « platonisant » de lâautre (auquel sâajoute un courant « nĂ©oplatonisant » qui doit sâentendre comme un rĂ©amĂ©nagement du prĂ©cĂ©dent).âChaque courant se fonde sur les textes fondamentaux du corpus cartĂ©sien, la CinquiĂšme MĂ©ditation (AT, VII, 64) et les Principes de la philosophie (AT, VIIIA, 26), mais en accordant la prioritĂ© tantĂŽt Ă lâun tantĂŽt Ă lâautre en fonction de lâoption interprĂ©tative retenue, manquant ainsi lâunitĂ© de la conception cartĂ©sienne de lâidĂ©e. Cette situation confuse sâexplique principalement par lâinsuffisante considĂ©ration de la doctrine de la crĂ©ation des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. Câest le statut de lâidĂ©e ut creata qui, selon lâA., est insuffisamment clarifiĂ©e par les « conceptualistes » et les « platonisants », le point crucial consistant Ă rendre compatible lâaffirmation selon laquelle « les essences se trouvent dans lâesprit de Dieu » avec la thĂšse bien connue selon laquelle « ces essences sont des idĂ©es innĂ©es dans les esprits des hommes » (p. 620). Autrement dit, câest la doctrine de la simplicitĂ© de Dieu qui, dans le mĂȘme temps, veut, conçoit et agit qui fait tomber les deux interprĂ©tations historiques (la « conceptualiste » exigeant que les idĂ©es soient distinctes de Dieu et la « platonisante » impliquant que les idĂ©es soient dâabord en Dieu avant dâĂȘtre en lâhomme). Cet article, en mĂȘme temps quâil relance la recherche sur un point essentiel de la mĂ©taphysique de Descartes, esquisse dans sa conclusion deux pistes pour rendre raison de la simultanĂ©itĂ© des idĂ©es en Dieu et en lâhomme : soit que lâon recoure Ă une thĂ©orie de lâidĂ©e divine comme « modification » (dĂ©sontologisant lâidĂ©e qui nâest plus alors comprise comme une chose dans lâesprit de Dieu), soit que lâon sâappuie sur le concept dâ« Ă©minence » pour qualifier lâidĂ©e divine dans sa diffĂ©rence dâavec lâidĂ©e humaine (thĂ©ologisant donc un peu plus la doctrine cartĂ©sienne de lâidĂ©e). Il reste maintenant Ă dĂ©terminer dans quelle mesure les textes cartĂ©siens autorisent, sans violence interprĂ©tative et jusque dans ses ultimes consĂ©quences, cette nouvelle alternative hermĂ©neutique.
Olivier Dubouclez
3.1.24. DELLA ROCCA (Michael), « Taking the fourth : steps toward a new (old) reading of Descartes », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.), & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 93-110.
3.1.25 DONATELLI (Marisa Carneiro de Oliveira Franco), « Descartes e Louis de la Forge: o mecanicismo na descrição do corpo humano e a questĂŁo da sensação », in MENEZES, (Edmilson) & OLIVEIRA (Everaldo de), (Ă©d.), Modernidade filosĂłfica: um projeto, mĂșltiplos caminhos. SĂŁo CristovĂŁo, Editora UFS, 2011, p. 89-115 [corrige le BC XLI, 3.2.37].
3.1.26. DOWNING (Lisa), « Sensible Qualities and Material Bodies in Descartes and Boyle », in NOLAN (Lawrence) (éd.), Primary and Secondary Qualities. The Historical and Ongoing Debate, Oxford, Oxford University Press, 2011, 404 p. ; p. 109-135.
3.1.27. EATON (William) & HIGGERSON (Robert), « Causation and the Cartesian Reduction of Motion : Godâs RĂŽle in Grinding the Gears », in ALLEN (Keith), & STONEHAM (Tom) (Ă©d.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p. ; cf. chap. 3, p. 48-64.
3.1.28. FORLIN (EnĂ©ias), « A concepção Cartesiana de sujeito : a alma e o animal racional », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p.135-166.
3.1.29. GARBER (Daniel), « Descartes contre les matĂ©rialistes, ou comment la confrontation de Descartes avec le matĂ©rialisme lui a fait rejeter la mĂ©taphysique », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 95-114.
3.1.30. GAUDEMARD (Lynda), « Descartesâ use of âideaâ in his early work : a revisited interpretation », Methodus. Revista Internacional de FilosofĂa Moderna, v.1 (6), 2011, p. 7-27.
3.1.31. GENOVESI (Giovanni) & BELLATALLA (Luciana), L’educazione e la sua scienza nel Discorso del metodo di ReneÌ Descartes, Rome, Anicia, 2011, 304 p.
3.1.32. GILBY (Emma), « Descartesâs âmorale par provisionâ : a re-evaluation », French studies, 2011, Vol. 65/4, p. 444-458.
3.1.33. GĂMEZ ALONSO (Modesto M.), « Descartesâ modal reliabilism », Praxis FilosĂłfica, 32, 2011, p. 11-26. En ligne : http://praxis.univalle.edu.co/numeros/n32/1_Articulos/1modesto_gomez_alonso.pdf
3.1.34. GONZĂLEZ (Rodrigo), « Descartes : las intuiciones modales y la inteligencia artificial clĂĄsica », Alpha, 32, juillet 2011, p. 181-198. En ligne : http://www.scielo.cl/pdf/alpha/n32/art14.pdf
3.1.35. HICKSON (Michael W.), « The Moral Certainty of Immortality in Descartes », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28/3, p. 227-246.
3.1.36. HUNTER (Graeme), « âLa plus belle proposition modaleâ, ou comment Leibniz amĂ©liora la version cartĂ©sienne de lâargument ontologique », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 53-72.
3.1.37. HWANG (Joseph W.), « Descartes and the Aristotelian framwork of sensory perception », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p., p. 111-148.
3.1.38. IHARA (Kenichiro), « Descartes no junkan (2) [Le cercle de Descartes (2)] », The journal of social sciences and humanities, 2011, 445, p. 47-82 [en japonais].
3.1.39. IMAI (Yusuke), « Descartes ni okeru kankaku teki kan-nen no meiseki hanmei sei no mondai [Clarté et distinction des idées sensibles chez Descartes] », Bulletin of The University of Tokyo, 2011, 30, p. 118-131 [en japonais].
3.1.40. JANGĂNE VILMER (Jean-Baptiste), « L’indĂ©fini cartĂ©sien entre politique et langage », Revue Philosophique de Louvain, 2011, 109, 3, p. 443-460.
Dans le sillage de ses travaux antĂ©rieurs, lâA. Ă©lucide ici les motivations politiques et linguistiques dont procĂšde le recours au concept dâindĂ©fini. (1) Entre lâinterprĂ©tation purement mĂ©taphysique (Gouhier) et lâinterprĂ©tation purement politique (KoyrĂ©), il conviendrait dâopter pour une voie mĂ©diane : lâindĂ©fini, justifiĂ© par des raisons mĂ©taphysiques, permettrait Ă Descartes dâĂ©chapper aux pressions de lâĂglise, dont GalilĂ©e lui-mĂȘme venait dâĂȘtre victime. (2) La distinction entre infini et indĂ©fini serait « inspirĂ©e » par lâusage des mots, thĂšse qui permet Ă lâA., contre lâinterprĂ©tation de J.-F. Lavigne, de rapprocher Descartes de Levinas. â On objectera ici (a) que certaines interprĂ©tations sont sinon tout Ă fait discutables, du moins forcĂ©es (par ex. : « dire, dâune part, que ââjâignore si les choses indĂ©finies sont ou non infiniesââ signifie que lâinfinitĂ© des choses indĂ©finies est douteuse, et dire, dâautre part, que ââpar prĂ©caution je les nomme indĂ©finiesââ revient Ă dire que, par prĂ©caution, je considĂšre leur infinitĂ© comme fausse » : analyse qui permet Ă lâA. de voir dans le concept dâindĂ©fini un lieu dâapplication de « la mĂ©thode cartĂ©sienne de considĂ©rer le douteux comme faux ») ; (b) que, entre motivations politiques, mĂ©taphysiques et « langagiĂšres », on peine Ă dĂ©celer les lignes de partage et les prioritĂ©s, Ă moins que la seconde partie de lâarticle (sur les motivations langagiĂšres) nous soit demeurĂ©e obscure, ce quâon nâexclura pas ; (c) que si lâA. a le mĂ©rite de reprendre dâimportantes discussions de la tradition interprĂ©tative (oĂč interviennent Gilson, Gouhier, KoyrĂ©, AlquiĂ©, etc.) et surtout â fait rare â de les ouvrir Ă leur exploitation phĂ©nomĂ©nologique (chez Levinas), on regrettera lâabsence de rĂ©fĂ©rences Ă des travaux importants, notamment italiens (A. Del Prete, I. Agostini, etc.).
Dan Arbib
3.1.41. JITSUKAWA (Toshio), « Koufuku he no ishi – Descartes no tetsugaku [La volontĂ© vers le bonheur] », The journal of social sciences and humanities, 2011, 444, p. 1-31 [en japonais].
3.1.42. JOLY (Bernard), Descartes et la chimie, Paris, Vrin, 2011, 256 p.
3.1.43. KIEFT (Xavier), Descartes. MeÌditations meÌtaphysiques I-III, extraits, introduction et notes, Paris, Ellipses, coll. « Focus sur », 2011, 96 p.
3.1.44. KOBAYASHI (Toshio), Houhou josetsu wo meguru muttsu no shiron [Six essais sur Discours de la méthode], Yokohama, Shumpusha, 228 p. [en japonais]
3.1.45. KOLESNIK-ANTOINE (Delphine), Descartes : une politique des passions, Paris, PUF, 2011, 160 p.
LâA. se dĂ©marque ici des rĂ©cupĂ©rations politiques : la « rĂ©habilitation nationaliste » par Maurras (LâAction française, 15 octobre 1899, p. 314 sq), le « rĂ©investissement » par Thorez qui, le 2 mai 1946, Ă la Sorbonne, cĂ©lĂšbre « lâadversaire implacable de tous les dogmes rĂ©vĂ©lĂ©s (âŠ) Descartes qui, de son pas allĂšgre, nous conduit vers des lendemains qui chantent » (Ćuvres, t. XXII, p. 60-68) ; mais aussi des Ă©tudes antĂ©rieures : P. Guenancia (Descartes et lâordre politique, Paris, 1983 ; rééd. Paris, 2012, BC XIV, 2.1.5) qui, contrairement Ă lâA., trouvait chez D. une critique de la politique. LâA. se propose dâ« ancrer dĂ©finitivement la politique cartĂ©sienne dans le registre affectif » (p. 11) et affirme que « câest la Querelle dâUtrecht qui a conduit D. Ă se prĂ©occuper des « affects des lecteurs » et de la façon de « mieux les persuader sans travestir la vĂ©ritĂ© » (p. 17). La premiĂšre partie (p. 19-53) Ă©tudie les « humeurs gouvernĂ©es et humeurs gouvernantes » et « lâutilitĂ© de la vraie philosophie » dans un Ătat : lâA. y prĂ©sente un D. mĂ©fiant envers le peuple, turba gouvernĂ©e par ses humeurs, moins respectueuse de la probitĂ© et de la vertu que de la barbe et de la voix des thĂ©ologiens, mais aussi envers les princes mĂ©lancoliques, Ă lâhumilitĂ© excessive et trop centrĂ©s sur eux-mĂȘmes. La seconde partie (p. 55-81) constitue le cĆur de lâouvrage, oĂč un rapprochement audacieux avec Hobbes rĂ©sume la politique Ă un dĂ©centrement depuis soi-mĂȘme vers autrui. : « Lâamour et lâestime » sont le moyen de se tourner de lâamour de soi vers lâutilitĂ© publique. Cette solution, dont on voit mal le lien avec les calculs hobbesiens, explique les critiques adressĂ©es par D. Ă Machiavel, dans la Lettre Ă Elisabeth de septembre 1646 (p. 78-80). La suite donne des prolongements de cette attitude de « dĂ©centrement » dans la rhĂ©torique, par une longue Ă©tude des CinquiĂšmes rĂ©ponses oĂč D. choisit, par stratĂ©gie, de faire rire de Gassendi pour ruiner son crĂ©dit par le ridicule (p. 90-109). La derniĂšre partie (« Ătudier la politique en physicien », p. 111-139) compare le physicien qui se « dĂ©centre » des qualitĂ©s sensibles vers les figures et mouvement, au politicien qui se dĂ©tourne du dĂ©sir de reconnaissance pour lui prĂ©fĂ©rer lâestime authentique. LâA. propose alors un intĂ©ressant rapprochement entre D. et Rousseau via Malebranche (p. 135 sq). La figure du gĂ©nĂ©reux est trĂšs briĂšvement Ă©voquĂ©e en conclusion pour voir dans le cartĂ©sianisme une conciliation entre Ă©thique et pragmatisme.
Cette Ă©tude sâinscrit dans lâune des orientations actuelles des Ă©tudes cartĂ©siennes, qui tend Ă voir dans la thĂ©orie des passions un foyer propre Ă Ă©clairer des aspects jusquâici marginaux du cartĂ©sianisme. On ne peut sâempĂȘcher dâĂȘtre parfois dubitatif devant la volontĂ© de rapprocher des remarques Ă©parses pour construire une thĂ©orie politique que D. a peut-ĂȘtre dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©vitĂ©e. Mais cela permet Ă lâA. de renouveler la lecture de certaines pages du corpus cartĂ©sien et cette nouveautĂ© constitue lâattrait principal de lâouvrage.
Pascal Dumont
3.1.46. KOPPEL (Marius), Zerfall der Seele bei Descartes, Gaggenau, KoÌppel, 2011, 52 p.
3.1.47. LANDY (David), « Descartesâ Compositional Theory of Mental Representation », Pacific Philosophical Quarterly, 2011, 92, 2, p. 214-231.
3.1.48. LEE (Kyoo), « Cogito Interruptus. The Epistolary Body in the Elisabeth-Descartes Correspondence, June 22, 1645-November 3, 1645 », PhiloSOPHIA: A Journal of Continental Feminism, 2011, 1, 2, p. 173-194.
3.1.49. LENNON (Thomas M.), « Descartes and the Seven Senses of Indifference in Early Modern Philosophy », Dialogue. Canadian Philosophical Review, 2011, 50, 3, p. 577-602.
3.1.50. LENNON (Thomas M.), « Descartes, Arcesilau e a estrutura da epokhĂ© », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 37-62.
3.1.51. LEVY (Lia), « O conceito cartesiano de atributo principal », in LEVY (Lia) & ROCHA (Ethel) (éd.), Estudos de Filosofia Moderna. 1. Porto Alegre, Linus Editora, 2011, p. 69-80.
3.1.52. LEVY (Lior), « Memory and the Passions in Descartesâ Philosophy », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 4, p. 339-354.
3.1.53. LICCIOLI (Loana), Medicina more mechanico. La fisiologia di Descartes, Bologne, Archetipolibri, 214 p.
3.1.54. LOJACONO (Ettore), « La traduzione delle opere scientifiche di Descartes », in TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p. ; p. 99-112.
3.1.55. MALINOWSKI-CHARLES (Sylviane), « La douleur de Descartes Ă Spinoza, ou les mĂ©tamorphoses dâun concept », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 73-94.
3.1.56. MARCIALIS (Maria-Teresa), « Sensibilità e automatismo negli animali-macchina cartesiani », Rivista di Storia della Filosofia, 2011, 66, 4, p. 603-631.
3.1.57. MARGOT (Jean-Paul), « A propĂłsito del âmore geomĂ©tricoâ en Descartes y Spinoza », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 73-89 ; article repris de Praxis filosofica, 29, 2009, p. 85-100 (cf. BC XL, 3.1.92), disponible en ligne : http://www.scielo.org.co/pdf/pafi/n29/n29a05.pdf
3.1.58. MARGOT (Jean-Paul), « Descartes : una metafĂsica del presente », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 55-73 ; article repris de Praxis Filosofica, 21, 2005, p. 79-96 (oubli du BC XXXVI), disponible en ligne : http://bibliotecadigital.univalle.edu.co/xmlui/bitstream/handle/10893/1918/JPMargot.pdf?sequence=1)
3.1.59. MARGOT (Jean-Paul), « La inversiĂłn cartesiana del eje aristotĂ©lico tomista del conocimiento », dans Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, p. 35-45 ; article repris de Praxis Filosofica, 13, 2001 (oubli du BC XXXII), disponible en ligne : http://bibliotecadigital.univalle.edu.co/xmlui/bitstream/handle/10893/1836/pag%2043%20-%2051.pdf?sequence=1.
3.1.60. MARGOT (Jean-Paul), Ensayos filosĂłficos, MĂ©xico, PorrĂșa, 2011, contient les titres prĂ©cĂ©dents.
3.1.61. MATHERON, Alexandre, « Amour, digestion et puissance selon Descartes », in id, EÌtudes sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS eÌditions, 2011, 741 p. ; p. 55-65, initialement publiĂ© dans la Revue philosophique de la France et de lâĂ©tranger, 1988, 4, p. 433-445 (cf. BC XIX, 3.1.76.)
3.1.62. MATHERON, Alexandre, « Descartes, le principe de causalitĂ© et la rĂ©alitĂ© objective des idĂ©es », in id, EÌtudes sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS eÌditions, 2011, 741 p. ; p. 553-565, initialement publiĂ© dans BESNIER (Bernard), (Ă©d.), Scepticisme et exĂ©gĂšse. Les cahiers de Fontenay, 1993, p. 217-228, BC XXXV 3.1.74.
3.1.63. MATHERON, Alexandre, « Psychologie et politique : Descartes et la noblesse du chatouillement », id, EÌtudes sur Spinoza et les philosophies de l’Ăąge classique, Lyon, ENS eÌditions, 2011, 741 p. ; p. 25-54, intialement publiĂ© dans Dialectique, 1974, 6, p. 79-98, puis dans Anthropologie et politique au XVIIe siĂšcle, Paris, Vrin, 1986 (cf. BC V 3.1.9.)
3.1.64. MERKAÄ (Iris), « RenĂ© Descartes o matematiÄnih esencah [RenĂ© Descartes sur les essences mathĂ©matiques] », Analiza 15, 2011, p. 93-104 [en slovĂšne, avec rĂ©sumĂ© en anglais].
3.1.65. MESCHINI (Franco A.), « Filologia e scienza. Note per unâedizione critica de LâHomme di Descartes », in MESCHINI (Franco A.), Le opere dei filosofi e degli scienziati. Filosofia e scienza tra testo, libro e biblioteche, Florence, Olschki, 2011, p. 165-204.
Lâhistoire du texte de LâHomme constitue une difficultĂ© complexe dans lâĂ©tude de la genĂšse des Ćuvres de Descartes. Dans le prĂ©sent article, F. Meschini nous permet de progresser dans lâĂ©lucidation de ce mystĂšre. Trois problĂšmes peuvent ĂȘtre distinguĂ©s, qui rendent lâhistoire de ce texte particuliĂšrement compliquĂ©e. (1) Dâabord, Descartes travailla Ă ce traitĂ© durant toute sa vie, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1630 jusquâen 1648. Les manuscrits utilisĂ©s par les Ă©ditions latines de 1662 et 1664, ainsi que lâĂ©dition française de 1664, pourraient reflĂ©ter les diffĂ©rentes Ă©tapes de cette rĂ©daction, et il nâest pas si Ă©vident que Clerselier ait publiĂ© le meilleur texte. (2) La seconde difficultĂ© provient la circulation de copies manuscrites. Nous avions nous-mĂȘme proposĂ© il y a dix ans un essai de reconstitution (A Bibliography of the Works of Descartes (1637-1704), Utrecht, 2002, BC XXXIII, 1.3.4) ; lâA. poursuit aujourdâhui cet effort en passant mĂ©ticuleusement au peigne fin la Correspondance Ă la recherche de nouveaux indices. De son admirable tentative apparaissent 16 tĂ©moignages de copies. La grande Ă©nigme est de parvenir Ă combiner les indices fournis par la Correspondance et les chiffres donnĂ©s par les Ă©diteurs Schuyl et Clerselier. Il est Ă la fois tentant et inĂ©vitable de quitter la voie sĂ»re des preuves empiriques pour se lancer dans la spĂ©culation, puisquâil y a peu de choses dont nous soyons sĂ»rs ; la question est alors de savoir jusquâĂ quelle distance on choisit de sâĂ©vader. Il est gĂ©nĂ©ralement reçu que la copie du traitĂ© faite Ă partir du manuscrit autographe en 1642 appartint Ă Van Surck et fut utilisĂ©e pour lâĂ©dition de 1662. LâA. franchit un pas supplĂ©mentaire : il date les deux copies effectuĂ©es Ă partir de celle-ci de 1643 et les attribue Ă Pollot et Huygens, sans doute Ă raison. Toujours est-il quâil faut garder Ă lâesprit que nous travaillons sur un puzzle dont nous ignorons le nombre de piĂšces, et dans lequel celles que nous avons ne sâinsĂšrent pas nĂ©cessairement. (3) La troisiĂšme difficultĂ© concerne lâhistoire de la publication des trois Ă©ditions. JusquâĂ une date rĂ©cente, tout semblait relativement simple : Clerselier possĂ©dait lâautographe et Schuyl publia de pures et simples traductions Ă partir de copies. Cette interprĂ©tation ne peut plus ĂȘtre soutenue. Nous savons Ă prĂ©sent que Clerselier envoya une copie de lâautographe quâil possĂ©dait aux Pays-Bas bien avant que Shuyl ne publie sa premiĂšre Ă©dition et, depuis la brillante publication de S. Matton ici mĂȘme (BC XXXVI, p. 149), nous savons que Clerselier possĂ©dait une copie quand il Ă©dita lâautographe.
Dans cet article, Meschini traite habilement cette question et fait quelques avancĂ©es sĂ©rieuses. Pour lever un peu plus le voile, quelques zones dâombres devront encore ĂȘtre explorĂ©es : comment expliquer que lâautographe Ă©tait dans le coffre que Descartes emporta en SuĂšde mais quâil ne regagna pas Paris avec le reste des papiers ? Comment les Elzevier savaient-il Ă Amsterdam au milieu des annĂ©es 1650 que Clerselier travaillait sur LâHomme et pourquoi nâont-ils pas publiĂ© leur propre Ă©dition, annoncĂ©e dans lâintroduction des Opera philosophica en 1656 ? Depuis la premiĂšre Ă©dition du traitĂ© de LâHomme il y a 350 ans, il y a encore beaucoup Ă dĂ©couvrir.
Matthijs Van Otegem
3.1.66. MIHALI (Andreea), « Sum Res Volans : The Centrality of Willing for Descartes », International Philosophical Quarterly, 2011, 51, 2, 202, p. 149-179. En ligne : http://philosophy.tamu.edu/~sdaniel/682%20Readings/mihali%20willing.pdf
LâĂ©vidente erreur qui affecte le titre de cet article et qui se rĂ©pĂšte systĂ©matiquement dans le dĂ©veloppement, volans pour volens (comme si lâobjet de cette Ă©tude Ă©tait « la chose qui vole » !) confine au grotesque, suivant une tendance malheureusement de plus en plus frĂ©quente dans la littĂ©rature secondaire, et dont sont responsables tant les auteurs que les revues elles-mĂȘmes â et il est Ă cet Ă©gard Ă©difiant que, dans ce cas, il sâagisse de lâInternational Philosophical Quarterly !
Lâobjet de lâarticle est, comme son titre (ne) lâindique (pas), le rĂŽle central occupĂ© par la volontĂ© dans la pensĂ©e de Descartes, en particulier dans les Meditationes (cogito, clartĂ© et distinction, preuves de lâexistence de Dieu et de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle). Partant de lâexamen de Meditatio II oĂč Descartes soutient lâinsĂ©parabilitĂ© de la pensĂ©e de lâego mĂ©ditant, lâarticle se dĂ©ploie en sept moments. (1) Pour commencer (« Descartesâs concepts of essence and awareness », p. 152-156), lâA. analyse briĂšvement les concepts cartĂ©siens dâĂȘtre et de conscience et montre que la volontĂ© appartient Ă lâessence de lâesprit dans la mesure oĂč le mĂ©ditant est impliquĂ© dans la mĂ©ditation ; puis lâA. Ă©largissant la discussion en insistant sur la volontĂ© (lâA. se rĂ©fĂšre Ă lâarticle de P. Schouls, « Human Nature, Reason, and the Will in the Argument of Descartesâs Meditations », in J. Cottingham (Ă©d.), Reason, Will and Sensation, Oxford, 1994, BC XXV, 3.1.126, qui souligne dans les Meditationes la primautĂ© de la volontĂ© sur lâentendement), lâA. met lâaccent sur ce qui interdit de sĂ©parer du mĂ©ditant lâacte mĂȘme de penser lorsquâil est en train de mĂ©diter. Par contraste appuyĂ© avec la thĂšse habituellement soutenue par les spĂ©cialistes (lâA. se limite Ă citer lâouvrage, dâailleurs capital, dâA. Kenny, Descartes, New York, 1968) selon laquelle lâessence de lâesprit, pour Descartes, nâest pas constituĂ©e par les pensĂ©es des objets dont nous sommes conscients, lâA. affirme que lâessence de lâesprit est constituĂ©e dans sa plus grande part par la volontĂ©. La volontĂ©, en effet, nâest pas seulement un genre quelconque de la pensĂ©e : chaque fois que lâon pense, en fait, la seule action de penser implique soit la conscience, soit la volontĂ©, et câest par le doute mĂȘme que se realise lâidentification entre la volontĂ© et la pensĂ©e de sorte que le mĂ©ditant est en mĂȘme temps une chose qui veut (res volans [sic]) et une chose qui pense (res cogitans) : la volontĂ©, donc, ne peut pas ĂȘtre sĂ©parĂ©e du mĂ©ditant mĂȘme. Pour valider sa thĂšse, lâA. examine (2) le rĂŽle jouĂ© par la volontĂ© dans tous les points-clĂ©s des Meditationes, Ă savoir le cogito (« The Will and the Cogito », p. 156-162) ; (3) la clartĂ© et la distinction des idĂ©es (« Clarity and Distinctness and the Will, p. 162-167) ; (4) les preuves de lâexistence de Dieu (« The Will and the Proofs for the existence of God », p. 167-169) et (5) la propension que nous avons Ă croire que nos idĂ©es des choses sensibles nous viennent toutes des choses extĂ©rieures (« The Will and the proof for the existence of bodies », p. 169-172). (6) Avant de conclure (« The Light of Nature as instinct », p. 172-175), lâA. affirme Ă©galement que lâinclination propre de la volontĂ© Ă la bontĂ© et Ă la vĂ©ritĂ© est lâaspect volontaire de la lumiĂšre naturelle. (7) Dans les conclusions (« Conclusions », p. 175-179) lâA. envisage deux questions qui pourraient ĂȘtre soulevĂ©es par lâaffirmation selon laquelle la volontĂ© appartient Ă lâessence de lâesprit : (a) quelle est la relation entre la thĂšse avancĂ©e et la question posĂ©e par Arnauld (une connaissance adĂ©quate est-elle nĂ©cessaire pour conclure que la pensĂ©e est lâessence de lâesprit) ? ; (b) si tout acte conduit Ă un autre acte, quel fondement est Ă la base de la distinction entre lâintellect et la volontĂ©, Ă©tant donnĂ© le refus de Descartes dâadmettre quâaucune pensĂ©e nâa de base dans la rĂ©alitĂ© ? â La premiĂšre question concerne la relation entre la position dĂ©fendue par lâA. et la critique par Arnauld de lâargument de Descartes selon lequel lâessence de lâesprit consiste en Ă©tant uniquement une chose pensante ; sâagissant de la deuxiĂšme question, lâA. souligne encore une fois que la volontĂ© ne peut pas ĂȘtre mise sur le mĂȘme plan que les autres types de pensĂ©e (comme la perception des sens, lâimagination, et la pensĂ©e pure).
Siegrid Agostini
3.1.67. MILIDRAG (Predrag), « Dekart o esse objectivum i uroÄenim idejama » [Descartes sur lâesse obiectivum et lâorigine des idĂ©es], Filozofski godiĆĄnjak, 24, 2011, p. 173-194 [en serbe].
3.1.68. MILIDRAG (Predrag), « Dekartova idea i reprezentacije stvari » [LâidĂ©e de Descartes et les reprĂ©sentations des choses], Filozofija i druĆĄtvo, 22, 2011, p. 235-266, disponible en ligne http://www.doiserbia.nb.rs/img/doi/0353-5738/2011/0353-57381103235M.pdf [en serbe avec le rĂ©sumĂ© anglais].
3.1.69. MONGIN (Jean-Paul), Descartes shi no akuryou [Le malin génie de monsieur Descartes], trad. Oikawa Mie, Tokyo, Discover 21, 2011, 64 p.
3.1.70. MORENO ROMO (Juan Carlos), « Entre Descartes et Pascal : de la question nationale Ă lâuniversalisme de la raison et du cĆur », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 135-156.
3.1.71. MOUNCE (Howard O.), « The Myth of Cartesian Privacy », American Catholic Philosophical Quarterly, 2011, 85, 4, p.
3.1.72. NGUIMBI (Marcel), La catĂ©gorie de lâespace chez Descartes. Pour une Ă©pistĂ©mologie non classique de la physique, Paris, LâHarmattan, 2011, 196 p.
3.1.73. NOLAN (Lawrence), « Descartes on âWhat We Call Colorâ », in Nolan, Lawrence, Primary and Secondary Qualities: The Historical and Ongoing Debate, Oxford, Oxford University Press, 2011, 404 p. ; p. 81-108.
En 1665, Jacques Du Roure, dans son AbrĂ©gĂ© de la vraye philosophie, nomme les attributs des corps liĂ©s Ă lâextension mĂȘme les « premiĂšres qualitĂ©s » et les caractĂ©ristiques sensibles comme la fluiditĂ© ou la chaleur les « qualitĂ©s secondes ». Depuis, Locke a popularisĂ© lâappellation et nous avons oubliĂ© Du Roure. Le prĂ©sent volume a pour vocation de constituer une somme sur un thĂšme Ă la fois trĂšs dĂ©terminĂ© historiquement (les diffĂ©rentes propriĂ©tĂ©s concernĂ©es sont dĂ©jĂ distinguĂ©es dans lâantiquitĂ© grecque et la postĂ©ritĂ© de D. et Locke en fera grand cas) et trĂšs actuel, puisque le statut des qualia fait aujourdâhui encore lâobjet de ce que les thĂ©oriciens fonctionnalistes considĂšrent comme le « gros problĂšme » de la conscience (voir D. Chalmers, The Conscious Mind, Oxford-New York, OUP, 1996). Deux Ă©tudes concernent Descartes en particulier. « Descartes on âWhat we call Colorâ » par L. Nolan (p. 81-108) et « Sensible Qualities and Material Bodies in Descartes and Boyle » par L. Downing (p. 109-135). Ce second article, centrĂ© sur les Principia philosophiae dĂ©fend scrupuleusement la thĂšse selon laquelle le rejet cartĂ©sien des qualitĂ©s secondes est principalement liĂ© Ă une interprĂ©tation essentialiste des corps selon laquelle lâobjet de la science naturelle consiste en rĂ©alitĂ© dans la seule extension, ce qui ne constitue pas une stratĂ©gie jugĂ©e trĂšs convaincante (p. 127). La premiĂšre Ă©tude est de facture moins classique que cette lecture, et le rĂŽle dĂ©cisif quâelle assume dans le volume peut sâinterprĂ©ter Ă deux niveaux. Son auteur, qui dirige lâanthologie, y interprĂšte de maniĂšre radicale et littĂ©rale le « color nominalism » (p. 83-84) de Descartes : il sâagit de montrer que le souci du philosophe est moins de rendre compte des couleurs elles-mĂȘmes que de « what we call » les couleurs, ou telle couleur. De ce fait, lâobjectif de lâĂ©lucidation cartĂ©sienne sera moins de rendre compte de ce quâest le rouge ou quelque autre teinte, que de saisir la signification â câest-Ă -dire lâusage ou la fonction discursive â de cette expression. La perspective est prima facie trĂšs originale, mais elle comprend une portĂ©e supĂ©rieure elle-mĂȘme dĂ©doublĂ©e. Au sein du volume, dâabord, on saisit soudain pourquoi les qualitĂ©s secondes sont de maniĂšre presque systĂ©matique apprĂ©hendĂ©es par le biais des couleurs. En rĂ©alitĂ©, comme dans le Manuel de philosophie moderne de Renouvier, tout conduit Ă ou procĂšde ici de Descartes, selon une maniĂšre de travailler caractĂ©ristique de lâA. dont les prĂ©occupations sont davantage orientĂ©es vers lâexplication ou la reconstitution dâun objet interprĂ©tatif que vers une supposĂ©e rĂ©alitĂ© historique assimilable Ă une chose en soi consistante. Ainsi, les qualitĂ©s secondes, câest ce que nous en avons fait, mais ce que nous appelons « Descartes » aussi fut constituĂ© de la sorte (dĂ©montrer cela est dâailleurs lâune des ambitions du Cambridge Descartes Lexicon dont lâA. assume actuellement la direction). Cette leçon est, on lâaura dĂ©duit, prĂ©sentĂ©e comme un acte de cartĂ©sianisme appliquĂ©, puisque le philosophe Ă©tudiĂ© ici est censĂ© inciter lui-mĂȘme Ă ne pas apprĂ©hender les choses comme sâil sâagissait de rĂ©alitĂ©s indĂ©pendantes quâil conviendrait de percevoir de maniĂšre naĂŻve, mais dâabord comme des objets thĂ©oriques gĂ©nĂ©rĂ©s par les descriptions que lâon pourra en produire et les rĂ©fĂ©rences que lâon pourra y faire. Gageons quâĂ faire de cette perspective interprĂ©tative un principe de lecture, câest un renouvellement de la comprĂ©hension de ce que signifie « Descartes » qui se prĂ©pare.
Xavier Kieft
3.1.74. NONOMURA (Azusa), « Descartes ni okeru « noudou – judou » gainen [Le concept dâaction-passion chez Descartes] », Machikaneyamaronso, 2011, 45, p. 17-34, [en japonais].
3.1.75. NORMORE (Calvin G.), « Cartesian unions », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered: Essays in honor of Paul Hoffman. Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 223-229.
3.1.76. NOWERSZTERN (Mariana), « âNe pas ĂȘtre sujet ?â Similitudo Dei : la libertĂ© et son usage, des MĂ©ditations aux Passions de lâĂąme », Les Ă©tudes philosophiques, 2011/1, 96, p. 71-83.
Reprenant des thĂšmes qui lui sont chers depuis longtemps, lâA. montre trĂšs bien que les Passions de lâĂąme prĂ©sentent cette originalitĂ© dans le XVIIe siĂšcle de ne pas faire de lâamour de soi ni de lâamour propre un thĂšme central de la morale, mais de les transposer dans la question de lâestime de soi. Ici intervient le concept dâestime (quâon aurait sans doute pu dâabord Ă©tudier pour lui-mĂȘme, comme un mode de connaissance sans objectivitĂ©, appropriĂ©e aux accidents, donc Ă la morale, une connaissance Ă lâestime, comme il y a une navigation Ă lâestime). On a aussi raison de souligner que lâestime nâĂ©quivaut pas toujours ni dâabord Ă un jugement favorable sur soi. Il faut que lâestime porte sur ce qui mĂ©rite proprement en moi un jugement favorable : le libre-arbitre et son bon usage. Mais user et bien user ne sont pas Ă©quivalents : user renvoie Ă la doctrine de la volontĂ© en gĂ©nĂ©ral, bien user Ă la morale elle-mĂȘme, et de fait Descartes maintient, parfois du moins, la distinction. Il est en particulier trĂšs juste de souligner que la « ressemblance et similitude » jouent en sens inverse entre la Meditatio IV et les Passions de lâĂąme ; et que la similitude avec Dieu consiste aussi Ă ne pas savoir si mon usage de cette libertĂ© est vraiment bon. Ces heureuses conclusions soulĂšvent pourtant deux rĂ©serves. Dâabord, il se pourrait que lâestime de soi par considĂ©ration du bon usage du libre-arbitre trouve une norme dans la considĂ©ration de lâamour de Dieu (pour Dieu, au vu de son infinitĂ© et de la perfection de sa volontĂ©), en sorte que lâestime ait bien une rĂšgle. Ensuite, rien, dans ce qui a Ă©tĂ© montrĂ©, ne met en cause la dĂ©finition de la gĂ©nĂ©rositĂ© comme « redoublement Ă©thique du cogito », au contraire : la cogitatio reprise selon le mode de la volontĂ©, ne dĂ©couvre pas « quelque chose de plus grand que le cogito », mais la figure prĂ©cisĂ©e de lâinfini dâemblĂ©e prĂ©sente en lui.
Jean-Luc Marion
3.1.77. PHEMISTER (Pauline), « Leibniz and Descartes », in LOOK, Brandon C., (éd.), The Continuum Companion to Leibniz, Londres, New York, Syndney, New Delhi, Bloomsbury, Continuum, 2011, 334 p. ; p. 14-29.
3.1.78. RAMOND (Charles), Descartes, promesses et paradoxes, Paris, Vrin, 2011, 160 p.
LâA., en procĂ©dant Ă lâĂ©tude du concept cartĂ©sien de promesse, jamais abordĂ© Ă ce jour comme un Ă©lĂ©ment clĂ© du lexique du philosophe, vise Ă mettre en lumiĂšre la structure paradoxale de la philosophie de D. Cette structure se vĂ©rifierait dâun point de vue thĂ©matique dans la morale par provision traversĂ©e par un rejet de « toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa libertĂ© » (AT VI 24, 1-3) et une valorisation de la rĂ©solution de sâen tenir Ă une dĂ©cision, quoique, absolument parlant, on aurait pu en prendre une autre (chap. I et II, p. 17-29 et p. 31-53). Elle sâillustrerait Ă©galement dans la vie mĂȘme de D., dont la posture existentielle volontiers fuyante (p. 129) ne le dispense pas de remplir ses obligations (chap. III, p. 55-84), et dont la position contrastĂ©e au sujet de ses propres textes, qui va de pair avec une interrogation sur le sens quâil y a Ă rĂ©clamer le statut dâauteur (chap. IV, p. 85-102), ne lâempĂȘche pas de faire des livres et de tenter dâĆuvrer au service de la vĂ©ritĂ©, en dĂ©fendant ses thĂšses quand elles sont attaquĂ©es (chap. V, p. 103-113). Pour autant, lâenjeu de lâouvrage nâest pas biographique mais a une dimension « avant tout conceptuelle et logique » (p. 118). Il sâagit en effet de faire ressortir lâextension du concept cartĂ©sien de libertĂ©, grĂące Ă laquelle lâhomme peut autant plonger dans lâirrĂ©solution quâen sortir, ainsi que de souligner, au plan mĂ©taphysique, que lâunivers cartĂ©sien est marquĂ© par un questionnement sur la permanence des ĂȘtres et sur le rĂŽle jouĂ© par Dieu dans ce cadre.
Ce travail, dans son souci de faire jaillir des points de tension inhĂ©rents Ă la philosophie de D., a le mĂ©rite de ne pas considĂ©rer ce corpus comme un tout qui existerait dâun seul bloc, et dâinviter Ă examiner systĂ©matiquement les couches qui le constituent. Toutefois, si lâon comprend bien la dĂ©marche de lâA. consistant Ă ressaisir une Ćuvre dans le cadre Ă©nonciatif quâelle se donne, on peut regretter un peu que les implications thĂ©orĂ©tiques du caractĂšre supposĂ©ment paradoxal des thĂšses de Descartes nâaient pas Ă©tĂ© davantage dĂ©veloppĂ©es pour elles-mĂȘmes.
Ălodie Cassan
3.1.79. RENAULT (Laurence), « Generosidade e substancialidade da alma segundo Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 63-80.
3.1.80. ROCHA (Ethel Menezes da), « Notas sobre o argumento da loucura na Primeira Meditação », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 103-116.
3.1.81. ROCHA (Ethel Menezes da), « O Dualismo Cartesiano e a Filosofia da Mente », in (CHITOLINA) Claudinei, APARECIDO PEREIRA (José) & alii (éd.), A Natureza da Mente, Maringå, Humanitas Vivens, 2011, p. 46-59.
3.1.82. ROSCOE (John), A history of the quest for philosophical clarity from Descartes to Wittgenstein, Lewiston (New York), Edwin Mellen Press, 278 p., chap. 1, « The Quest of René Descartes », p. 11-36.
3.1.83. ROZEMOND (Marleen), « Real distinction, separability, and corporeal substance in Descartes », in FRENCH (Peter A.), WETTSTEIN (Howard K.) & CARRIERO (John Peter), Early modern philosophy reconsidered. Essays in honor of Paul Hoffman, Midwest Studies in Philosophy, 2011, 35, Boston, Blackwell Publishing, 2011, 334 p. ; p. 240-258.
3.1.84. SARI (Mehmet Ali), « Birincil ve İkincil Nitelikler Ăzerine Descartes, Locke ve Berkeley [Descartes, Locke et Berkeley sur les qualitĂ©s premiĂšres et secondes] », Yeditepe’de Felsefe, 2011, 10, 57, p. 150-188 [en turc].
3.1.85. SAWAZAKI (Takehiro), « Descartes no chikaku ron â âchokusetsu jitsuzai ronâ no kanousei ni tsuite [La thĂ©orie de la perception chez Descartes – sur la possibilitĂ© de la âthĂ©orie de l’existence immĂ©diateâ] », ArchĂȘ. Annual review of the Kansai Philosophical Association, 2011, 19, p. 99-110 [en japonais].
3.1.86. SAWAZAKI (Takehiro), « Descartes no kankaku teki chikaku ron : iwayuru â2 ji seishitsuâ arui wa âkankaku teki hyoushouâ ni tsuite [De la thĂ©orie cartĂ©sienne de la perception sensorielle – sur ce que reprĂ©sente l’esprit en sentant] », Revue de Philosophie Française, 2011, 16, p. 42-51 [en japonais].
3.1.87. SCHICKEL (Joel A.), « Descartes on the Identity of Passion and Action », British Journal for the History of Philosophy, 2011, 19, 6, p. 1067-1084.
3.1.88. SCHMALTZ (Tad M.), « Primary and Secondary Causes in Descartesâ Physics », in ALLEN, Keith, & STONEHAM, Tom (Ă©d.). Causation and modern philosophy, New York, Routledge, 2011, vi-273 p. ; cf. chap. 2, p. 31-47.
3.1.89. SCHMALTZ (Tad), « âCausa suiâ and Created Truth in Descartes », in WIPPEL (John F.) (Ă©d.), The Ultimate Why Question : Why is There Anything at All rather than Nothing Whatsoever ?, Washington, D.C., The Catholic University of America Press, 2011, 255 p. ; p. 109-124.
3.1.90. SCHREINER (Nadine E.), Der Ontologische Gottesbeweis. Am Beispiel von RenĂ© Descartes’ Meditationen ĂŒber die erste Philosophie und Immanuel Kants’ Kritik der reinen Vernunft, Munich, Grin, 44 p.
3.1.91. SENEDA (Marcos CĂ©sar), « O ceticismo inacabado de Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 215-238.
3.1.92. SHAPIRO (Lisa), « Descartes on Human Nature and the Human Good », in FRAENKEL (Carlos), PERINETTI (Dario), SMITH (Justin E.H.), (éd.), The Rationalists. Between Tradition and Innovation, Dodrecht, Heidelberg, Londres, New York, Springer, 2011, 232 p. ; p. 13-26.
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3.1.94. SHARP (Hasana), « Hate’s Body : Danger and the Flesh in Descartes’ Passions of the Soul », History of Philosophy Quarterly, 2011, 28, 4, p. 355-372.
3.1.95. SOWAAL (Alice), « Descartesâs Reply to Gassendi : How we can know all of God, all at once, but still have more to learn about Him », British Journal for the History of Philosophy, XIX, 3, 2011, p. 419-449.
Cet article a pour objet la rĂ©ponse de Descartes Ă la critique par Gassendi (Quintae Objectiones/Responsiones, MĂ©d. III, point X ; AT VII 305 et 371) de lâargument de lâinnĂ©itĂ© de lâidĂ©e de Dieu avancĂ© par Descartes dans la Meditatio III (AT VII 51). Il constitue une vĂ©ritable analyse de la thĂ©orie de la clartĂ© et de la distinction chez Descartes (p. 427-431) et, par consĂ©quent, de la thĂšse de la clartĂ© et de la distinction de lâidĂ©e de Dieu (p. 431-442) ; câest Ă la lumiĂšre de cette analyse que se trouve entreprise ensuite celle des Responsiones Vae (p. 442 sq.). Il nâest Ă©videmment pas possible dâexposer ici tous les aspects dâune Ă©tude trĂšs dense et articulĂ©e, et on se contentera dâen rĂ©sumer et dâen discuter les principaux points. Selon lâA., le concept de clartĂ© et distinction est dĂ©fini par Descartes dans sa relation avec les opĂ©rations dâexclusion, dâinclusion et dâabstraction, par lesquelles entre deux concepts donnĂ©s on a (1) une distinction rĂ©elle lorsque lâun exclut lâautre (et vice versa) ; ou (2) une distinction de raison quand lâun est inclus dans lâautre. La formation de lâidĂ©e claire et distincte de Dieu passe par un procĂšs cognitif de perception claire et distincte de la substance (« a cognitive route to the clear and distinct perception of the substance », p. 439) constituĂ© des trois Ă©tapes suivantes : (a) formation de concepts par la mĂ©diation dâune rĂ©flexion sur soi-mĂȘme ; (b) test dâexclusion entre concepts : si la tentative Ă©choue, on conclut quâentre les conceps donnĂ©s on a une distinction de raison ; (c) formation de lâidĂ©e claire et distincte de Dieu. â Dans la mesure oĂč un tel procĂšs cognitif est rĂ©itĂ©rable Ă partir de diffĂ©rents points de dĂ©part, cela peut conduire Ă deux, ou plus, perceptions claires et distinctes de Dieu, pluralitĂ© qui se constitue au niveau de la rĂ©alitĂ© formelle (modale) de lâidĂ©e. Cependant, dĂšs lors que les diffĂ©rents procĂšs cognitifs sâachĂšvent dans une seule et identique rĂ©alitĂ© objective, celle de Dieu, on a une seule perception claire et distincte de Dieu. Au sens Ă©troit donc, il y a un seul et unique attribut de Dieu, qui correspond Ă lâunique rĂ©alitĂ© objective de Dieu, tandis quâil nâest possible de parler dâattributs au pluriel que dans la mesure oĂč sont indiquĂ©s les diffĂ©rents noms qui se rĂ©fĂšrent aux diffĂ©rentes (modalement, non objectivement) perceptions claires et distinctes de Dieu (sur ce point, lâarticle dĂ©veloppe les thĂšses soutenues par L. Nolan, en particulier dans « Reduction and Nominalism in Descartesâs Theory of Attributes », Topoi, X, 1997, p. 129-140). Cette pluralitĂ©, qui se situe au niveau dâune perception obscure et confuse, est ce qui explique comment, dans la rĂ©plique Ă Gassendi, Descartes peut soutenir quâil est toujours possible de dĂ©couvrir de nouvelles propriĂ©tĂ©s dans lâidĂ©e de Dieu, alors mĂȘme quâelle est celle dâun tout.
Du point de vue de sa mĂ©thode, cet article cherche Ă restituer une vision cohĂ©rente de la thĂ©orie cartĂ©sienne de la clartĂ© et de la distinction de lâidĂ©e de Dieu, Ă travers une opĂ©ration dâassemblage de textes qui ne sont, thĂ©matiquement et chronologiquement, pas toujours homogĂšnes. Câest lĂ lâapproche dominante aujourdâhui dans la littĂ©rature critique cartĂ©sienne (en particulier anglo-saxonne, mais pas seulement) qui, convient-il dâadmettre, gagnerait Ă ĂȘtre fortement reconsidĂ©rĂ©e au profit dâune perspective diachronique et, quand les textes y invitent, discontinuiste. Mais, pour sâen tenir Ă ce cas prĂ©cis et au seul texte des Responsiones Vae (sans donc entrer dans le gigantesque problĂšme du rapport entre les MĂ©ditations et les RĂ©ponses et entre les diffĂ©rents groupes des Responsiones), on ne pourra pas ne pas reconnaĂźtre le caractĂšre problĂ©matique dâune lecture du point X des Quintae Objectiones/Responsiones Ă la MĂ©ditation III sans discussion approfondie des points IV (AT VII 284-288 ; 364-365) et VII (AT VII 294-297 et 367-368). â Sâagissant de son contenu, deux points nous paraissent devoir ĂȘtre soulignĂ©s. (1) La thĂšse fondamentale de lâarticle, selon laquelle la diversitĂ© des attributs de Dieu serait une pluralitĂ© purement nominale ne semble pas avoir un support textuel dans le corpus cartĂ©sien ; difficultĂ© textuelle Ă laquelle sâajoute une difficultĂ© proprement conceptuelle, car Descartes a toujours affirmĂ© une pleine correspondance entre nom et idĂ©e entendue comme rĂ©alitĂ© objective (AT VII 160, 16-19). (2) Lâarticle nâanalyse jamais la thĂšse de Descartes selon laquelle il nây a en Dieu aucune succession ne quidem ratione (AT I 153). Il en rĂ©sulte que tout lâarticle tourne autour dâune tentative dâexplication des rapports entre les attributs divins chez Descartes sur la base du prĂ©supposĂ© quâentre eux il y aurait une distinction de raison, alors mĂȘme que ce qui caractĂ©rise en propre la conception cartĂ©sienne des attributs divins semble ĂȘtre la nĂ©gation de toute succession, non seulement rĂ©elle, mais aussi de raison raisonnĂ©e (AT VII 432). Quâune telle nĂ©gation de succession soit identifiable Ă la nĂ©gation de la distinction est une question qui a Ă©tĂ© dĂ©battue dans des moments cruciaux de lâhistoriographie cartĂ©sienne du siĂšcle dernier, surtout française (il suffit de penser au dĂ©bat, en 1914, entre E. Gilson et M. De Wulf dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© française de Philosophie, Ă la suite duquel, en outre, les chercheurs, de H. Gouhier Ă J.-L. Marion, ont pour la plupart avalisĂ© lâidentification susdite), et elle nâest sans doute pas Ă©ludable dans une Ă©tude sur les attributs de Dieu. Cet Ă©tude, par ailleurs trĂšs stimulante et sĂ©rieuse, pĂątit dâune telle lacune et, sans doute, de son lien trop strict Ă un dĂ©bat interne Ă la littĂ©rature critique anglo-saxonne.
Igor Agostini
3.1.96. SPALLANZANI (Maria-Franca), « Descartes e il âparadossoâ degli animali-macchina », Bruniana & Campanelliana. Ricerche filosofiche e materiali storico-testuali, 2011, 17, 1, p. 185-195.
3.1.97. STEINER (Gary), « The Epistemic Status of Medicine in Descartes », International Philosophical Quarterly, 2011, 51/1, 201, p. 55-72.
3.1.98. TABAK (John), Geometry : The language of space and form, New York, Facts On File, 2011, 248 p. (éd. révisée de id., 2004, oubli du BC XXXV) : Partie II, chap. 5, « Marin Mersenne », p. 73-74 ; Partie III, chap. 8, « René Descartes », p. 108-111.
3.1.99. TADEU DE SOARES (Alexandre GuimarĂŁes), « O sentido da cogitatio em A busca da verdade de Descartes », in TADEU DE SOARES (Alexandre G.) (Ă©d.), Educação e Filosofia, v. 25, nĂșmero especial : Descartes e o Grande SĂ©culo, UberlĂąndia, Edufu, 2011, 346 p. ; p. 293-310.
3.1.100. TADEU DE SOARES (Alexandre GuimarĂŁes), « Quelques remarques sur la fondation cartĂ©sienne dans âLa recherche de la vĂ©ritĂ©â de Descartes », Varsovie, Archiwum Historii Filozofii i MyĆli SpoĆecznej / Archive of the History of Philosophy and Social Thought, v. 56, 2011, p. 101-115.
3.1.101. TAKENAKA (Toshihiko), « Descartes no kaigi ni okeru jiyuu ishi no musabetsusei ni tsuite [Sur le caractÚre non-discriminant du libre arbitre dans le doute de Descartes] », The journal of philosophical studies, p. 22-43 [en japonais].
3.1.102. THOMAS (James), « The Scepticism of Descartes’s Meditations », Laval Theologique et Philosophique, 2011, 67, 2, p. 271-279.
3.1.103. TORERO IBAD (Alexandra), « Descartes âquoiqu’il fĂ»t Ă©picurien…â Une lecture de la physique de Descartes Ă travers le prisme de sa comparaison avec l’atomisme chez Cyrano de Bergerac », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p., p. 93-112.
3.1.104. TORERO-IBAD (Alexandra), « Fictions of the world in Descartesâ and Gassendiâs physics », in Societate Ći PoliticÄ, 2011, vol. 5, 2, p. 75-87 ; en ligne : http://uvvg.ro/socpol/images/stories/20112/5.%20alexandra%20torero%20ibad.pdf
3.1.105. TOTARO (Pina) (éd.), Tradurre filosofia. Esperienze di tradusione di testi filosofici del Seicento e del Settecento, Florence, Leo S. Olschki, 2011, 302 p.
Issu dâun colloque de lâInstituto per il Lessico Intellettuale Europeo e Storia delle idee (Rome, 9-10 dĂ©c. 2005), le prĂ©sent collectif tente dâassigner les difficultĂ©s propres Ă la traduction en italien des auteurs de la modernitĂ© (de M. Ficin Ă Kant) â difficultĂ©s sĂ©mantiques et exĂ©gĂ©tiques autant quâinterprĂ©tatives. LâintĂ©rĂȘt est dâavoir sollicitĂ© des traducteurs et de se fonder sur des traductions en cours ou dĂ©jĂ publiĂ©es. On ne sâĂ©tonnera donc pas de trouver mobilisĂ©s sur Descartes I. Agostini et G. Belgioioso (maĂźtresse-dâĆuvre de la gigantesque Ă©dition des Opere de D. chez Bompiani, dont seul le volume de Correspondance, Tutte le lettere, 1619-1650, Milan, 2005, BC XXXVI, 1.1.1, est mentionnĂ© puisquâil Ă©tait alors le seul paru) ainsi quâEt. Lojacono (responsable des Opere scientifiche di RenĂ© Descartes, Turin, 1983, BC XIV, 1.1.5). (1) Dans le droit fil de ses recherches sur la connaissance de Dieu chez D., I. Agostini reprend la question des infidĂ©litĂ©s des traductions (françaises) de D. relativement aux usages cartĂ©siens des verbes intelligere, comprehendere et intelligere, notamment dans la Correspondance (« Sul lessico della conoscenza di Dio in Descartes », p. 1-28). (2) G. Belgioioso nous propose une fort belle Ă©tude sur les mots, les langues et les traductions chez D. (« Descartes : parole, lingue e traduzioni », p. 30-64) : lâĂ©cart entre les mots et la vĂ©ritĂ©, constant chez D., trouve une exception au moment de la Censura, oĂč le philosophe parviendrait Ă rĂ©aliser un « nuovo equilibrio tra pensiero e parole » (p. 33) ; les langues font lâobjet dâapprĂ©ciations diffĂ©renciĂ©es que G. Belgioioso analyse avec beaucoup de finesse ; enfin, sâagissant des traductions, lâĂ©tude prĂ©cise des positions de D. permet dâĂ©tablir que « nellâapparente oscillare di posizioni, rimane come costante una sostanziale valutazione delle traduzioni che non le pone su un piano molto diverso dai linguaggi cifrati » (p. 53) ; enfin, lâarticle sâachĂšve sur des remarques sur le rĂŽle de Clerselier dans la diffusion du cartĂ©sianisme. Loin de fournir une interprĂ©tation unifiĂ©e du rapport de D. au « langage » en gĂ©nĂ©ral, G. Belgioioso constitue ici le dossier de ses usages cartĂ©siens et propose avec finesse des pistes extrĂȘmement suggestives. (3) Enfin, Et. Lojacono prĂ©sente une typologie des diffĂ©rentes difficultĂ©s rencontrĂ©es lors de la traduction des Ćuvres scientifiques de D. (« La traduzione delle opere scientifiche di Descartes », p. 99-112), difficultĂ©s relatives au lexique, au style ou Ă la langue. â (4) Notons enfin une Ă©tude de Christina Santinelli retraçant la gĂ©nĂ©alogie des Principia philosophiae Cartesianae de Spinoza Ă partir des Principia de D. au moyen de « slittamenti semantici e oscillazioni linguistiche » (« I Principia philosophiae di Descartes e i Principia philosophiae Cartesianae di Spinoza », p. 223-253). â Un fort beau volume, dont lâunitĂ© thĂ©orique â philosophie de la traduction et traduction de la philosophie â demeure toujours Ă lâhorizon des coups de sonde ponctuels.
Dan Arbib
3.1.106. YOSHIDA (Kentaro), « Sayou gen-in to shite no shizen housoku – Descartes shizen gaku ni okeru ingasei ni tsuite no kousatsu [Les lois de la nature comme causes efficientes : Investigation de la causalitĂ© dans la physique de Descartes] », Bulletin of Aichi University of Education, Humanities and Social Sciences, 2011, 60, p. 65-73 [en japonais].
3.1.107. YUASA (Masahiko), « « Ishiki » ni tsuite – Descartes tetsugaku oboegaki [Sur le cogito de Descartes] », The academic journal of the Faculty of Letters, RisshĂŽ University, 2011, p. 1-16 [en japonais]
3.1.108. YUASA (Masahiko), « Choetsu ron teki jiga ron no engen: Descartes tetsugaku ni okeru tankyu [Les origines du subjectivisme transcendantal : recherches sur la philosophie de Descartes] », Yearbook of the phenomenology, 2011, 27, p. 1-10, [en japonais].
3.1.109. ZALDIVAR (Eugenio), « Descartes’s Theory of Substance : Why He Was Not a Trialist », British Journal for the History of Philosophy, 2011, 19, 3, p. 395-418.
Cet article se situe dans le cadre des discussions propres Ă la littĂ©rature anglo-amĂ©ricaine concernant le rapport entre la res cogitans et la res extensa. Bien que le titre laisse attendre une Ă©tude sur le concept cartĂ©sien de substance, lâA. sâefforce exclusivement de rĂ©futer la thĂšse, avancĂ©e pour la premiĂšre fois par J. Cottingham (« Cartesian Trialism », Mind, 94, 1985, p. 218-230), du « trialisme » de Descartes, thĂšse selon laquelle au lieu de deux types de substances (dualisme), Descartes en aurait posĂ© trois (trialisme) : la substance pensante, la substance Ă©tendue et enfin lâhomme, qui constitue une vraie substance issue de lâunion des deux prĂ©cĂ©dentes. En ce sens, cet article ne se propose pas comme objectif lâanalyse dâune thĂšse ou dâun problĂšme issus du corpus cartĂ©sien, mais plutĂŽt lâexĂ©gĂšse et lâĂ©valuation dâune autre exĂ©gĂšse. Ă la lecture, on constate en effet non seulement que Descartes est « lointain », mais aussi que le problĂšme du dualisme cartĂ©sien â qui pourtant avait conduit Ă dĂ©velopper la thĂšse que lâauteur veut rĂ©futer â est tout Ă fait laissĂ© de cĂŽtĂ©, ce que rĂ©vĂšle le fait que, dâun cĂŽtĂ©, les notes sont peu nombreuses et dĂ©pourvues de profondeur historique, et que, dâun autre, la fin de lâarticle (p. 417-718) comprend une bibliographie concernant les discussions en langue anglaise Ă propos du sujet Ă©tudié⊠Pour rĂ©futer les thĂšses capitales qui supportent la position des « trialistes » (pluralisme des substances corporelles, hylĂ©morphisme, modes mixtes comme dĂ©rivants de lâunion substantielle entre lâĂąme et le corps), plusieurs lieux de lâĆuvre cartĂ©sienne sont Ă©voquĂ©s (les lettres Ă Regius sur lâens per accidens, les Principia, les Meditationes et les Responsiones), mais privĂ©s toutefois de leur contexte historique. Ainsi, nâest en aucune maniĂšre prise en compte la « situation » de la discussion entre Regius et Voetius, qui est pourtant lâarriĂšre-plan des lettres de Descartes sur lâens per accidens. DâoĂč quelques erreurs de perspective : par exemple le fait que lâon arrive Ă considĂ©rer (p. 403) un passage de la lettre Ă Regius de fin janvier 1642 (AT III 505) â dans lequel Descartes « suggĂšre » Ă Regius les rĂ©ponses quâil doit donner Ă lâAppendix ad Corollaria Theologico-Philosophica de Voetius â comme faisant partie de la lettre Ă Regius de la mi-dĂ©cembre 1641, laquelle pourtant est bien citĂ©e et commentĂ©e par lâauteur, mais du coup interprĂ©tĂ©e sur la base du texte postĂ©rieur. Bref, une Ă©tude peu recommandable.
Massimiliano Savini
3.1.110. ZARBUDIS (Ezequiel): «Una lectura epistĂ©mica de la falsedad material cartesiana», Revista Latinoamericana de FilosofĂa, 37 (2), 2011, p. 189-212. En ligne : http://www.scielo.org.ar/pdf/rlf/v37n2/v37n2a02.pdf
3.2. CARTESIENS
3.2.1. AGOSTINI (Igor), « Henry More e le fonti della dottrina dellâestensione spirituale », in DESSIÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), EreditaÌ cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p., p. 49-70.
3.2.2. ARIEW (Roger), « Ethics in Descartes and Seventeenth Century Cartesian Textbooks », in FRAENKEL (Carlos), PERINETTI (Dario) & SMITH (Justin E.H.), (éd.), The Rationalists. Between Tradition and Innovation, Dodrecht, Heidelberg, Londres, New York, Springer, 2011, 232 p. ; p. 67-76.
3.2.3. ARMOGATHE (Jean-Robert), « La polĂ©mique entre Antoine le Grand (1629-1699) et John Sergeant (1623-1707) », DESSIÌ (Paola), & LOTTI (Brunello), (Ă©d.), EreditaÌ cartesiane nella cultura britannica, Florence, Le lettere, 2011, 290 p. ; p. 93-104.
3.2.4. BENIGNI (Fiormichele), « Spinoza e il suo «frivole quatenus». Anticartesianismo e spinozismo », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 47-76.
3.2.5. BERTI (Silvia), « Sainte-Beuve, Descartes e Port-Royal », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 259-274.
3.2.6. BLOCH (Olivier), « Quelques hĂ©ritages matĂ©rialistes du cartĂ©sianisme orthodoxe », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 27-48.
3.2.7. CAPS (GĂ©raldine), « Du rĂŽle des âmĂ©decins cartĂ©siensâ dans la constitution des matĂ©rialismes ultĂ©rieurs Ă Descartes », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 49-68.
3.2.8. CHARLES (SĂ©bastien), « Berkeley face Ă Descartes : sensation, imagination, raison », in CHARLES (SĂ©bastien) & MALINOWSKI-CHARLES (Syliane) (Ă©d.), Descartes et ses critiques, QueÌbec, Presses de lâUniversiteÌ Laval, 2011, viii-282 p. ; p. 207-226.
3.2.9. CHARRAK (AndrĂ©), « Une infidĂ©litĂ© dĂ©cisive », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 9-12.
3.2.10. CHRISTENSEN (Thomas), « Mersenne and the Mechanics of Musical Proportion », in ROMMEVAUX (Sabine), VENDRIX (Philippe) & ZARA (Vasco), Proportions: Science, musique, peinture & architecture : actes du LIe colloque international d’eÌtudes humanistes, 30 juin, 4 juillet 2008, Turnhout, Brepols, p. 247-261.
3.2.11. CLARKE (Desmond M.), « The Epistemology of Religious Belief », in CLARKE, Desmond M, & WILSON, Catherine, (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, Oxford, Oxford University Press, 2011, 560 p. ; p. 548-570.
3.2.12 CLĂRO (Jean-Pierre), « Partis, pari et thĂ©orie des jeux », Revue de synthĂšse, 2011, vol. 132/4, p. 529-563
3.2.13. DE VOS (Jan), « From La Mettrieâs voluptuous machine man to the perverse core of psychology », in Theory & Psychology, 21 (1), p. 67-85.
3.2.14. DEL PRĂTE (Antonella), « Oltre Descartes : filosofia e teologia nella Theologia pacifica di Christoph Wittich », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 25-45.
3.2.15. DEL PRĂTE (Antonella), « Un cartĂ©sianisme âhĂ©rĂ©tiqueâ : Pierre-Sylvain RĂ©gis », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 189-204.
3.2.16. DESCOTES (Dominique), « Un théorÚme géométrique parmi les Pensées de Pascal », Pour la science, 2011, n° 400, p. 94-97.
3.2.17. DOMIÌNGUEZ HERRERO (Carlos), GeÌnesis espiritual del gregarismo I: (estudios sobre Descartes, Malebranche, Spinoza y Leibniz), Salamanca, C. DomĂnguez, 400 p.
3.2.18. EASTON (Patricia), « The Cartesian Doctor, François Bayle (1622-1709), on Psychosomatic Explanation », Studies in History and Philosophy of Biological and Biomedical Sciences, 2011, 42, 2, p. 203-209.
Lâarticle suggĂšre lâimportance de lâapplication du modĂšle psychosomatique cartĂ©sien par le mĂ©decin de Toulouse François Bayle (p. 204). Sa premiĂšre partie (p. 204-207) rĂ©sume les explications cartĂ©siennes des phĂ©nomĂšnes physiologiques et psychologiques, en mettant en avant lâimagination (Ă Elisabeth, mai ou juin 1645, AT IV 218-219, Passions, art. 20-21) et la volontĂ© (Passions, art. 42, 47-49). La seconde partie (p. 207-208) concerne F. Bayle, auteur du SystĂšme gĂ©nĂ©ral de la philosophie cartĂ©sienne, mais aussi co-auteur, avec Henri Grangeron, de la Relation de lâĂ©tat de quelques personnes prĂ©tendues possĂ©dĂ©es, publiĂ©e Ă Toulouse en 1682. Selon le titre complet, ces mĂ©decins « expliquent clairement, par les vĂ©ritables principes de la physique, des effets que lâon regarde ordinairement comme prodigieux et surnaturels ». Il sâagit dâĂ©tranges Ă©vĂ©nements survenus prĂšs de Toulouse en 1681, mettant en cause des femmes suspectĂ©es de sorcellerie. LâA. montre rapidement que Bayle explique ces dysfonctionnements psychosomatiques par la thĂ©orie cartĂ©sienne de lâexplication psycho-physique et la « force de lâimagination » (p. 208). Mais Bayle invoque aussi les « effets de la mĂ©lancolie » (p. 208). Or lâA. ne cite ni la Possession de Loudun (1632-1640), ni les nombreux traitĂ©s mĂ©dicaux sur la mĂ©lancolie, forme pathologique emblĂ©matique de lâunion de lâĂąme au corps, publiĂ©s au tournant du xviie siĂšcle. Les troubles de lâimagination pouvant entraĂźner une altĂ©ration de la raison et de la perception du corps y sont associĂ©s Ă la mĂ©lancolie. D. y a puisĂ© les allusions aux mĂ©lancoliques dans la MĂ©ditation I (AT VII 18-19, IX-1 14) et la Recherche de la vĂ©ritĂ© (AT X 511). Imagination troublĂ©e et mĂ©lancolie sont Ă©voquĂ©es dans les lettres Ă Elisabeth (AT IV 208, 219-220, 233). D. y prĂŽne le « vrai usage de notre raison » pour lutter contre les dĂ©sordres de lâimagination et « apprivoiser » les passions (AT IV 287). Bayle est un « mĂ©decin cartĂ©sien » car il lie les troubles de lâimagination aux impressions dans le cerveau et aux esprits animaux et quâil met en avant le rĂŽle de la raison comme moyen thĂ©rapeutique pour les dĂ©sordres induits par la mĂ©lancolie.
Annie Bitbol-HespériÚs
3.2.19. EDDI (Mai-Linh), « Louis Meyer, entre Descartes et Spinoza », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 133-188.
3.2.20. FERRARO (Angela), « Jean Hardouin critico della nouvelle philosophie », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 77-104.
3.2.21. FRIGO (Alberto), « L’evidenza del Dio nascosto: Pascal e la critica della teologia naturale », Rivista di Filosofia, 2011, 102/2, p. 193-216.
Alberto Frigo sâest fait connaĂźtre par une belle thĂšse sur le corps et les membres chez BĂ©rulle, Descartes et Pascal (ENS Pise, 2010), et le prĂ©sent article prolonge et complĂšte ce travail. Prenant acte de lâapparente contradiction entre le « Dieu cachĂ© » et lâenseignement de la thĂ©ologie naturelle (en particulier Romains 1, 20), il montre comment Pascal propose une interprĂ©tation originale du texte de saint Paul : la principale difficultĂ© consistait Ă refuser la thĂ©ologie naturelle de la (seconde) scolastique sans pour autant rejoindre les critiques protestantes. Comment le Dieu qui se cache parvient-il Ă se faire connaĂźtre dans « un univers muet » (LG. 184-1, S. 229) ? Pour Pascal, « ce qui paraĂźt au monde » « ne marque ni une exclusion totale ni une prĂ©sence manifeste de divinitĂ©, mais la prĂ©sence dâun Dieu qui se cache. Tout porte ce caractĂšre » (LG. 419-9, S. 690). LâA. explique bien quâil sâagit ici dâune thĂ©orie de la connaissance qui est celle dâune anthropologie fondĂ©e sur la charitĂ©. La solution pascalienne passe par la reconnaissance dâun Dieu cachĂ© dans la nature au moyen de lâinstruction (ou de leçon), qui permet une connaissance dont lâĂ©vidence ne sâimpose pas. Un travail prĂ©cis et soignĂ©, qui sâinsĂšre dans un ensemble plus vaste dont on attend la publication.
Jean-Robert Armogathe
3.2.22. GAUKROGER (Stephen), « Picturability and Mathematical Ideals of Knowledge », in CLARKE (Desmond M.), & WILSON (Catherine), (éd.), The Oxford Handbook of Philosophy in Early Modern Europe, p. 338-360.
3.2.23. GENGOUX (Nicole), « La thĂ©orie cartĂ©sienne de la communication et le sensualisme campanellien, ou les apories du matĂ©rialisme mĂ©taphysique de Cyrano de Bergerac », in BOULAD-AYOUB (Josiane), MOREAU (Pierre-François) & TORERO-IBAD (Alexandra) (Ă©d.), « MateÌrialisme et carteÌsianisme », Corpus, n° 61, 2011, 286 p. ; p. 69-92.
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Delphine Bellis
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3.3.19. MALHERBE (Michel), « EphraĂŻm Chambers et la caualitĂ© : entre Malebranche et Hume », in HERMANIN (Camilla) & SIMONUTTI (Luisa), La centralitĂ del dubbio : un progetto di Antonio RotondĂČ, Firenze, L.S. Olschki, 2011, XIV-1009 p. en 2 tomes ; t. I, p. 191-207.
3.3.20. MALO (Antonio), Cartesio e la postmodernita, Rome, Armando, 2011, 254 p.
3.3.21. MIHARA (Tomoko), « Bouvard to Pecuchet no tetsugaku – Descartes no giga [La philosophie de Bouvard et PĂ©cuchet â la caricature de Descartes] », Annual report of the Faculty of Education, Gunma University. Cultural science series, 2011, 60, p. 159-165 [en japonais].
3.3.22. MINYEM (Charles Jean Marie), Descartes et le dĂ©veloppement, Paris, LâHarmattan, 2011, 121 p.
3.3.23. MONGIN (Jean-Paul), Il genio maligno del signor Cartesio : (basato sulle Meditazioni metafisiche), ilustrations de Schwoebel (François), Milan, Isbn Edizioni, 2011 63 p. [littérature jeunesse]
3.3.24. MORALI (Claude), Un cri d’oiseau japonais Ă©chappĂ© aÌ Blaise Pascal, Auxerre, HD Lettres, 272 p.
3.3.25 PARRA BERNAL (Francisco Javier), « La indicación fenomenológica de la conciencia. Entre la alteridad levinasiana y la excedencia cartesiana », Investigaciones Fenomenológicas, vol. monogråfico 3, 2011, p. 349-359. En ligne : http://www.uned.es/dpto_fim/InvFen/InvFen_M.03/pdf/22_PARRA.pdf
3.3.26. PINGEOT (Mazarine), Entretien avec René Descartes, Paris, Plon, 2011, 140 p.
VoilĂ encore un curieux produit Ă©ditorial. La finalitĂ© de cette « âvraie fausseâ interview » (selon le mot de lâĂ©diteur, p. 11) est assez ambiguĂ«. Sâagit-il de proposer une introduction Ă partir des textes de D. ou de solliciter lâavis du philosophe sur des questions diverses et Ă©ventuellement anachroniques (telles « le sujet », p. 33, « le couple », p. 93 ou le « retour du refoulĂ© », p. 80-81) ? On peine un peu Ă le dĂ©terminer, et les clichĂ©s relayĂ©s (« vous prĂŽnez un dualisme radical entre lâĂąme et le corps », p. 65) nâaident pas Ă en dĂ©cider. Quel est donc le lecteur auquel on sâadresse ? Certainement pas le chercheur averti, et sans doute pas le simple curieux : ce qui peut fonctionner au titre de lâamusement sur quelques colonnes de magazine ne saurait opĂ©rer sans gĂ©nĂ©rer une forte lassitude sur plusieurs dizaines de pages. Il devrait donc bien sâagir dâun ouvrage introductif destinĂ© aux jeunes Ă©tudiants. Mais la manĆuvre sâavĂšre plutĂŽt dissuasive quant Ă la dĂ©couverte de Descartes, car Ă le citer dâaprĂšs lâĂ©dition Bridoux (p. 123-128), on ne semble pas sâefforcer dâen faciliter lâaccĂšs. Certes, le volume de la PlĂ©iade est la moins coĂ»teuse des grosses Ă©ditions françaises du philosophe, mais chacun peut sur Internet accĂ©der gratuitement Ă lâĂ©dition Adam et Tannery Ă laquelle il eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de renvoyer, parce quâelle est beaucoup plus complĂšte et quâil sâagit de lâĂ©dition de rĂ©fĂ©rence (certes, il aurait ensuite fallu choisir une autre Ă©dition pour les traductions proposĂ©es). On excusera volontiers les invraisemblances historiques puisque lâexercice lui-mĂȘme est aussi un libre divertissement : inutile de sâeffaroucher Ă lâexcĂšs de ce que Descartes livre Ă son confident des extraits dâouvrages posthumes comme les RĂšgles pour la direction de lâesprit ou La recherche de la vĂ©ritĂ©, car aprĂšs tout il les a conservĂ©s par-devers lui dans une malle. Mais les incohĂ©rences internes sont plus surprenantes et jettent le doute sur lâentreprise. Il est difficile quâun interlocuteur un tant soit peu scrupuleux puisse se voir adresser la question suivante : « Ătre novateur, voire rĂ©volutionnaire, ne vous rend-il pas fier ? » (p. 21) sans rĂ©agir quand on lui dit : « En somme, vous Ă©vitez de faire la rĂ©volution » (p. 45). De mĂȘme on sâĂ©tonne un peu quâaprĂšs avoir affirmĂ© : « vous prĂŽnez notamment lâunitĂ© dans les connaissances » (p. 31), on demande candidement au philosophe : « Mais alors, vous pensez quâil y a une unitĂ© des sciences ? » (p. 32). Au reste, Descartes lui-mĂȘme semble se contredire quand il soutient : « Cela [le sĂ©jour en Hollande] ne mâempĂȘchera pas dâachever le petit traitĂ© que jâai commencĂ© » (p. 23) juste avant dâajouter : « je ne suis plus en humeur de rien mettre par Ă©crit » (p. 24). DĂ©cidĂ©ment, on doute du projet interprĂ©tatif mis Ă lâĆuvre : sâagit-il de faire le portrait dâune sorte de moraliste ? Dans ce cas, doit-on considĂ©rer, selon les p. 46 sq., quâil abandonne toute prĂ©tention « Ă la vĂ©ritĂ© dans les actions de la vie » ? Comment dĂšs lors faut-il saisir lâidĂ©e dĂ©veloppĂ©e aprĂšs la p. 89 que « la philosophie serait le fondement de la morale », qui en serait « Ă©toffĂ©e » (p. 90) ? La tentation nihiliste est bien proche et lâon se demande finalement si « le temps du travail, lâĂ©tude n[â]empĂȘchent [âŠ] pas de vivre » (p. 25). Bref, il nây a pas, dans cette accumulation de petits textes de D. entrecoupĂ©s de questions fictives supposĂ©es permettre dâen orienter la lecture, grand chose qui aide Ă comprendre sa pensĂ©e. MĂȘme, on se demande si on ne fait pas souvent dire au philosophe le contraire de ce quâil aurait voulu montrer. Mais lui-mĂȘme savait la chose possible, qui Ă©crivait Ă Mersenne en mars 1647 (en parlant de Regius) : « [Il] nâa rien Ă©crit qui ne soit pris de moi, et qui ne soit avec cela contre moi » (AT IV 627). Ce texte nâest pas reproduit dans le prĂ©sent livre ; peut-ĂȘtre est-ce pour cela quâon nâen conseillera pas la lecture.
Xavier Kieft
3.3.27. RORTY, Richard, « Davidson versus Descartes », in MALPAS (Jeff) & FOLLESDAL (Dagfinn), Dialogues with Davidson, Cambridge, MIT Press, 512 p., chap. I, p. 3-6.
3.3.28. SUITNER (Riccarda), « Uno scontro nel regno dei morti : Descartes e RĂŒdiger », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p.141-164.
3.3.29. TARABORRELLI (Angela), « Il Descartes di Hannah Arendt : alienazione del mondo e critica del soggetto », in BORGHERO (Carlo) & DEL PRETE (Antonella) (ed.), Immagini filosofiche e interpretazioni storiografiche del cartesianismo, Florence, Le Lettere, 2011, xiii-354 p. ; p. 307-334.
3.3.30. VANPAEMEL (Geert), « The Louvain printers and the establishment of the Cartesian curriculum », Studium : Tijdschrift Voor Wetenschaps En Universiteitsgeschiedenis, vol. 4, n°4, 2011, p. 241-254. En ligne : http://www.gewina-studium.nl/index.php/studium/article/view/1558/1589
3.3.31. VICARI (Giuseppe), «El yo entre vehĂculo del externalismo y el mito del teatro cartesianohe », Teorema, 30 (2), 2011, p. 111-128.
3.3.32. VLASSOV (Sergueï), « V. K. Trediakovskij et les théories françaises du bon usage aux XVIIe et XVIIIe siÚcles », Revue des études slaves, 2011, Vol. 82/2, p. 217-251.
3.3.33. WESTPHAL (Kenneth R.), « Self-Consciousness, Anti-Cartesianism, and Cognitive Semantics in Hegel’s 1807 ‘Phenomenology’ » in HOULGATE (Stephen) & BAUR (Michael), (Ă©d.), A Companion to Hegel, New York, Willey-Blackwell, 2011, 649 p. ; p. 68-90.
3.3.34. WONDRACEK (Karin Hellen Kepler), « Freud zwischen Moses und Descartes â Verwobenheit zweier Genealogien », AufklĂ€rung und neue Mythen. Psycho-logik, 2011, p. 210-228
ISSN 1634-0639
Ce Bulletin est publiĂ© par le Centre dâĂ©tudes cartĂ©siennes de lâUniversitĂ© Paris-Sorbonne, dirigĂ© par Vincent Carraud ; secrĂ©taire scientifique du Bulletin : Dan Arbib â ainsi que par le Centro Interdipartimentale di Studi su Descartes e il Seicento de lâUniversitĂ© du Salento, dirigĂ© par Giulia Belgioioso ; secrĂ©taire scientifique : Massimiliano Savini.
RĂ©alisation du Bulletin : (1) Listes bibliographiques : Dan Arbib, Philippe Boulier, Xavier Kieft ; (2) Liminaire : Erik-Jan Bos ; (3) Recensions : Mmes Siegrid Agostini, Giulia Belgioioso, Delphine Bellis, Annie Bitbol-HespĂ©riĂšs, Ălodie Cassan, Angela Ferraro, Francesca Manno, Paola Nicolas, Emanuela Orlando, Emanuela Scribano ; MM. Igor Agostini, Dan Arbib, Jean-Robert Armogathe, Philippe Boulier, Vincent Carraud, Guillaume Coqui, Olivier Dubouclez, Pascal Dumont, Alberto Frigo, Xavier Kieft, Jean-Luc Marion, de lâAcadĂ©mie française, Edouard Mehl, Gilles Olivo, Matthijs van Otegem et Massimiliano Savini. â Correspondants : pour la Russie et lâEurope de lâEst (langues slaves) : Wojciech Starzynski (Varsovie) ; pour lâAmĂ©rique latine hispanisante : Pablo Pavesi (Buenos Aires) ; pour le BrĂ©sil : Alexandre Guimaraes Tadeu de Soares (UberlĂąndia).
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